La Chine à l`OMC : promesses, risques et arrière

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REPÈRES ET TENDANCES
INTERNATIONAL
La Chine à l’OMC :
promesses, risques
et arrière-pensées
ANDRÉ CHIENG*
L
143e membre. L’événement était
largement anticipé depuis trois ans,
à partir du moment où la Chine
avait fait de son adhésion une priorité nationale. Les rebondissements
n’avaient cependant pas manqué,
comme le refus opposé par Bill
Clinton à la proposition, pourtant
très travaillée, que le Premier ministre
chinois, Zhu Rongji était venu lui
apporter lors de son voyage en avril
1999. Plus tard, au cours de l’été, le
bombardement de l’ambassade de
Chine en Yougoslavie ramenait les
relations entre les deux puissances
à un étiage très bas, jusqu’à ce que,
dans un véritable coup de théâtre,
les deux pays annoncent le 15 novembre être parvenus à un accord.
Mais le parcours d’obstacles n’était
pas terminé :la Chine avait sans doute
un peu sous-estimé l’importance de
l’Europe, qui, parlant d’une seule
voix, défendit ses propres intérêts
avec vigueur : il fallut attendre le
printemps 2001 pour que l’accord
Chine-CE soit signé, ouvrant désormais la voie à l’adhésion définitive,
qui se fit formellement le 11 décembre 2001, soit un mois après
que l’OMC se fût prononcée à la
conférence de Doha.
* Président de l'Asiatique Européenne de Commerce, vice-président du Comité
France-Chine.
Les conséquences de cet événement,
qualifié de « plus importante réforme
La vigueur des exportations chinoises a
étonnamment bien résisté au marasme des
Etats-Unis et du Japon, leurs deux principales
destinations. Pourquoi donc la Chine a-t-elle
fait une priorité nationale de son adhésion à
l’Organisation mondiale du commerce ? Celle-ci
ne lui permettra guère d’exporter davantage, et la
plus grande liberté accordée aux investissements
étrangers risque en outre de creuser le fossé entre
régions riches et régions pauvres. Mais le
gouvernement se donne les moyens de combattre
ces déséquilibres. Surtout, il pense trouver dans
l’OMC une tribune à la hauteur de ses ambitions
géopolitiques.
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2e trimestre
L
e 11 novembre 2001, après
une attente de quinze ans, la
Chine était acceptée au sein de
l’Organisation mondiale du commerce (OMC), devenant ainsi son
2002
20
LA CHINE À L’OMC : PROMESSES, RISQUES ET ARRIÈRE-PENSÉES
chinoise depuis le lancement de la
politique d’ouverture et de libéralisation de Deng Xiaoping en 1978 »
par les autorités chinoises, et de
« plus grand bond en avant de
l’histoire de l’OMC » par Pascal
Lamy, le commissaire européen au
commerce, ont été largement analysées. Mais certaines conséquences
importantes de cette adhésion
sont restées dans l’ombre.
impressionnantes (graphique 1). A
l’exception du déficit passager
de 1993, la balance commerciale
chinoise a été constamment excédentaire depuis 1990 avant de
connaître une véritable envolée à
partir de 1997.
On se rappelle que, lors de la crise
asiatique de 1997, la Chine avait
déjà étonné en maintenant une
croissance forte, une balance commerciale positive, sans dévaluation
L’IMPRESSIONNANTE
de sa monnaie. Mais elle n’était pas
VIGUEUR DES
la seule. Sans parler de Hongkong,
EXPORTATIONS
on avait noté les performances
n sujet d’étonnement permaremarquables de Taiwan et de
nent pour les économistes est
Singapour (dont les monnaies
la santé du commerce extérieur
avaient néanmoins perdu de leur
chinois, et en particulier des exporvaleur), et on avait expliqué alors
tations. Les derniers chiffres connus
que la spécialisation de ces pays
ne dérogent pas à la règle : les
dans la haute technologie les
exportations de 2001 ont atteint
avait préservés en grande partie
266,16 milliards de dollars, en
de la crise asiatique. L’année
progression de 6,98 %, et les im2001 apporte un dramatique reportations 243,61 milliards, en
tournement : le PIB de Singapour
hausse de 8,2 %, laissant
aura baissé de l’ordre de
un excédent commercial La Chine est
3 %, et Taiwan ne doit
de 22,55 milliards de
qu’à ses relations avec le
dollars contre 24,1 en le seul pays
continent de ne pas tom2000. Certes, l’excédent asiatique qui
ber dans le rouge.
