Hugues Destrem (1754-1804), un opposant au coup d’État du 18 brumaire
Né à Fanjeaux, Hugues Destrem, exerce très tôt des fonctions publiques dans l’Aude. Acquis aux idéaux révolu-
tionnaires, il siège en 1791 à l’Assemblée législative. En août 1792, il se prononce pour la
déchéance du roi. Il ne présente pas sa candidature à la Convention, préférant se
consacrer à ses affaires à Toulouse. Élu en l’an VI député de la Haute-Garonne
au Conseil des Cinq-Cents, il siège à l’extrême-gauche de l’assemblée. Il y
manifeste une grande activité dans le domaine économique et financier. Le 18
brumaire an VIII marque la fin de sa carrière politique. Opposant déterminé à
Bonaparte, il l’interpelle violemment le 19 brumaire, l’accusant de vouloir établir
une dictature. Assigné à résidence à Fanjeaux, il revient subrepticement à Paris
où il est arrêté le 3 janvier 1801, comme d’autres opposants jacobins considérés cou-
pables de l’attentat de la rue Saint-Nicaise. Déporté à l’île de Ré puis en Guyane, il meurt
en juillet 1804 dans l’île de Saint-Barthélémy où il avait cherché refuge après s’être évadé.
Dominique-Vincent Ramel-Nogaret (1760-1828), ministre des
Finances sous le Directoire
Né à Montolieu, Dominique-Vincent Ramel-Nogaret, issu d’une riche famille de
marchands-fabricants drapiers, devient avocat du roi en la sénéchaussée de Car-
cassonne. Élu député du Tiers-État en 1789, il siège à la Constituante. Député de
l’Aude à la Convention, il vote la mort du roi en 1793. Il est un membre actif du
comité des finances de la Convention. Ministre des Finances de février 1796 à juillet
1799, Ramel mène à bien des réformes aux effets durables. Accusé de dilapidation
des fonds publics, il est contraint de démissionner et n’exerce plus dès lors de res-
ponsabilité politique. Il ne perd toutefois pas espoir d’être rappelé au ministère. À
deux reprises, en l’an IX et en 1807, il publie des ouvrages techniques vraisembla-
blement destinés à démontrer ses compétences en haut lieu, mais sans succès. En effet ses idées politiques n’en font
pas un soutien farouche de l’Empire : préférant une république parlementaire à tout autre régime, il condamne l’ar-
bitraire des monarques. Fixé à Bruxelles puis à Paris, il revient par la suite à Montolieu, dans son château du
Petit-Versailles. Son retour à la vie publique se fait sur le tard : le 20 septembre 1812 il devient conseiller général de
l’Aude. Pendant les Cent-Jours, il est nommé préfet du Calvados. Après le retour de Louis XVIII, il est condamné à
l’exil comme tous les conventionnels régicides. Il meurt à Bruxelles en 1828.
Jean-Pierre Fabre dit Fabre de l’Aude (1755-1832), soutien de l’Empire ou opportuniste ?
Jean-Pierre Fabre, né à Carcassonne, avocat sous l’An-
cien Régime, exerce pendant la Révolution des fonctions
publiques dans l’Aude. Sous la Terreur, il disparaît et ne
reprend une activité politique qu’en l’an IV. Membre du
Conseil des Cinq-Cents, il apporte son soutien à Bonaparte
le 18 brumaire. Serviteur du régime impérial, il exerce des
responsabilités notamment dans le domaine financier. Son
dévouement à Napoléon ne résiste pas à la défaite. Le roi
Louis XVIII le fait pair de France en juin 1814, ce qui ne
l’empêche pas de se rallier à Napoléon de retour de l’île
d’Elbe avant de négocier avec les royalistes au lendemain
de Waterloo. Déchu en juillet 1815, brocardé pour son aptitude à servir tous les régimes,
Fabre de l’Aude réintègre la Chambre des Pairs en 1819. Il meurt à Paris en 1832.
Dominique-Vincent Ramel-Nogaret,
gravure de Jules Porreau, 1854
(A. D. Aude, 2 Fi 2666)
S’opposer
ou se rallier ?
Hugues Destrem, gravure
(A. D. Aude, 2 Fi 2615)
Jean-Pierre Fabre dit Fabre de l’Aude,
gravure (A. D. Aude, 2 Fi 2672) Ouvrage de Jean-Pierre
Fabre dit Fabre de l’Aude
publié en 1816 pour justifier
sa conduite politique
(A. D. Aude, Q° 1488)