De la mère au nourrisson La mastite chez la femme qui allaite La mastite de lactation correspond à une inflammation du tissu conjonctif entre les lobules de la glande mammaire, survenant le plus souvent dans les premières semaines d’allaitement1. Elle est associée à un arrêt précoce de l’allaitement2. La mastite peut prendre trois formes : cellulite, adénite ou abcès, et elle peut être infectieuse ou non3-6. Elle peut aussi survenir chez la femme qui n’allaite pas. Toutefois, cet article ne traitera que de la mastite infectieuse survenant chez la femme qui allaite. Nous verrons plus spécifiquement la mastite d’origine bactérienne et la candidose mammaire. Texte rédigé par Julie Grenier, B. Pharm., M.Sc., CSSS Vallée de l’Or. Texte original soumis le 28 juin 2007. Texte final remis le 9 septembre 2007. Révision : Anne Fadin, MD, Centre hospitalier de Val d’Or, et Caroline Morin, B. Pharm., M.Sc., CHU Sainte-Justine. Cas clinique Geneviève, une jeune femme de 28 ans, est maman depuis quelques jours pour la deuxième fois. Elle allaite son nouveau-né de façon exclusive. Depuis hier, elle a une douleur au sein gauche accompagnée de rougeur et d’enflure. L’allaitement du nouveau-né lui paraît plus difficile que dans son expérience antérieure. Il n’y a pas de masse apparente ou décelable au toucher du sein affecté. Geneviève frissonne et sa température corporelle prise par la voie orale est de 39 °C. Elle ne prend pas de médicaments à l’exception d’acétaminophène au besoin. Elle n’a aucune allergie documentée au dossier pharmacologique. Geneviève a consulté son médecin qui lui a remis une ordonnance de cloxacilline (OrbeninMD) 500 mg par voie orale 4 fois par jour pour 10 jours. Elle s’inquiète des effets possibles de l’antibiothérapie pour son bébé qui y sera exposé par le lait maternel. Elle souhaite aussi savoir comment soulager la douleur au niveau du sein affecté. Mastite d’origine bactérienne noter une induration et la présence de pus dans les cas d’adénite ou d’une mastite avec abcès4. La mastite a une présentation généralement limitée à un des deux seins et le plus souvent localisée au quadrant supérieur externe du sein7,10. La durée moyenne d’un épisode de mastite tourne autour d’une semaine avec un taux de récurrence d’environ 14 %4. Les symptômes devraient être améliorés de façon significative 24 à 48 heures après le début d’un traitement antibiotique10. Étiologie et voie d’entrée des agents pathogènes La principale bactérie susceptible d’être retrouvée dans le lait ou dans les sécrétions purulentes s’il y a abcès est le Staphylococcus aureus, suivi des streptocoques, du Sta­ phylococcus epidermidis et du Escherichia coli 3-7,11. On a aussi rapporté occasionnellement la présence de Salmonella spp et de mycobactéries7. La voie d’entrée des bactéries vers les conduits lactifères est habituellement une lésion de la peau, le plus souvent une gerçure ou une crevasse au mamelon3,9,10. Plus rarement, la propagation pourrait se faire par voie hématogène3,9. Épidémiologie L’incidence rapportée dans la documentation scientifique varie entre 1 % et 33 %3,4,6,7. Cette affection survient le plus souvent dans les trois premiers mois de l’allaitement avec un pic entre deux et six semaines post-partum7-10. Elle peut toutefois survenir n’importe quand durant l’allaitement. L’évolution jusqu’à la formation d’abcès est plus rare et survient chez 5 % à 11 % des femmes qui ont une mastite d’origine bactérienne3,7,8. Signes et symptômes Les premiers symptômes incluent la fatigue, une sensibilité localisée au niveau d’un sein et des symptômes pseudogrippaux10. Les autres signes et symptômes caractérisant la mastite d’origine bactérienne sont une température supérieure à 38,5 °C ou des frissons et la présence de deux signes locaux d’inflammation figurant parmi les suivants : rougeur, enflure, chaleur, douleur ou inconfort au niveau du sein3,5,6,11. Il est possible de 14 Québec Pharmacie vol. 54 n° 11 Novembre 2007 Facteurs de risque Plusieurs auteurs rapportent comme facteurs de risque des éléments prédisposant à un engorgement mammaire, une stase du lait et à des traumas (fissures, gerçures, crevasses) au mamelon3,5,7,8,10. Une mauvaise hygiène a été mise