19-23 physiopathologie et diagnostic bat

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physiopathologie et diagnostic
des infections utérines
chez la vache
Plus qu’un trouble d’origine
bactérienne, les endométrites
sont maintenant considérées
comme des dérégulations
de la fonction immunitaire
de la vache.
Celles-ci interviennent
dès avant la mise bas.
A
près le vêlage, suite à sa contamination quasiment systématique, l’utérus
réagit par une réaction immunitaire
caractérisée par l’afflux de neutrophiles dans
la lumière utérine et la phagocytose des
bactéries* [25].
En fonction de l’équilibre ou non entre la
population bactérienne (charge bactérienne,
espèces bactériennes, virulence des bactéries)
et les défenses immunitaires régulées par le
“fond génétique” et l’environnement
métabolique, l’utérus évolue vers un état non
inflammé rendant possible une gestation
ultérieure, ou à l’inverse vers une inflammation
persistante et exagérée. Celle-ci s’accompagne
d’une diminution ultérieure des performances
de reproduction.
● Cette seconde situation est fréquente chez
les vaches laitières puisqu’on estime à 10 20 p. cent des lactations la prévalence de la
métrite et à 20 - 50 p. cent de l’endométrite
(cf. définitions).
● Beaucoup de facteurs de risque sont
communs à la métrite et à la endométrite ;
aussi, cette dernière est-elle le plus souvent
considérée comme le continuum de la
première, ou au moins, les deux maladies
sont considérées comme deux expressions
d’une même dérégulation, métabolique et/ou
immune. Cependant, une analyse moléculaire
des comportements des monocytes suggère
que les deux affections pourraient être les
conséquences de deux dysfonctionnements
différents [9].
● Cet article présente les mécanismes par
lesquels une contamination bactérienne
physiologique de l’utérus se transforme en
un processus pathologique.
NOTE
* cf. L’article “Utérus postpartum et défenses
immunitaires”, des mêmes auteurs, dans ce numéro.
Sylvie Chastant-Maillard
Laure Deguillaume
Reproduction, UMR 1225 INRA-ENVT.
Interactions Hôte-Pathogène,
Université de Toulouse, INP-ENVT
23 Chemin des Capelles,
31076 Toulouse Cedex 03
LES POPULATIONS BACTÉRIENNES
● Comme pour les pathogènes intestinaux,
certaines études récentes mettent en
évidence un lien entre la présence de certains
facteurs de virulence et le caractère
pathogène des bactéries dans l’utérus. Ainsi,
par exemple, chez des vaches atteintes de
métrite, les souches d’E.coli isolées se révélent
plus adhérentes et plus invasives vis-à-vis des
cellules endométriales que celles prélevées
chez des vaches sans symptôme.
Ces souches, dénommées EnPEC (endometrial pathogenic E.coli) sécrètent un LPS
(LipoPolySaccharide), qui induisent, en culture
cellulaire, une réponse inflammatoire
supérieure à celle induite par le LPS issu de
souches non associées à une métrite [26].
● La présence du gène d’adhérence fimH chez
une souche d’E. coli multiplie par six le risque
de métrite associée [3]. Le développement
de la “maladie génitale” semblerait être, au
moins dans certains cas, due à des souches
plus particulièrement pathogènes .
COMPRENDRE
LA DÉPRESSION IMMUNITAIRE
Objectifs pédagogiques
❚ Comprendre les mécanismes
qui provoquent une infection
et/ou une inflammation
génitales.
❚ Mieux évaluer ainsi
les limites des techniques
diagnostiques actuelles
et connaître les possibilités
de prévention.
Définitions
❚ La métrite est une inflammation
utérine qui se développe
dans les 21 jours postpartum.
et s’accompagne
de signes généraux.
❚ L’endométrite
est une inflammation utérine
au delà de 21 jours postpartum,
limitée à l’endomètre [24].
Une dépression immunitaire
autour du vêlage
La plupart des vaches laitières subissent une
dépression de leur immunité pendant
plusieurs semaines autour du vêlage.
● Cette dépression est à son maximum au
cours de la première semaine postpartum
[4, 11, 19].
● Elle est au moins en partie due aux
changements alimentaires et aux modifications
de l’environnement hormonal. En effet, au
cours de la période péripartum, des
changements brutaux et importants des
concentrations circulantes en cortisol, en
progestérone et en œstradiol surviennent,
accompagnés d’une chute de la quantité
d’énergie, de vitamines et de minéraux ingérée.
● Dès 2-3 semaines avant l’expression clinique
de la maladie, les vaches finalement atteintes
de métrite ont une ingestion de matière sèche
plus faible que les vaches non affectées [17].
● Le déficit énergétique contribue à
l’immunosuppression en induisant :
- une diminution de la concentration sanguine
●
Essentiel
❚ Métrite et endométrite
sont les symptômes
d’une incapacité de la vache
à limiter sa propre réponse
inflammatoire.
La vache hyperréagit
à la présence bactérienne.
❚ Crédit Formation Continue :
0,05 CFC par article
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE
élevages et santé
vol 5 / n°21
SEPTEMBRE 2012 - 91
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