MAPAR 2001262
antigènes». Il est établi que dans les réactions anticorps/antigènes, en particulier dans
l’histaminolibération, un excès d’antigènes ou au contraire une quantité très insuffi-
sante, n’induit aucune réaction, laquelle ne survient que pour des taux d’antigènes à
peu près équivalents à ceux des anticorps (classique courbe en «cloche» des réactions
antigènes/anticorps). Pour intéressante que soit cette hypothèse, qui bien entendu ne
fait pas intervenir des IgE spécifiques des PCI, il reste à expliquer l’absence de libéra-
tion de médiateurs néoformés, qui sont pourtant libérés en grande quantité lors de
l’activation des mastocytes et des basophiles par des antigènes classiques.
L’allergie immédiate aux PCI dépendante des IgE n’a fait l’objet que de quelques
rares publications sur des séries insuffisantes. Une étude récente de Mita et coll [21] a
cependant inclus 55 patients qui avaient présenté une réaction anaphylactoïde lors de
l’utilisation d’ioxaglate (Hexabrix®) et 31 témoins ayant reçu le même PCI sans effet
secondaire. Par Elisa et radio-immunologie, ces auteurs ne trouvent des IgE spécifi-
ques de l’ioxaglate que chez 47,1 % des malades ayant eu une réaction anaphylactoïde
et chez aucun des 31 témoins.
Par radio-immuno-essai, ces auteurs montrent que la pré-incubation du sérum con-
tenant des IgE spécifiques avec 1 mg.mL-1 d’ioxaglate, fait disparaître 81 % de ces IgE
spécifiques (liaison IgE/ioxaglate). En revanche, avec la même technique, aucune «con-
sommation» des IgE spécifiques n’est observée si le sérum est incubé avec un autre
PCI, l’iohexol (Omnipaque®), dont la structure principale est différente de celle de
l’ioxaglate, mais qui comporte comme tous les PCI des atomes d’iode dans cette struc-
ture. Ainsi, il est possible de conclure que les IgE spécifiques reconnaissent la structure
globale de la molécule et non l’iode fixée sur cette structure.
Ce résultat correspond aux données déjà établies pour un modèle plus classique
qu’est l’allergie immédiate aux bêta-lactamines ou aux curares : par exemple, les tests
cutanés à lecture immédiate positifs après un choc anaphylactique au suxamethonium
(Célocurine®) sont souvent négatifs pour des curares comme le pancuronium (Pavu-
lon®) dont la structure globale est différente mais qui porte, comme la Célocurine®,
2 fonctions ammonium quaternaire [15, 16]. De même, est-il habituel d’avoir une ex-
cellente tolérance des céphalosporines chez des sujets ayant eu une anaphylaxie à la
pénicilline G, bien que ces deux types d’antibiotiques aient le même noyau bêta-
lactame. On peut là aussi conclure qu’un anticorps reconnaît très spécifiquement un
épitope antigénique au sein d’une molécule et qu’entre deux structures chimiques
paraissant proches, le site épitopique peut être totalement différent.
4. REACTIONS TARDIVES AUX PCI
En 1986, Panto [23] rapportait le premier cas de toxidermie survenant plusieurs
heures après injection de PCI. Le tableau clinique avec lésions cutanées maculo-papu-
leuses ou morbiliformes est proche de celui si souvent observé avec les amino-pénicillines
(amoxicilline, etc) pour lesquelles le diagnostic repose sur des tests épicutanés (patch-
tests) [18, 25]. Lorsque des biopsies pratiquées sur des tests cutanés positifs aux
amino-pénicillines sont effectuées, on observe un infiltrat inflammatoire dermique avec
lymphocytes et éosinophiles associé à une spongiose intradermique et une acan-
those [26]. Des travaux récents confirment qu’il s’agit bien d’une réaction immunolo-
gique puisque dans le sang périphérique le taux de lymphocytes T activés (HLA DR+)
exprimant le Cutaneous Lymphocyte-Associated Antigen s’accroit pendant la phase
aiguë de la toxidermie à l’amino-pénicilline [3, 4, 7].
Bien que rares, les réactions tardives aux PCI sont très instructives car elles mon-
trent que l’iode n’intervient nullement dans la réaction allergique. Par exemple,