en cause chez certaines patientes7. Une diminution de l’immunité de la femme liée au stress et au manque de sommeil peut aussi favoriser la mastite4,7. L’engorgement et la stase de lait peuvent être attribuables à une mauvaise vidange des conduits lactifères, au port d’un soutien-gorge serré compressant la poitrine, ou encore à une technique d’allaitement ou une utilisation de tire-lait non optimale4,7,11. Une bonne technique d’allaitement fait référence aux différentes positions du bébé et à l’attachement de la bouche à l’aréole. Une technique d’allaitement non optimale peut aussi mener à des fissures, des gerçures ou des crevasses aux mamelons, créant ainsi La mastite chez la femme qui allaite une porte d’entrée vers les conduits lactifères pour les agents pathogènes. Dans une étude, un antécédent de mastite lors d’un allaitement précédent a augmenté le risque d’un nouvel épisode jusqu’à trois fois3. L’utilisation de crème antifongique et de lanoline dans la semaine précédant la mastite a été associée à la mastite, mais comme cette utilisation est souvent liée aux fissures, il n’est pas exclu que cette utilisation puisse n’être que le marqueur d’un autre facteur de risque3,5. Il n’y a pas lieu de déconseiller ces traitements. Pour ce qui est des paramètres relatifs aux boires, les mastites survenaient davantage chez les femmes qui avaient 10 allaitements ou plus par jour3. Les femmes qui allaitent devraient connaître les principaux signes et symptômes de la mastite pour qu’elles consultent rapidement s’ils apparaissent5,10,11. Un retard dans le début d’un traitement antibiotique augmente le risque de mastite récurrente et d’abcès9. Traitement Mesures non pharmacologiques Il est recommandé de poursuivre l’allaitement en utilisant aussi le sein affecté6,7,9-11. Le lait maternel n’est pas contaminé et l’infection bactérienne ne peut pas se propager à l’enfant allaité. Si le sein atteint n’est pas vide après l’allaitement, certains auteurs pédiatrique12,13. Quant à l’ibuprofène, on estime que le nourrisson exclusivement allaité est exposé à moins de 1 % de la dose pédiatrique12-14. À ce jour, ces deux analgésiques n’ont pas été associés à des effets indésirables pour l’enfant allaité, mis à part un seul cas de rash chez un nourrisson attribué à la prise d’acétaminophène par sa mère14. D’autres antiinflammatoires offerts sur ordonnance médicale peuvent aussi être utilisés. Parmi ceux-ci, mentionnons le diclofénac, le flurbiprofène, l’indométhacine et le naproxène, qui mènent à une exposition par le lait correspondant à 1 % à 5 % de la dose pédiatrique12-14. En présence d’une mastite, la mère devrait allaiter plus fréquemment mais sur une plus courte période. Le lait n’a pas besoin d’être jeté car il ne constitue pas un risque de transmission de l’infection à l’enfant9. Mesures préventives Une bonne technique d’allaitement, faisant référence au positionnement adéquat du nouveau-né et à la vidange complète du sein, est essentielle afin de prévenir l’apparition de fissures ou de gerçures, l’engorgement au niveau des seins et la stase de lait5,7. Pour guider les femmes, un enseignement est généralement offert par une infirmière avant le congé de l’hôpital ou encore par une sage-femme si l’accouchement a lieu en maison de naissances. Par la suite, divers groupes de ressources et d’entraide existent pour soutenir les femmes qui ont des difficultés ou ont besoin de conseils par rapport à leur allaitement, par exemple : n Fédération québécoise nourri-source (www.nourri-source.org) n Ligue La Leche (www.allaitement.ca) n Association québécoise des consultantes en lactation certifiées par l’IBCLE (International Board of Lactation Consultant Examiners) (www.ibclc.qc.ca). Des consultantes sont présentes dans le réseau public de santé, dans certaines cliniques médicales spécialisées ainsi que dans quelques pharmacies. Certaines consultantes ont une pratique privée. Les coordonnées sont accessibles sur le site Internet. Les CLSC pourront également diriger la patiente vers une ressource pour l’aider dans son allaitement si besoin. www.monportailpharmacie.ca recommandent l’utilisation d’un tire-lait pour éviter la stase de lait9. Le fait de poursuivre