Abécédaire Plantes polaires Nous étudierons surtout la végétation arctique, car les mousses et les lichens forment la seule végétation de l’Antarctique, lieu très inhospitalier. Bouleau nain Betula nana Famille des Bétulacées Antigel La neige constitue une première protection contre le gel, mais il en tombe peu. Certaines plantes pratiquent la déshydratation, avec comme chez les poissons (la plie rouge, par exemple), la synthèse de protéines contrôlant la croissance des cristaux de glace dans les cellules (voir Lichen). Ces protéines se fixent sur les cristaux et empêchent d’autres molécules d’eau de se fixer à leur tour, stoppant la croissance du cristal. D’autres végétaux, comme l’algue rose d’Antarctique, contiennent des liquides qui maintiennent les fluides des cellules liquides en dessous de 0°C. Adapté aux conditions écologiques extrêmes, il s’agit d’un arbrisseau prostré à pousse très lente, se développant en bouquet (en général 30 à 40 cm mais peut atteindre 1 m de haut. C’est le végétal ligneux vivant le plus au nord. Supporte un ensoleillement faible. Arbre à feuilles caduques, glabres, un peu coriaces, arrondies et dentées, duveteuses lorsqu’elles apparaissent, et à chatons de 5 à 10 cm, redressés ou étalés. De rares spécimens visibles en France en Margeride et dans les tourbières du Jura. Espèce rare et protégée au niveau national, relique de l’ère glaciaire en France. Benoîte Geum sp. Famille des Rosacées Plante vivace à racine traçante et fibreuse, à tige grêle et légèrement velue, à feuilles pennées. La fleur, plus souvent jaune, se situe au sommet d’une hampe. La propagation de cette plante se fait par des akènes velus, à extrémité pointue avec crochet. Elle affectionne les terrains humides, peu lumineux et frais. Bourgeon En plus de sa protection par des écailles, comme pour les bourgeons des zones tempérées, il peut être protégé par une couche de feuilles mortes. Colonisation Les végétaux se déplacent en marge des glaciers et s’installent dans les zones de retrait. Progressivement, des espèces encore visibles chez nous au niveau des Alpes ont pu coloniser les régions froides en remontant lors de la fonte des glaciers jusqu’au pôle. Ex. : saule, linaigrette, … Couleur des fleurs La couleur rouge permet une absorption plus importante des rayons du soleil. Le bleu est aussi un moyen de capter la chaleur de 2 à 5 plus efficace que le blanc. Le jaune reste la couleur qui attire le plus les insectes et favorise donc la pollinisation. Le blanc est la couleur qui subsiste en cas de faible clarté (voir Pavot arctique). Croissance Le facteur limitant est l’eau en priorité : il faut qu’elle soit présente sous forme liquide pour pouvoir être utilisée par la plante. Puis vient le manque d’azote. C’est pour cela que l’on observe des végétaux dans les zones où se trouvent les oiseaux, pourvoyeurs de fertilisation par leurs excréments. La croissance est liée au retour à l’activité après l’hiver (on parle d’adaptation phrénologique). En liaison avec les saisons ou non, on observera certaines espèces se développant dès que les conditions sont propices mais craignant le gel, et d’autres espèces croissant toujours à la même période favorable, mais donc sur un temps plus court. Famille des Rosacées Plante pérenne, duveteuse, en forme de tapis. Sa hauteur ne dépasse pas 7 cm, ses feuilles sont en forme de flèches, brillantes sur le dessus et duveteuses sur le dessous. Résiste bien aux régions sèches et ventées. Feuille Il existe des feuilles rougeâtres fortement pigmentées qui retiennent l’énergie solaire, ce qui, en la réchauffant, permet aussi à la plante de sortir plus rapidement de la couche de neige. On note aussi une adaptation xérophytique (= à la sécheresse) par exemple : la feuille est sous forme d’aiguille à 2 couches externes dont la plus externe est sous forme de cire. Sur la surface des feuilles se situent des orifices permettant la transpiration foliaire : les stomates. Chez certaines plantes, ils sont positionnés à l’opposé du vent dominant. Fleur Voir Couleur, Forme, Fruit et graine. Forme en rosette de l’oxyrie Forme Dryade arctique Dryas integrifolia Elle limite la prise au vent : forme en tapis (voir Dryade), en rosette (oxyrie) ou en coussin. Les fleurs peuvent être en entonnoir (voir Pavot) Fossiles de plantes dans l’Arctique On a retrouvé dans les roches de l’Arctique des fossiles de plantes tropicales du Carbonifère (ère Primaire) ainsi que de forêts de conifères tertiaires, montrant que le climat de cette zone n’était pas polaire autrefois. Fruit et graine Les fruits sont de formes très particulières : on observe des capsules rigides ne permettant la sortie des graines que par vent violent, ou à ouverture progressive dans le temps. Des akènes crochus et velus permettent une dissémination efficace (voir Benoîte). Les graines arrivent à maturité en fin d’automne. Il n’est pas rare d’avoir une dormance sur plusieurs années pour les graines et les plantes. Lichen Premier végétal à coloniser le sol arctique. Il existe une classification des lichens selon les conditions climatiques, établie en 1901 par l’Allemand W. Köppen. 