BONUS 6 : La Chine, une ouverture sous contrôle de l’État Document 1 : L’ouverture progressive de la Chine aux investissements étrangers de 1980 à nos jours Réalisation : D. Gœury, 2015 avec Philcarto. David GŒURY, Philippe SIERRA, Introduction à l’analyse des territoires © Armand Colin, 2016. BONUS 6 : La Chine, une ouverture sous contrôle de l’État Document 2 : La différenciation Est-Ouest Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF PEOPLE’S REPUBLIC OF CHINA, China Statistical Yearbook 2014. Réalisation : D. Gœury, 2015 avec Philcarto. Commentaires ● En Chine, la jonction entre capitalisme et socialisme fut testée progressivement autour de villes côtières. Entre 1979 et 1980, furent ouvertes les zones économiques spéciales. Limitées à quatre circonscriptions, trois étaient directement en contact avec des territoires capitalistes chinois tournés vers l’Occident. Shenzhen est limitrophe de Hong Kong, Zhuhai de Macao, Xiamen face à Taïwan ; et une, Shantou, était un port historique abritant jusqu’à la révolution maoïste les principaux consulats anglais et américains. ● Le gouvernement mise alors sur les effets de proximité et surtout sur la diaspora capitaliste pour déclencher des mécanismes d’apprentissage et de transfert de compétences managériales. Cette stratégie a été considérée comme une réussite et dès 1984, 14 zones côtières ouvertes sont déclarées, puis des villes sont autorisées à devenir des zones de développement technologiques afin de moderniser les structures industrielles, alors que les ZES avaient un objectif d’exportation. En 1985, est créé un autre réseau parallèle de zones industrielles de hautes et nouvelles technologies afin de rattraper les retards sur les pays les plus industrialisés. Enfin, en 1990, ce sont 15 « zones sous douanes » qui viennent faciliter les échanges internationaux. La plus vaste est celle de Waigaoqio à Shanghai. ● Cette stratégie a assuré la croissance économique de la Chine. Cependant le statut juridique spécifique n’est aucunement un gage de réussite, ainsi l’île d’Hainan, ZES depuis 1988, reste dominée par l’activité agricole et le tourisme. De même, l’ouverture des capitales provinciales aux investissements étrangers ne se traduit aucunement par un développement de ces derniers dans la majorité d’entre elles. Ainsi, les provinces de l’Ouest restent très peu attractives et connaissent même un recul de l’activité des entreprises étrangères ces dernières années. Peu peuplées, secouées par des tensions politiques, elles sont aussi dans l’attente de grands investissements étatiques dans des infrastructures performantes à vocation internationale comme le projet de nouvelle route de la soie qui devrait relier la Chine à l’Europe par voie terrestre. David GŒURY, Philippe SIERRA, Introduction à l’analyse des territoires © Armand Colin, 2016. BONUS 6 : La Chine, une ouverture sous contrôle de l’État ● Actuellement, ce sont les provinces centrales comme celle du Sichuan qui semblent profiter le plus de cette nouvelle dynamique. En effet, elles offrent à la fois une main-d’œuvre nombreuse et encore relativement bon marché. Les autorités chinoises ont ainsi pu redéployer l’économie nationale afin de maintenir une croissance élevée après la crise de 2008. La municipalité de Chongqing avec ses 33 millions d’habitants incarne ce nouvel essor tout en posant aussi les limites avec l’ascension fulgurante et la chute du chef du Parti communiste de la ville, Bo Xilai, suite à un vaste scandale politique. ● La question de l’apprentissage institutionnel de l’État est sans doute l’une des clefs du succès chinois. D’ailleurs, depuis 2013, le gouvernement a lancé la zone franche de Shanghai pour observer les effets économiques de réformes bancaires ou de la convertibilité du Yuan. L'objectif est d'attirer une nouvelle génération de grandes multinationales innovantes comme Microsoft ou Sanofi dans un environnement institutionnel compétitif, tout en préparant les prochaines grandes réformes monétaires et financières. Cependant, les effondrements successifs de la bourse en 2015 ont inquiété les investisseurs et donnent à penser que l’expérience est encore perfectible dans un contexte d'incertitudes face au ralentissement de l'économie chinoise. Pour aller plus loin AGLIETTA M., BAI G., 2012, La Voie chinoise : capitalisme et empire, Paris, Odile Jacob. SANJUAN T., 2013, Atlas de la Chine : un monde sous tension, Paris, Autrement. David GŒURY, Philippe SIERRA, Introduction à l’analyse des territoires © Armand Colin, 2016.