l’allaitement permet aussi de maintenir la production de lait10. Il peut être plus confortable de débuter l’allaitement par le sein qui n’est pas atteint9. Des compresses tièdes appliquées à la poitrine ou une douche tiède peuvent soulager la douleur10. La documentation médicale suggère également un apport liquidien augmenté chez la mère et du repos au lit9,10. Si un abcès est présent, un drainage ou une aspiration du contenu devront parfois être faits7,9,10. L’allaitement peut être poursuivi même en présence d’abcès, selon le confort de la patiente et la localisation de l’abcès9,10. Si l’abcès est trop près de l’aréole et que la décision est prise de ne pas allaiter en attendant la diminution des symptômes, la patiente devrait alors utiliser un tire-lait pour vider son sein9. Mesures pharmacologiques Analgésiques L’utilisation d’acétaminophène ou d’ibuprofène est recommandée pour le soulagement de la douleur, un anti-inflammatoire étant probablement plus efficace pour ce type de douleur. On estime qu’un nourrisson exclusivement allaité serait exposé par le lait à une quantité d’acétaminophène correspondant à moins de 10 % de la dose Traitement antibiotique Il existe plus d’un régime antibiotique possible indépendamment de la présence d’un abcès ou non. La majorité des mastites du post-partum sont attribuées au Staphylo­ coccus aureus et le traitement antibiotique visera à couvrir cette bactérie3,5-7,11. Le tableau I résume les principales options de traitement. Dans les cas plus graves, une hospitalisation et l’administration d’antibiotiques par voie intraveineuse est nécessaire. Une amélioration de l’état clinique devrait survenir dans les 24 à 48 heures après le début du traitement antibiotique1. Dans le cas contraire, un ajustement de l’antibiothérapie est justifié, de pair avec une culture du lait maternel dans certains cas. La plupart des antibiotiques ne comportent pas de risques pour l’enfant allaité (tableau I). Néanmoins, les petites quantités qui sont transférées dans le lait maternel peuvent altérer la flore gastro-intestinale de l’enfant allaité et entraîner les troubles transitoires traditionnellement associés aux antibiotiques : selles molles ou diarrhées, crampes abdominales, coliques. Ces effets bénins et passagers ont été décrits chez près des deux tiers des enfants exposés à un antibiotique par le lait maternel, et ne nécessitent généralement pas de consultation médicale15. Des effets graves, comme la colite novembre 2007 vol. 54 n° 11 Québec Pharmacie 15 De la mère au nourrisson Tableau I Antibiothérapie recommandée pour le traitement de la mastite du post-partum d’origine bactérienne Traitements Données d’innocuité durant l’allaitement Traitement par voie orale Tous les antibiotiques présentés dans ce tableau sont compatibles avec l’allaitement aux posologies suggérées. Les particularités pour chaque médicament sont décrites. Traitements de premier recours Cloxacilline 500 mg po qid pour 10 à 14 jours8,17L’enfant exclusivement allaité est exposé à moins de 1 % de la dose pédiatrique12,13. On a rapporté des diarrhées bénignes chez 2 enfants allaités sur 10 dont la mère recevait de la cloxacilline dans un sondage téléphonique14,15. Céphalexine 500 mg po qid pour 10 à 14 jours8,17,18L’enfant exclusivement allaité est exposé à moins de 1 % de la dose pédiatrique12,13. On a rapporté des diarrhées bénignes chez 4 enfants allaités sur 16 dans des études de surveillance14,15,19. Autres choix de traitement Amoxicilline/Clavulanate 500/125 mg tid ou Amoxicilline : l’enfant exclusivement allaité est exposé à moins de 1 % de la dose 875/125 mg po bid pour 10 à 14 jours8,18pédiatrique12,13. On a rapporté des diarrhées bénignes chez 5 enfants allaités sur 65 dont la mère recevait de l’amoxicilline dans deux études; un rash a également été décrit chez un enfant allaité14,15,19. Acide clavulanique : pas de données sur le passage dans le lait maternel. On a rapporté des effets indésirables bénins (irritabilité, diarrhée, rash ou constipation) chez 22 % des 67 enfants allaités dont la mère recevait le médicament, un taux supérieur à celui observé chez les enfants exposés à l’amoxicilline seule14,19. Un cas d’élévation légère et transitoire