physiopathologie et diagnostic des infections utérines chez la vache Plus qu’un trouble d’origine bactérienne, les endométrites sont maintenant considérées comme des dérégulations de la fonction immunitaire de la vache. Celles-ci interviennent dès avant la mise bas. A près le vêlage, suite à sa contamination quasiment systématique, l’utérus réagit par une réaction immunitaire caractérisée par l’afflux de neutrophiles dans la lumière utérine et la phagocytose des bactéries* [25]. En fonction de l’équilibre ou non entre la population bactérienne (charge bactérienne, espèces bactériennes, virulence des bactéries) et les défenses immunitaires régulées par le “fond génétique” et l’environnement métabolique, l’utérus évolue vers un état non inflammé rendant possible une gestation ultérieure, ou à l’inverse vers une inflammation persistante et exagérée. Celle-ci s’accompagne d’une diminution ultérieure des performances de reproduction. ● Cette seconde situation est fréquente chez les vaches laitières puisqu’on estime à 10 20 p. cent des lactations la prévalence de la métrite et à 20 - 50 p. cent de l’endométrite (cf. définitions). ● Beaucoup de facteurs de risque sont communs à la métrite et à la endométrite ; aussi, cette dernière est-elle le plus souvent considérée comme le continuum de la première, ou au moins, les deux maladies sont considérées comme deux expressions d’une même dérégulation, métabolique et/ou immune. Cependant, une analyse moléculaire des comportements des monocytes suggère que les deux affections pourraient être les conséquences de deux dysfonctionnements différents [9]. ● Cet article présente les mécanismes par lesquels une contamination bactérienne physiologique de l’utérus se transforme en un processus pathologique. NOTE * cf. L’article “Utérus postpartum et défenses immunitaires”, des mêmes auteurs, dans ce numéro. Sylvie Chastant-Maillard Laure Deguillaume Reproduction, UMR 1225 INRA-ENVT. Interactions Hôte-Pathogène, Université de Toulouse, INP-ENVT 23 Chemin des Capelles, 31076 Toulouse Cedex 03 LES POPULATIONS BACTÉRIENNES ● Comme pour les pathogènes intestinaux, certaines études récentes mettent en évidence un lien entre la présence de certains facteurs de virulence et le caractère pathogène des bactéries dans l’utérus. Ainsi, par exemple, chez des vaches atteintes de métrite, les souches d’E.coli isolées se révélent plus adhérentes et plus invasives vis-à-vis des cellules endométriales que celles prélevées chez des vaches sans symptôme. Ces souches, dénommées EnPEC (endometrial pathogenic E.coli) sécrètent un LPS (LipoPolySaccharide), qui induisent, en culture cellulaire, une réponse inflammatoire supérieure à celle induite par le LPS issu de souches non associées à une métrite [26]. ● La présence du gène d’adhérence fimH chez une souche d’E. coli multiplie par six le risque de métrite associée [3]. Le développement de la “maladie génitale” semblerait être, au moins dans certains cas, due à des souches plus particulièrement pathogènes . COMPRENDRE LA DÉPRESSION IMMUNITAIRE Objectifs pédagogiques ❚ Comprendre les mécanismes qui provoquent une infection et/ou une inflammation génitales. ❚ Mieux évaluer ainsi les limites des techniques diagnostiques actuelles et connaître les possibilités de prévention. Définitions ❚ La métrite est une inflammation utérine qui se développe dans les 21 jours postpartum. et s’accompagne de signes généraux. ❚ L’endométrite est une inflammation utérine au delà de 21 jours postpartum, limitée à l’endomètre [24]. Une dépression immunitaire autour du vêlage La plupart des vaches laitières subissent une dépression de leur immunité pendant plusieurs semaines autour du vêlage. ● Cette dépression est à son maximum au cours de la première semaine postpartum [4, 11, 19]. ● Elle est au moins en partie due aux changements alimentaires et aux modifications de l’environnement hormonal. En effet, au cours de la période péripartum, des changements brutaux et importants des concentrations circulantes en cortisol, en progestérone et en œstradiol surviennent, accompagnés d’une chute de la quantité d’énergie, de vitamines et de minéraux ingérée. ● Dès 2-3 semaines avant l’expression clinique de la maladie, les vaches finalement atteintes de métrite ont une ingestion de matière sèche plus faible que les vaches non affectées [17]. ● Le déficit énergétique contribue à l’immunosuppression en induisant : - une diminution de la concentration sanguine ● Essentiel ❚ Métrite et endométrite sont les symptômes d’une incapacité de la vache à limiter sa propre réponse inflammatoire. La vache hyperréagit à la présence bactérienne. ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article 19 LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 5 / n°21 SEPTEMBRE 2012 - 91