a diminué, mais la plupart ait traversé
Le tableau 1 en fournit
des économistes prédiune des raisons. En
saient son effondrement, sans encombres
1997, la crise était en
et certains prévoyaient les deux crises
Asie et la conjoncture
même un passage dans le qu’a connues
américaine était à son
rouge. Ils avaient de
zénith. En 2001, la
bonnes raisons pour cela : le continent au
récession se trouve
l’analyse des exportations cours des quatre
aux Etats-Unis, et les
chinoises par zone de dernières années.
exportations de Taiwan
d e s t i n a t i o n m o n t re
et de Singapour vers ce
qu’environ 50 % d’entre
pays connaissent un
elles se font vers le Japon et les
véritable effondrement : - 16 %
Etats-Unis. Or on voit bien que les
environ. On notera que, dans le
deux premières économies de la
même temps, les exportations chiplanète sont en récession, l’une
noises vers les Etats-Unis croissent
depuis de nombreuses années et
encore de près de 5 %, ce qui
l’autre depuis 2001. Comme, de
constitue bien un exploit compte
plus, la Chine connaît un taux de
tenu de la conjoncture ! La Chine
croissance encore élevé (7,3 % en
reste le seul pays asiatique qui ait
2001 contre 8 % en 2000), l’analyse
pu traverser sans encombres les
mécanique des flux pouvait faire
deux crises qu’a connues l’Asie au
conclure à un retournement du
cours de ces quatre dernières
commerce extérieur. Pourtant, il n’en
années : la crise financière de 1997
a rien été. Dans une perspective de
et la crise de la haute technologie
plus long terme, les performances
de 2001.
chinoises paraissent encore plus
U
Il faut bien constater que le commerce extérieur chinois est « inoxydable ». Au cours de ces dix
dernières années, quelle que soit la
conjoncture mondiale ou asiatique,
les échanges extérieurs de la Chine
croissent à un rythme rapide et
constant, quadruplant dans l’intervalle et laissant presque chaque
année un surplus considérable
(graphiques 2 et 3).
UN AIMANT POUR
LES DÉLOCALISATIONS
L
’explication de cette performance
tient en une phrase : la Chine est
devenue le pays de délocalisation
de dernier ressort. Cette réalité
présente plusieurs facettes :
– La Chine continue d’être le plus
grand producteur mondial pour
les produits faisant l’objet d’une
délocalisation « historique » : textile,
habillement, jouet, maroquinerie,
etc. On se rend compte qu’aucun
autre pays au monde n’est capable
de rivaliser aujourd’hui avec elle
dans ces secteurs.
Dans le domaine des hautes
technologies, la Chine est en train
d’acquérir une position importante :
elle devient la terre d’élection de la
délocalisation pour les entreprises
des pays où ces technologies avaient
élu domicile, en particulier Taiwan.
L’un des phénomènes économiques
importants de ces dernières années
a été l’émigration massive de l’industrie taiwanaise sur le continent. On
peut en avoir une idée en étudiant
les échanges entre les deux rives :
les exportations de Taiwan vers le
continent sont passées de 3,64
milliards de dollars en 1991 à 25,49
milliards en 2000, soit un septuplement,alors que dans le même temps
le total des importations chinoises
était multiplié par 3,5. Le mouvement
s’est accéléré à partir de 1999. Or
une partie importante des importations chinoises en provenance de
Taiwan consiste en composants
qui sont assemblés en Chine pour
être réexportés.
