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`Philippe Halban
Le Docteur Philippe Halban est
biologiste cellulaire et Professeur à la
Faculté de Médecine de l'Université
de Genève en Suisse. Il est actuelle-
ment Président de l'Association euro-
péenne pour l'étude du diabète
(EASD). Les opinions présentées
dans cet article sont les siennes et
pas nécessairement celles de l'EASD.
Références :
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for alternatives to insulin injection.
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2. Orci L, Vassalli JD, Perrelet A: The
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ment therapy in the treatment of
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5. Lee HC, Kim SJ, Kim KS, Shin HC,
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6. Cheung AT, Dayanandan B, Lewis
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insulin release from genetically
engineered K cells. Science 2000;
290: 1959-1962.
temps que nous devons nous attendre à
une augmentation de la sécrétion
d'insuline à partir de cellules bêta
répliquées, suite à la stimulation de la
transcription du gène. Plus désespérant
encore, les taux d'insuline continuent à
augmenter malgré que le glucose soit
revenu à son niveau de base. Ceci est dû
à la lenteur de la réponse mentionnée
ci-dessus. Les conséquences sont
dévastatrices et inévitables : le taux
d'insuline inadéquatement haut
provoquera une hypoglycémie profonde.
Ce patient ne se sentira pas bien
pendant l'IVGTT et il se pourrait même
que l'on doive inverser l'hypoglycémie au
moyen d'une perfusion de glucose.
Nous devons être
absolument certains
d'être capables
d'offrir une
alternative
réellement efficace à
l'injection d'insuline
avant d'annoncer la
possibilité de traiter
les personnes
atteintes de diabète
de type 1.
Engouement vs espoir
La communauté des scientifiques qui
travaille sur la thérapie génique ou
cellulaire du diabète, et j'en fais partie,
doit absolument être certaine de
pouvoir fournir une alternative
réellement efficace à l'injection d'insuline
avant d'annoncer leur "remède" pour le
diabète de type 1 aux personnes
atteintes de cette maladie. Ne pas le
faire serait assez irresponsable. Je ne
pense pas que les modèles actuels
utilisant les cellules secrétrices d'insuline
régulées uniquement au niveau de la
biosynthèse puissent déjà fournir le
traitement. Aujourd'hui, je conçois que
ces cellules, ou peut-être une version
améliorée, puissent un jour s'avérer
utiles pour une injection à plus faible
dose de l'insuline, régulée sur le long
terme, chez des individus atteints de
diabète de type 2. Mais cela est une
autre histoire dont nous pouvons
discuter à un autre moment.
Conclusion
Je ne veux pas paraître indûment
pessimiste. Au contraire, je suis excité,
comme tout le monde, à l'idée d'une
thérapie cellulaire ou thérapie génique
pour le diabète par le biais de l'utilisation
de répliques de cellules bêta sur mesure.
Je pense que cela sera possible. Je
pense que cette méthode sera
beaucoup plus efficace que l'injection
d'insuline, moins chère et plus
accessible que tout autre futur
dispositif mécanique en "boucle
fermée". Je pense que les répliques de
cellules bêta pourront un jour
constituer une alternative intéressante
à la transplantation d'îlots, pas
uniquement en termes de disponibilité,
mais également comme moyen d'éviter
l'immunosuppression.
Je pense par conséquent que la "thérapie
bêtacellulaire" pourra un jour offrir un
traitement peu coûteux et sûr aux
personnes atteintes de diabète de type 1
dans le monde entier. Mais ne me
demandez pas quand cela se produira ou
quelle sera la forme de cette thérapie
cellulaire. Nous sommes juste au point
de départ d'un voyage palpitant, rendu
encore plus excitant grâce au progrès
réalisé au niveau de la biologie des
cellules souches. A mon avis, la fin du
voyage n'est pas encore en vue, mais si
nous basons notre progression sur la
compréhension du fonctionnement des
cellules bêta, nous saurons alors que
nous y sommes arrivés.
Décembre 2002 Volume 47 Numéro 4
Orientations futures