2 zones climatiques déterminent les plantes de la toundra et de la taïga. Le lichen peut réduire son métabolisme à son minimum, en une minute, et peut survivre plusieurs années sous la neige. Sa forme très plate lui permet de résister au vent et aux cristaux de glace, très abrasifs. Le lichen est l’association d’une algue appelée photobionte (algue verte ou cyanobactérie) et d’un champignon appelé mycobionte (ascomycète, basidiomycète ou deutéromycète). Il forme un thalle (une lame végétale). La majorité des lichens comportent une algue verte, mais on connaît une espèce d’algue jaune et une d’algue rouge pouvant réaliser cette symbiose. Les caractéristiques des 2 partenaires sont modifiées pour rendre cette symbiose reproductible. On trouve alors à la surface du lichen des formes en relief, sortes de verrues contenant les spores. L’algue peut vivre sans le champignon, alors que le champignon ne peut vivre sans l’algue. Une classification fait intervenir 3 familles selon la forme du thalle : en croûte = lichens crustés, à petites feuilles = lichens lobés, à prolongements longs redressés ou pendants = lichens fruticuleux. Il y a aussi 3 formes de symbiose : un enchevêtrement des 2 types de filaments, ou en 2 lames distinctes, collées, ou un centre formé par le phytobionte et un enrobage constitué du mycobionte. Le lichen résiste à de fortes dessiccations (teneur en eau inférieure à 2%). Le champignon sécrète des polysaccharides qui piègent l’eau sous forme de colloïdes. Il y a stockage de polyols (réserves d’eau). Vie possible de –70 à +70°C. Après déshydratation, le retour du métabolisme est très rapide, mais la croissance est très longue : quelques centièmes de mm par an. Par contre, leur durée de vie est très longue. Les lichens représentent 65% de la flore à la limite du désert polaire. Ils captent les éléments minéraux venant surtout de l’atmosphère. Cette qualité en fait de bons indicateurs de pollution, puisqu’ils accumulent par exemple les métaux lourds, et en meurent parfois : les lichens se trouvent donc généralement dans des zones non polluées. Les lichens contiennent de la lichénine, substance ayant un intérêt alimentaire (pour le bétail, mais aussi pour l’Homme comme épaississant alimentaire) et médical (autrefois traitement de la toux). Le lichen sert aussi de colorant en teinturerie (couleur bleu-violet). Certains sont toxiques et entraînent la mort par arrêt de la respiration (le lichen entrait dans la confection d’un produit ancien pour tuer les loups en Scandinavie.) Pavot blanc et pavot jaune Pavot arctique Papaver radicatum Linaigrette de Scheuchzer Eriophorum scheuchzeri Plante vivace, glabre (sans poils), à tiges souterraines rampantes. Ses feuilles sont linéaires et peu nombreuses. On la trouve dans les zones humides de la toundra. Ses graines cotonneuses sont dispersées par le vent. Nanisme Miniaturisation. Ensemble des caractéristiques réduisant la taille des individus. Il permet la reproduction dans les zones les plus chaudes : près du sol. Il montre la liaison existant entre l’environnement et le phénotype et parfois le génotype, car certaines espèces sont naines génétiquement. Famille des Papavéracées Même famille que le coquelicot. Sa tige est velue. Petit pavot à 4 pétales dont la fleur peut avoir 2 couleurs : dans les régions très ensoleillées, l’énergie captée en excès sert à pigmenter les pétales en jaune ; dans les zones peu ensoleillées, la totalité de l’énergie captée sert au reste du métabolisme de la plante et les pétales sont blancs. La fleur ressemble à une parabole qui tourne avec les rayons du soleil, captant au maximum l’énergie solaire. Ceci permet la maturation des graines. Les fruits et graines se situent au centre de la fleur dans une capsule velue et sombre, qui retient la chaleur (10°C de plus que l’air extérieur). Photosynthèse Elle est possible lors de la période estivale avec 24 h de luminosité (en fait une luminosité relative puisque les rayons solaires sont rasants) et à une température limite de 6°C. Pour les lichens, la photosynthèse est possible jusqu’à -24°C. Séneçon Poils Présents sur les tiges, les hampes florales et les feuilles et même sur les chatons du saule, leur rôle est encore mal connu, si ce n’est la protection contre les UV et les cristaux de glaces portés par le vent, et la limitation des pertes de chaleur et d’eau. Racine Une diatomée Phytoplancton polaire Au printemps, la banquise, qui