lons – des traumatismes incompris », la Belgique est considérée comme l’un
des rares pays d’Europe où c’est la Première d’avantage que la Seconde Guerre
mondiale qui, dans la mémoire collective, constitue un grand traumatisme.
Avant , la Belgique et l’Allemagne avaient connu des phases
d’échanges intensifs, les Belges considérant leur grand voisin comme le pays
des poètes et des penseurs. L’invasion du royaume par les troupes allemandes
mit un terme à cette cohabitation harmonieuse. Le pillage du pays et le mas-
sacre de plus de six mille civils, notamment à Andenne et à Dinant, créèrent
une culture de haine.
Les historiens de la Grande Guerre ne cessent de souligner le caractère
inaugural de ce conit, véritable matrice du e siècle et de ses violences ex-
trêmes. Les pratiques de violence sur les champs de bataille ont dépassé toutes
les limites, dès et jusqu’à . Le prix attaché à la vie humaine s’est ef-
fondré au sein de toutes les sociétés engagées dans le conit, entraînant un
processus de « brutalisation » auquel même les civils n’échapperont pas et dont
les conséquences ont largement dépassé la n du conit. Le bilan est épou-
vantable : la Grande Guerre a fait près de dix millions de morts.
La Première Guerre mondiale a laissé des traces qui dièrent selon les
trois Communautés culturelles de Belgique. Les occupants allemands avaient
essayé d’obtenir la collaboration des Flamands, en leur accordant des droits
culturels et en créant un « Conseil de Flandre » pour représenter leurs inté-
rêts, ce qui a pu créer une certaine sympathie. En Wallonie, le sentiment anti-
allemand était particulièrement fort. Quant à l’actuelle Communauté
germanophone, la Première Guerre Mondiale a eu comme conséquence un
. Dans STANGERLIN, Katrin / Förster Stephan (éd.), La communauté germanophone de
Belgique (2006-2014), Bruxelles, La Charte, , p. -.
. « Das Land der Dichter und Denker » fait partie des stéréotypes. Carlo Lejeune (op.
cit.p.) distingue camps dans la politique belge de l’époque: « Les couches supérieures
des milieux catholiques ne cachaient pas leur admiration pour l’Empire allemand,
dynamique, en pleine expansion économique et fortement représenté en Belgique. Les
libéraux francophones et les socialistes étaient quant à eux tournés vers la France ».
. Dans son édition du août (reproduite en facsimilé dans l’édition du février
, le journal LE SOIR écrivit : « Il s’agit du choc sinon de deux civilisations, du
moins de la lutte entre deux mentalités: l’une, la mentalité des dirigeants allemands qui
ne reconnaît que la force, la brutalité ; l’autre, celle des Latins et des Anglais, qui a
comme idéal la justice et la liberté. » Les Flamands ont dû apprécier!
. C’est ainsi que, dès , les Flamands purent étudier, pour la première fois dans
l’histoire, dans leur langue maternelle à l’Université de Gand.