des transaminases a également été décrit14,19. Triméthoprime-sulfaméthoxazole (TMP-SMX) DS L’enfant exclusivement allaité est exposé à 10 % à 15 % des doses de traitement 1 comprimé po bid pour 10 à 14 jours17,18 pédiatriques usuelles, et jusqu’à 30 % des doses prophylactiques de TMP. Il reçoit moins de 3 % des doses pédiatriques de SMX13,14. On a rapporté 2 cas d’appétit diminué chez 12 enfants allaités dont la mère recevait du TMP-SMX14,15. Le risque de déplacement de la bilirubine de l’albumine par le SMX chez les enfants très jeunes (moins de deux semaines) ou prématurés est cité par certains auteurs14; néanmoins, en raison du très faible passage du SMX dans le lait maternel, ce risque demeure théorique et ne rend pas l’allaitement contre-indiqué si le TMP-SMX est requis. Une attention particulière au suivi des niveaux sanguins de bilirubine pourrait être envisagée chez les enfants hyperbilirubinémiques. Le TMP-SMX ne devrait pas être donné à une mère qui allaite un enfant qui présente un déficit en glucose-6-phosphate déshydrogénase. Clindamycine 300 mg po qid pour 10 à 14 jours8,17,18L’enfant exclusivement allaité est exposé au maximum à 5 % des doses pédiatriques usuelles13,14. Un enfant allaité a présenté des selles sanguinolentes, alors que sa mère recevait de la clindamycine et de la gentamicine par voie intraveineuse14. Bon recul d’utilisation en pratique de cet antibiotique dans le post-partum. Traitement par voie intraveineuse Cloxacilline 1 à 2 g i.v. q 4-6 heures17,18Voir commentaire pour le traitement oral. Céfazoline 1 à 2 g i.v. q 8 heures8,18L’enfant exclusivement allaité est exposé au maximum à 1 % des doses pédiatriques usuelles12-14. Clindamycine 600 mg i.v. q 8 heures 8Voir commentaire pour le traitement oral. (si allergie aux pénicillines ou aux céphalosporines)8,1 Vancomycine 1 g i.v. q 12 heures (si résistance L’enfant exclusivement allaité est exposé au maximum à 5 % des doses pédiatriques bactérienne aux autres options de traitement)8,17,18usuelles13,14. Toutefois, comme l’absorption orale de ce médicament est minime, on ne s’attend pas à ce qu’il puisse avoir un impact chez le nourrisson. pseudomembraneuse, sont décrits beaucoup plus rarement chez des enfants allaités exposés à des antibiotiques à large spectre14. Les candidoses buccales (ou muguet) pourraient également survenir, même si on observe rarement de tels effets en pratique. Il convient d’aviser les parents qu’ils pourraient voir un changement dans les selles de l’enfant pendant la durée de l’antibiothérapie maternelle. 16 Bien qu’elles soient rarement rapportées, les réactions idiosyncrasiques, comme les réactions allergiques, peuvent également survenir chez un enfant exposé à un antibiotique par le lait maternel. Il faut également être prudent si l’enfant allaité a déjà présenté des réactions allergiques à un médicament qu’on s’apprête à prescrire à sa mère. Finalement, la faible quantité d’antibiotique présente dans le lait pourrait théo- Québec Pharmacie vol. 54 n° 11 novembre 2007 riquement entraîner des faux négatifs si on effectuait un bilan infectieux (p. ex., culture d’urine) chez un enfant allaité dont la mère reçoit des antibiotiques16. Candidose mammaire Épidémiologie La candidose mammaire est moins étudiée que la mastite d’origine bactérienne2. Ainsi, sa prévalence est plus difficile à estimer. On La mastite chez la femme qui allaite Tableau II Antifongiques de premier recours recommandés pour le traitement de la candidose mammaire Mère Candidose superficielle (cutanée)2,8,9,21,22 : nClotrimazole ou miconazole en application topique après chaque tétée nNystatine en application topique après chaque tétée nDurée de traitement : jusqu’à une semaine après la résolution des symptômes Candidose des conduits lactifères2,8,9,21,22 : n Débuter par un traitement topique (voir candidose superficielle) nSi le traitement topique n’est pas efficace, ajouter le fluconazole 200 à 400 mg po pour une dose, puis 100 à 200 mg po die nDurée de traitement : jusqu’à une semaine après la résolution des symptômes. La durée minimum de traitement est de 2 semaines. nÉvaluation du passage dans le lait maternel du fluconazole : un enfant né à terme et exclusivement