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trimestre
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21
REPÈRES ET TENDANCES
INTERNATIONAL
L’OUVERTURE ET SES DIVIDENDES
Chiffres en milliards de dollars US
Graphique 1. Solde commercial
50
43,6
40,3
40
29,1
30
24,1
16,4
20
8,1
10
7,7
4,4
Celle-ci, en effet, est l’un des seuls
pays au monde à pouvoir offrir
simultanément quatre avantages
essentiels aux entreprises qui
cherchent à délocaliser :
5,4
0
-10
-12,2
-20
Source : statistiques chinoises
Graphique 2. Exportations
300
266,16
249,26
250
200
182,8
148,6
150
183,8
194,9
151,2
121,1
100
62,1
71,6
85,0
91,8
0
Graphique 3. Importations
250
225,1
243,6
200
165,8
104,0
100
115,7
132,2
138,9
142,1
140,2
80,6
54,0
63,9
50
1
« Quantiflying
the impact of
China’s WTO
entry, » 14
décembre 2001.
0
Graphique 4. Flux d'investissements directs étrangers
50
45,3
41,7
40
Sociétal
30
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10
trimestre
2002
22
37,5
33,7
27,5
11,0
3,5
0
4,4
– une main-d’œuvre bon marché :
habituellement, les Nouveaux pays
industrialisés (NPI) voient le coût
de leur main-d’œuvre augmenter en
même temps que leur économie se
développe. La Chine échappe à
cette règle à cause de la masse de
sa population rurale, qui constitue
un réservoir de population quasiinépuisable ;
– un encadrement de qualité, de
mieux en mieux formé aux méthodes modernes de management,
et bénéficiant aussi du savoir-faire
des cadres chinois formés à l’étranger ou venant de Taiwan ;
50
150
Enfin, en période de crise, les
distributeurs et les industriels sont
poussés à rechercher les coûts
les plus bas. Or le progrès des télécommunications et des transmissions de données ouvre la possibilité
technique de délocaliser de plus en
plus de fabrications : la crise favorise
la Chine.
46,8
45,5
40,4
40,7
– un environnement favorable à
la délocalisation, avec des infrastructures en progrès constant,
des services financiers, des télécommunications et des transports
modernes (au moins dans la partie
orientale du pays) ;
– un marché domestique en pleine
expansion, permettant aux industriels
qui se délocalisent de disposer d’un
marché pour leurs produits en plus
d’une base de production à bas
coûts.
C’est pourquoi l’analyse « mécanique » des effets de la récession
américaine appliquée aux exportations de la Chine aboutit à des
erreurs importantes : elle ne tient
pas compte des effets de substitution
entraînés par les délocalisations.
LA CHINE À L’OMC : PROMESSES, RISQUES ET ARRIÈRE-PENSÉES
est plus bas, la conséquence natuAinsi, l’assimilation entre la Chine
Celle-ci entraînera donc de très
relle en sera un écart grandissant
et les NPI, naguère surnommés
importantes conséquences, que
entre l’Est et l’Ouest. Il y a là une
« tigres » ou « dragons », n’est pas
l’on peut aborder de deux points de
source de difficultés politiques bien
la plus judicieuse. Il faut d’ailleurs
vue. Le premier est économétrique
plus redoutables que les problèmes
revenir sur une autre différence
et consiste à calculer l’impact de la
qui affecteront l’agriculture ou
essentielle : malgré leur croissance
nouvelle donne sur chaque secteur
l’industrie automobile, ou même que
impressionnante, les exportations
de l’économie. Les nombreuses
l’accroissement du chômage, dû à
ne pèsent pas du même poids pour
projections réalisées sur ce sujet
la modernisation et non à l’OMC.
la Chine et pour les NPI : leur ratio
arrivent à une conclusion étonpar rapport au PIHB dépasse 1,40
Comment y faire face ?
nante : l’impact sur la croissance
pour Singapour, atteint 0,40 pour
chinoise sera beaucoup plus faible
Taiwan ou la Corée, mais
La première arme, la plus évidente,
qu’on ne l’avait cru
il est d’environ 0,20 pour
consiste en des transferts imporinitialement. Une étude
la Chine sur la période Le gouvernement
tants des provinces riches vers les
de la Deutsche Bank1,
par exemple, prévoit un
1990-1998.
provinces pauvres : c’est la fameuse
chinois veut
surcroît d’expansion de
politique de développement de
se servir de
seulement
0,11
%
par
an.
