N° 9
A.F.M.O. - Association loi 1901 à but non lucratif - 121 rue de Turenne - 75003 PARIS
Documentation strictement réservée aux Professionnels de Santé - Tous droits réservés
1
LES INFOS DE L’A.F.M.O.
Association Française de Médecine Orthomoléculaire
Prébiotiques et Probiotiques :
Facteurs clé de l’équilibre intestinal
La microflore intestinale
Les êtres humains naissent axéniques
(dépourvus de germes). En un ou deux jours, une
flore microbienne spécifique se développe et
s’organise sous forme de populations en état
d’équilibre le long du tube digestif.
Le nombre de germes composant cette flore varie
en fonction des segments du tractus digestif.
La flore de fermentation est présente dans la
deuxième partie de l’intestin grêle et s’étend
jusqu’au colon transversal, avec un maximum
d’activité au niveau du caecum.
Constituée essentiellement par des ferments
lactiques et des bifidobactéries, elle permet la
fermentation acide des glucides complexes
(polysaccharides, fibres), d’où une libération
d’acides organiques (lactique, acétique,
propionique…) et de gaz carbonique.
A l’état normal, elle prédomine au niveau du
colon ascendant et y maintient un pH acide.
En revanche, la flore de putréfaction prédomine
dans le colon descendant. A ce niveau, les
protéines subissent un processus de putréfaction
et donnent naissance à des corps aromatiques
(ammoniac, H2S, indole, scatole…) et à des
produits alcalins dont les ptomaïnes, amines
toxiques. Ces toxines sont assimilées et
inactivées au niveau du foie (gluco et
sulfoconjugaisons) puis éliminées par les urines
(BESSON et coll. 1993).
Normalement, la flore protectrice de
fermentation s’oppose à la prolifération de
bactéries pathogènes ainsi qu’au développement
de la flore de putréfaction qui, lorsqu’elle est
excessive, devient irritante pour le colon et
génère des composés toxiques pour le foie.
Cependant, des repas trop riches en viande, pris
« sur le pouce » et en oubliant de mastiquer
correctement fournissent des matières
intestinales trop riches en protéines, d’où le
développement exagéré de la flore de
putréfaction. Par ailleurs, lors d’un manque de
fibres la flore de fermentation se raréfie et la
barrière acide s’affaiblit. La flore de putréfaction
remonte alors dans le grêle, entraînant
météorisme, ballonnements, haleine fétide,
ainsi que la production de substances toxiques
(cancérigènes pour certaines).
Colon
10 - 101211
Iléon
10 - 1073
Jéjunum
0 - 105
Estomac
0 - 104
REPARTITION DE LA FLORE
GASTRO-INTESTINALE DE L'HOMME
Nombre de germes / g de matière fécale
D'après BALLONGUE
Flore de
fermentation
Flore de putréfaction
2
Les prébiotiques
Les prébiotiques stimulent de façon sélective la
croissance et l’activité de la flore intestinale en
respectant l’écosystème propre à chaque individu.
Ils sont principalement constitués par :
- Les fibres solubles (pectines).
- Les fructooligosaccharides (FOS), glucides
d’origine végétale tels que l’inuline
- Les céréales fermentées.
Ces dernières ne contiennent plus les
bactéries vivantes qui se sont multipliées lors
de la fermentation, mais renferment de
nombreux métabolites essentiels libérés par
les micro-organismes pendant le processus
de fermentation.
Propriétés
y La consommation quotidienne de prébiotiques
permet d’améliorer le transit intestinal.
y L’effet barrière de la flore de fermentation
contre le développement de certaines bactéries
délétères et potentiellement pathogènes est
renforcé :
- les métabolites présents dans le milieu
s’opposent à l’implantation des germes et
favorisent la sécrétion d’IgA
- les fructooligosaccharides (inuline) permettent
de produire des acides gras volatils
responsables de l’acidification du côlon droit qui
renforce cet effet barrière
y Les céréales fermentées sont une source de
métabolites et d’enzymes nécessaires à
l’écosytème intestinal. Elles renforcent l’activité
enzymatique digestive.
