salariés à qui vont être confiées, à terme, des responsabilités importantes ainsi qu’à
ceux qui viennent d’y accéder. »
Peu d’informations, mais déjà l’essentiel : l’expression « haut potentiel » concernerait
des (jeunes) collaborateurs, faisant la preuve de leur performance, pour qui
l’entreprise organise des programmes de développement professionnel spéciaux,
dans l’espoir d’y puiser ses futurs cadres dirigeants. La performance serait donc le
critère décisif, du moins la condition sine qua non du bon déroulement du processus.
L’ambiguïté du concept de potentiel transparaît à travers la diversité de ses
acceptions. P.-G. Hourquet et V. de Saint-Giniez en ont fait la synthèse et relèvent
sept définitions du potentiel, qu’ils regroupent en trois catégories selon la forme
d’évaluation à laquelle chacune d’entre elles correspond, diagnostic, pronostic ou
prévision.2 .
Et la définition du potentiel se modifie aussi au fur et à mesure du glissement de la
finalité de l’évaluation :
- c’est de plus en plus, pour l’entreprise, le souci de ne plus s’engager dans
l’urgence mais de procéder avec méthode à l’ensemble des décisions de
promotion de l’entreprise ;
- c’est de moins en moins, pour le salarié, une opportunité qui se présente comme
un effet du sort, mais la satisfaction de faire partie du petit nombre de ceux qui
ont toute chance de faire carrière dans l’entreprise.
En bref, le concept de potentiel a été opérationnalisé sans qu’on ait eu vraiment
besoin de savoir ce qu’il recouvre. On comprend que les entreprises cherchent à
procéder avec méthode à ces décisions de promotion et, notamment, à évaluer les
potentiels.
Il s’agit aussi, de plus en plus, de communiquer aux salariés la possible
appartenance à un groupe social constitué (happy few) pour lesquels l’entreprise
développe une gestion différenciée similaire aux approches marketing « élitistes »
2Hourquet P.-G. et de Saint-Giniez V., « Evaluer le potentiel d’évolution des cadres »,
Tous DRH, sous la direction de Peretti J.-M., Paris : Editions d'organisation, 2°
édition, 2001, pp. 205-218, tableau p. 207