l’Ouest. Depuis plusieurs années, la
L’ADHÉSION
Chine déverse ses investissements
l’entrée
à
l’OMC
AGGRAVERA LES
Ces
travaux
laissent
publics
dans la partie occidentale
pour accélérer
DÉSÉQUILIBRES
cependant de côté une
du pays. Mais cette politique est inl faut avoir ces don- les réformes.
conséquence importante
suffisante si les provinces assistées
nées à l’esprit quand
de l’entrée à l’OMC :
ne trouvent pas les ressources
on s’interroge sur les
c’est l’aggravation du
intérieures qui leur permettent
conséquences pour la Chine de
déséquilibre entre les régions
un véritable développement. Une
son adhésion à l’OMC. L’analyse
chinoises. Déjà, on constate une
deuxième arme, moins spectaculaire
montre aisément qu’en termes
augmentation sensible des investismais peut-être plus efficace, est le
d’échanges extérieurs, elle n’a pas
sements directs étrangers (gramanagement des compétences.
grand-chose à gagner. En effet, elle
phique 4). Or ces investissements
Les administrateurs capables, les
s’est imposé d’ouvrir davantage ses
se dirigent presque exclusivement
dirigeants énergiques sont envoyés
vers la région côtière de la Chine,
frontières aux importations et aux
vers l’Ouest. Un secrétaire du Parti
avec deux pôles majeurs : Shanghai
investissements étrangers dans le
de Shanghai est envoyé diriger la
et le Guangdong. Avec leur effet
domaine des services, sans que ses
province du Jiangxi, un ancien maire
d’entraînement classique, ils vont
exportations puissent augmenter
de Qingdao, ancien ministre de la
permettre à ces régions de connaître
beaucoup plus vite qu’elles ne l’ont
Construction, est nommé à la tête
une croissance à deux chiffres, bien
fait jusqu’ici sans participation à
du Hubei. Ces cas se multiplient.
plus forte que celle des régions
l’OMC – la marge de progression
Bientôt, une mission réussie dans
occidentales. Comme, en outre, le
étant encore amoindrie par le raune province de l’Ouest sera une
niveau de départ de ces dernières
lentissement de l’économie mondiale.
condition nécessaire pour accéder
En toute logique, la Chine n’aurait
pas dû chercher à entrer à l’OMC.
Tableau 1. PERFORMANCES À L’EXPORTATION
Pourtant, elle l’a fait, et on a vu avec
quel acharnement. Pourquoi ?
Croissance observée sur les douze derniers mois, en % (1)
La raison la plus importante est à
Exportations totales
Exportations vers
la fois économique et politique : le
les Etats-Unis
Chine
7,16
4,86
gouvernement chinois veut faire
Hongkong
-2,59
-7,26
pression, grâce à l’OMC, sur les ac-16,06
Singapour
-7,86
teurs domestiques pour les obliger
Corée
du
Sud
-10,09
-13,58
à entreprendre des réformes qui
Taiwan
-13,68
-16,82
autrement prendraient beaucoup
Thailande
-3,04
-6,01
plus de temps. Si on admet cette
-9,33
Malaisie
-7,52
raison, on a la réponse à une
Indonésie
-0,02
2,46
question fort débattue : la Chine
Philippines
-12,98
-17,19
va-t-elle respecter les règles de
-11, 99
Inde
9,33
l’OMC ? Il est clair qu’elle a la vo(1) Statistiques arrêtées entre juin et septembre 2001, selon les pays.
lonté de le faire, faute de quoi son
Source : BNP Paribas, Asian Economic Brief, novembre 2001.
adhésion perdrait tout son sens.
I
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23
REPÈRES ET TENDANCES
aux plus hauts postes de l’Etat.
leurs asiatiques ». La crise de 1997
L’exemple vient de haut : Hu Jingen a eu raison. On aurait pu s’attao, le successeur prévu de Jiang
tendre à ce que la Chine, forte de
Zemin, commença son ascension
sa résistance à la crise, reprenne
après avoir réussi son passage au
ce flambeau. Il n’en a rien été.
