L'asthme chez l'enfant de
moins de 3 ans
L’asthme, maladie inflammatoire chronique des bronches, est
souvent ignoré chez l’enfant de moins de trois ans. Nous
allons faire le point sur cet asthme, ses particularités pour
établir le diagnostic, l’évaluation de la sévérité et le
traitement.
Chez l’enfant de moins de trois ans, les
épisodes d’asthme sont fréquemment
appelés :
bronchite asthmatiforme, c’est à dire une bronchite qui
donne les mêmes signes que l’asthme,
bronchiolites à répétition,
toux asthmatiforme ou
reflux gastro-oesophagien.
La fréquence des sifflements chez les nourrissons avoisine 15
à 33 % selon les études et 60 % de ceux qui sifflent petits ne
siffleront plus après six ans Les enfants qui sifflent encore
après 6 ans représentent 41 % des siffleurs précoces. Ils ont
plus souvent :
une famille allergique,
des tests cutanés positifs,
une altération de leur fonction respiratoire.
Afin de mieux identifier ces enfants asthmatiques et de les
prendre correctement en charge, la Haute Autorité de Santé
(HAS) vient de publier des recommandations pour le diagnostic
et la prise en charge de l’asthme chez l’enfant de moins de 36
mois. Que signifie la définition de l’asthme selon la HAS :
tout enfant de moins de trois ans dont la respiration est
sifflante au moins trois fois depuis la naissance doit être
considéré comme étant asthmatique. C’est ce sifflement que
fait l’enfant en vidant l’air de ses poumons et qui passe dans
des bronches rétrécies que les parents doivent essayer de
repérer afin de faciliter le diagnostic par le médecin.
Cliquez sur le lien pour écouter les sibilants. En dehors de
ce sifflement qui peut aussi être persistant, l’asthme du tout
petit peut se présenter sous la forme d’une toux rebelle.
Le diagnostic d’asthme est donc
essentiellement basé sur :
l’interrogatoire des parents et l’examen clinique qui1.
retrouve le sifflement ou la toux récidivante (il faut
plus de trois épisodes) de survenue principalement
nocturne;
la régression complète des symptômes entre les épisodes;2.
l’existence d’une rhinite allergique, d’un eczéma, d’une3.
allergie alimentaire ou d’un asthme parental.
l’absence d’autres causes comme une exposition passive4.
au tabac, une carence en fer, un reflux gastro-
œsophagien, des rhinites virales.
Cette définition est certes large mais elle présente l’intérêt
de ne pas ignorer certains cas d’asthme.
Si le diagnostic d’asthme est évoqué, il faut éliminer ce qui
n’est pas de l’asthme car la difficulté réside dans la
distinction entre ce qui peut être de l’asthme ou une
bronchite, une bronchiolite,une infection pulmonaire que l’on
appelle une pneumopathie mais aussi un nourrisson siffleur. Ce
qui distingue la bronchiolite de l’asthme, c’est la répétition
des épisodes de sifflements. Le nourrisson siffleur siffle en
permanence sans aucune toux ni retentissement sur sa capacité
respiratoire. La radiographie pulmonaire permet d’écarter un
foyer infectieux des poumons, des malformations ou
l’inhalation de corps étranger.
Si le diagnostic d’asthme est retenu sur la plan clinique, un
moyen de le confirmer est de constater l’amélioration clinique
en réponse à un traitement comportant un médicament pour
dilater les bronches : ce sont les bronchodilatateurs de
courte durée d’action donnés trois à quatre fois par jour au
moyen d’une chambre d’inhalation et éventuellement accompagnés
de corticoïdes inhalés selon la sévérité de l’asthme.
Les examens complémentaires sont peu
pratiquables chez le tout petit enfant.
L’exploration fonctionnelle respiratoire, la mesure du
NO,
les tests allergologiques ne sont pas indiqués pour un
asthme modéré répondant au traitement.
L’enquête allergologique est préconisée surtout si
l’asthme persiste malgré le traitement, nécessite un
traitement continu, se développe au sein d’une famille
très allergique.
le bilan repose tout d’abord sur des tests cutanés, les tests
multiallergéniques (phadiatop nourrisson, trophatop) sont
indiqués que si les pricks tests ne sont pas réalisables.
L’avis du spécialiste est essentiel surtout si
le traitement ne permet pas la régression des signes
d’asthme,
l’asthme est d’emblée sévère,
d’autres signes inhabituels sont présents.
Pour déterminer l’importance du traitement, la sévérité de
l’asthme est établie grâce au tableau ci-dessous :
Classification de la sévérité avant traitement de l’asthme de
l’enfant de moins de 36 mois
Asthme
intermittent
Asthme
persistent
léger à
modéré
Asthme
persistant
sévère
Symptômes diurnes <1 jour par
semaine
1 à 2 jours
par semaine
Plus de 2
jours par
semaine
Symptômes
nocturnes
< 1 nuit par
mois
1 à 2 nuits
par semaine
Plus de 2
nuits par
semaine
Retentissement
sur les activités
quotidiennes
aucun léger important
Bêta-2 mimétiques
de courte durée
d’action
< 1 jour par
semaine
1 à 2 jours
par semaine
Plus de 4
jours par
mois
Exacerbations 0 à 1 dans
l’année
Plus de 2 sur
les 6
derniers mois
Plus de 2 sur
les 6
derniers mois
Il est nécessaire de souligner
l’existence de facteurs aggravants tels
que :
une pollution intérieure : tabac, manque d’aération pour
évacuer des composés organiques volatiles ou COV
des infections virales ORL favorisées par le mode de
garde
l’existence d’allergies respiratoires et/ou alimentaires
l’existence d’un reflux gastro-œsophagien,
de mauvaises conditions de vie.
Le traitement de fond est déterminé en
fonction du degré de sévérité et de
l’existence de facteurs aggravants:
pour un asthme intermittent, il n’y a aucun traitement
continu,
si l’asthme est persistant léger ou modéré, le
traitement comporte un corticoïde inhalé à faible dose,
pour un asthme sévère intermittent ou persistant, les
corticoïdes à forte dose sont accompagnés selon les
besoins de bronchodilatateurs à courte durée d’action.
les corticoïdes inhalés qui sont par définition un
traitement de fond doivent être prescrit pour un minimum
de trois mois. Les doses de corticoïdes ne doivent pas
dépasser, chez le petit enfant, un certain taux qui sera
précisé par le spécialiste.
Dans tous les cas ces traitements sous forme d’aérosol doseur
s’administrent au moyen d’une chambre d’inhalation et d’un
masque facial. Devant une aggravation brutale des signes
respiratoires :
les traitements à prendre doivent être consignés sur un
document appelé Plan d’Action Personnalisé Ecrit qui a
été décrit sur un autre article et peuvent faire l’objet
d’un PAI si l’enfant est intégré dans une crèche.
l’absence d’amélioration clinique doit amener à
consulter votre médecin, les services d’urgence ou faire
appel au Samu en cas de détresses respiratoire.
Divers médicaments utilisés chez l’enfant n’ont pas reçu
d’indication dans le traitement de l’asthme de l’enfant de
moins de 36 mois. Ce sont les bronchodilatateurs de longue
durée d’action ainsi que les antileucotriènes.
Le traitement médicamenteux doit comprendre des mesures
d’accompagnement visant à améliorer le cadre de vie de
l’enfant :
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