Della Santa D.34
La rupture du ligament triangulaire peut être confirmée au
moyen de l’injection de liquide de contraste à l’occasion d’un
CT-scanner ou d’un examen par résonance magnétique nucléaire
(arthro-scanner, arthro-RMN). Encore faut-il distinguer la rupture
d’une perforation spontanée chez le sportif de plus de 30 ans.
L’examen arthroscopique permet, quant à lui, d’évaluer avec
précision à la fois le type et la gravité des lésions.
L’entorse de la radio-ulnaire inférieure accompagne une fracture
du radius distale dans la moitié des cas. Le traitement consiste ici
en une réduction et une stabilisation de la fracture. S’il persiste une
instabilité de la radio-ulnaire inférieure, celle-ci doit être immobi-
lisée par une contention brachio-antébrachiale en supination pour
6 semaines.
Si le radius est fixé par ostéosynthèse, la stabilisation de la
radio-ulnaire inférieure est renforcée d’un double brochage radio-
ulnaire percutané.
En cas d’entorse aiguë isolée de la radio-ulnaire inférieure, le
principe du traitement reste le même.
Le traitement chirurgical est justifié, dans l’entorse aiguë, si la
réduction de la radio-ulnaire n’est pas possible (interposition). On
procède alors à une révision de l’articulation par voie postérieure.
Une fois l’obstacle levé, on tente une réparation des structures
lésées (réinsertion du ligament triangulaire). En cas d’échec, le
débridement est complété par un brochage radio-ulnaire.
Le traitement chirurgical est également envisagé en cas
d’entorse chronique.
La technique endoscopique est préconisée dans l’entorse béni-
gne (stade I) où elle consiste essentiellement en un débridement
qui donne, selon les auteurs, entre 70 et 80% de bons résultats [3].
Lorsqu’il existe une subluxation dynamique (stade II), une
réinsertion par arthroscopie peut être tentée [4].
En cas d’échec, nous utilisons la technique de reconstruction
proposée par Hui et Linscheid. Elle consiste en une stabilisation
indirecte de la radio-ulnaire inférieure tout en préservant sa mobi-
lité. Dans nos mains, cette technique a donné un bon résultat dans
67% des cas [5].
L’intervention est associée, ici également, à un brochage radio-
ulnaire et à une contention brachio-antébrachiale de 6 semaines à
la suite de laquelle une rééducation est entreprise. Les activités
sportives peuvent être reprises sous le couvert d’un bracelet pro-
tecteur à partir du 6e mois.
L’entorse de l’articulation radio-ulnaire inférieure peut égale-
ment survenir en supination. Il s’agit ici d’un mécanisme en miroir
de celui de l’entorse en pronation.
Plus rare que la précédente, cette entorse survient essentielle-
ment lors d’une chute en arrière sur la main en extension [6] ou à
l’occasion d’un soulèvement de poids en supination de l’avant-
bras [7]. On retrouve également cette pathologie décrite dans les
sports de contact [8].
Le mouvement de supination forcée met en tension la sangle
antérieure du ligament radio-ulnaire qui se rompt. L’hyper-
extension du poignet peut entraîner une rupture des ligaments
ulno-carpiens favorisant alors la luxation antérieure de la tête
ulnaire.
Sur le plan clinique, en cas de luxation, l’avant-bras est bloqué
en supination. Toute tentative de mobilisation en pronation est
impossible.
Lorsque l’entorse est sévère, en l’absence de luxation, le mou-
vement de supination entraîne un effacement de la tête ulnaire en
arrière du poignet et sa protrusion en avant.
Comme dans l’entorse en pronation, la déviation ulnaire du
poignet est douloureuse tandis que le mouvement de tiroir antéro-
postérieur est présent.
S’il y a luxation, les clichés standard sont suffisants. L’incidence
de face montre en effet un chevauchement de la tête ulnaire avec le
bord interne du radius. Sur l’incidence de profil, l’ulna se projette
en avant du radius.
En l’absence de luxation, la radiographie standard est le plus
souvent normale. L’arthro-scanner ou l’arthro-RMN peut en re-
vanche révéler une fuite du liquide de contraste dévoilant la rupture
du ligament triangulaire, voire celle des ligaments ulno-carpiens.
