Actualités pharmaceutiques
• Supplément formation au n° 544 • 1er trimestre 2015 •5
Tabac, cannabis, opiacés et sevrage
formation
Remerciements
Les auteurs remercient
Sophie de la Haye Saint-Hilaire,
Gaël Tressens, MarieChevalier,
Pauline Villefont et
CamilleFournier, anciens
étudiants de la Faculté de
pharmacie de Limoges (87),
pour leur implication dans
leurs thèses qui ont permis
d’élaborer cet article.
Déclaration d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas
avoir de confl its d’intérêts
en relation avec cet article.
Références
[1] Goodman A. Addiction:
défi nition et implication. Br J
Addict. 1990;85:1403-8.
[2] Valleur M, Matiasiak JC.
Les addictions: panorama
clinique, modèles explicatifs,
débat social et prise en
charge. 2eédition. Paris:
Armand Colin; 2008.
[3] Fédération française
d’addictologie. Le livre blanc
de l’addictologie française:
100propositions pour réduire
les dommages des addictions
en France. Mai 2011.
www.federationaddiction.fr
[4] Reynaud M. Traité
d’addictologie: quelques
éléments pour une approche
commune des addictions.
Paris: Flammarion médecine-
science; 2006.
[5] Mission interministérielle
de lutte contre la drogue et la
toxicomanie (MILDT). Action
sur le cerveau. 2009.
www.drogues.gouv.fr
[6] Karila L. Conduites
addictives: du risque au
changement. Paris: Éditions
phase5; 2012.
F Pré-contemplation: le consommateur est
“heureux”, sans intention de modifier son comporte-
ment dans les sixmois à venir. Il n’a pas encore consi-
déré la possibilité de changer ou identifié sa
consommation comme étant un problème.
F Contemplation: l’usager a l’intention de modifier
son comportement
dans les sixmois ;
cette phase est carac-
térisée par l’ambi-
valence.
F Préparation: le
consommateur désire
passer à l ’action dans
un futur proche, habituellement dans le mois qui suit,
et a d’ores et déjà amorcé certains changements dans
cette direction.
F Action: ce stade correspond à l’arrêt de la consom-
mation. L’usager a opéré, lors des sixmois précédents,
des modifications notables dans son style de vie.
Denouveaux comportements se mettent en place et
un sentiment d’auto-efficacité se développe.
F Maintien: après une phase d’action de sixmois,
l’objectif est de stabiliser les changements de compor-
tement et de limiter les rechutes. Le maintien couvre
une longue période pendant laquelle le patient a la
possibilité de réviser ses objectifs et d’élaborer de
nouvelles stratégies afin de limiter les éventuelles
rechutes.
F Rechute: partie intégrante du processus addictif
(figure4), la rechute doit être expliquée à l’usager par
le professionnel afin d’être anticipée. Il est important
de noter que sur le long terme, elle est fréquente et
permet de progresser. La manière dont elle est gérée
est primordiale; en effet, un individu mal préparé à une
rechute peut vite se décourager et abandonner sa
tentative d’arrêt. Le pharmacien doit veiller à rassurer
le patient et à maintenir sa motivation.
Après une rechute, le patient ne repasse pas forcément
par le stade de précontemplation. Il peut reprendre le
travail motivationnel directement à un stade plus
avancé (préparation/
action, pour une
demande de sevrage,
par exemple).
Le travail motivation-
nel correspond à une
certaine philosophie
de la prise en charge
du patient qui implique d’être apte à l’écouter, à le
comprendre et à le guider sans jugement. L’attitude
empathique est indispensable à cette démarche.
Prise en charge globale
La prise en charge d’une addiction ne peut être que
globale et pluridisciplinaire (encadré1). Il est nécessaire
de travailler en réseau (encadré2), mais également que
la ville et l’hôpital deviennent de vrais partenaires dans
le parcours de santé du patient. w
Encadré2. L’accompagnement des pharmaciens d’officine :
exemple du réseau AddictLim, en région Limousin
F L’équipe d’AddictLim est souvent sollicitée par les phar-
maciens. La participation au travail en réseau au niveau loco-
régional permet au professionnel de terrain de bénéficier
d’informations, de conseils ou d’aide à l’adaptation stratégique
dans la prise en charge des patients consommateurs et fait office
d’apprentissage.
F Avec les étudiants en pharmacie de la faculté de pharmacie
de Limoges (87), le réseau AddictLim a travaillé durant ces
troisdernières années pour mettre en forme des outils destinés à
faciliter et donc à développer les interventions au comptoir de la
pharmacie. Cepartenariat avec des pharmaciens d’officine de la
région Limousin a permis d’adapter ces procédures afin de
répondre à la demande de la pratique ambulatoire. Un carnet de
formation a été conçu dans cette optique.
F Désormais, le travail du groupe de réflexion de l’équipe
d’AddictLim est d’accompagner les pharmaciens dans l’appro-
priation et l’utilisation de ces outils au quotidien, à l’officine.
Leséchanges interactifs devraient permettre de les améliorer et
de faciliter le travail du pharmacien auprès du patient consom-
mateur ou de sa famille à l’officine. L’objectif de tous est d’améliorer
la qualité de la prise en charge de ces patients. Le défi est de taille,
mais les acteurs de terrain sont motivés…
Pierre Villéger
Psychiatre addictologue,
responsable de l’équipe de prévention
et des appartements de coordination thérapeutique
au Centre hospitalier Esquirol
15rue du Docteur-Marcland, 87025Limoges cedex, France
Le travail motivationnel correspond
à une certaine philosophie de la prise
en charge du patient qui implique
d’être apte à l’écouter, à le comprendre
et à le guider