allaité est exposé au maximum à 5 % à 10 % de la dose pédiatrique12,14. Pas d’effet indésirable rapporté à ce jour à la suite d’une exposition par le lait maternel. À noter que cette quantité n’est pas suffisante pour traiter l’enfant. Nourrisson Asymptomatique2,13 : nNystatine solution orale 100 000 à 200 000 UI en badigeonnage buccal qid Symptomatique : nPremier recours : Nystatine solution orale 100 000 à 200 000 UI en badigeonnage buccal qid nDeuxième recours : crème d’azole topique (clotrimazole ou miconazole) en couche mince dans la bouche de l’enfant qid nSi l’enfant ne répond pas au traitement topique ou encore si la mère ne répond pas au fluconazole par voie orale, un traitement de fluconazole par voie orale chez le nourrisson pourra être envisagé Autre traitement : violet de gentiane (solution de 0,5 % ou 1 %)2,8,9,21,22 nApplication dans la bouche du nourrisson avec un coton-tige juste avant la tétée une seule fois par jour pour 3 à 5 jours. Après la tétée, les aréoles devraient être violettes. Si ce n’est pas le cas, la mère peut appliquer une quantité supplémentaire de violet de gentiane sur les aréoles après la tétée. nDurée de traitement usuelle de 3 à 5 jours. Ne pas dépasser 7 jours au total à cause du potentiel d’irritation et d’ulcération de la muqueuse orale. Le traitement devrait être cessé si ces effets indésirables se manifestaient. nLes lèvres du nouveau-né peuvent être protégées par une mince couche de lanoline. nLa plupart des présentations retrouvées en pharmacie contiennent une petite quantité d’alcool pour dissoudre le médicament, ce qui pose peu de risques pour l’enfant allaité. Il est parfois possible de se procurer le produit dissous dans un milieu aqueux seulement. Les préparations contenant du méthanol doivent impérativement être évitées. sait que cette infection n’est pas rare et que l’incidence a augmenté ces dernières années, possiblement en lien avec une utilisation plus fréquente des antibiotiques9,20,21. Certains auteurs indiquent que près de 20 % des femmes avec des douleurs aux mamelons ont une candidose mammaire20,21. Chez le nouveau-né, la présentation de la candidose peut inclure des taches blanches sur les gencives, à l’intérieur des joues, au palais et sur la langue2,21. Le nourrisson peut refuser l’allaitement. Il est également possible que l’enfant soit asymptomatique. Signes et symptômes Étiologie et voie d’entrée des agents pathogènes La candidose se reconnaît par les signes et symptômes suivants chez la femme : douleur grave aux mamelons qui peut être lancinante et irradier dans les seins et le dos, brûlement, prurit, rougeur et points blancs2,9,21. La douleur est persistante et plus intense durant l’allaitement et tout de suite après l’allaitement2,21. La présentation peut être unilatérale ou bilatérale. www.monportailpharmacie.ca mamelons de leur mère2,22. Un milieu humide et chaud favorise la croissance du C. albicans. Ainsi, lors de l’allaitement, l’humidité prolongée des mamelons prédispose à la surcroissance du C. albicans2. Par la suite, il peut coloniser la peau en superficie seulement ou encore s’insinuer plus profondément dans les conduits lactifères2. L’infection à levures peut coexister avec l’infection bactérienne. Le Candida albicans est l’agent étiologique le plus fréquemment en cause2,9. Il fait partie de la flore normale du vagin, du tractus gastrointestinal et de la peau2. La cavité orale de près de 90 % des nouveau-nés est colonisée par cet organisme; lors de l’allaitement, les nourrissons peuvent coloniser ainsi les Facteurs de risque Les facteurs de risque chez la femme qui allaite comprennent le port de compresses d’allaitement ou de vêtements qui empêchent la peau de respirer puisque ceux-ci rendent le milieu humide23. Également, certains auteurs font état de facteurs diététiques tels que la consommation de produits laitiers, de sucres ou des déficits en vitamines A ou du groupe B, en zinc ou en fer2,9,10,22. Les femmes diabétiques sont aussi à risque si leurs glycémies tendent à être élevées2,8,9. La prise de certains médicaments tels les anovulants ou les corticostéroïdes est aussi un facteur prédisposant8. Un traitement antibiotique peut aussi augmenter le