Loin de contester les grandes
Tibet. A contrario, la démission
valeurs « universelles », elle les
spectaculaire et inattendue de
fait siennes, mais elle veut
Xu Kuangdi, populaire et irréproen donner une définition qui
chable, en décembre dernier,
montre que la réussite comme
prenne en compte ses propres
maire de Shanghai n’est
conceptions – de
plus l’assurance d’une
même que le Parti
L’OMC, bien que
haute promotion, comme
communiste chinois
ce fut le cas pour deux limitée aux
se réclame toujours
de ses illustres prédéces- échanges
du marxisme, mais
seurs : Jiang Zemin et Zhu
en lui donnant un
internationaux,
Rongji.
contenu « moderpeut devenir un
nisé », bien loin des
écrits
de Marx. Dans
lieu
d’expression
UNE NOUVELLE
les
deux
cas, la thèse
TRIBUNE
très efficace,
chinoise
consiste à
POLITIQUE
notamment
dire que les grandes
n autre aspect de en direction
valeurs universelles
la question, souvent
doivent tenir compte
des pays en
négligé, touche à la polides spécificités géotique internationale. Pour développement.
graphiques, histole dire autrement, on parle
riques, économiques
beaucoup des conséquences pour
et culturelles des pays et régions
la Chine de son entrée à l’OMC,
où on les applique. A un esprit
mais assez peu des conséquences
occidental, le débat peut sembler
pour l’OMC de l’entrée de la
vain et fumeux. Mais pour la
Chine. La nuit du 11 novembre,
Chine, il revêt une importance
la télévision chinoise s’est longueessentielle.
ment attardée sur des propos de
l’ambassadeur de Colombie : ce
Ainsi, les événements récents
diplomate se réjouissait du fait
sont interprétés de façon difféqu’avec la Chine, l’OMC comptait
rente en Chine et en Occident.
enfin un pays en voie de dévelopGeorge Bush rencontre une large
pement puissant, qui allait pouvoir
adhésion internationale dans sa
faire entendre sa voix et défendre
lutte contre le terrorisme, mais
les intérêts des pauvres de la
nombre de points inquiètent
planète. Cette remarque met l’acPékin : au nom de cette lutte, les
cent sur un point d’une extrême
Etats-Unis disposent maintenant
importance dans le contexte
d’une présence militaire en Afghamondial actuel : la Chine reprénistan, sur le flanc ouest de la
sente, à un horizon certes lointain,
Chine, ils lancent leur programme
l’une des rares nations à pouvoir
de bouclier anti-missiles dont on
se poser en rivale des Etats-Unis.
peut se demander quelle utilité il
A court terme, si elle n’est pas en
peut avoir contre le terrorisme, et
mesure de leur faire de l’ombre
ils réitèrent leur soutien à Taiwan
sur le plan militaire ni sur le plan
au nom de la défense de la démoéconomique, elle peut se confroncratie. Enfin, quand, au nom de la
ter à eux sur celui des idées.
même lutte contre le terrorisme,
les Chinois demandent aux
Au début des années 90, Mahatir,
Américains de leur remettre leurs
le Premier ministre de Malaisie,
ressortissants capturés en Afghadéveloppait sa théorie des « vanistan, ils se heurtent à un refus.
U
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2002
24
INTERNATIONAL
La Chine a donc besoin de faire
entendre sa voix sur la scène
internationale, ne serait-ce que
pour discuter des « grands principes ». Or l’ONU, dont les
décisions peuvent être systématiquement bloquées par le droit
de veto dont disposent les « cinq
grands », n’est pas une véritable
tribune. En revanche, l’OMC, bien
que limitée au domaine des
échanges internationaux, peut
devenir un lieu d’expression très
efficace, en particulier auprès des
pays en voie de développement –
en quelque sorte une des grandes
agoras du monde.
On se rappelle que, pour renouer
le dialogue avec les Américains
en 1972, on prit l’occasion d’une
rencontre de ping-pong. Aujourd’hui, pour marquer sa place dans
le monde, la Chine utilise deux
instruments : l’OMC pour les
idées et les Jeux Olympiques
pour le prestige. L’Histoire
retiendra que c’est en 2001 que
la Chine remporta ces deux
succès.l
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