Signes neurologiques mineurs et troubles envahissants du développement 311
Scores à la Childhood autism rating scale
Dans le groupe des enfants souffrant de TA, huit enfants
présentaient au moment de l’évaluation un autisme léger
(score compris entre 30 et 37). Aucun enfant ne présentait
d’autisme sévère. Les trois derniers patients, du fait d’une
bonne évolution, présentaient un score inférieur à 30. Dans
ce groupe, la moyenne à la CARS était de 30,81 (DS : 2,67) ;
le minimum était de 27 et le maximum de 36.
Dans le groupe des enfants souffrant de TED NS, aucun
enfant n’atteignait le score seuil de l’autisme au moment
de l’évaluation. La moyenne à la CARS était de 25,85 (DS :
2,86), le minimum de 21 et le maximum de 29.
Les moyennes du score total à la CARS étaient significa-
tivement plus élevées (p= 0,001) pour le groupe des enfants
souffrant de TA que pour celui des enfants souffrant de TED
NS.
Scores à l’autism diagnostic interview-revised
Les sujets ayant un TA avaient des scores significativement
plus élevés que le second groupe au niveau des anomalies de
l’interaction sociale réciproque (p= 0,01), de la communica-
tion (p= 0,018) et des comportements répétitifs et patterns
stéréotypés (p= 0,016).
Évaluation et comparaison des signes
neurologiques mineurs dans les groupes de
patients et de témoins
Les patients souffrant de TA avaient des scores signifi-
cativement plus élevés que les témoins au niveau des
items intégration motrice (p= 0,046 ; r= 0,57) et sensorielle
(p= 0,031 ; r= 0,39).
Les patients souffrant de TED NS avaient des scores
significativement plus élevés que les témoins en ce qui
concerne le score total (p≤10−4;r= 0,582), le score des
items : coordination motrice (p= 0,018 ; r = 0,427), intégra-
tion motrice (p= 0,009 ; r= 0,078), intégration sensorielle
(p= 0,031 ; r= 0,20) et mouvements anormaux (p= 0,0218 ;
r= 0,412).
Corrélations entre les symptômes autistiques et les
signes neurologiques mineurs
Childhood autism rating scale
Aucune corrélation entre le score total à la CARS et les scores
à l’échelle de Krebs et al. n’a été retrouvée dans les deux
populations cliniques.
Autism diagnostic interview-revised
Dans le groupe des enfants souffrant de TA, la coordination
motrice était d’autant plus altérée que le score de com-
munication à l’ADI-R était élevé (p= 0,038 ; r= 0,630). La
corrélation entre le score total des SNM et la communication
tendait vers la significativité (p= 0,060) dans ce groupe. Dans
le groupe souffrant de TED NS, seule la corrélation entre la
coordination motrice (échelle de SNM) et les comportements
répétitifs (ADI-R) tendaient vers la significativité (p= 0,076).
Discussion
Dans notre travail, les deux groupes de patients présentaient
une moindre performance à l’échelle des SNM de Krebs et al.
en comparaison aux sujets témoins appariés par âge, sexe
et niveau d’intelligence.
Les enfants souffrant de TA présentaient une altération
des fonctions de coordination et d’intégration motrice alors
que les anomalies étaient plus étendues dans le groupe des
enfants souffrant de TED NS, chez qui tous les facteurs à
l’exception du facteur latéralisation étaient altérés. Ces dif-
férences plus prononcées dans le groupe des TED NS par
rapport au groupe TA ne peuvent être expliquées par des
antécédents périnataux (notamment infectieux) ou patho-
logiques neurologiques ou génétiques intercurrents puisque
ces derniers constituaient des critères d’exclusion.
Dans le groupe des enfants souffrant de TA, on relève des
scores plus élevés au niveau de l’intégration motrice et de
l’intégration sensorielle. Le facteur d’intégration motrice
regroupe de nombreux signes pouvant être rapportés à
une dimension cérébelleuse (ataxie, marche talon-pointe,
épreuve doigt/nez, marche). Le facteur d’intégration sen-
sorielle regroupe les réflexes d’extinction droite/gauche,
la reconnaissance droite/gauche, la stéréognosie, la praxie
constructive et la graphestésie. Les résultats observés dans
notre étude sont proches de ceux retrouvés par Freitag et al.
[11] qui relèvent chez des enfants autistes de haut niveau
et des enfants souffrant du SA comparés à des témoins,
des troubles de l’équilibre statique et une adiadocociné-
sie. Ghaziuddin et Butler [12] utilisant le test de Bruininks
Ozeretsky ont aussi retrouvé des troubles de la coordina-
tion chez des enfants souffrant de troubles autistiques (les
items de l’intégration motrice sont compris dans le facteur
de coordination motrice globale dans ce test).
Les différences retrouvées pour les enfants souffrant de
TED NS sont proches de ceux de Ghaziuddin et Butler [12]
qui ont relevé des troubles de la coordination fine et globale
chez des enfants souffrant de cette pathologie.
La CARS révèle dans notre travail une relative homogé-
néité des deux groupes sur le plan clinique. Il n’existe pas
par ailleurs de corrélation entre le score total à la CARS
et les SNM dans notre travail et ce pour les deux popula-
tions. Certes, il n’existe pas d’études similaires antérieures
qui nous aideraient à étayer et à interpréter ces résultats
toutefois nous pouvons proposer deux hypothèses face à ce
constat. D’abord, la présence de scores bas à la CARS et
la distribution étroite de ces derniers, témoignant d’une
bonne évolution clinique au moment de l’examen des SNM
peut expliquer une absence de corrélation avec les scores à
l’échelle de Krebs et al. Par ailleurs, cette absence de cor-
rélation constitue un argument supplémentaire en faveur du
caractère endophénotypique des SNM dans les TED [30].En
ce sens, que les SNM restent présents indépendamment de
l’évolution de la maladie.
Dans le groupe des enfants autistes, nous avons retrouvé
une corrélation significative entre la sévérité des troubles de
la communication (ADI-C) et les troubles de la coordination
motrice. Deux autres résultats tendent vers la significa-
tivité : la sévérité des troubles de la communication est
liée à l’importance du score total des SNM ; et l’intensité
des comportements répétitifs est liée à l’altération de
l’intégration motrice. Ces résultats sont conformes au