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DIAGNOSTIC DES HYPERSENSIBILITES MEDICA-
MENTEUSES AUX AINS CHEZ LES ENFANTS
Docteur Mathias Cousin, Pédiatre allergologue Hospitalier. CH Montpellier/GHICL Lille
Les hypersensibilités médicamenteuses constituent un enjeu de santé publique et
de diagnostic clinique.
Les AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) sont pourvoyeurs de divers mé-
canismes d’hypersensibilité médicamenteuse (immuno-allergique et hypersen-
sibilité non allergique).
L’enfance est la période pendant laquelle on reçoit généralement des AINS pour la
première fois, souvent pour la prise en charge d’une hyperthermie et/ou d’une douleur. Il
y a peu d’alternative médicamenteuse à leur prescription. Les AINS sont les médicaments
les plus fréquemment impliqués dans les réactions d’anaphylaxie en pédiatrie [1,2].
Epidémiologie et facteurs de risque
La prévalence de l’hypersensibilité aux AINS est estimée entre 0,5 et 1,9 % de la
population générale ; ce pourcentage augmente chez les asthmatiques (4,3 à 11 %) et
chez les patients ayant de l’urticaire chronique (27 à 35 %) [3].
Les données concernant la population pédiatrique sont peu nombreuses, la prévalence
de l’hypersensibilité aux AINS est d’environ 0,3% [4].
En eet les AINS sont moins prescrits en population pédiatrique. Dans une revue
de la littérature, la prévalence de l’hypersensibilité aux AINS était estimée à 5 % dans
une population pédiatrique d’asthmatiques [5].
Dans une étude récente pédiatrique, les facteurs de risque d’hypersensibilité aux AINS
retrouvés étaient : l’atopie, la rhino-conjonctivite allergique et l’urticaire chronique [5].
Dénition de l’hypersensibilité
« L’hypersensibilité provoque des symptômes ou des signes cliniques reproduct-
ibles objectivement, ressemblant à de l’allergie et initiés par une exposition à un stim-
ulus déni, à une dose tolérée par des sujets normaux. » [6].
Ainsi les réactions liées à une pathologie systémique infectieuse, auto-immune et les
réactions toxiques ne sont pas considérées comme des réactions d’hypersensibilité.
On distingue les hypersensibilités médicamenteuses non immuno-allergiques (sans
mécanisme immunologique identié) des hypersensibilités médicamenteuses immu-
no-allergiques (réaction initiée par un mécanisme immunologique : IgE ou IgG ou
lymphocytes) [6].
Hypersensibilité non immuno-allergique
Ces réactions étaient d’autant plus fréquentes que les AINS étaient de puissants
inhibiteurs des cyclo-oxygénases de type 1 (COX 1) [7].
De plus, ces patients toléraient les inhibiteurs sélectifs de la COX 2 [8]. Le mécanisme
pharmacologique supposé est une diminution de la synthèse des prostaglandines et
une sensibilité accrue aux leucotriènes (E4 notamment) qui sont à l’origine d’une bron-
choconstriction.
Hypersensibilité immuno-allergique
Ces réactions d’hypersensibilité sont initiées par un mécanisme immunologique.
Tous les types de mécanismes immunologiques inclus dans la classication de Gell et
Coombs modiées selon Pichler [9] (Tableau 1) peuvent être impliqués dans les réac-
tions immuno-allergiques aux médicaments.