Alors que la vitesse d’action des enzymes
digestives est très rapide, celle d’un certain
nombre d’enzymes bactériens est lente. Les
bactéries exigent que les résidus alimentaires
séjournent pendant un temps suffisant (une
dizaine d’heures) dans le côlon pour pouvoir
accomplir leur travail d’hydrolyse. D’ailleurs, lors
d’un transit accéléré, on constate une diminution
de la digestibilité de la cellulose.
Une irritation gênante de la paroi intestinale
accompagne très souvent ces déséquilibres
digestifs.
Les acides gras à courte chaîne (AGCC)
produits par l’inuline fournissent une source
d’énergie pour les cellules épithéliales dont ils
stimulent le renouvellement. En dehors de ce rôle
de nutriment les AGCC participent à la régulation
des processus normaux de la digestion.
Les antioxydants végétaux comme les polyphénols
contribueront à diminuer l’inflammation.
Par ailleurs, la glutamine est un nutriment
particulièrement intéressant. Cet acide aminé
est la première source d’énergie de l’intestin
grêle, il est indispensable au maintien de la
trophicité de son épithélium. Son captage
intestinal électif (absorption active grâce à une
pompe sodium dépendante) contribue à lutter
contre l’atrophie villositaire et ses
complication potentielles d’hyperperméabilité
et de translocation bactérienne.
Principal nutriment des entérocytes, la
glutamine fournit d’une part l’énergie et
d’autre part l’azote pour la synthèse des
bases puriques et pyrimidiques de l’acide
nucléique ; il s’agit donc d’un micronutriment
de choix pour favoriser la régénération des
cellules intestinales et contribuer à
l’intégrité de cette membrane.
Pour le Docteur SEIGNALET, une carence
en glutamine est l’un des facteurs
prépondérant pouvant expliquer l’échec au
régime ancestral hypotoxique.
Les probiotiques
Les probiotiques sont des micro-organismes,
bactéries ou levures, non pathogènes et non
toxiques, qui contribuent à l’équilibre de la flore
intestinale.
Le rôle essentiel des probiotiques est de garantir
une bonne hygiène digestive en favorisant la
dégradation et l’absorption de certains aliments.
En régulant les fonctions du colon, ils améliorent
l’état de santé et permettent de lutter contre les
différents troubles du transit (accéléré, ralenti,
ballonnements…), les troubles digestifs et de
prévenir des désordres plus larges.
On distingue quatre grands groupes de
probiotiques :
Les ferments lactiques
Capables de produire de l’acide lactique par la
fermentation de certains sucres comme le
lactose, ils sont regroupés en deux catégories, en
fonction de leur morphologie :
Les Lactobacilles
- Lactobacillus bulgaris. Ferment classique du
yaourt, absent de la flore normale endogène
de l’homme. Résistant très mal à
l’aciditégastrique, il a une faible capacité de
survie dans l’intestin (1 germe sur 100.000
arrive vivant dans l’intestin grêle). Il présente
donc un intérêt mineur comme probiotique.
9
- Lactobacillus acidophilus, casei et
rhamnosus. Appartenant à la flore normale,
ils offrent une bonne résistance à l’acidité
gastrique, présentent une forte capacité
d’adhérence aux cellules intestinales et
s’implantent durablement dans le tube
digestif. Parfaitement tolérés, ils jouent un rôle
majeur dans l’équilibre de l’écosystème
intestinal.
Toutefois, ils s’altèrent rapidement à
température ambiante et sont totalement
détruits à des températures supérieures à
40°C. Ils ne peuvent donc être apportés par
des yaourts thermisés.
In vitro, leur croissance est bonne dans un
milieu à pH 4,5 - 6,4 et à une température de
30 à 40 °C.