a parfois emprisonné lors de sa prise en glace des sels minéraux et des organismes décomposés, rejette ces éléments qui rendent sa bordure très fertile. Des microalgues peuvent alors se développer jusqu’à une profondeur de 10 m. Ce sont les producteurs primaires. Elles permettent ainsi le retour des chaînes alimentaires. Parfois les diatomées sont si nombreuses que la mer ou le dessous de la banquise se colore en brun et dégage une odeur particulière. Le pergélisol (Voir ce mot) empêche les racines pivotantes de se développer : la plupart des plantes ont donc des racines traçantes. Ces racines, souvent charnues, sont riches en réserves et permettent aux plantes vivaces de résister à la période hivernale. Reproduction asexuée ou végétative La reproduction végétative est plus efficace que la reproduction sexuée, car elle réduit considérablement le temps d’obtention d’une nouvelle plante (certaines graminées fructifient 2 fois par siècle environ). Mais elle limite le brassage génétique des populations. Elle est assurée par rhizome (la colonisation est alors limitée) ou par bulbes ou touffes de feuilles emportés, la dissémination est alors plus importante et la colonisation plus étendue et plus efficace. On a même vu des graines obtenues sans pollinisation (apomixie = développement d’une cellule à 2n entourant l’ovule et le remplaçant). Reproduction sexuée La plante peut être monoïque (autofertile), évitant la fécondation croisée plus aléatoire car elle nécessite le vent comme pollinisateur. Ces plantes autofertiles assurent les premières colonisations de lieux laissés libres par la banquise. Résistance 3 formes de résistance des plantes : - vivaces - à racines riches en réserves - à feuilles semi résistantes, ce qui permet dès les premiers rayons du soleil d’assurer la photosynthèse. Très peu de plantes annuelles (ce qui permet d’augmenter la chaleur de 5°C par rapport aux autres parties de l’arbre) assurent la reproduction. Les populations mâle ou femelle se répartissent différemment : lorsque le sol est sec, il y a plus de mâles, lorsque le sol est humide et protégé, il y a davantage de femelles. Silène Melandrium apetalum ssp arcticum (ou silène de l’Oural : Silene uralensis) Famille des Caryophyllacées Saxifrage à feuilles opposées : Saxifraga oppositifolia Famille des Saxifragacées Sa fleur a 5 pétales et 5 sépales. La saxifrage pourpre a une capacité d’adaptation, avec des tiges plus courtes et des feuilles plus pigmentées. Les graines sont dans des sortes de cornes très résistantes au vent, ce qui ne permet à la graine de ne s’échapper qu’à la fin de l’hiver suivant. Saule arctique Salix antarctica Famille des Salicacées Végétal ligneux et nain, d’à peine 10 cm de haut ; par contre, il se développe à sa base et peut atteindre 2 m de diamètre. Il est dioïque : arbre soit mâle soit femelle. En juin, les chatons colorés de rouge, riches en nectar et surtout poilus Le silène forme un coussin, avec des feuilles basales courtes et épaisses. Cinq pétales violets sont presque emprisonnés dans le calice, qui chez la silène forme une sorte de capsule (voir photographie : on ne voit que le calice), ce qui permet d’emprisonner un volume d’air chaud qui protège les graines du vent. Température estivale 5 à 10°C avec parfois un retour à de légères périodes de glace, qui sont un véritable danger pour les plantes précoces. Tige Elle est très réduite en hauteur, ne dépassant pas quelques cm. Certaines plantes de toundra ont des tiges creuses qui poussent plus vite que les tiges des plantes de pays tempérés car elles sont moins riches en moelle. L’épiderme qui entoure la tige est fin, joue le rôle de serre et permet une forte température (15°C de plus que l’air ambiant) à l’intérieur de la tige, ce qui active la croissance de la plante. feuille succulente Stockage de l’eau Toundra Ceinture de terre gelée, presque sans végétation, avec des arbres nains au sud, puis plus au nord une lande de buissons avec herbacées, mousses et lichens. Zone située en limite nord de la taïga jusqu’aux glaces du pôle Nord. Le climat très dur (vent glacial continuel et froid intense) limite la végétation qui est réduite à quelques espèces naines, des mousses et des lichens. La colonisation y est très difficile. Les végétaux se concentrent dans les terres basses côtières, les vallées abritées et les corridors humides. Xérophyte tige succulente tubercule charnu Prise d’eau système racinaire profond directement à la nappe phréatique système racinaire étendu et peu profond absorption de l’humidité de l’air Plante adaptée aux milieux secs. Extrait de l’encyclopédie Wikipédia Mécanismes Adaptation cuticule céreuse nombre réduit de stomates Limitation de la perte d’eau stomates ouverts la nuit duvet à la surface feuilles incurvées