risque d’une infection à levure8,10. L’intégrité de la peau constituant la première ligne de défense contre les levures, les lésions aux seins favorisent donc la présence de champignons2,10. Du côté du nouveau-né, la candidose peut découler de l’utilisation de jouets de dentition, de tétine ou de la suce2,9,10. Traitement Mesures non pharmacologiques La mère devrait allaiter plus fréquemment mais sur une plus courte période. Le lait n’a pas besoin d’être jeté car il ne constitue pas un risque de transmission de l’infection à l’enfant9. Résolution du cas clinique Geneviève poursuivra l’allaitement et débutera l’antibiothérapie prescrite pour 10 jours. Vous la rassurez sur l’innocuité de cet antibiotique durant l’allaitement. Elle reverra sa technique d’allaitement, en particulier les positionnements du nouveau-né pour favoriser la vidange complète du sein lors des allaitements. Vous lui suggérez d’augmenter son apport en liquide, de se reposer au lit et d’appliquer des compresses tièdes sur le sein pendant ses périodes de repos. Enfin, l’utilisation d’ibuprofène 400 mg par voie orale pris aux 6 à 8 heures au besoin pourra aider au soulagement de la douleur en attendant l’efficacité de l’antibiotique. novembre 2007 vol. 54 n° 11 Québec Pharmacie 17 De la mère au nourrisson Certains cliniciens recommandent de laver les seins après l’allaitement avec une solution de 250 mL d’eau à laquelle 15 mL d’acide acétique (vinaigre) sont ajoutés puis de laisser sécher la poitrine à l’air libre10. Certains auteurs suggèrent aussi une diète contenant moins d’aliments riches en sucre si l’infection persiste9,10. Les objets entrant en contact avec la bouche du bébé, tels les jouets de dentition et les tétines, ainsi que les objets entrant en contact avec les mamelons (p. ex., les parties d’un tire-lait entrant en contact avec le mamelon ou le lait) devraient être passés à l’eau bouillante pendant 20 minutes une fois par jour2,9,10. Il est recommandé de ne pas réutiliser une serviette ayant été en contact avec la zone infectée sans l’avoir lavée10. Les vêtements et les serviettes entrant en contact avec les seins ou la bouche de l’enfant devraient être lavés à l’eau chaude10,21. Dans le cas contraire, il s’avère judicieux de considérer une seconde option de traitement. Mesures pharmacologiques Le traitement de la candidose doit être simultané chez la mère et le nourrisson2,8,9. Les options de traitement de premier recours sont présentées au tableau II. Si des analgésiques sont nécessaires pour diminuer la douleur, la mère peut recourir à l’acétaminophène, à l’ibuprofène ou encore à certains autres anti-inflammatoires discutés dans la section sur le traitement de la mastite d’origine bactérienne. L’amélioration des signes et symptômes de candidose devrait survenir dans les 24 à 48 heures suivant le début du traitement. Le pharmacien joue un rôle à divers niveaux auprès des femmes qui ont une mastite. Il peut les conseiller sur l’utilisation des traitements antibiotiques, des analgésiques et des méthodes non pharmacologiques pour le soulagement de la douleur. Il peut également les rassurer quant à l’innocuité de la médication durant l’allaitement. Les femmes présentant des signes et symptômes suggestifs de mastite seront adressées à un médecin afin de ne pas retarder le traitement, s’il y a lieu. Enfin, on recommandera généralement de poursuivre l’allaitement en présence de ces infections. n 8.Hale TW. 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La mère et le nourrisson doivent être traités simultanément (pour toute la durée du traitement). B. La nystatine en solution orale est le traitement de premier recours pour le nourrisson. C. La douleur se caractérise par un brûlement ou un prurit pendant toute la tétée, pouvant parfois irradier dans le sein et jusque dans le dos. D. Si un traitement de violet de gentiane est utilisé, il devrait être poursuivi jusqu’à sept jours suivant la résolution des symptômes. E. Si la mère est traitée par du fluconazole, le traitement devrait être poursuivi au moins jusqu’à 7 jours suivant l’arrêt des symptômes. Veuillez reporter vos réponses dans le formulaire de la page 74 18 Québec Pharmacie vol. 54 n° 11 novembre 2007