Rédaction Vincent Béranger, professeur de
SVT, avec la collaboration d’Hélène
Pouyfaucon (CNDP)
Crédit photo Ex Nihilo
Édition Anne Peeters
Maquette Annik Guéry
Ce dossier est en ligne sur le site
deTélédoc.
www.cndp.fr/tice/teledoc/
Mettre de l’ordre dans tout ça!
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Comprendre les principes et les modalités de la
classification phylogénétique.
• Sur les 5 à 100 millions d’espèces vivantes
aujourd’hui, environ 1,75 million ont été décrites
à ce jour. À raison de 10000 espèces répertoriées
chaque année, on estime que le nombre de celles
que l’on pourra décrire dans le futur sera inférieur
au nombre d’espèces qui disparaîtront. Ces valeurs
vertigineuses mettent en évidence l’importance
de la biodiversité que l’Homme, pour mieux l’ap-
préhender, a cherché à ordonner.
La création et l’enrichissement d’un répertoire des
espèces est la première étape de cette activité
d’ordonnancement. Elle met en œuvre une opéra-
tion de tri qui revient à discriminer des espèces
selon un critère binaire (qui a tel caractère / qui
n’a pas tel caractère) en employant une clé de
détermination qui permet de reconnaître une
espèce : si on ne retrouve pas son nom, c’est
qu’elle n’a jamais été répertoriée et décrite.
Après avoir (re)défini la notion d’espèce, on
rapportera (à l’aide des valeurs fournies dans le
documentaire) le nombre d’espèces répertoriées
au nombre estimé d’espèces vivantes actuelle-
ment, afin de mesurer l’immensité de la tâche que
les systématiciens ont à accomplir.
• Lorsque l’on découvre une espèce non
répertoriée, on lui donne un nom en latin, selon
une modalité depuis longtemps établie (Carl von
Linné, Systema Naturae, 1735), qui est la
nomenclature binominale. Cette espèce est ensuite
classée, c’est-à-dire placée dans des groupes
emboîtés dont l’emboîtement – et c’est l’argument
fondamental de la classification phylogénétique –
reflète le déroulement de l’évolution biologique. Le
seul critère de classement en jeu est ainsi le
partage, pour chaque niveau de regroupement,
d’une ou plusieurs innovations évolutives (ou
«caractères dérivés partagés»): qui est le plus
proche de qui? Les groupes ainsi constitués ont
alors, quelle que soit leur taille, une valeur
naturelle puisqu’ils sont le reflet de l’évolution du
vivant.
• Dans les systèmes de classification qui ont
précédé celui de la classification moderne, on
relèvera des groupes artificiels fondés sur des
critères de hiérarchisation parfois étonnants (les
«invertébrés» par exemple, définis uniquement
par quelque chose qu’ils n’ont pas, et qui, pour
le coup, est en quelque sorte désigné comme
devant être acquis). On fera ensuite énoncer le
critère de classement de la phylogenèse afin de
Auprès de mon arbre… de la vie
SVT, collège, lycée
Comment tout comprendre ou
presque à la classification du
vivant! Avec une rigueur
scientifique irréprochable,
beaucoup d’humour
et une grande clarté,
ce documentaire très
pédagogique et très vivant
rend compte, justement, de
l’ordonnancement du vivant.
Comment l’Homme a-t-il
cherché y voir clair dans
l’extraordinaire biodiversité de
notre planète? Quels sont les
principes classificatoires
modernes, issus des travaux
pionniers de Willi Hennig?
Le film propose une
représentation en 3D très
réussie de l’arbre du vivant:
un buisson sphérique
poussant dans tous les sens
à partir de ramifications
communes et où toutes les
extrémités correspondent à
des espèces actuelles, parmi
lesquelles l’Homme. Eh oui,
il faudra nous y faire, Homo
sapiens est l’une des 5 à
100 millions d’espèces qui
peuplent notre planète!
La plus complexe sans doute,
mais issue, comme la crevette
ou le salsifis, d’une longue,
très longue succession
d’innovations évolutives
partagées. Le travail des
systématiciens consiste donc
à mettre en évidence les
relations d’apparentement.
Au bénéfice d’une
compréhension toujours plus
fine du monde vivant.
révéler dans ce cadre l’importance des travaux de
Charles Darwin (De l’origine des espèces, 1859)
ainsi que la valeur naturelle des groupes d’espèces
qu’elle permet de construire.
Et l’Homme dans tout ça?
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Avec des élèves de Tle S et de 1re ES, situer Homo
sapiens dans le monde du vivant.
• Une représentation qui rend bien compte de la
classification du vivant est celle d’un buisson
sphérique, sans tronc, qui croît dans toutes les
directions. L’extrémité des rameaux est occupée
par les espèces vivantes actuelles. Les extrémités
qui n’atteignent pas la périphérie correspondent à
des espèces éteintes; aux embranchements (ou
«nœuds» des rameaux) sont situés les ancêtres
communs aux espèces qui leur sont postérieures,
le nœud central étant occupé par le dernier ancêtre
commun universel. Les scientifiques ont pu, en
quelque sorte, établir les portraits-robots de ces
ancêtres, chez qui des innovations évolutives sont
apparues. Et «LUCA » (Last Universal Common
Ancestor), organisme doté de propriétés d’auto-
nomie qui définissent la vie, est l’horizon ultime
de l’arbre de la vie.
• On demandera aux élèves de confronter l’image
du buisson sphérique (représentée dans le film de
façon dynamique, grâce aux images de synthèse)
au principe de la classification phylogénétique,
afin de valider cette représentation. On justifiera
notamment le fait que progresser vers le nœud
central du buisson revient à remonter dans le
temps et donc dans l’histoire de la vie en passant
par des innovations évolutives.
• Afin de déterminer la place de l’Homme parmi les
êtres vivants, on relèvera, sous la forme d’une
représentation graphique simple de groupes
emboîtés, le détail de la classification de l’espèce
Homo sapiens, du groupe le plus restreint, celui
du genre Homo, au plus large, celui des eucaryotes.
On précisera dans chaque ensemble le nom du
groupe, la ou les innovation(s) évolutive(s) le
définissant ainsi que la période à laquelle
l’innovation s’est mise en place.
• Homo sapiens, de la branche des eucaryotes, et
Pyrococcus, de celle des archées, sont tous deux
situés à des extrémités de rameaux très éloignés
l’un de l’autre mais à égale distance de «LUCA».
On expliquera en quoi ces deux espèces, bien que
présentant des degrés de complexité très
différents, ont le même degré évolutif, qui se
traduit par des stratégies de vie différentes.