Aux origines de l`Intelligent Design : les doctrines

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Pour citer cet article :
Cédric Grimoult,
" Des métamorphoses au mythe du progrès ",
Alliage, n°70 - Juillet 2012, ,
mis en ligne le 26 septembre 2012.
URL : http://revel.unice.fr/alliage/index.html?id=4056
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Des métamorphoses au mythe du progrès
Les racines de l’idée d’évolution biologique
Cédric Grimoult
Docteur
habilité
en
histoire
des
sciences,
professeur
agrégé
d’histoire, enseignant en classes préparatoires littéraires au lycée
Jean-Jaurès de Montreuil. Il est chercheur associé au Centre
d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines, de l’université de
Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.
fr
47-61
Juillet 2012
Afin de faire émerger des thèmes peu fréquemment présentés dans la littérature de spécialité, cet
article aborde les grandes figures de l’évolutionnisme de manière schématique, et parfois
caricaturale. On pourra se référer à quelques lectures générales afin de se familiariser avec la
question. Si, en outre, la présentation qui suit peut sembler quelque peu décousue, sa construction
correspond à la dynamique ramifiée des différentes positions prises par les chercheurs sur un temps
long, de l’Antiquité jusqu’au xxe siècle.
Métamorphoses et évolution
Les mythes antiques des métamorphoses sont probablement fondés sur certaines observations
millénaires, les unes étant justes, d’autres se révélant illusoires. Dans le premier cas, on peut citer
les métamorphoses des insectes, dont la plus célèbre est celle de la chenille en chrysalide puis en
papillon : un même individu change brutalement de forme, au point de devenir méconnaissable. De
manière moins spectaculaire, la transformation du pelage hivernal de certains animaux ou encore la
croissance des jeunes en adultes, témoignent aussi du changement à l’œuvre dans la nature. Comme
exemple de transformations illusoires, mais qui eurent la vie dure, on peut citer celle spontanée des
plantes cultivées en d’autres espèces, comme le blé en seigle ou l’avoine en folle avoine,
interprétation erronée due, sans doute, à une sélection insuffisamment rigoureuse des graines avant
les
semailles.
Les historiens de l’évolutionnisme ont depuis longtemps reconnu l’intérêt des écrits référant au
modèle des métamorphoses, notamment chez les auteurs de l’Antiquité, mais ils ne savent
généralement pas comment interpréter leurs hypothèses et se montrent particulièrement embarrassés
à leur égard. Ces auteurs s’avèrent en effet difficiles à classer, car s’ils ne croient pas que la nature
soit demeurée constamment la même, ils ne présentent nullement les espèces actuelles comme étant
étroitement apparentées, conformément à la théorie actuelle de l’évolution (figure 1).
L’interprétation correcte de ces idées anciennes a souffert d’un obstacle majeur : le fait de
considérer évolutionnisme et transformisme comme des termes synonymes. Ils renvoient pourtant à
deux idées différentes :
le transformisme (par opposition au fixisme), qui évoque le changement de formes entre ancêtres et
descendants ;
l’évolutionnisme (par opposition au créationnisme), qui implique, depuis Lamarck et Darwin, la
dérivation, c’est-à-dire la divergence des caractères à partir d’un ancêtre commun.
D’après ces définitions, tout évolutionniste est transformiste. Mais on peut être transformiste tout
en soutenant que les essences spécifiques sont contenues dans des germes éternels ou créés, et
restent ainsi séparées : autrement dit, on peut donc être transformiste et créationniste, et donc non
évolutionniste.
L’évolutionnisme s’est d’ailleurs imposé au terme d’un débat complexe, dans lequel il faut
distinguer deux étapes chronologiques, correspondant précisément à la distinction précédente :
d’abord, la victoire du transformisme sur le fixisme, remportée en deux manches à une, la première dès la
fin du XVIIIe siècle, la deuxième remportée par Cuvier et les défenseurs du fixisme, la troisième voyant, au
cours des années 1850, la victoire de ce qu’on appelle alors « transformisme limité », en insistant sur le
fait que les espèces d’un même genre descendent d’un ancêtre commun ;
ensuite, la victoire de la théorie de la dérivation, permise grâce à la révolution darwinienne, à la fin du
XIXe siècle, et selon laquelle l’ensemble des êtres vivants sur la Terre descend, par voie de génération,
d’un seul ou d’un nombre restreint de formes initiales.
En explorant la préhistoire scientifique de l’idée d’évolution, il s’agit de montrer d’abord que le
mythe des métamorphoses a constitué une source d’inspiration en histoire naturelle, en appelant
l’attention sur les variations du vivant et en ouvrant la voie à un transformisme de plus en plus
dominant au sein de la communauté scientifique ; puis que sa combinaison avec l’idéologie du
progrès a renforcé ce transformisme considéré sur le modèle du développement de potentialités
latentes ; avant d’expliquer finalement pourquoi il joue, depuis Darwin, un rôle négatif dans la
dynamique scientifique, tout en restant populaire dans les milieux religieux. Nous pourrons alors
proposer quelques conclusions de portée générale au sujet de la manière dont les idées peuvent
s’enchaîner dans l’histoire des sciences.
