Sujet (objectif, démarche et technique, collaboration(s),...) :
Contexte.
Certaines bactéries PGPR (Plant Growth-Promoting Rhizobacteria), notamment Azospirillum, peuvent
stimuler la croissance des céréales, telles le blé, le maïs et le riz (Wisniewski-Dyé et al., 2013) ; leur utilisation
comme engrais biologique pourrait donc être une alternative pour réduire les intrants chimiques dans le
contexte d’une agriculture durable. La stimulation de la croissance végétale est attribuée principalement à la
production de plusieurs phytohormones, notamment l’auxine acide indole-3-acétique, permettant une
augmentation du nombre de racines latérales et de poils absorbants, ce qui se traduit par une meilleure
nutrition hydrique et minérale de la plante inoculée. En plus de la phytostimulation, certaines souches
d’Azospirillum peuvent aussi favoriser la santé de la plante via le contrôle biologique de plantes phytoparasites
ou de bactéries phytopathogènes.
La symbiose associative entre les céréales et Azospirillum a été étudiée principalement pour ses aspects
agronomiques tels la morphologie racinaire et l’augmentation des rendements. Afin d’identifier des gènes
bactériens nécessaires à l’adaptation à la plante-hôte et/ou pouvant jouer un rôle important dans cette
interaction, des analyses transcriptomiques ont récemment été menées dans l’équipe sur le modèle
Azospirillum-riz, grâce à la disponibilité des génomes (Drogue et al., 2014). Ces études ont montré que de
nombreux gènes présentaient un profil d’expression dépendant de la combinaison souche bactérienne/cultivar
de riz. Parmi les gènes bactériens induits au contact des deux cultivars de riz, un gène codant une histidine
kinase a retenu notre attention, d’autant qu’une étude génomique a révélé que les génomes d’Azospirillum
hébergaient un grand nombre de gènes codant cette famille de protéines (Borland et al., 2015). Des analyses
préliminaires ont montré que ce gène, nommé rsiK, était également exprimé lorsque les cellules forment un
biofilm sur une surface abiotique. L’inactivation de rsiK conduit à la formation d’un biofilm plus développé que
celui de la souche sauvage. De plus, une analyse de RNAseq visant à comparer le transcriptome du mutant
versus celui de la souche sauvage indique que RsiK contrôlerait positivement l’expression de gènes de structure
des flagelles et négativement des gènes impliqués dans l’adhésion (Borland, 2015).
Hypothèse. L’hypothèse de travail est que RsiK contrôlerait le passage de la forme sessile (biofilm) à la forme
planctonique et aurait donc un rôle majeur dans la colonisation des racines de la plante hôte.
Objectif. L’objectif du travail est donc de déterminer le rôle de RsiK dans la transition sessile-planctonique chez
la bactérie Azospirillum lipoferum 4B.
Démarche et techniques utilisées. Le travail consistera à déterminer (i) la cinétique d’expression du gène rsiK
lors de la formation du biofilm sur surface abiotique (une fusion PrsiK-egfp est disponible) ; (ii) la cinétique
d’expression de rsiK lors de la colonisation des racines du riz et d’autres céréales ; (iii) l’implication de rsiK dans
la mobilité (un mutant rsiK est disponible ; une souche surexprimant rsiK sera construite) ; (iv) l’implication de
rsiK dans la biosynthèse de composés de surface (cellulose, adhésines) ; (v) si le temps le permet, la validation
par qRT-PCR de quelques cibles mises en évidence par RNAseq. Les méthodes mises en œuvre seront : culture
de plantules en milieu gnotobiotique, microscopie à épifluorescence, microscopie confocale, génétique
bactérienne, extraction d’ARN, qRT-PCR.
Références.
Borland S., Oudart A., Prigent-Combaret C., Brochier-Armanet C., Wisniewski-Dyé F. (2015) Genome-wide survey of two-
component signal transduction systems in the plant growth-promoting bacterium Azospirillum. BMC Genomics 16, 833.
Borland S. (2015) Rôle des systèmes à deux composants dans l’adaptation de la bactérie phytostimulatrice Azospirillum à
la rhizosphère. Thèse de doctorat, Université Lyon 1.
Drogue B., Sanguin H., Borland S., Prigent-Combaret C., Wisniewski-Dyé F. (2014) Genome wide profiling of Azospirillum
lipoferum 4B gene expression during interaction with rice roots. FEMS Microbiol. Ecol. 87, 543-555
Wisniewski-Dyé F., Drogue B., Borland S., Prigent-Combaret C. (2013) Azospirillum-plant interaction: from root
colonization to plant growth promotion. In ”Beneficial plant-microbe interactions: ecology and applications”, p237-269
(Rodelas-González M.B. & Gonzalez-López J., Eds). CRC Press