Les Coques
Enterococcus et Streptococcus. Représentant
une faible partie de la flore normale, leur
capacité d’adhérence sur la paroi intestinale
est tout de même notable.
Les Bifidobactéries
D’origine humaine ou animale, elles appartiennent
à la flore intestinale normale et possèdent une
faible résistance aux sucs gastriques. Elles
contribuent à la synthèse des vitamines dans
l’intestin, notamment celles du groupe B et
facilitent l’absorption de ces nutriments en
stimulant l’activité enzymatique.
Les différentes levures de type
Saccharomyces
Elles sont principalement utilisées par l’industrie
agroalimentaire (vin, bière, pain...).
Les autres bactéries sporulées
dont Bacillus subtilis et cereus.
Mode d’action
Eléments importants de la flore de fermentation,
les lactobacilles se montrent efficaces dans le
traitement de nombreux désordres digestifs,
tels que diarrhées, flatulences, constipation,
infections digestives et troubles
inflammatoires.
Leur mode d’action n’est encore que partiellement
élucidé. Malgré tout, plusieurs mécanismes
pourraient expliquer leurs effets bénéfiques.
- Par la dégradation de certains sucres (lactose et
polysaccharides), les lactobacilles génèrent des
acides organiques tels les acides acétique et
lactique qui, en abaissant le pH intestinal,
limitent la flore de putréfaction dont le
développement est favorisé en milieu alcalin et
qui génère des amines toxiques (putrescine,
cadavérine), ammoniac et indoles.
- Le développement des lactobacilles nécessite la
présence de fibres (inuline, pectines de
fruits...), qui peuvent participer à la
neutralisation, dans le colon, de multiples
produits toxiques potentiellement cancérigènes.
- Certaines substances élaborées par les
lactobacilles sont susceptibles de neutraliser in
situ les toxines bactériennes.
Cette action est renforcée par la formation de
peroxyde d’hydrogène et de molécules anti-
microbiennes, comme les bactériocines, qui
inhibent le développement de germes
pathogènes comme les colibacilles ou les
salmonelles.
- Ils renforcent également les défenses
immunitaires locales et générales (favorisent la
production d’IgA sécrétoires dans la lumière
intestinale, stimulent l’activation des
macrophages et des structures lymphoïdes).
Il a été démontré que l’administration de
L.acidophilus et L.casei revivifiables, donc
capables de se développer dans le tractus
digestif, active les macrophages de souris.
Sato a montré que l'ingestion de L.casei deux
jours avant l’administration de Listeria protégeait
les souris de l’infection.
L’administration de L. casei et de L. acidophilus
pendant 8 jours à des souris avant de les
infester par Salmonella typhimurium induit un
taux de survie de 100% avec production
d’immunoglobulines et activation des lymphocytes
T et B.
Applications chez l’homme
Traitement des diarrhées
L’administration de Lactobacilles sous forme
lyophilisée réduit l’importance et la durée des
diarrhées infectieuses, motrices (colopathies),
inflammatoires de type des rectocolites et iléites
de Crohn, ou consécutives à une antibiothérapie.
L’étude de Siitonen montre que la prise de L.
rhamnosus réduit significativement les diarrhées
provoquées par les antibiotiques (erythromycine),
ainsi que les douleurs abdominales.
Inhibition du développement de bactéries
pathogènes
In vitro, L. acidophilus est capable d’inhiber
fortement (80%) l’adhérence des bactéries
pathogènes comme l’ont montré les expériences
réalisées avec deux souches pathogènes
(Escherichia coli enteropathogène et Salmonella).
A.F.M.O. - Association loi 1901 à but non lucratif - 121 rue de Turenne - 75003 PARIS
DttitittééPf
ildSté
Tditéé
4
In vivo, les expérimentations menées sur des
patients infectés par Salmonella et consommant
des L. acidophilus ont montré que l’intensité et la
durée de l’infection diminuaient de façon
significative.