Les métamorphoses servent de modèle aux premiers auteurs
transformistes, de l’Antiquité à Darwin
Ovide regroupe et réécrit des mythes anciens, sources d’inspiration depuis l’époque
présocratique. Retenons deux éléments fondamentaux favorisant l’éclosion du transformisme et qui
imprègnent durablement l’histoire naturelle.
Le changement de la forme ne modifie pas nécessairement l’essence
des êtres
La plus ancienne référence au transformisme attestée aujourd’hui se moule sur le modèle des
métamorphoses. Au VIe siècle avant notre ère, Anaximandre de Milet s’approche en effet de cette
idée en évoquant l’origine de notre espèce :
« L’homme (…) demande des soins prolongés durant sa prime enfance. S’il avait
commencé dans cet état, il n’aurait pu survivre. Aussi les hommes prirent-ils d’abord forme
à l’intérieur de créatures ressemblant à des poissons, pour y rester à la manière d’embryons
jusqu’à ce qu’ils aient atteint leur maturité. Les créatures s’ouvrirent alors par éclatement,
et il en sortit des hommes et des femmes capables de pourvoir par eux-mêmes à leurs
besoins. »
Ce scénario conjugue des changements de forme avec la conservation de l’essence, au sens
platonicien. Une part considérable de la philosophie grecque s’est en effet centrée autour de la
définition de l’être, de la substance, qu’elle s’est attachée à définir de manière à éliminer
l’accidentel. Les métamorphoses permettent ainsi de combiner la variation omniprésente au sein
d’une nature impermanente et des essences qui resteraient fixes.
Une telle façon de penser l’histoire naturelle se trouve réactivée au début du XVIIIe siècle, en
particulier dans un livre très controversé, intitulé Telliamed, qui constitue le texte le plus fascinant
au sujet de cette conception hybride, à la fois transformiste et non-évolutionniste. D’abord diffusé
anonymement et clandestinement, ce dialogue de Benoît de Maillet (1659-1738) associe la
constance de l’essence spécifique et le transformisme. Cet ancien ambassadeur de France au Caire
admet, par exemple, que les oiseaux dérivent, par voie de génération, de poissons volants, tandis
que les différentes formes animales trouveraient leur origine dans des espèces marines. Comme le
mythe antique des métamorphoses, sa présentation s’appuie explicitement sur l’observation de
certains changements spectaculaires qui s’opèrent notamment dans les animaux, en particulier les
mues d’insectes :
« La transformation d’un ver à soie ou d’une chenille en un papillon serait mille fois
plus difficile à croire que celle des poissons en oiseaux, si cette métamorphose ne se faisait
pas chaque jour sous nos yeux. »
Ce transformisme indéniable ne correspond pas à l’évolutionnisme moderne. Si Maillet admet un
lien de descendance entre des espèces morphologiquement et écologiquement distinctes dans des
époques successives, ces dernières appartiennent toujours à la même substance. Dans un passage
manuscrit que Maillet destinait à insérer dans le Journal des savants, figure ainsi un passage
explicite au sujet des « semences qui contiennent les idées spécifiques de tous les êtres ». Sa propre
conception correspond donc à un « emboîtement d’espèces » qui combine des changements
d’apparence avec la conservation de l’essence.
Maillet rejette d’ailleurs explicitement la définition moderne de l’espèce, basée sur la possible
reproduction commune des individus qui en font partie :
« Vous renfermez cependant toutes ces différences sous le genre du même animal, parce
qu’elles se mêlent les unes aux autres. Croyez-vous cependant que toutes les espèces de
singes et de chiens que nous voyons descendent de la même tige ? Mais si l’on donne à ces
espèces une diversité d’origines, pourquoi n’en admettrait-on pas de même dans les
hommes, puisqu’elle n’est pas moins vraisemblable ? »
Autrement dit, selon Maillet, les espèces actuelles, de même que les races qui les constituent,
présentent des origines diverses. Cet auteur se montre même hostile à l’origine commune des races
humaines, qui lui semblent au contraire séparées essentiellement. Elles se transforment néanmoins
en suivant un même chemin, comme si elles se trouvaient à des positions différentes sur une même
échelle. L’historien Peter J. Bowler a représenté graphiquement une telle conception de la
dynamique de la nature, avec des flèches parallèles plus ou moins longues, selon que les germes se
sont
incarnés
à
une
époque
plus
ou
moins
reculée.
Les idées de Maillet circulent largement dans les cercles naturalistes, mais trouvent peu d’adeptes
au sein de la communauté scientifique, qui impose souvent des limites – fort variables au demeurant
– à ces changements de forme. Il faut néanmoins porter à son crédit l’attention nouvelle portée à la
variabilité
des
êtres
vivants.
Également issue des poèmes d’Ovide (livre XV) et d’autres écrits antiques, la génération spontanée
se moule aussi dans une conception des essences fixes et séparées. Non seulement l’homme
proviendrait ainsi de la terre (ce que l’on retrouve dans Genèse 2, le récit de la création d’Adam à
partir du limon) mais d’autres êtres vivants pourraient alors surgir de la matière inerte, notamment
des cadavres en décomposition. Cette idée correspond à une observation ancestrale, mais
incontrôlée, comme l’a montré Francesco Redi dès le XVIe siècle : en isolant la viande avec une
gaze, il empêche les mouches d’y pondre, d’où l’absence des asticots, que l’on croyait apparus
spontanément. On admettait aussi que les souris pouvaient naître d’une chemise sale, ce qui est
équivalent
aux
exemples
cités
par
Ovide.
Une telle conception transformiste — au sens où la matière peut subir des transformations de
formes — se retrouve notamment chez Diderot et d’autres auteurs ayant appelé l’attention sur la
variabilité du vivant au XVIIIe siècle, sans être toutefois devenus favorables à l’évolutionnisme, tel
que le suggère notamment Maupertuis, c’est-à-dire l’idée de la dérivation des espèces actuelles à
partir d’une ou de quelques souches originelles.
Le caractère saltatoire, brutal, quasi instantané des métamorphoses
Dans son essai intitulé Les transformations silencieuses, François Jullien place cet a priori de la
pensée occidentale en faveur des révolutions brutales au cœur de la perception du changement. Il
prend surtout ses exemples dans la poésie épique, laquelle privilégie l’action d’éclat, héroïque, mais
il aurait pu se référer aux métamorphoses, qui répondent à la même priorité accordée aux
changements
spectaculaires.
Une telle conception saltatoire du changement biologique marque fortement et durablement la
biologie, presque à toutes les époques. Théophraste d’Érèse de Lesbos, élève d’Aristote, évoque les
métamorphoses des plantes. Il admet ainsi que différentes espèces de graminées peuvent surgir à
partir de grains de blé et que certains arbres se métamorphosent spontanément. On retrouve la
même idée chez Albert le Grand (1193-1280) qui affirme de manière erronée que certaines espèces
végétales peuvent se transmuter sous l’influence du sol, de la nutrition ou du greffage. L’orge se
transformerait alors en blé et vice-versa. Le chêne coupé pourrait donner de la vigne. Au XXe siècle,
l’agronome soviétique Trofim Lyssenko soutint encore de telles aberrations, issues d’observations
mal
contrôlées.
Plus sérieusement, de nombreux évolutionnistes étaient aussi saltationnistes, comme Maupertuis et
Duchesne, un collaborateur de Lamarck, au XVIIIe siècle ; Thomas Huxley, le « bouledogue de
Darwin », dans les années 1870 ; Hugo de Vries, auteur de la théorie des mutations en 1901 ;
Richard Goldschmidt, qui évoque les « monstres prometteurs » vers 1940 ; ou encore Stephen J.
Gould, défendant les « équilibres ponctués » à la fin du XXe siècle. Les travaux entourant cette
dernière théorie ont contribué à élaborer une approche plus fine du continu et du discontinu dans
l’histoire
du
vivant.
Le thème des métamorphoses, ainsi inscrit dans l’histoire naturelle, se trouve renouvelé au XVIIIe
siècle. Il est alors lié à l’héritage du christianisme : le mythe du progrès. Mais à la différence du
monde antique, qui concevait le temps comme cyclique (Hésiode) ou éternel (Aristote), le
christianisme impose l’idée d’un temps orienté (sagittal, sur le modèle de la flèche), constituant un
facteur très favorable au développement d’une histoire de la vie sur Terre, indispensable à l’éclosion
de l’évolutionnisme.
Le mythe du progrès
Le rôle du christianisme
Comme l’a montré le biologiste et historien Ernst Mayr, l’essentialisme issu de Platon fut
souvent interprété, dans l’Occident chrétien, comme correspondant à l’archétype de l’espèce créée
par Dieu au début des temps. Pensée typologique et conception créationniste du monde apparaissent
concordantes dès lors que l’on admet la fixité des espèces au fil des générations. Mais celle-ci reste
relative.
Héritier à la fois de la culture antique et de l’apologétique chrétienne, saint Augustin comprend qu’il
ne faut pas prendre le récit de la Genèse au pied de la lettre, car il aboutit à des contradictions, en
particulier au sujet de l’apparition des parasites et des maladies. Il admet ainsi que la création s’est
déployée au cours du temps, inaugurant ainsi la conception théologique de la création prolongée, ou
création continuée, laquelle constitue encore de nos jours — sous la forme de l’Intelligent Design
— l’alternative la plus médiatique, bien que non scientifique à proprement parler, puisqu’elle a
recours
à
des
causes
surnaturelles,
à
l’évolutionnisme
néodarwiniste.
e
Au XVII siècle, Descartes est le premier à proposer un scénario cosmologique présentant les formes
du relief terrestre comme issues de changements historiques. Il est suivi par de nombreux auteurs,
qui adaptent son modèle aux nouvelles découvertes. Ces idées de changement sont reprises, autour
de 1700, dans une perspective spiritualiste, par Leibniz. Dans sa Protogée, il étudie l’hypothèse
transformiste. L’argument théologique est alors clairement mis en avant, comme dans le cas de
l’éditeur du Telliamed en 1748, l’abbé Le Mascrier :
« Quelle comparaison ferait-on entre un horloger, par exemple, assez habile pour
composer une pendule si bien montée, que par le dérangement même que le temps causerait
dans ses parties et dans ses mouvements, il se formerait de nouvelles roues, de nouveaux
ressorts, des pièces mêmes qui auraient été usées et brisées ; et un autre, dont l’ouvrage
aurait besoin que chaque jour, à chaque heure, à chaque minute, il fût attentif à redresser ses
erreurs et ses variations éternelles ? »
Un tel argument connut une portée considérable, en étant inlassablement repris afin de contrer le
créationnisme littéraliste, jusqu’à la victoire définitive de l’évolutionnisme à la fin du XIXe siècle.
À la fin du XVIIIe, Charles Bonnet (1720-1793) réactualise les idées de Maillet. Alors que ce dernier
adoptait une philosophie matérialiste, le naturaliste suisse se montre créationniste, ce qui ne
l’empêche pas d’admettre des changements dans la forme des êtres au fil des générations
successives. Cela apparaît d’autant plus vrai qu’on lui attribue la paternité du sens actuel du mot
« évolution », qui désignait alors le développement ontogénique et qu’il étend aux modifications
subies par une lignée spécifique. Dans La palingénésie philosophique, dont le titre évoque la
renaissance des êtres détruits par le feu, tel le phénix, publiée en 1770, Bonnet soutient en effet la
théorie de l’emboîtement des germes, tout en considérant que ces derniers peuvent engendrer (mais
non « générer ») des formes vivantes différentes en fonction du milieu où ils se développent.
Au cours des années 1790, de nombreux naturalistes admettent le transformisme, comme Lacépède
et Cabanis, mais sans préciser s’il s’agit de simples transmutations de la forme à partir d’essences
séparées, comme Maillet et Bonnet, ou si les espèces actuelles correspondent à des branches
généalogiques partageant des ancêtres communs d’autant plus récents que leurs formes se
ressemblent. Erasmus Darwin, qui s’inspire explicitement des métamorphoses d’Ovide, conçoit
ainsi un évolutionnisme généralisé dans ses poèmes, en particulier Zoonomia, qui inspira
indirectement son petit-fils, le célèbre Charles.
Parmi les avatars ultérieurs de cette doctrine, les spéculations les plus révélatrices sont celles de
Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent et de Félix Pouchet, deux auteurs secondaires de la première
moitié du XIXe siècle, qui développent la doctrine de la création continuée. Bory de Saint-Vincent
reprend surtout de Maillet, sans le nommer, l’idée d’un lent abaissement du niveau des mers, faisant
apparaître îles et continents. Ce naturaliste observe notamment que les espèces endémiques des îles
volcaniques récentes ont été formées sur place. Il refuse de postuler une création spéciale par milieu
isolé pour rendre compte de l’existence de toutes les formes organiques, argument que Darwin
utilisa au service de sa propre théorie des relations généalogiques entre les espèces. Adepte des
générations spontanées, Bory de Saint-Vincent fait plutôt dériver les espèces endémiques de
souches locales. Il refuse ainsi toute « consanguinité » entre l’homme et les chauves-souris, et de
même pour les quinze « espèces » d’hommes qu’il distingue. Car ce transformiste estime que la
nature suit toujours à peu près le même « plan », selon une conception parfaitement déterministe, ce
qui permet à des formes très ressemblantes d’apparaître séparément au sein de lignées séparées.
Félix Pouchet (1800-1872) est un autre représentant éminent de la doctrine hétérogéniste, qui veut
accorder certaines idées fixistes avec le transformisme au service d’une conception qui s’apparente
à une « création prolongée ». Pouchet écrit ainsi, en des termes qui rappellent ceux du Telliamed,
ouvrage que d’ailleurs il résume dans son livre :
« L’homme ne peut croire sans blasphème que la volonté de l’Éternel s’est immobilisée,
et que dans un instant donné, il a brisé ses moules et que sa faculté créatrice s’est anéantie.
L’observation proteste contre l’inaltérabilité des espèces par les transformations qu’on leur
voit parfois subir sous l’influence du temps ou des soins que leur prodigue l’homme, et par
l’embarras des savants pour en déterminer un grand nombre. »
L’Écossais Robert Chambers, qui fit scandale en 1844 en publiant anonymement Des vestiges de
la nature, adoptait des idées similaires, d’où l’on voit la popularité de cette conception au sein de la
communauté scientifique avant Darwin.
La foi dans le progrès permet le renversement de la place que
l’homme s’attribuait dans la nature
L’optimisme des Lumières, dont témoignent Fontenelle, Leibniz, puis surtout Condorcet, Hegel
et Comte avec la loi des trois états, contribue au développement de la conception de l’histoire
comme succession de nouveautés, bien que le déterminisme prévalant à l’époque conduise à
l’envisager sous la forme d’un développement programmé. Mais, pour cela, il fallait inverser la
place
que
l’homme
était
censé
occuper
dans
la
nature.
Les mythes rapportés par Ovide présentent de multiples analogies entre l’homme et le reste de la
nature, minérale, végétale et animale. L’homme apparaît créé de la Terre (mythe de Deucalion et
Pyrrha) ; les doigts de Myrrha deviennent des branches d’arbre, comme ceux d’Arachné les pattes
de l’araignée ; l’interprétation anthropomorphique du comportement animal trouverait son origine
dans des individus humains, comme Lycaon, le géant de Lydie, dont la bouche écume encore de
colère, qui se transforme en loup. C’est ainsi de l’homme que procèdent les autres espèces, d’où
certaines
ressemblances
morphologiques.
Dans le Timée, Platon présente un schéma inverse de l’ordre naturel en expliquant comment les
animaux dérivent de l’homme selon un système d’équivalence entre mérite spirituel et forme
animale, constituant des copies dégradées des différentes sortes d’hommes, comme les oiseaux à
partir des hommes légers, puis en descendant l’échelle animale, jusqu’aux reptiles et aux vers.
Le christianisme n’a pas changé cette présentation d’un homme couronnant la nature et capable de
la transformer. Au XVIIIe siècle, Buffon conçoit encore sa classification comme descendante, les
diverses espèces animales n’étant que des dégradations de l’image humaine, à commencer par les
races exotiques, présentées comme des caricatures plus ou moins outrées du modèle offert par
l’Européen
du
centre-ouest.
Le renversement apparaît au moment de la Révolution française (cette rencontre n’ayant rien de
fortuit), chez Lamarck, avec lequel l’on suit les étapes psychologiquement douloureuses de
l’inversion complète de la classification, comme conséquence de l’adoption de l’idée d’évolution. Il
est douteux, ainsi que le montre Ernst Mayr, que l’idéologie du progrès ait été transposée
immédiatement dans une théorie de l’évolution. Mais elle a puissamment influencé les
transformistes, dont Lamarck et aussi Herbert Spencer, qui élabora, au cours des années 1850, une
philosophie du progrès basée notamment sur les transformations de la nature et des êtres vivants.
Tous les transformistes d’avant Lamarck, et aussi une partie de ceux qui le suivent, croient à des
lois conduisant nécessairement les premiers êtres vivants à des organismes complexes, dont
l’homme marque le couronnement. Notre espèce demeure ainsi le centre de toutes choses, mais
devient un aboutissement, au lieu de constituer le point de départ de la nature.
La réactivation des métamorphoses au XIXe siècle
Le mythe du progrès peut alors pleinement s’associer au modèle développementaliste des
premiers transformistes. Ce qui s’était à peine esquissé avec Benoît de Maillet donne lieu désormais
à la notion de plan, soutenue par des données embryologiques et paléontologiques.
La nouvelle hypothèse veut que l’évolution des espèces soit conçue sur le modèle du
développement individuel. C’est le compagnon de route de l’évolutionniste Étienne Geoffroy SaintHilaire, l’embryologiste Étienne Serres, qui le premier, au cours des années 1830, élabore ce qui fut
appelé par la suite la « loi de récapitulation ». Ernst Haeckel, le « pape » de l’évolutionnisme en
Allemagne au cours des années 1880, l’a rebaptisée « loi biogénétique fondamentale ». Elle postule
que l’ontogenèse — ou développement individuel, depuis l’œuf fécondé jusqu’au stade adulte —
récapitule, en raccourci, la phylogenèse, autrement dit l’histoire évolutive de l’espèce.
Ce modèle suggéré par l’embryologie se retrouve dans la paléontologie, laquelle même dans un
cadre créationniste, révèle la succession de faunes de plus en plus diversifiées, incluant des
organismes d’abord simples, puis complexes, l’homme apparaissant parmi les êtres les plus récents.
Dès les années 1830, le paléontologue Marcel de Serres (1780-1862) parvient ainsi à une autre
doctrine de la « création continuée », élaborée sur des bases théoriques fort semblables. Ce
professeur de géologie à la faculté des sciences de Montpellier recourt à une interprétation de la
Genèse qui tente de concilier l’apparition successive des espèces au fil des temps géologiques et
leur création individuelle par Dieu. Cette doctrine peut être considérée comme une « création
prolongée ».
Après Darwin, les métamorphoses et le progrès jouent un rôle
négatif dans l’histoire de l’évolutionnisme
Darwin rejette ce modèle évolutif
Darwin parle d’abord de « transmutation » pour évoquer « la descendance avec modification »,
terme rappellant les métamorphoses antiques et l’alchimie médiévale, mais qui fut utilisé par les
plus connus des transformistes, parmi lesquels Lamarck. Les Français préfèrent le terme plus neutre
de « transformisme », tandis que les Anglo-Saxons conservent de Spencer « evolution », qui prouve
clairement une confusion entre la conception généalogique et le modèle embryologique, étant donné
qu’au
XVIIIe
siècle,
ce
mot
désignait
seulement
l’ontogenèse.
Darwin renonce cependant aux sauts évolutifs et préfère des transformations graduelles faites de
l’accumulation de multiples changements insensibles. Il rejette aussi l’idée de perfection, et même
de supériorité des formes plus tardives par rapport à leurs ancêtres. Le naturaliste britannique
évoque ainsi les parasites et les organes vestigiaux de nombreuses formes actuelles qui n’ont rien de
parfait. De nombreux penseurs chrétiens s’en trouvent contrariés et la communauté scientifique
persiste — malgré Darwin — à concevoir l’évolution comme une forme de progrès, bien que
l’adaptation des espèces témoigne clairement d’une adaptation en fonction des conditions locales de
l’environnement, plutôt que d’une tendance déterministe et invariable vers le « mieux ».
Les découvertes ultérieures ont cependant confirmé, jusqu’à aujourd’hui, l’intuition de Darwin :
l’existence de rameaux évolutifs sans direction morphologique prédominante prouve qu’il n’existe
nulle orthogenèse planifiée, mais que l’évolution laisse une place importante au hasard.
Les contemporains de Darwin gardent une conception très proche
de celle des métamorphoses
Pendant près de sept décennies, la communauté scientifique préfère souscrire à un
évolutionnisme finaliste, empruntant davantage à la doctrine des métamorphoses qu’à la vision
probabiliste proposée par Darwin. Les plus grands ténors de la première génération évolutionniste
se rallient ainsi au modèle ontogénique des métamorphoses, qu’ils soient croyants comme le
paléontologue français Albert Gaudry et le botaniste américain Asa Gray, ou matérialistes comme le
naturaliste
allemand
Ernst
Haeckel
(figure 2).
Dès 1859, Gaudry montre que le transformisme n’est pas incompatible avec la religion catholique :
« En effet, le monde présente le spectacle de générations continuelles. La Providence,
qui a donné aux éléments inorganiques la propriété d’éprouver des modifications physiques
et chimiques, qui a communiqué aux êtres organisés la faculté de se reproduire en subissant
des métamorphoses complètes (comme celle de la chenille en papillon, celle des infusoires
en polypes, puis en méduses), pourrait sans doute transmettre également la puissance
d’engendrer des espèces nouvelles. Tant qu’un naturaliste admet seulement la
transformation de matières en d’autres matières déterminée par un impulsion originaire qui
émane de la volonté du Créateur, il reste à l’abri du soupçon de matérialisme ».
En se référant à Leibniz, Gaudry s’oppose dans les mêmes termes que ce dernier à l’évolution
comme processus aveugle et relevant du hasard. Dès qu’il adopte le transformisme, en 1862, il écrit
en opposition au principe de la sélection darwiniste :
« Si nous reconnaissons que les êtres organisés ont été peu à peu transformés, nous les
regarderons comme des substances plastiques qu’un artiste s’est plu à pétrir pendant le
cours immense des âges, ici allongeant ou diminuant, ainsi que le statuaire, avec un
morceau d’argile, produit mille formes, suivant l’impulsion de son génie. Mais, nous n’en
douterons pas, l’artiste qui pétrissait était le Créateur lui-même, car chaque transformation a
porté un reflet de sa beauté infinie ».
Cette dernière phrase devait être employée à nouveau dans plusieurs livres majeurs publiés au
cours des décennies suivantes. Et même s’ils ne souscrivent pas à une telle conception, la plupart
des évolutionnistes de cette époque présentent les transformations du vivant comme suivant un
déterminisme strict, chaque étape historique pouvant consister en une métamorphose particulière
(figure
3).
Les paléontologues et préhistoriens français des années 1900 montrent qu’ils adhéraient
massivement à cette conception, qui n’est pas abandonnée aujourd’hui puisqu’en décembre 2010, le
directeur de l’Institut de Paléontologie humaine concluait encore une conférence à la Mosquée de
Paris en disant :
« Bien sûr, ce plan, c’est Dieu qui en est l’auteur ! ».
Parmi les adeptes très nombreux de cette conception déterministe et plus ou moins ouvertement
théiste, le plus célèbre demeure incontestablement Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955). Ce
prêtre jésuite, formé à la paléontologie par Marcellin Boule, lui-même élève de Gaudry, devient
professeur à l’Institut catholique de Paris et théoricien de l’évolution. Malgré ses prétentions, sa
cosmologie doit être comprise comme une théologie, et non comme une théorie scientifique. Cela
est d’autant plus vrai que Teilhard ignore les aspects biologiques de l’évolution et se concentre
uniquement sur les apparences révélées par les lignées fossiles. Ses écrits révèlent aussi de
profondes contradictions. Tout en reconnaissant que les lignées paléontologiques se déploient en
tous sens, il affirme, par exemple, que la vie essaie constamment dans la même direction, c’est-àdire vers une plus grande complexité et un plus grand développement psychique.
Pour Teilhard, le plus important est sans doute d’admettre que la vie était, dès ses origines, « grosse
de l’homme », et devait conduire à l’apparition de notre espèce. En dehors de toute justification
scientifique, le paléontologue jésuite croit aussi que l’évolution doit se poursuivre dans le futur et
permettre l’apparition de la « noosphère », une sorte de super-organisme reliant toutes les
consciences
présentes
sur
Terre
et
voire,
plus
tard,
de
l’univers.
Quoi qu’il en soit, ces idées dérangent les autorités romaines, et Teilhard est invité à refuser la
chaire de paléontologie du Collège de France. Exilé à New York, le théologien jésuite voit ses livres
inscrits à l’Index et sa hiérarchie lui ordonne de ne plus publier. Son livre posthume, Le phénomène
humain (1955), connaît un grand succès et permet de persuader un grand nombre de catholiques
français du fait que l’évolution n’est pas incompatible avec l’enseignement biblique.
Une telle conception se trouve à la racine directe de l’Intelligent Design, dans la mesure où la
doctrine évolutionniste théiste reprend de tous les finalistes du début du XXe siècle l’idée d’un Dieu
qui interviendrait dans la nature et son histoire pour guider le processus évolutif, quel que soit le
degré de liberté accordé à l’homme au long de son parcours. L’Université interdisciplinaire de Paris
(UIP), affiliée à la fondation Templeton qui diffuse l’Intelligent Design aux États-Unis comme dans
les pays francophones, présente la philosophie de Teilhard comme un exemple utile du dialogue
entre science et foi. L’une des membres les plus connues de l’ UIP, Anne Dambricourt-Malassé,
paléoanatomiste du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, est toujours secrétaire générale
de la fondation Teilhard de Chardin, qui fut dirigée notamment par le paléontologue Jean Piveteau.
Dans une récente interview pour le site internet des éditions créationnistes CLÉ (Comprendre les
Écritures), Anne Dambricourt-Malassé se réfère explicitement aux métamorphoses :
« Mais comment passe-t-on d’un plan d’ensemble à un autre plan d’ensemble ? Quel est
le facteur qui ordonne la morphogenèse et sa métamorphose ? »
Des mythes aux sciences
Jusqu’à Darwin, les deux mythes des métamorphoses et du progrès ont joué un rôle d’inspiration
en stimulant la recherche au sujet des transformations du vivant. Mais il n’existe pas de
transposition directe de ces idées dans l’évolutionnisme actuel. Elles ont marqué une étape périmée,
mais néanmoins importante, dans la compréhension initiale de la variabilité du vivant, d’une part, et
de l’histoire de la vie, d’autre part. Conceptions naïves, comme souvent en histoire des idées, car les
chercheurs doivent d’abord réfuter les hypothèses les plus simples avant de se rallier à des théories
plus complexes. Cette histoire permet de réintroduire et de reconsidérer l’apport d’auteurs souvent
mésestimés parce qu’ils n’entrent pas dans l’orthogenèse de l’historiographie officielle : Maillet,
Bonnet,
etc.
Depuis lors, leur rôle se révèle au contraire négatif tout en persistant, malgré leur réfutation, en
raison des mêmes facteurs religieux qui l’avaient rendu populaire aux XVIIIe et XIXe siècle. Cette
survivance montre la force des obstacles épistémologiques dont parlait Bachelard. L’histoire des
idées révèle aussi qu’il n’existe pas d’hérédité de l’acquis en matière culturelle : chaque génération
doit se réapproprier ce que ses prédécesseurs ont apporté et l’évaluer à l’aune de ses propres
critères,
objectifs
et
subjectifs.
Il faut aussi rester prudent quant au maniement de ce que Thomas Kuhn nomme « science
normale ». À tout moment de la science « en action » (selon l’expression de Bruno Latour),
s’affrontent plusieurs hypothèses. Systèmes et théories se recombinent sans cesse. Les innovations
théoriques surgissent aussi assez souvent bien que la culture dominante ne soit pas du tout prête à
les accepter (voir le cas de Mendel étudié par Denis Buican). Seule une démarche probabiliste
permet
donc
de
cerner
la
dynamique
des
idées.
Le poids des préjugés religieux et idéologiques dans l’histoire de l’évolutionnisme ne fait que
renforcer le rôle du contexte culturel sous toutes ses formes dans sa dynamique, où la mutation
darwinienne apparaît d’autant plus surprenante, même si le contexte capitaliste de la révolution
industrielle – à travers la doctrine de Malthus et la concurrence à la base de la lutte pour la vie –
joue ici un rôle décisif. Mais il est surtout intéressant de voir comment le travail scientifique se
trouve encadré par le contexte culturel, à la fois en amont, pour ce qui est de l’origine des
hypothèses puisées dans des modèles souvent inattendus, et en aval, parce que l’acceptation d’une
théorie et sa persistance s’expliquent bien souvent par des secours tout à fait extérieurs aux
éléments qui devraient entrer en ligne de compte dans un débat purement scientifique.
Parce qu’elle se trouve fortement ancrée dans notre culture, et aussi qu’elle semble plus évidente,
l’image transformiste des métamorphoses domine toujours, dans la culture populaire, celle de
l’arbre évolutionniste défendue par les sciences de la vie, bien que – depuis l’Antiquité – une
conception rivale, axée sur le hasard, se trouve aussi ardemment défendue afin d’expliquer l’origine
et l’évolution des êtres vivants.
Légende des illustrations :
1- Métamorphose de Myrra, selon Ovide. Gravure de Bernard Salomon (Lyon, 1557).
2- Comparaison du profil des singes et de l’homme. Illustration du darwiniste Ernst Haeckel
dans son livre Natürlishe Schöpfungsgeschichte (Histoire de la création naturelle), 1870.
3- Comparaison morphologique des espèces de cheval (la plus ancienne figure en bas).
Diagramme du paléontologue américain Othniel Marsh pour un article de 1879.
Sources :
Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent, « Création », Dictionnaire classique d’histoire naturelle,
Paris,
Rey
et
Gravier,
1824,
t.
5.
Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent, L’homme (Homo). Essai zoologique sur le genre humain,
Paris,
Rey
et
Gravier,
2è
éd.,
1827,
deux
tomes.
Charles Darwin, Le Corail de la vie: carnet B (1837-1838), Paris, Rivages, 2008.
Charles Darwin, On the Origin of Species by Means of Natural Selection, London, John Murray,
première
édition,
1859.
Benoît de Maillet, Telliamed ou Entretiens d’un philosophe indien avec un missionnaire français sur
la diminution de la mer, la formation de la terre, l’origine de l’homme, etc., Bâle, Libraires associés,
1749 ;
réed.
Sous
la
dir.
de
Jean-Antoine
Guer,
Kessinger,
2010.
Marcel de Serres, De la Cosmogonie de Moïse, comparée aux faits géologiques, Paris, Lagny frères,
1838.
Albert Gaudry, « Alcide d’Orbigny, ses voyages et ses travaux », Revue des Deux Mondes,
15 février
1859,
p.
838.
Albert Gaudry, Animaux fossiles et géologie de l’Attique d’après les recherches faites en 1855-56 et
en 1860 sous les auspices de l’Académie des sciences, Paris, F. Savy, 1862.
Albert Gaudry, Les Ancêtres de nos animaux dans les temps géologiques, Paris, J.-B. Baillière et
fils,
1888.
Félix Pouchet, Introduction à la zoologie antédiluvienne, Rouen, impr. Marie, 1834.
Essais:
Peter Bowler, Evolution. The History of an Idea, Berkeley et Los Angeles, University of California
Press,
1989
(deuxième
édition).
Denis Buican, La révolution de l’évolution, Paris, Presses universitaires de France, 1989.
Denis Buican, Mendel dans l’histoire de la génétique, Paris, Ellipses, 2008.
Claudine Cohen, La genèse de Telliamed. Benoît de Maillet et l’histoire naturelle à l’aube des
Lumières, thèse de doctorat, sous la direction de René Démoris, Paris III-Sorbonne nouvelle, 1989,
deux
tomes.
Claudine Cohen, L’Homme des origines. Savoirs et fictions en préhistoire, Paris, Seuil, 1999.
Pietro Corsi, Lamarck. Genèse et enjeux du transformisme, 1770-1830, Paris, Cnrs éd., 2001.
Cédric Grimoult, La Preuve par neuf. Les révolutions de la pensée évolutionnistes, Paris, Ellipses,
2009.
François
Jullien,
Les
transformations
silencieuses,
Paris,
Grasset,
2009.
Thomas S. Kuhn, La structure des révolutions scientifiques, Paris, Garnier-Flammarion, 1983
(édition
originale
1969).
Bruno Latour, La science en action, Paris, Gallimard, 1995 (édition originale, 1989).
Philippe Lherminier et Michel Solignac, De l’espèce, Paris, Syllepse, 2005.
Ernst Mayr, Histoire de la biologie, Paris, Fayard, 1989 (édition originale 1982).
Sur
internet
La fondation Teilhard de Chardin : http://www.mnhn.fr/teilhard/FondAss1.htm
Entretien avec Anne Dambricourt-Malassé : http://www.cles.com/entretiens/article/la-logiquede-l-evolution
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