En l’absence de luxation, l’entorse de la radio-ulnaire inférieure
en supination (stade II) se réduisant spontanément en pronation,
l’avant-bras doit être immobilisé 6 semaines dans une contention
brachio-antébrachiale dans cette position.
En revanche, la luxation en supination ne peut être réduite
manuellement sans anesthésie. Lorsqu’elle a été réalisée, l’avant-
bras est, ici également, immobilisé en pronation 6 semaines du-
rant.
Il est des cas, où même sous anesthésie, la réduction n’est pas
possible (interposition), l’intervention chirurgicale est alors néces-
saire par voie palmaire pour certains [6], par voie dorsale pour
d’autres [7]. Une fois la tête désincarcérée, le ligament triangulaire
est réinséré et, si possible, les ligaments ulno-carpiens réparés.
L’intervention est à nouveau suivie d’une immobilisation de
6 semaines en pronation. Une rééducation est alors le plus souvent
nécessaire.
Le conflit ulno-carpien
Il ne s’agit pas d’un 3e type d’entorse mais d’une pathologie,
parfois isolée, souvent associée à une entorse de la radio-ulnaire
inférieure.
Le conflit ulno-carpien se manifeste lorsqu’il existe une sur-
charge entre l’ulna et le carpe sous-jacent. Celui-ci peut sur-
venir lors de la pratique de sport exigeant une déviation ulnaire
importante du poignet comme dans le base-ball [9].
Physiologiquement, 80% des forces de compressions axiales
sont absorbées par le radius et 20% par l’ulna. La répartition des
charges peut toutefois varier selon la longueur relative de l’ulna.
Si celle-ci est longue, sa charge est augmentée d’autant. Les
contraintes s’exercent alors entre le dôme de la tête ulnaire et
le versant ulnaire du pôle proximal du semi-lunaire.
Initialement, on observe une dégradation de la partie centrale du
ligament triangulaire, puis sa perforation, une dégénérescence des
surfaces cartilagineuses au contact et enfin une nécrose aseptique
du cadran proximal interne du semi-lunaire [10].
Dans les cas de traumatisme de l’articulation radio-ulnaire in-
férieure, la lésion de cette articulation peut être associée à une
entorse luno-triquetrale. Celle-ci est également favorisée d’ulna
longue.
Lorsqu’il s’agit d’un épisode aigu, un traitement conservateur
sous forme de repos par immobilisation durant 3 à 4 semaines est
suffisant. Par contre, en cas de symptomatologie récurrente, le
traitement chirurgical s’impose.
Il existe 2 techniques visant à supprimer le conflit ulno-carpien.
La première consiste en une abrasion du dôme de la tête ulnaire.
Celle-ci peut être réalisée à ciel ouvert ou par technique endo-
scopique [11].
La seconde consiste en un raccourcissement de l’ulna. Celui-ci
peut être effectué soit au niveau diaphysaire par ostéotomie en
baïonnette et stabilisation par plaque, soit au niveau céphalique
par ostéotomie oblique, respectant la styloïde ulnaire, et stabilisée
par simple vissage.
L’ostéotomie diaphysaire a un double intérêt. D’une part il
décomprime le compartiment ulno-carpien. D’autre part, l’ascen-
sion de l’ulna génère une mise sous tension du complexe liga-
mentaire triangulaire qui se traduit par un effet stabilisateur de la
radio-ulnaire. Il est donc indiqué en cas d’entorse radio-ulnaire
inférieure associée à un conflit ulno-carpien. Un montage stable
(plaque type DCP) autorise une mobilisation postopératoire immé-
diate.
Quant à l’ostéotomie céphalique, son effet est strictement dé-
compressif. Cependant, en cas d’instabilité radio-ulnaire rési-
duelle, on peut y associer une raphie du ligament proposé par
Sennwald [12]. Cette technique nécessite une immobilisation
postopératoire de 4 semaines. Elle donne 88% de bons résultats
selon son auteur.
L’apparition d’une arthrose articulaire au niveau de la radio-
ulnaire inférieure met en général fin à la pratique sportive sollici-
tant la main concernée. En effet, le traitement conservateur par le