1061071081091010
50
100
Pourcentage d'inhibition de l'adhérence des germes pathogènes
(Salmonella thyphymirium )
Concentration en Lactobacillus acidophilus
Effet anti-pathogène des L. acidophilus
Action sur le système immunitaire
L’étude réalisée par l’équipe du Dr kalliomaki et
publiée dans le LANCET en 2001 montre que la
supplémentation en Lactobacilles GG pendant
6 mois dès la naissance a permis de réduire les
phénomènes allergiques de façon très nette.
Après 2 années de suivi, on a constaté une
baisse de 23% des eczémas atopiques chez
les enfants sous probiotiques, et 1 seul enfant
a développé une rhinite atopique. Cela
confirme l’intervention de la microflore intestinale
dans l’acquisition des mécanismes de défense
anti-allergique.
La prise de probiotiques est particulièrement
intéressante pour renforcer les défenses
immunitaires locales et générales et prévenir les
troubles ORL chroniques. Par ailleurs, après
une antibiothérapie, les probiotiques permettent
de réensemencer la flore protectrice et d’éviter
le développement d’autres bactéries pathogènes.
Intolérance au lactose
Cette intolérance, due à l’absence d’assimilation
du lactose, principal glucide du lait, est provoquée
par un défaut de synthèse de la lactase, enzyme
des cellules en brosse de la surface épithéliale de
l’intestin.
Cette anomalie provoque de nombreux troubles
gastro-intestinaux chez les sujets sensibles.
Des expériences menées chez des sujets
présentant cette intolérance montrent que
administration de lactobacilles facilite la
digestibilité du lactose et diminue ou retarde
l’apparition de troubles intestinaux.
Les meilleurs résultats sont obtenus avec des
ferments lactiques vivants.
Par ailleurs, les lactobacilles rhamnosus,
transforment la caséine du lait en une molécule
moins allergisante.
Effet sur la constipation
L’administration de L. acidophilus à faible dose
améliore le transit intestinal et permet de
réduire l’utilisation des laxatifs.
Cet effet est obtenu uniquement avec des
bactéries vivantes. Il semblerait que les
bactéries lactiques modifient l’équilibre de la flore
microbienne intestinale provoquant de ce fait une
excitation de la muqueuse et des muscles. Cet
effet est amélioré par un apport quotidien de
fibres (pectines de fruits, cellulose, inuline...).
Effet anticancérigène
Les lactobacilles utilisés vivants pourraient
prévenir l’initialisation de cancers ou le
développement de cellules tumorales, soit en
détruisant des substances cancérigènes telles
que les nitrosamines, soit en inhibant le
développement de bactéries productrices
d’enzymes telles que bêta-glucosidase et
bêtaglucuronidase, qui catalysent la transformation
de substances précancérigènes en substances
cancérigènes.
D’après Ayebo et al, l’administration de L.
acidophilus chez des patients pendant quatre
jours, diminue l’activité de la bêta-glucosidase et
de la bêta-glucuronidase. En revanche, l’activité
de ces deux enzymes augmente dès que l’on
arrête l’administration des bactéries.
Ces résultats ont été confirmés par Goldin et
Gorbach. Ils ont induit un cancer à des rats en
utilisant du DMH (diméthylhydrazine) qui est
activé dans le colon en composé cancérigène par
la bêta-glucuronidase. A la vingtième semaine,
seulement 40% des rats nourris avec la souche
probiotique présentaient des tumeurs, contre 77%
pour les rats du groupe témoin.Les lactobacilles
semblent favoriser la suppression des cellules
tumorales en augmentant l’activité des
macrophages de la muqueuse intestinale par
stimulation de l’immunité locale.
Effet métabolique
De nombreuses études ont été réalisées pour
déterminer si l’apport de probiotiques comme les
lactobacilles favorisait la diminution du taux de
3
9
Cholestérol sanguin.
1 / 7 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !