Remodelage développemental des synapses

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Dany Arsenault
Remodelage développemental des synapses
lemniscales dans le noyau ventral postérieur du
thalamus
Mémoire présenté
à la faculté des études supérieures de l'Université Laval
dans le cadre du programme de maîtrise en neurobiologie
pour l'obtention du grade de maître es sciences (M.Sc.)
Département de psychiatrie
Faculté de médecine
Université Laval
Québec
2007
Dany Arsenault, 2007
Résumé
Le développement du système nerveux comprend plusieurs phases : neurogénèse, migration
cellulaire, croissance des neurites, synaptogénèse et raffinement synaptique. Cette dernière étape
de remodelage est cependant mal connue au niveau des mécanismes cellulaires et synaptiques.
Par des enregistrements cellulaires en configuration cellule entière voltage imposé, nous avons
caractérisé la maturation synaptique de la fibre lemniscale du système somato-sensoriel des
vibrisses chez la souris. Nous avons démontré que les neurones du noyau ventral-postérieurmédian (VPM) du thalamus chez une souris âgée de 7 à 9 jours post-natals (JPN) sont innervés
par environ 8 fibres et que ce nombre diminue entre 1 et 3 (moyenne de 1.4) après la troisième
semaine post-natale (PN). Cette diminution d'innervation sensorielle démontre que la maturation
des fibres lemniscales comprend une élimination de synapses. De plus, cette période
d'élimination s'accompagne de plusieurs changements synaptiques tels une augmentation du
ratio des réponses AMPA/NMDA (Alpha-amino-3-hydroxy-5-methyl-ioxyzole-4-propionic acid
(AMPA); N-methyl-D-asparate (NMDA)), une diminution du temps de descente et de la
sensibilité à l'ifenprodil (antagoniste des sous-unité NR2B) des réponses NMDA, une
augmentation dans la force des premières réponses AMPA et une augmentation du maximum
des réponses AMPA et NMDA. La rectification des courants AMPA entrants et la plasticité
synaptique à court terme (indice de probabilité de relâchement) ne changent pas au cours de cette
période. De manière surprenante, la privation d'expérience sensorielle n'affecte pas l'élimination
des synapses ainsi que les changements synaptiques de cette période développementale.
Avant-propos
Je tiens, dans un premier temps, à remercier mon directeur de recherche, le Dr ZhongWei Zhang, pour m'avoir donné l'opportunité, il y a deux ans, de travailler dans son
laboratoire lors d'un stage et, par la suite, de compléter une maîtrise. Sa grande
disponibilité durant ces deux années a été grandement appréciée.
Je tiens également à remercier le Dr Martin Deschênes pour son aide professionnelle et le
temps qu'il a su me consacrer.
Je remercie Cyril Bories pour son aide et ses conseils dans la réalisation de certains
travaux.
Finalement, je remercie tout le personnel du centre de recherche Robert-Giffard. Par leur
soutien et leurs conseils, ces personnes, d'une manière ou l'autre, m'ont aidé dans mon
apprentissage.
Table des matières
Page titre
Résumé
Avant-propos
Table des matières
Liste des figures
Liste des abréviations
Chapitre 1 : Rappel du système des vibrisses
1.1 Définition du terme des vibrisses
1.2 Les fonctions des vibrisses
1.3 Structure et arrangement de la vibrisse
1.3.1 Arrangement spatio-corporel des vibrisses
1.3.2 La structure des vibrisses
1.3.3 Récepteurs vibrissaux
1.3.4 Innervations sensorielles de la base épithéliale de la vibrisse
1.3.5 Innervations motrices de la base épithéliales de la vibrisse
1.3.6 Les ganglions sensoriels des vibrisses
1.4 Notion de champs récepteurs
1.5 Organisation du système nerveux des vibrisses
1.5.1 Les relais et les voies ascendantes du système des vibrisses
1.5.2 Le complexe nucléaire trigéminal du tronc cérébral
1.5.3 Le thalamus
1.5.4 Le cortex somato-sensoriel
Chapitre 2 : Rappel de la maturation des connexions au cours du
développement du système nerveux
2.1 Les deux phases développementales de la maturation synaptique des
systèmes somato-sensorielles
2.2 Présence développementale de fibres glutamatergiques silencieuses
2.3 Changements dans les propriétés synaptiques au cours de la maturation
2.4 Rôle de l'expérience sensorielle et de l'activité spontanée dans la
maturation des réseaux neuronaux
Chapitre 3: Problématique et hypothèse de recherche
Chapitre 4 : Matériels et méthodes
4.1 Préparation des tranches de cerveau de souris
4.2 Enregistrement cellulaire de type « patch-clamp » en configuration
cellule entière et en voltage imposé
4.3 Voltage membranaire enregistré
4.4 Pharmacologie des réponses lemniscales
4.5 Révélation à labiocytine
4.6 Fixation des tranches à partir d'une solution de « permount »
4.7 Visualisation des neurones marqués à la biocytine
Page
I
II
III
IV
VI
VII
1
1
1
2
2
2
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3
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6
11
11
13
13
15
22
23
23
25
25
26
28
28
4.8 Drogues et applications des drogues
4.9 Privation sensorielle
4.10 Analyse des données
4.11 Recrutement quantitatif des fibres glutamatergiques par un protocole de
stimulation progressive
4.12 Estimation du nombre de fibres
4.13 Identification des synapses glutamatergiques silencieuses
4.14 Évaluation de la rectification des réponses médiées par les composantes
AMPA
28
29
29
29
30
31
31
Chapitre 5 : Résultats
5.1 Élimination d'entrées synaptiques fonctionnelles durant le développement.... 37
5.2 Présence développementale de fibres glutamatergiques silencieuses
39
5.3 Changements développementaux dans le ratio AMPA/NMDA
40
5.4 Changements développementaux dans les propriétés des composantes
NMDA
41
5.5 Changement développemental dans la relation « CPSE- voltage membranaire »
des composantes AMPA
42
5.6 Changements développementaux dans la plasticité à court terme
43
5.7 L'effet d'une privation d'expériences sensorielles
43
Chapitre 6 : Discussion et conclusion
6.1 Élimination des synapses dans le VPM au cours du développement
6.2 Élimination des synapses lemniscales silencieuses lors de la maturation
6.3 Changements développementaux dans les propriétés synaptiques des
connexions au VPM
6.4 Rôle de l'expérience sensorielle dans le raffinement des connexions
lemniscales aux VPM
Références
53
54
55
56
58
Liste des figures
Page
Figure 1.1 Représentation schématique des projections nerveuses des vibrisses
mystaciales
9
Figure 1.2 Schéma de la coupe longitudinale d'une vibrisse mystacilale
10
Figure 2.1 Schématisation du rôle de l'expérience visuelle dans la maturation
topographique
19
Figure 2.2 Représentation de la maturation visuelle normale chez le chaton
20
Figure 2.3 Représentation de la maturation visuelle lors d'une privation
monoculaire chez le chaton
21
Figure 4.1 : Préparation des tranches du thalamus ventral/basai chez la souris et
pharmacologie de la réponse lemniscale
33
Figure 4.2 : Quantification des entrées synaptiques par un protocole de stimulation
progressive
34
Figure 4.3 : Identification de fibres silencieuses lors d'une quantification
électrophysiologique du nombre d'entrée synaptique
35
Figure 4.4 : Rectification des courants AMPA entrants pour une même entrée
synaptique
36
Figure 5.1 : Élimination de synapses fonctionnelles au cours du développement
post-natal
45
Figure 5.2 Développement du ratio AMPA/NMDA
46
Figure 5.3 Changements dans l'amplitude des réponses AMPA et NMD A
47
Figure 5.4 Diminution développementale dans le temps de descente des réponses
NMDA
48
Figure 5.5 Diminution développementale de la sensibilité à l'ifenprodil
49
Figure 5.6 Rectification des courants AMPA durant le développement
50
Figure 5.7 La plasticité à court terme des CPSE est stable entre 7 et 24 JPN
51
Figure 5.8 Une privation d'expérience sensorielle n'a pas d'effet sur le
remodelage synaptique
52
Liste des abréviations
AFCS - Solution artificielle de fluide cérébral et spinal
AMPA - Alpha-amino-3-hydroxy-5-methyl-ioxyzole-4-propionic acid
AMPAR - Récepteur AMPA
APV - D-(-)amino-5-phosphonopentanoic acid
CAMKII - protéine kinase II dépendante du Calcium et de la calmoduline
CFS - complexe folliculaire-sinus
CPSE - Courant post-synaptique excitateur
CT - Cortico-thalamique
GABA - Acide gamma-aminobutyrique
le - Capsule interne
JPN - Jour post-natal
LV - Ventricule latéral
ML - Partie médial de la fibre lemniscale
NBQX - 2,3-dioxo-6-nitro-l,2,3,4-tetrahydrobenzo[f]quinoxaline-7-sulfonamide
NMDA - N-methyl-D-asparate
NMDAR - Récepteur NMDA
PARA - paraformaldhéhyde
PB - Solution de tampon phosphate (phosphate buffer)
PN - Post-natal
PO - Groupe postérieur ou complexe nucléaire du thalamus
PRV - Noyau principal du complexe nucléaire trigéminal
REC - Électrode d'enregistrement (record électrode)
RPSE - Réponse post-synaptique excitateur
RT - Noyau réticulaire thalamique
SDH - Acide succinique déshydrogénase
SMI - Cortex somato-sensoriel primaire
SMII - Cortex somato-sensoriel secondaire
SPN - Semaine post-natale
SPV - Noyau spinal du complexe nucléaire trigéminal
SPVi - Sous-noyau interpolaire du noyau spinal du complexe nucléaire trigéminal
SPVo - Sous-noyau oral du noyau spinal du complexe nucléaire trigéminal
SPVc - Sous-noyau caudal du noyau spinal du complexe nucléaire trigéminal
STIM - Électrode de stimulation
VL - Noyau ventro-latéral du thalamus
VPL - Noyau ventral-latéral du thalamus
VPM - Noyau ventral-postérieur-médian du thalamus
ZI - Zone incertaine
Chapitre 1
Rappel du système des vibrisses
Puisque la présente étude porte sur le système des vibrisses, cette première section
d'introduction présente l'organisation anatomique et fonctionnelle de ce système chez les
rongeurs, plus particulièrement chez la souris. Les fonctions, l'organisation structurale, les
afférences et les efférences des différents relais de ce système y sont décrites.
1.1 Définition du terme des vibrisses
Le terme de vibrisse fait référence aux longs poils tactiles fortement innervés
présents sur le museau de certains mammifères, comme la souris, le rat ou le singe '' 2 .
1.2 Les fonctions des vibrisses
Les vibrisses ont comme principale fonction l'intégration d'informations spatiales et
temporelles 3' 4. Par des mouvements de faibles amplitudes (whisking) faites par les
vibrisses, le rongeur peut explorer ou discriminer les éléments de son environnement,
comme la texture et la forme des objets 5' 6. La discrimination tactile chez les rongeurs
permet de distinguer entre les surfaces lisses et rugueuses comportant des sillons d'environ
30 microns de profondeur et disposé à des intervalles de 90 microns . Elles semblent
également jouer un rôle sur la locomotion, l'orientation et l'équilibre de l'animal puisqu'un
déficit dans ces fonctions est observable suite à l'ablation de l'ensemble des vibrisses 6.
1.3 Structure et arrangement de la vibrisse
1.3.1 La structure des vibrisses
La base dermique de la vibrisse s'identifie présentement par « complexe
folliculaire-sinus » (CFS) et elle est distinguée des autres composantes vasculaires du
derme 7' 8. Dans le CFS, le poil vibrissal est recouvert de deux enveloppes épithéliales
(interne et externe) et se termine au niveau du bulbe folliculaire. Le « rete ridge collar »
enroule les enveloppes du poil de sa sortiedu bulbe folliculaire jusqu'à sa sortiedu derme.
Le follicule est enveloppé d'une capsule formée par un sinus vasculaire '• 2- 8. Le sinus
vasculaire est délimité par un feuillet mésenchymateux qui se superpose à sa sortie du
follicule et par une épaisse capsule collagénique qui le sépare du tissu conjonctif lâche
environnant. La capsule et le feuillet se fusionnent à la partie supérieure du follicule pour
isoler le sinus et ainsi former le corps conique. L'ensemble capsulaire est innervé à
différentes hauteurs (nerfs superficiels et profonds) et sa vascularisation se fait via une
arteriole qui pénètre la capsule de collagene et le sang est drainé par un plexus de veinules
près du corps conique, (figure 1.2)
1.3.2 Arrangement spatio-corporel des vibrisses
Les vibrisses sont disposées de manières ordonnées et stéréotypées sur le tégument
facial selon leur orientation et leur longueur. On cartographie généralement les vibrisses par
rangée (A,B,C,D,E) de dorsale à ventrale et par arcs (1,2,3,4,5,6,7) de caudal à rostral
(figure 1.1). Chez les rongeurs, il y a 4 vibrisses caudales supplémentaires qui sont placées
latéralement par rapport aux rangées et qui forment un arc vertical postérieur. La souris
possède environ 35 longues vibrisses de chaque côté du museau et la disposition de
chacune de celle-ci est déterminé génétiquement9.
1.3.3 Récepteurs vibrissaux
Trois différents récepteurs sensoriels sont présents au niveau de la vibrisse. Us
permettent la détection de plusieurs types d'information nécessaire aux fonctions
d'exploration ou de discrimination. Parmi ceux-ci, on note les récepteurs de Merkel, qui
répondent à la compression et qui s'adaptent lentement au stimulus, et les récepteurs
lanciformes et réticulés, qui répondent à l'étirement et qui s'adaptent rapidement aux
stimulus l0.
1.3.4 Innervations sensorielles de la base épithéliale de la vibrisse
Le CFS reçoit une innervation sensorielle dense qui provient de la branche infraorbitale de la division maxillaire du nerf trigéminal
8l
"'
12
. Chaque axone sensoriel
13 14
périphérique innerve qu'une seule vibrisse ' et chaque fibre n'innerve qu'un seul type de
récepteur sensoriel
I4
. Chaque follicule reçoit entre 70 à 170 axones myélinisés
9> 15
.
L'ensemble capsulaire reçoit une triple innervation via un nerf vibrissal profond et
plusieurs nerfs vibrissaux superficiels. Les terminaisons lanciformes et réticulées sont
localisées au niveau du feuillet mésenchymateux. Elles sont parallèles au poil et forment
une palissade autour du follicule. En ce qui concerne les terminaisons de Merkel, elles se
localisent au niveau du « reteridge collar » et de l'enveloppe épithéliale externe. Leurs
axones forment des branches en « T » qui s'orientent perpendiculairement aux terminaisons
lanciformes autour du follicule 7 ' 8 . (Figure 1.2)
1.3.5 Innervations motrices de la base épithéliale de la vibrisse
Un muscle papillaire vient s'insérer à la base de chaque CFS. Ces muscles sont
innervés par les branches du nerf facial et leurs contractions provoquent des mouvements
rythmiques de protraction et de rétraction des vibrisses I6. Ces cycles portent le nom de «
whisking » et ont une fréquence constante d'environ 8 Hz lors du comportement
d'exploration 5 ' 17 .
1.3.6 Les ganglions sensoriels des vibrisses
Les corps cellulaires des afférences sensorielles primaires sont contenus dans le
ganglion du nerf trijumeau (ganglion de Gasser ou semi-lunaire) situé à la base du crâne.
Ces cellules possèdent un champ récepteur correspondant à une vibrisse unique et montrent
une sensibilité à la direction de la déflexion. Elles peuvent s'adapter lentement ou
rapidement à la stimulation 14' 18' 19. Les fibres qui s'adaptent rapidement répondent à une
grande variété de vitesses de déflexion tandis que celles qui s'adaptent plus lentement
répondent à la vitesse de la déflexion ainsi qu'à son amplitude.
1.4 Notion de champs récepteurs
Le champ récepteur correspond à la zone sensorielle qui modifie l'activité
(excitation ou inhibition) d'un neurone lorsque cette dernière est stimulée. Dans le système
des vibrisses, le champ de réception du premier neurone sensoriel (ganglion trigéminal) est
exclusivement excitateur et est dominé par une vibrisse principale
20
. À des relais
supérieurs (thalamus et cortex), les champs récepteurs deviennent plus complexes
(inhibiteur ou excitateur, monovibrissal ou polyvibrissal). Parmi les facteurs pouvant
moduler le champ récepteur, on note l'état de l'animal (sommeil ou éveillé) et le degré
,
21 22
d anesthesie ' .
1.5 Organisation du système nerveux des vibrisses
1.5.1 Les relais et les voies ascendantes du système des vibrisses
Le système nerveux des vibrisses se compose de trois relais, soit le complexe
nucléaire trigéminal du tronc cérébral, le thalamus et le cortex. Chacun de ces relais fait
intervenir plusieurs sous-noyaux : ceux jouant un rôle au niveau du complexe trigéminal
sont le noyau principal (PRV) et le noyau spinal (SPV), le VPM et le groupe postérieur
(PO) pour le thalamus et les zones somato-sensorielles primaire (SMI) et secondaire (SMII)
du cortex. L'information sensorielle des vibrisses est acheminée de la périphérie au cortex
via deux voies ascendantes, soit la voie lemniscale et la voie paralemniscale 23 (voir figure
1.1). La voie lemniscale achemine l'information via les noyaux PRV (trigéminal), le VPM
(thalamique) et SMI (cortex) alors que la voie paralemniscale passe par les noyaux SPV
(trigéminal), PO (thalamique) et SMI/SMII (cortex). Ces deux voies ne sont pas
complètement isolées l'une de l'autre car, au niveau du tronc cérébral, le noyau PRV reçoit
des innervations du SPV
24
. Ces projections, que l'on nomme internucléaires, semblent
responsables de la sensibilité des neurones du PRV aux vibrisses adjacentes à la vibrisse
principale. Une lésion de ces connections internucléaires inhibe la sensibilité multiples des
neurones du PRV 2
trois relais.
26
. Le reste de cette section décrit plus spécifiquement chacun de ces
1.5.2 Le complexe nucléaire trigéminal du tronc cérébral
Le premier relais de ce système est le complexe trigéminal, localisé au niveau du
tronc cérébral. Selon la cytoarchitecture et le patron d'activité de l'acide succinique
déshydrogénase (SDH) des neurones qui le composent, on peut différencier deux groupes
cellulaires, soit le PRV et le SPV. Le SPV peut se subdiviser de nouveau en trois sousnoyaux : l'oral (SPVo), l'interpolaire (SPVi) et le caudal (SPVc) 27. Chacun de ces noyaux
possèdent une topographie de l'arrangement périphérique des vibrisses : ils sont composés
de plusieurs colonnes neuronales nommées barelettes et chacune de celles-ci répond
préférentiellement à une vibrisse
28 29
'
. Les neurones du PRV ont une arborescence
dendritique confinée à une seule barelette et ils ont un champ récepteur dominé par une
vibrisse 20' 29. Ils projettent principalement au noyau VPM du thalamus et reçoivent des
afférences du noyau spinal trigéminal
23
. Pour leur part, les neurones du SPV ont une
arborescence qui s'étend à plus d'une barelette et ils répondent à la déflexion de plusieurs
vibrisses
30 31
' . Ces neurones innervent plusieurs autres groupes cellulaires tels le PRV du
complexe trigéminal, le PO du thalamus, la zone incertaine, les noyaux pontins, le collicule
supérieur, le noyau prétectal antérieur et l'aire périrubrale 31> 32.
1.5.3 Le thalamus
D'un point vu général, on considère le thalamus comme la structure qui distribue
l'information
somato-sensorielle ascendante au cortex. Les différents noyaux qui
composent cette structure occupent trois différentes fonctions : les noyaux spécifiques
relaient les informations somato-sensorielles des zones corporelles précises vers les aires
sensorielles et motrices primaires, les noyaux associatifs transmettent des informations
sensorielles diffuses vers plusieurs aires corticales, et il y a les noyaux qui ne possèdent pas
de composante sensorielle. Parmi ces noyaux thalamiques, ceux impliqués dans le système
des vibrisses sont le noyau VPM et le complexe nucléaire postérieur (Po). Le VPM se
compose de neurone de relais ayant des dendrites radiales épaisses et regroupées. Ces
regroupements formes, tout comme dans le complexe trigéminal, des unités somatotopiques
3 34
représentant chacune des vibrisses, les barillets thalamiques
au noyau réticulaire et aux barils corticaux du SMI
' . Ces neurones projettent
35> 36
. Le VPM reçoit trois types
d'afférences : des afférences excitatrices proximales en provenance du PRV et dont les
axones voyagent à travers la section médiale de la voie lemniscale
excitatrices distales cortico-thalamiques (CT)
39 40
'
32 37 38
' ' , des afférences
et des afférences inhibitrices en
provenance du noyau reticulaire thalamique (RT) et qui se distribuent sur l'arborescence
dendritique des neurones du VPM 34 ' 4I . Les axones qui innervent ce noyau sont restreints à
un barillet thalamique et correspondent au champ récepteur de la vibrisse principale 20 ' 42 ' 43 .
En ce qui concerne le complexe nucléaire postérieur, ce noyau fait partie de la seconde
catégorie des neurones thalamiques, dits associatifs. Ils font des connections réciproques et
excitatrices avec plusieurs aires corticales comme le SMI, le SMII, le cortex moteur, l'aire
insulaire et le cortex périrhinal 35. Le PO reçoit deux types d'entrées cortico-thalamiques,
l'une en provenance de la couche six et l'autre provient de la couche cinq et elle est
exclusive à la zone granulaire et disgranulaire des barils corticaux
. Les autres
innervations du PO consistent en des axones collatéraux qui projettent également à la zone
incertaine, certains noyaux du tronc cérébral et au « tectum ». Ces collatérales ne font pas
de contact avec le noyau reticulaire ou le VPM et leurs synapses avec le groupe postérieur
sont proximales et larges 39. Ce noyau reçoit deux types d'afférences inhibitrices : l'une en
provenance du noyau reticulaire et l'autre, de la division ventrale de la zone incertaine. Ces
synapses font contact avec les dendrites proximales ou directement sur le corps cellulaire 4 .
Le PO n'a pas une organisation somatotopique des vibrisses comme le VPM. On retrouve
un arrangement spatial analogue à la disposition des vibrisses sur le tégument seulement
dans la portion latérale/médiane du Po 45.
1.5.4 Le cortex somato-sensoriel
Sur un plan histologique, le cortex se divise en six couches laminaires, parallèles à
la surface piale. La différenciation se base sur les variations de la dimension, de la densité
et de la morphologie des corps cellulaires. Les SMI et SMII du cortex sont ainsi organisés
(six couches laminaires) et ils sont situés dans la région pariétale. Ils contiennent une
représentation topographique complète du corps où la représentation des surfaces
corporelles du SMII est l'image de celle retrouvée en SMI 46. Les régions représentant les
vibrisses mystaciales possèdent une organisation fonctionnelle sous forme de « barils »
dans la couche IV 47' 48. En se basant sur des critères morphologiques, biochimiques et
physiologiques chez le rat, chacun des barils serait la représentation corticale d'une vibrisse
controlatérale
4
49 5
' . Chez la souris, ces barils corticaux se composent d'un anneau de
haute densité cellulaire qui encercle une région de plus faible densité 51. Il a été démontré
par des enregistrements électrophysiologiques que les neurones d'un baril cortical
répondent à plusieurs vibrisses, mais que même à ce niveau, la prédominance d'une
vibrisse demeure 52. D'autres données électrophysiologiques suggèrent que le SMII pourrait
compléter les fonctions du SMI en l'aidant à établir le contexte sensoriel global à travers
lequel les discriminations tactiles spécifiques sont réalisées 53. Le SMI est innervé dans la
plupart des espèces par trois territoires thalamiques : VPM, PO et les noyaux
intralaminaires. Les terminaisons thalamo-corticales projettent dans les couches IV et VI
ainsi que dans les couches I et Va pour le SMI. Par des études de marquage antérograde, on
a pu déterminer que les cellules des barillets du VPM donnent naissance à trois types de
fibres : le type I projette dans la colonne corticale correspondant à un seul baril, le type II
projette dans un baril et à travers la couche VI de quelques colonnes verticales et le type III
innerve le SMII et la zone disgranulaire du SMI. Les types I et II proviennent du corps des
barillets du VPM alors que le type III provient de la queue des barillets 49 ' 54 ' 56 . En ce qui
concerne les projections du PO, elles évitent la couche IV et forment un champ terminal
complémentaire à celui des afférences du VPM 55 ' 57 . Des injections massives d'un traceur
antérograde ont démontré que leurs terminaisons se situent dans les couches I et Va 56. La
reconstruction unitaire de quelques axones a révélé deux types de fibres projetant au SMI :
la première se termine dans la couche Vb à travers toute la région granulaire et dans la
couche IV entre les barils, le second type se distribue principalement dans les couches Va et
I 35. Quelques études ont aussi suggéré que certains neurones du PO projettent à la fois au
SMI et au SMII 53 ' 58 . Le PO traitant les aspects plus généraux de la stimulation vibrissale,
ses afférences contribueraient au rôle contextuel du SMII dans le traitement des
informations tactiles 53. Finalement, le cortex renvoie certaines informations au thalamus.
Ces projections CT sont considérées comme des voies de « feedback » qui modulent les
réponses des cellules de relais thalamiques aux stimuli périphériques. Ces projections
proviennent des couches V et VI. Plus spécifiquement, la majorité des axones de la couche
V qui innervent le thalamus sont des collatérales de fibres cortico-fugales qui projettent au
tronc cérébral
59
. Dans le thalamus, ces axones se terminent exclusivement dans le PO
dorsal. Ils ne donnent pas de collatérale dans le VPM ou dans le RT 60. Le noyau prétectal
antérieur, les collicules supérieurs et les noyaux pontins sont les structures les plus souvent
co-innervées. La co-innervation des noyaux du tronc cérébral par les axones de la couche V
suggère que cette voie envoie une copie au thalamus des informations corticales destinées
aux structures du tronc. En ce qui concerne les projections CT de la couche VI, elles sont
de deux types. Le premier type provient de la zone disgranulaire (Via), projette
exclusivement au VPM et forme des arborisations terminales correspondant au barillet
homotopique de leur colonne corticale d'appartenance. Le second type de fibre provient de
la zone disgranulaire du bas de la couche VI, et elle se termine dans le PO et le VPM. Son
arborisation axonale dans le VPM traverse une série de barillets adjacents. Tous les
neurones CT envoient des collatérales au RT.
trigeminal
ganglion
Infraorbttai
I
SpV(l)
midllne
Figure 1.1 Représentation schématique des afferences sensorielles vibrissales aux noyaux
trigéminaux du tronc cérébral, aux noyaux VPM et PO du thalamus, et du SMI du cortex.
Figure empruntée au Dr Martin Deschênes et qui a été modifiée à partir de Durham et
Woolsey(1984) 61 .
—
Vibrisse
Rete ridge collar
Terminaisons de Merkel
Nerf vibrissal superficiel
Glande sébacée
Corps conique
Terminaisons de Merkel
Sinus vasculaires
Terminaisons lanciformes
Capsule
Terminaisons réticulées
Membrane basale
Feuillet mésenchimateux
Nerf vibrissal profond
Membrane épithéliale externe
Membrane épithéliale externe
Bulbe folliculaire
Figure 1.2 Schéma de la coupe longitudinale d'une vibrisse mystaciale.
Schéma illustrant l'organisation morphologique et la relation avec l'innervation des divers
éléments structuraux du complexe follicule-sinus vasculaire d'une vibrisse faciale.
Figure modifiée de Ebara 2002 7.
10
Chapitre 2
Rappel sur la maturation des connexions au cours du
développement du système nerveux
Cette section fait un rappel sur la maturation des connexions au cours du
développement. Elle se divise en quatre parties, soit (1) les deux phases de la maturation
développementale (ségrégative et post-ségrégative) des systèmes somato-sensoriels
nécessaires à l'obtention d'un réseau adulte, (2) la présence de fibres glutamatergiques
silencieuses au cours de ces deux phases, (3) les changements synaptiques observés au
cours de la maturation et, (4) le rôle de l'expérience et de l'activité spontanée dans chacune
des phases.
2.1 Les deux phases développementales de la maturation synaptique des systèmes somatosensoriels
Selon le concept actuel, la maturation complète des circuits somato-sensoriels implique
deux périodes développementales distinctes. La première consiste en un remodelage
principalement anatomique qui conduit à la formation topographique des unités sensorielles
(une vibrisse, un œil). La seconde, qui est légèrement plus tardive, semble raffiner les
connexions de chacune des unités, permettant d'obtenir une plus grande précision de
l'acheminement de l'information et de réduire la capacité synaptique (nombre d'entrées
synaptiques) de chacun des neurones.
La maturation ségrégative des vibrisses se réalise très tôt chez les rongeurs. Une
topographie est observable à la naissance dans le noyau trigéminal27'62'63, à 2-3 JPN dans le
thalamus27'64> 65 et entre 2 et 5 JPN dans le cortex66"72. Comme ces données le suggèrent, il
semble que les unités somatotopiques se forment chronologiquement de la périphérie
jusqu'au cortex sensoriel.
La seconde maturation (post-ségrégative)
consiste à raffiner
(élimination et
consolidation) les connexions pour obtenir la précision observée chez l'adulte. Par
exemple, il a été démontré que les neurones du thalamus dans le système visuel chez la
souris reçoivent plusieurs entrées synaptiques après la période ségrégative, qui débute vers
le 3 eme JPN 73, et que ce nombre diminue entre 1 et 3 entrées synaptiques au cours des
quatre premières semaines post-natales (SPN) 74 . Ce raffinement des connexions permet de
réajuster la capacité synaptique pour chaque neurone, et ainsi obtenir un réseau mature de
grande précision.
Ce raffinement développemental, qui réajuste la capacité synaptique des neurones et qui
permet l'obtention d'une grande précision, est également observé dans d'autres circuits du
système nerveux. L'élimination de synapses fonctionnelles a été observée au niveau des
fibres grimpantes dans le cervelet chez la souris et sa prévention, par des antagonistes
NMDA, entraîne des dysfonctionnements de coordination 75. Il a été démontré au niveau du
cortex que la densité synaptique diminue au cours du développement, suggérant une
diminution du nombre de synapse 76~78. À la jonction neuromusculaire, il y a une forte
élimination de synapses au cours des 2 premières SPN et celle-ci est dépendante de
l'activité musculaire chez le rat
79> 80
. Finalement, les connexions synaptiques des fibres
cochleaires au noyau magnocellulaire du système auditif du poulet diminue de 4 à 2 entrées
synaptiques entre le ]3 ème et le 18ème jour embryonique 81. Ces observations nous suggèrent
que le raffinement synaptique est un phénomène assez général.
Plusieurs facteurs pouvant intervenir dans la maturation des connexions ont été
identifiés. Parmi ceux-ci, il y a la présence de calcium extracellulaire et de protéases
dépendantes du calcium. Nous savons que la vitesse d'élimination des entrées synaptiques à
la jonction neuro-musculaire (JNM) chez le rat est moindre si la concentration de calcium
extracellulaire est diminuée ou s'il y a présence d'inhibiteurs de protéases dépendantes du
calcium 82. De même, le blocage des récepteurs NMDA prévient l'élimination des fibres
grimpantes du cervelet chez la souris
75
. La synchronisation de l'activité pré- et post-
synaptiques pourrait également intervenir dans la maturation post-ségrégative. L'équipe du
Dr Feldman a démontré que la synchronisation des activités pré- et post-synaptiques des
12
neurones de la couche II/III du cortex sensoriel primaire dans le système des vibrisses chez
la souris pouvaient conduire à l'induction de potentialisation à long terme (PA présynaptique 10 à 20 ms avant celui post-synaptique) ou de dépression à long terme (PA présynaptique 1 à 100 ms après celui post-synaptique), réduisant ainsi la force synaptique des
connexions à éliminer et renforçant la force (ou la connexion) de celles à consolider
83
.
Finalement, la CAMKII (protéine kinase II dépendante du Calcium et de la calmoduline)
semble nécessaire pour l'induction dans les barils corticaux chez la souris de
potentialisation à long terme 84 et de plasticité dépendante de l'expérience sensorielle 85.
2.2 Présence de fibres glutamatergiques silencieuses au cours du développement
Les fibres glutamatergiques silencieuses sont des synapses qui ne possèdent que des
NMDAR (récepteur NMDA) post-synaptiques, donc elles ne sont pas fonctionnelles au
voltage membranaire de repos. Dans plusieurs systèmes, comme celui des fibres rétinogéniculées chez la souris, elles sont présentes seulement dans le système immature
74
.
Cependant, leur rôle dans la ségrégation et/ou la maturation post-ségrégative est encore mal
connu. On sait cependant que certaines de ces fibres, dans l'hippocampe du rat par
exemple, ont la capacité de s'activer rapidement quand le neurone post-synaptique est
dépolarisé et la fibre pré-synaptique stimulée. Le courant ainsi généré est médié par les
récepteurs
AMPA
puisqu'il
est
bloqué
par
tetrahydrobenzo[f]quinoxaline-7-sulfonamide (NBQX)
du
2,3-dioxo-6-nitro-1,2,3,4-
86 87
' . De plus, la CAMKII semble
jouer un rôle important dans l'activation de ces fibres silencieuses. L'expression
constitutive de cette protéine accélère le recrutement des récepteurs AMPA au niveau de la
fente synaptique chez le têtard
88
. Cette protéine est également impliquée dans le
recrutement de récepteur AMPA dépendant de l'activité dans les neurones du CA1 de
l'hippocampe chez le rat 86 ' 87 .
2.3 Changements dans les propriétés synaptiques au cours de la maturation
Au cours du développement des réseaux neuronaux, plusieurs propriétés synaptiques
peuvent changer. L'une de ces propriétés est la plasticité (à court et à long terme). Chez le
rat, une double stimulation à 50ms d'intervalle au niveau des couches II/III du cortex
préfrontal génère une dépression synaptique (diminution de la 2eme réponse post-synaptique
13
excitatrice (RPSE) chez le jeune alors que son effet produit une facilitation (augmentation
de la 2eme RPSE) chez l'adulte 89. Ces résultats suggèrent un changement dans la probabilité
de libération de glutamate (plasticité à court terme) à ces synapses au cours de leurs
développements.
De plus, plusieurs
systèmes présentent
un contrôle du gain
développemental. Comme exemple, nous pouvons citer les neurones de la couche IV du
cortex visuel, qui sont capables de dépression à long terme suite à des stimulations de basse
fréquence des fibres thalamo-corticales chez le jeune chat ou cochon, mais pas chez l'adulte
90
. De plus, il a été démontré que les neurones des barils corticaux chez le rat sont capables
de potentialisation à long terme uniquement avant 7 JPN 91 .
Il y a également plusieurs changements dans les courants synaptiques lors du
remodelage des connexions de plusieurs réseaux. Par exemple, les fibres rétino-thalamiques
(glutamatergiques) du système visuel chez la souris présentent une augmentation
significative du ratio des courants AMPA/NMDA au cours du développement, en plus
d'une augmentation individuelle des réponses AMPA et NMDA, suggérant un changement
dans la composition ou un recrutement de récepteurs aux synapses 74. De plus, la cinétique
des courants générés par certains récepteurs peut changer. On a observé une augmentation
développementale de la vitesse de retour de courants NMDA au niveau des fibres rétinothalamiques du système visuel chez la souris
74
et des connexions corticales du système
visuel chez le furet 92. Il a également été démontré chez le rat que les projections au niveau
du gyrus dentelé vers les cellules granulaires de l'hippocampe présentent une diminution
développementale du temps de montée des réponses NMDA, mais aucun changement n'est
observé dans le temps de descente de ces réponses ~. Ces changements développementaux
suggèrent un changement du contenu des récepteurs NMDA. En ce qui concerne les
récepteurs AMPA, il a été démontré que les neurones pyramidaux du néocortex chez le rat
présentent une rectification des courants AMPA seulement avant 16 JPN et que la
linéarisation de la réponse est associée à l'expression de la sous-unité GluR2 94.
14
2.4 Rôle de l'expérience sensorielle et de l'activité spontanée dans la maturation des
réseaux neuronaux
En ce qui concerne la maturation topographique des systèmes sensoriels, il existe deux
modèles, soit un modèle instructif et l'autre permissif (figure 2.1). Ces deux modèles
diffèrent par le rôle chronologique de chacun des éléments 9"\ Pour un modèle instructif, la
topographie apparaît en second, suggérant que le facteur considéré (expérience sensorielle,
activité spontanée) joue un rôle dans la ségrégation des axones. Dans le modèle permissif,
la topographie des systèmes sensoriels s'accomplit en premier, suggérant plutôt un rôle
dans le remodelage des connexions lors des périodes post-ségrégatives de grande plasticité
de l'élément considéré (expérience sensorielle, activité spontanée). Les récentes études
suggèrent un rôle permissif de l'expérience sensorielle dans le développement
topographique des systèmes sensoriels. Par exemple, nous savons que la ségrégation des
colonnes corticales du système visuel se fait peu après l'arrivée des axones et avant
l'acquisition d'expériences sensorielles chez le furet % , le chat 97' 98 et le singe " ' l0 °. De
plus, les fonctions physiologiques et anatomiques des colonnes de dominances oculaires
sont établies avant la naissance et avant la période post-ségrégative critique chez le singe
101
. Par contre, l'activité spontanée pourrait jouer un rôle instructif important dans
l'organisation topographique de ces systèmes. Dans le système visuel, quatre points
supportent l'idée du rôle instructif de l'activité spontanée dans la ségrégation des axones
rétino-géniculés : (1) les vagues d'activité spontanée coïncident avec la ségrégation des
axones chez le furet
102
, (2) le blocage des vagues d'activité spontanée par des antagonistes
des récepteurs nicotiniques et des récepteurs à l'acétylcholine prévient la ségrégation des
axones chez le furet103, (3) les souris déficientes en récepteurs nicotiniques et en récepteurs
à l'acétylcholine fonctionnels ne démontrent qu'une faible ségrégation rétinogéniculée
104
et (4) l'induction d'un débalancement dans l'activité spontanée chez le furet diminue le
champ terminal des axones à activité réduite
105
. Cependant, la désynchronisation de l'AS
via une immunotoxine agissante sur les cellules amacrines cholinergiques n'affecte pas la
ségrégation des axones chez le furet
106
., suggérant que le phénomène est indépendant de la
synchronisation de l'activité spontanée.
15
La maturation post-ségrégative est légèrement plus tardive, soit après l'organisation
topographique des unités sensorielles et après le début de l'expérience sensorielle. Elle
consiste en une période de raffinement synaptique (grande plasticité) où chaque neurone
atteint sa capacité synaptique (nombre d'entrées) adulte. Les erreurs synaptiques sont
éliminées et les synapses correctement connectées sont consolidées. L'expérience
sensorielle semble jouer un rôle important au cours de cette période. Comme exemple, nous
pouvons citer l'importance de l'expérience sensorielle dans la maturation des circuits
corticaux locaux du système visuel. L'enregistrement des neurones des couches supérieures
du cortex visuel chez le chaton démontre une réponse binoculaire dans une situation de non
privation (figure 2.2)
107
et une réponse majoritairement monoculaire lorsque la vision d'un
œil est empêchée durant la période critique (figure 2.3)
. De plus, la privation
monoculaire réduit la proportion des colonnes sans activité sensorielle (environ 150-200
fim), comparativement à celles non privées (300-500 \im) chez le macaque
109in
. Ceci
suggère qu'une modification de l'expérience visuelle normale (privation monoculaire)
conduit à une maturation inadéquate et à une intégration anormale de l'information
visuelle. On ne sait malheureusement pas si de telles modifications s'observent dans les
noyaux sous-corticaux.
Ces deux phases de maturation se réalisent dans une période développementale
précise, nommée période critique. Dans le système des vibrisses chez les rongeurs, des
lésions par électrocautérisation ou par coupure du nerf infraorbital (blocage ou diminution
de l'expérience
sensorielle et de l'activité
spontanée) affectent
les
formations
topographiques seulement avant P5 48' 61' 65' 112~114. De plus, une privation durant la période
ségrégative conduit à une désorganisation des unités corticales sensorielles au niveau du
système vibrissal chez le rongeur 71> 113'115, et le même phénomène cortical est observable
dans le système visuel lors de la privation binoculaire chez le chaton 116. La période critique
post-ségrégative est plus tardive à la maturation somatotopique. Par exemple, dans le
système visuel chez la souris, il y a élimination des entrées synaptiques au thalamus jusqu'à
28 JPN 74, suggérant que la maturation de ce relais se réalise avant la 5eme semaine. De plus,
la privation monoculaire semble avoir un effet maximal à P26 " 7 , et elle n'a plus d'effet
16
après 40 JPN " 8 . Ces résultats suggèrent que la période de forte plasticité
développementale se réalise avant 40 JPN et juste après la maturation thalamique.
En somme, il semble que l'expérience sensorielle joue un rôle limité dans la
ségrégation topographique précoce des systèmes sensoriels, mais qu'elle joue un rôle
important dans la maturation post-ségrégative des circuits corticaux locaux et ainsi, dans
l'intégration de l'information sensorielle. On connaît peu de choses sur son implication
dans la maturation post-ségrégative des différentes couches corticales. En ce qui concerne
l'activité spontanée, elle semble jouer un rôle important dans la ségrégation topographique,
mais on connaît très peu de son rôle dans la maturation post-ségrégative.
17
Neonatal
Young Adult
Normal Visual
expérience
Left
B
Right Left
Right
Left
Neonatal
Right Left
Right
Young Adult
vvvv
Normal Visual
expérience
Left
Right Left
Right
Left
Right Left
Right
Figure 2.1 : Schématisation du rôle de l'expérience visuelle dans la maturation
topographique. (A) Dans le modèle instructif, la formation topographique survient après
l'expérience visuelle, suggérant qu'elle est nécessaire pour la ségrégation des axones. (B)
Le modèle permissif propose une formation topographique avant l'activité sensorielle.
Dans ce dernier, l'expérience visuelle jouerait un rôle dans la forte plasticité postségrégative. Figure empruntée à Zhang 95
18
Control
Ocular Dominance Histograms
LGN
Eyes
1 2
Monocular
3
4
5
Blnocular
6
7
Monocular
Ocular Dominance
Figure 2.2 : Représentation de la maturation visuelle normale chez la chaton. (A) À l'état
immature, il n'y a pas de ségrégation des colonnes. (B) Lors d'une expérience visuelle
normale, les neurones des couches corticales supérieures sont en connexion avec les
colonnes de dominance oculaire des deux yeux. (C) Ces neurones démontrent une réponse
majoritairement binoculaire. Figure empruntée à Wiesel et Hubel
107
19
Monocular Deprlvation
Ocular Dominance Histograms
Rearing
B
Test
LQN
Eyes
Monocular
Blnocular
Monocular
Ocular Dominance
Figure 2.3 : Représentation de la maturation visuelle lors d'une privation monoculaire chez
le chaton. (A) L'expérience visuelle de l'oeil droit est bloquée durant la période de
maturation. (B) Les neurones corticaux des couches supérieures se connectent
majoritairement avec les colonnes de dominance de l'œil non privé. (C) Les cellules
répondent majoritairement à l'oeil stimulé (monoculaire). Figure empruntée à Wiesel et
Hubel
108
20
Chapitre 3
Problématique et hypothèses de recherche
Le développement d'un circuit nerveux comprend plusieurs phases. Il y a tout
d'abord la poussée et la croissance des axones, la phase de synaptogenèse et finalement, une
période de maturation synaptique. Cette dernière étape permet l'obtention d'un circuit
neuronal précis et mature. Deux phases caractérisent cette période développementale dans
les systèmes somato-sensoriels, soit une période ségrégative qui conduit à la formation
topographique des unités sensorielles dans les différents
relais qui acheminent
l'information jusqu'aux couches corticales supérieures, et la maturation post-ségrégative
qui permet le raffinement des connexions et qui réajuste la capacité synaptique (nombre
d'entrées) de chaque neurone.
En ce qui concerne la maturation post-ségrégative des noyaux sous-corticaux, nous
savons qu'il y a élimination d'entrées synaptiques rétino-géniculées dans le thalamus chez
la souris au cours des quatre premières semaines post-natales (SPN) 74. Cependant, nous ne
savons pas si ce phénomène est spécifique à cette région thalamique, ou s'il est général.
Notre hypothèse de recherche est qu'il y a élimination d'entrées synaptiques au cours de la
maturation post-ségrégative (semblable à celle observée dans le système visuel) dans le
noyau VPM du thalamus, une structure impliquée dans le relais de l'information des
vibrisses. Les résultats de notre recherche vont permettre de vérifier si l'élimination de
synapses sensorielles dans le thalamus au cours du développement est un phénomène
général. De plus, nous pourrons vérifier l'impact d'une privation d'expérience sensorielle
sur la maturation post-ségrégative de ce noyau.
Nous avons sélectionné ce système parce qu'il possède une organisation
topographique
l19
et qu'il est facile de manipulation sensorielle (privation d'expériences
sensorielles par simple retrait des vibrisses). Ce système est également l'un des ceux qui
sont le mieux connus au point de vue anatomique et physiologique. Finalement, chaque
neurone adulte reçoit entre 1 et 3 innervations trigéminales (facilement quantifiable)37.
Chapitre 4
Matériels et méthodes
4.1 Préparation des tranches de cerveau de souris
Les tranches de cerveau sont préparées à partir de souris de souche C57BL/6 des
deux sexes âgées de 7 à 24 JPN. L'animal est d'abord anesthésié avec une injection dans le
péritoine de kétamine/xylazine, et ensuite décapité à l'aide d'une guillotine. Pour pouvoir
extraire le cerveau de l'animal, la boite crânienne est d'abord coupée sagittalement en
suivant la scissure interhémisphère pour être ensuite retirée avec une pince chirurgicale
(<60 secondes). Immédiatement après son extraction, le cerveau est placé dans une solution
froide (~0 degré Celsius) contenant (en mM) : 210 sucrose, 3 KC1, 1 CaCl2, 3 MgSO4, 1
NaH2PO4, 26 NaHCO3, 10 glucose, saturée avec 95% O2 et 5% CO2 au moins 15 minutes
avant la décapitation. Les deux hémisphères sont séparés par une coupure franche faite au
niveau de la scissure interhémisphère avec une lame chirurgicale. Les régions préfrontales
et supérieures du cerveau sont également enlevées par une coupure franche afin d'éliminer
les régions corticales qui pourraient causer des interférences via les fibres CT. Ensuite, les
deux hémisphères sont fixés sur un plateau et coupés en tranche sagittale de 300 (xm avec
un vibratôme (VT 1000s, Leica, Germany). Dès leur coupe, les tranches sont transférées
dans une chambre de conservation contenant une solution artificielle de fluide cérébral et
spinal (AFCS) à température pièce (21 à 23 degré Celsius) contenant (en mM) : 124 NaCl,
3.0 KC1, 1.5 CaCl2, 1.3 MgCl2, 1.0 NaH2PO4, 26 NaHCO3, 20 glucose, saturée avec 95%
O2 et 5% CO2 au moins 15 minutes avant la décapitation. On laisse récupérer les tranches
durant une heure avant le début des enregistrements.
4.2 Enregistrement cellulaire de type « patch-clamp » en configuration cellule entière et en
voltage imposé
Lors de l'enregistrement, la tranche est transférée dans une chambre de submersion
où elle est immergée continuellement (débit d'écoulement de 2.0 ± 0.2 ml/minute) avec une
solution de AFCS préchauffée à 30-32 ° Celsius et saturée avec 95% O2 et 5% CO2. La
tranche est initialement observée à l'aide de l'objectif 4X afin de repérer la voie lemniscale
et le noyau ventral basai du thalamus (figure 4.1 A). Seulement les tranches présentant un
contact entre les fibres lemniscales et la partie ventrale-basale du thalamus ont été
enregistrées (voir figure 4.1 A), puisque les synapses lemniscales sont contenues dans ces
tranches (environ 2 tranches par hémisphère cérébral). La tranche sélectionnée est ensuite
fixée au fond de la chambre à l'aide d'un support de platine en forme de « U ». La
stimulation des fibres s'effectue par une électrode bipolaire concentrique (pointe de 25 ou
50 [xm de diamètre, FHC, Bowdoinham, ME) placée au niveau des fibres lemniscales. Les
neurones du VPM sont observés en illumination infrarouge avec un objectif de 40X
immergé dans l'eau (Fluor, 40x/0.80W, Nikon, Mississauga, ON) et une caméra CCD (IR1000, MTI, Michigan City, IN). Les neurones enregistrés sont ceux avec les plus gros corps
cellulaires, soit entre 10 et 20 [im (figure 4.1B).
Les enregistrements sont réalisés à 30-32 ° Celsius. Les pipettes d'enregistrements
sont préparées à partir de capillaire de verre de borosilicate (1.5/0.84 mm, WPI, Sarasota,
FL) tirées à partir d'un tireur horizontal (P-97, Sutter Instruments, Novato, CA). La
solution intracellulaire contient (en mM) : 100 CsCH3SO3, 10 CsCl, 4 ATP-Mg, 0.5 EGTA,
20 HEPES (pH 7.4 avec CsOH, 270 mOsm). La résistance d'électrode dans le bain est
comprise entre 2 et 4 MQ. Le potentiel de jonction est estimé à +5mV avec le logiciel
pCLAMP (Axon Instruments, Union City, CA) et, à l'exception des expériences concernant
la relation « courant post-synaptique excitateur (CPSE) - voltage membranaire », il n'a pas
été corrigé. La résistance de sceau (seal résistance) est habituellement plus grande que 5
GQ. L'enregistrement cellulaire se réalise au niveau du soma avec un amplificateur de type
« Multiclamp 700A amplifier » (Axon Instruments, Union City, CA). La résistance de série
(Rs) est généralement comprise entre 7 et 15 MQ et n'est pas compensée. La stimulation
est d'une durée de 100|is, d'une intensité variant entre 1 et 400 uA et générée par une unité
de stimulation (PG4000A et SIU90, Cygnus Technology, Delaware Water Gap, PA). Les
expériences sont avec par le logiciel Axograph 4.9 (Axon Instruments, Union City, CA )
qui fonctionne sur un système d'exploitation Macintosh. Les stimulations sont appliquées à
une fréquence de 0.1 Hz, soit une stimulation par 10 secondes. Les données sont
digitalisées à 8 ou 16 KHz et filtrées (2 ou 4 KHz). Dans plusieurs expériences, les
neurones sont marqués à la biocytine (0.25% ou 2.5 mg/ml dans la solution contenue dans
23
la pipette d'enregistrement) et, après l'enregistrement cellulaire, la tranche est fixée dans
une solution contenant 4% de paraformaldhéhyde (PARA; masse/volume, soit 40 g de
PARA par litre) et 0.1M de tampon phosphate (PB; phospate buffer; 1.9g de NaH2PO4 et
9.45g Na2HPÛ4 par litre) en attendant d'être révélée.
4.3 Voltage membranaire enregistré
Les enregistrements intracellulaires sont effectués à deux voltages membranaires
imposés, soit -70mV et +40mV. Le premier (-70mV) correspond au voltage membranaire
de repos et reflète la réponse synaptique normalement perçue par le neurone, alors que le
second voltage (+40mV) permet de démasquer la réponse des NMDAR
120
. Ces récepteurs
sont, au voltage membranaire de repos, bloqués par les ions magnésium. Afin de pouvoir
dépolariser la cellule et enregistrer les courants entrants des NMDAR (voltage
membranaire supérieur au potentiel d'inversion du récepteur, soit OmV), des ions de
césium sont rajoutés à la solution intracellulaire. Ces ions bloquent les canaux potassiques
responsable de l'hyperpolarisation de la cellule, ce qui permet d'enregistrer à des potentiel
membranaires positifs
121 l22
' .
4.4 Pharmacologie des réponses lemniscales
Tel que présenté à la figure 4.1C, nous avons caractérisé par pharmacologie la
réponse lemniscale pour les deux voltages membranaires imposés. Dans la situation
contrôle, on peut observer une forte différence cinétique entre les réponses enregistrées,
suggérant ainsi l'activation de récepteurs distincts. La réponse post-synaptique à +40mV
est de cinétique plus lente alors que celle à -70mV est beaucoup plus rapide, tant au niveau
du temps de montée que du retour de la réponse.
À -70mV, l'ajout de D-(-)amino-5-phosphonopentanoic acid (APV; 50 à 100 \iM)
n'affecte pas le pic de la réponse synaptique et la montée de la réponse, mais le retour de la
réponse est plus rapide. En présence de NBQX (10 \iM), la réponse synaptique est
complètement bloquée, démontrant qu'à -70mV, la réponse est très majoritairement
AMPA. La mesure du pic de l'amplitude à ce voltage membranaire est donc une évaluation
acceptable de la réponse des composantes AMPA.
24
Lorsque le voltage membranaire est à +40mV, l'addition d'APV (50 à ÎOO^M)
bloque la composante lente de la réponse. Le petit courant restant est
de cinétique
semblable à celui enregistré à -70mv et il est bloqué par l'ajout de NBQX (10 |j,M). Ceci
démontre que la composante lente de cette réponse est médiée par les composantes NMDA
alors que la réponse rapide provient des récepteurs AMPA (AMPAR). La réponse NMDA
peut être isolée de celle AMPA sur une base de cinétique. Puisque la réponse AMPA est
presque terminée après 2.5 ms alors que le pic de la réponse NMDA se situe au environ de
5mS, la mesure du pic de la réponse après 2.5ms est une estimation convenable de la
réponse NMDA.
Finalement, nous savons que la réponse post-synaptique des connexions lemniscales
se compose uniquement de récepteurs AMPAR et NMDA puisqu'elle est complètement
bloquée à +40mV et -70mV en présence d'APV et de NBQX.
4.5 Révélation à la biocytine
Après avoir fixé les tranches de cerveau dans une solution contenant 4% de PARA
(masse/volume, soit 40 g de PARA par litre) et 0.1 M de PB (1.9g de NaH2PO4 et 9.45g
Na2HPÛ4 par litre) pour une période de 24 à 62 heures, les tranches sont révélées. Le
protocole pour révéler la biocytine consiste à incuber les tranches durant un temps
prédéterminé dans différentes solutions suivant la chronologie suivante :
1) Deux lavages de 10 minutes dans une solution de tampon phosphate (PB; 0.1 M)
afin d'éliminer la PARA des puits d'incubation.
2) Incubation pendant 30 minutes dans une solution de 0.3% de peroxyde, 10% de
MeOH et 0.1 M de PB pour éliminer les peroxydases intracellulaires. Cette étape
ne requiert aucune agitation.
3) Cinq lavages de 10 minutes dans une solution semblable à celle décrite en 1) afin
d'enlever le peroxyde des puits.
4) Une incubation d'une heure dans une solution de 2% de Triton X-100 (détergeant),
1% de NRS (Normal Rabbit Sérum; bloque les sites non spécifiques et diminue
ainsi le bruit de fond) et 0.1 M de PB pour perméabiliser la membrane des neurones.
25
5) Incuber de 3 à 4 heures dans une solution contenant 0.25% de Triton X-100, 1 % de
NRS, PB 0.1 M et 1 goutte de chacune des solutions du kit « ABC Elite » (Vector
Laboratories, Burlingame) par 3ml de solution préparée. Ce kit contient des
solutions d'avidine-peroxydase (complexe formé chimiquement) et de biotine. Le
dosage est pré-établi par le manufacturier. On doit préparer la solution 30 minutes
avant l'incubation pour permettre l'association du complexe avidine-peroxydase biotine. Ce complexe comprend la liaison d'une molécule d'avidine-peroxydase à 4
molécules de biotine. Lors de la fixation du complexe, une biotine cède sa liaison à
la molécule de biocytine (sa force de liaison pour l'avidine est plus grande). Ainsi,
le complexe se retrouve ainsi piégé avec la biocytine intracellulaire.
6) Deux lavages de 10 minutes dans une solution de TBS (0.05 M; Tris buffer
solution) pour enlever l'excédant de complexe qui n'a pas réagi avec une molécule
de biocytine.
7) Incuber dans une solution de 0.25 mg/ml de « DAB » (3,3-Diaminobenzidine;
3C6H3(NH2)2 ), de 0.5 mg/ml de « Nickel Ammonium sulfate »
; catalyseur pour la réaction de la peroxydase liée à l'avidine) et de 0.05
M de TBS. DAB est un substrat pour les peroxydases et son produit est de couleur
noire et insoluble (l'empêchant de diffuser dans la solution aqueuse). Cette étape
sert uniquement à la pénétration du substrat et de son catalyseur dans la tranche (la
peroxydase n'est pas encore activée).
8) Incubation dans une solution semblable à celle décrite à l'étape 7) à laquelle on a
rajouté .003% de peroxyde. Le peroxyde active la peroxydase liée à l'avidine et
permet de métaboliser DAB. À cette étape, il est important de suivre la réaction et
de l'arrêter au moment désiré en procédant à l'étape suivante.
9) Deux lavages avec TBS (0.05 M) pour éliminer l'excédant de substrat et ainsi
arrêter la réaction.
10) Ensuite, monter les tranches sur des lames de microscope, sécher quelques jours et
fixer avec une solution de «permount» (Fisher Scientific; agent d'adhésion
permanent pour les tissus).
26
4.6 Fixation des tranches à partir d'une solution de « permount »
Déshydrater complètement les tranches de cerveau par des incubations d'une minute
dans des bassins d'éthanol de plus en plus concentrés (60% à 100%). Ensuite, immerger les
lames dans une solution de toluène (environ 1 minute) pour éliminer l'alcool. En retirant la
lame du toluène, étendre une couche de « Permount » (Fisher Scientific; agent d'adhésion
permanent pour les tissus) sur les tranches de cerveau et y déposer une lamelle. Si des
résidus de « permount » demeurent sous ou sur la lame, les nettoyer avec un papier
absorbant préalablement trempé dans le toluène. Ce dernier dissout la solution de
« permount ». Les tranches peuvent être ainsi conservé pour de très longues périodes.
4.7 Visualisation des neurones marqués à la biocytine
Les neurones marqués à la biocytine sont observés à l'aide d'un microscope optique
(Leitz, DMRB), d'une caméra de type Leica DC300 (Leica, Germany), d'un objectif à
immersion dans l'huile de 100X (Leica, Germany) et du logiciel IM50 (Product Leica
IM50, version 1.20 releade 19, Leica microsystems AG, Switzerland).
4.8 Drogues et applications des drogues
Tous les agents pharmacologiques sont appliqués en changeant la solution d'AFCS
qui perfuse la chambre à immersion par une solution de composition semblable, à laquelle
nous ajoutons
les agents pharmacologiques
désirés. Toutes les solutions sont
continuellement saturées par 95% O2 et 5% de CO2 et ont une température de 31-33 °C lors
de leur application. APV, NBQX, l'ifenprodil, et la picrotoxine sont achetés chez Tocris
(Ellisville, MO, USA). Tous les autres produits chimiques proviennent de chez SigmaAldrich Canada (Oakville, ON, Canada).
4.9 Privation sensorielle
Les souris âgées de 5 JPN sont anesthésiées par l'isofiuorane dans une chambre
scellée. Après que l'animal soit profondément endormi (2 à 3 minutes), il est placé sous un
microscope de type « plein champ » et les vibrisses de chaque côté du museau sont retirées
à l'aide de forceps. Cette procédure est répétée quotidiennement jusqu'à 19 JPN.
27
4.10 Analyse des données
Nous avons utilisé « Axograph 4.9 » (Axon Instruments) et « Origin 7 »
(OriginLab, Nothampton, MA) pour analyser les résultats et faire les statistiques.
L'estimation des constantes de temps et la détection des pics d'amplitude ont été effectuées
avec « Axograph 4.9 », alors que les analyses graphiques (dénombrement du nombre de
saut, estimation des courbes « CPSE - Voltage membranaire ») et les statistiques (calcul de
moyenne, l'écart-type, coefficient
de variation, comparaison de moyenne ou de
distribution) ont été réalisées à partir de « Origin 7 ». Les moyennes ont été comparées par
des « Student's t-test » à deux échantillons ou par des « one-way ANOVA test», alors que
les distributions ont été comparées par des « K-S test » (Kolmogorov-Smirnov).
4.11 Recrutement quantitatif des fibres glutamatergiques par un protocole de stimulation
progressive
La quantification des fibres s'obtient en comptant le nombre de paliers sur un
graphique de la réponse synaptique en fonction de l'intensité de stimulation (figure 4.2).
Pour ce genre d'expérience, il est nécessaire que la stimulation électrique soit faite avec une
électrode bipolaire concentrique (l'injection et le retour du courant se fait sur un même axe)
afin d'obtenir une zone de stimulation sphérique et localisée à la pointe de l'électrode. Il est
ainsi possible d'associer l'intensité de stimulation avec la zone stimulée.
En augmentant progressivement la stimulation, on augmente ainsi la zone stimulée
et à chaque nouvelle fibre glutamatergique recrutée, la réponse post-synaptique enregistrée
augmente. Sur un graphique de la réponse post-synaptique en fonction de l'intensité de
stimulation, le recrutement d'une nouvelle fibre se réalise sur une très petite variation de
stimulation et correspond à un saut graphique. Les paliers du graphique correspondent pour
leurs parts aux intervalles d'intensité de stimulation (zone stimulée) pour lesquelles aucune
nouvelle fibre innervant le neurone enregistré n'est recrutée. Ainsi, on peut dénombrer le
nombre d'entrées synaptiques innervant le neurone enregistré en comptant le nombre de
sauts ou le nombre de palliers. Le comptage des sauts se fait généralement pour le voltage
28
membranaire +40mV car ce potentiel permet également le dénombrement des fibres
silencieuses (voir la section suivante).
Pour réaliser ce genre d'expérience, il est également important d'isoler tant que possible les
connexions à l'étude. Afin de diminuer toute contamination d'enregistrement par les fibres
CT, nous retirons les régions corticales lors de la préparation de nos tranches. Les régions
corticales frontale et supérieure du cerveau sont enlevées avant la fixation du cerveau sur le
plateau de coupe, alors que la région corticale temporale est séparée lors de la coupe
sagittale faite par le vibratome. De plus, le système gabaergique (GABA; Acide gammaaminobutyrique), également présent dans le thalamus et pouvant moduler les réponses, est
bloqué par l'ajout systématique de la picrotoxine (lOOuM).
4.12 Estimation du nombre de fibres
Dans le cas où le nombre de fibres est très grand, rendant le dénombrement des
sauts ou des paliers très difficile, une estimation du nombre de fibres est faite. Deux
méthodes acceptables peuvent être employées dans cette situation, mais malheureusement,
chacune d'elles présentent des avantages et des inconvénients. La première méthode
consiste à diviser le pic de la réponse synaptique maximale par le pic de la première
réponse enregistrée. Le problème avec cette méthode est que la grande variabilité de
l'intensité de chacune des réponses peut fortement biaiser l'estimation qui est faite. La
seconde méthode tend à corriger cette grande variabilité de l'amplitude des réponses
unitaires en divisant la réponse maximale par l'amplitude moyenne des trois premières
réponses. Cette méthode peut corriger d'une certaine manière les erreurs qui pourraient être
engendrées par une très petite ou très grande première réponse. Cependant, cette estimation
peut être biaisée par un nouveau facteur : la réponse induite par un ensemble de fibres ne
correspond pas nécessairement à la sommation des réponses individuellement induites par
ces fibres. Ainsi, cette méthode ne tient pas compte de l'ensemble des interactions
synaptiques possibles lors de la stimulation d'un ensemble de fibres.
29
4.13 Identification des synapses glutamatergiques silencieuses
Les synapses silencieuses sont des synapses non fonctionnelles. Elles ne génèrent
aucune réponse post-synaptique dans des conditions physiologiques normales. En ce qui
concerne les connexions glutamatergiques, elles correspondent à une synapse n'ayant que
des récepteurs post-synaptiques NMDA. Elles ne génèrent aucune réponse synaptique aux
conditions membranaires physiologiques, car l'ion de magnésium bloque les canaux au
voltage membranaire de repos 120. Cependant, une dépolarisation du potentiel membranaire
(> OmV) permet d'enregistrer une réponse dans le neurone post-synaptique. Ainsi, sur un
graphique du pic de la réponse post-synaptique en fonction de l'intensité de stimulation
pour des voltages membranaires de -70mV et 40mV, on peut identifier les synapses
silencieuse par la présence d'un saut à +40mV uniquement, (figure 4.3)
4.14 Évaluation de la rectification des réponses médiées par les composantes AMPA
De précédentes études ont démontré que la sous-untié GluR2 des AMPAR jouait un
rôle majeur dans la perméabilité du récepteur au calcium et dans la rectification des
courants entrants (courants générés lorsque le voltage membranaire du neurone postsynaptique est supérieur au potentiel d'inversion dans les conditions physiologiques)
94
.
Ainsi, on peut estimer la proportion de GluR2 au cours du développement en quantifiant le
niveau de rectification des courants AMPA entrants : une plus grande rectification suggère
une moins grande proportion de GluR2 et vice-versa (fig. 4.4). Le seul inconvénient de
cette estimation est qu'elle ne tient pas compte de la modulation possible des polyamines
intracellulaires
12313
°. Ces derniers peuvent changer l'activité de la sous-unité de manière
dépendante du voltage et ainsi changer ses propriétés fonctionnelles au cours de
l'enregistrement.
L'évaluation du niveau de rectification se fait par un graphique de la réponse postsynaptique des AMPAR pures en fonction du voltage membranaire. Pour ce faire, on doit
toujours recruter les mêmes fibres (stimulation constante) et isoler la réponse AMPA. Pour
obtenir des réponses AMPA pures au niveau de la fibre lemniscale, nous ajoutons
systématiquement de la picrotoxine (lOOuM; antagoniste des récepteurs ionotropiques
GABAA)
et de l'APV (50 à 100 |iM; antagoniste de NR2B des NMDAR). Les voltages
30
membranaires enregistrés sont de -70mV à +50mV avec des sauts de lOmV. Puisque le
potentiel de jonction risque de déplacer la trace obtenue, il est estimé (+5mv avec le
logiciel pClamp;
Axon Instruments Inc.) et corrigé. Pour éviter les changements de
l'activité régulatrice dépendante du voltage des polyamines intracellulaires, les
enregistrements sont réalisés de la même manière, soit en enregistrant les réponses
synaptiques de -70mV à +40mV et en accordant, avant l'enregistrement d'une nouvelle
réponse, une période de repos de 30 à 40 secondes après un changement de voltage
membranaire.
Les droites de part et d'autre du potentiel d'inversion des courants AMPA sont
estimées par la fonction « linear fit » d'Origin 7. Un indice de rectification est également
calculé; il correspond au ratio de la réponse synaptique à +35mV sur celle à -35mV (1
signifiant aucune rectification et 0, une rectification complète des courants entrants).
31
0.5 mm
Control
d-APV
d-APV + NBQX
+40 mV
B
-70 mV
Figure 4.1: Méthodologie et pharmacologie des enregistrements des neurones du thalamus
ventrale/basale chez la souris. A : Une tranche sagittale de cerveau de souris de 24 JPN
marquée d'une coloration nucléaire avec l'hematoxyline. L'enregistrement cellulaire (REC)
s'effectue au niveau du noyau VPM, et la stimulation (Stim) se fait au niveau de la fibre
lemniscale médiale (ML) avec une électrode bipolaire concentrique. Abréviations (selon les
noms anglais) : ic, internai capsule; LV, latéral ventricle; Po, posterior thalamic nucleus;
Rt, reticular thalamic nucleus; VL, ventrolateral thalamic nucleus; VPL, ventral
posterolateral thalamic nucleus; ZI, zone incerta. B : Un neurone du VPM de 14 JPN
marqué à la biocytine. C : Pharmacologie d'un RPSE provenant d'un neurone de 17 JPN.
D-APV (lOOuM, trace en rouge) a peu d'effet sur le pic de l'amplitude à -70mV, mais
bloque la composante lente de la réponse à +40mV. La composante rapide est bloquée à70mV et +40 mV par NBQX (10uM). L'intensité de stimulation est de lOOuA. Chaque
trace correspond à la moyenne de 4 ou 5 réponses. L'artefact de stimulation est réduit par la
soustraction d'une réponse sous le seuil de stimuli et, le reste du pic de l'artefact est enlevé
digitalement.
Amplitude
Maximum
CPSE
Vm positif
OpA
Vm négatif-
I
I
Intensité de la stimulation
Figure 4.2 : Quantification des entrées synaptiques par un protocole de stimulation
progressive. A : Un enregistrement intracellulaire de type en « patch-clamp » configuration
cellule entière (ENR) sur un neurone (cercle noir) innervé par trois fibres (FI, F2, F3). La
stimulation (FJ) s'effectue au niveau des fibres par une électrode bipolaire concentrique
(pour une relation sphérique entre la zone stimulée et l'intensité de stimulation). Les zones
limites de recrutement d'une nouvelle fibre sont représentées par les cercles de couleurs
(jaune pour le recrutement de la FI, orange pour la F2 et le rouge pour la F3). B :
Représentation graphique de l'amplitude maximum du CPSE en fonction de l'intensité de
stimulation (zone sphérique recrutée) pour un voltage membranaire (Vm) positif (ligne
pleine) et négatif (ligne pointillée). Les sauts (limites des zones de stimulation pour le
recrutement d'une nouvelle fibre) sont représentés par les mêmes traits de couleur qu'en
(A). C : Représentation des différentes réponses post-synaptiques enregistrées. Les
33
courants enregistrés sont entrants pour un Vm positif et sortants pour un Vm négatif (de
part et d'autre du potentiel d'inversion de OmV des canaux glutamatergiques. L'activation
des NMDA à un Vm positif génère un CPSE de cinétique beaucoup plus lente. Le
recrutement d'une nouvelle fibre augmente le CPSE enregistré, générant ainsi trois niveaux
de réponse (correspondent aux paliers du graphique en B). La plus petite réponse
enregistrée représente l'activation de FI, la réponse intermédiaire correspond au
recrutement de FI et F2, et la plus grande réponse représente le recrutement des trois fibres.
34
ENR
B
Amplitude
Maximum
CPSE
Vm positif
Vm positif
O pA.
-
Vm négatif
Vm négatif"
I
Intensité de la stimulation
Figure
4.3 :
Identification
électrophysiologique
du
des
nombre
fibres
d'entrée
silencieuses
synaptique.
lors
d'une
quantification
A : Représentation
d'une
quantification d'entrées synaptiques (comme en 4.2A). La fibre 2 est silencieuse et ne
contient que des récepteurs post-synaptiques NMDA. B : Sur un graphique de l'amplitude
maximum des CPSE en fonction de l'intensité de stimulation, la stimulation de la fibre
silencieuse (F2) ne génère pas de saut quand le Vm est négatif (inférieur au potentiel
d'inversion). Les fibres silencieuses sont donc dénombrées en comptant le nombre de sauts
uniquement présent pour les voltages positifs. C : Représentation des différents CPSE
enregistrés. Au voltage négatif, la réponse synaptique ne change pas lors de la stimulation
de F2, générant ainsi un niveau d'enregistrement de moins pour ce potentiel membranaire
(2 niveaux au Vm négatif contre 3 pour un Vm positif).
35
CPSE maximum
+35 mV.
Vm
-35 mV '
B
CPSE maximum
+35 mV.
-35 mV "
Vm
Figure 4.4 : Rectification des courants AMPA entrants pour une même entrée synaptique.
A : Représentation d'une réponse AMPA non rectifiée. (Gauche) Les CPSE sont
équivalents mais de sens opposés pour deux voltages membranaires de différence
équivalente du potentiel d'inversion (OmV). (Droite) Sur un graphique du maximum des
CPSE en fonction Vm, une réponse non rectifiée génère une fonction linéaire pour les
courants entrants (>0 mV) et sortants (<0 mV). B : Représentation des CPSE pour une
réponse synaptique AMPA rectifiée. (Gauche) Les courants sortants (Vm< 0 mV) sont
présents, mais ceux sortants sont bloqués ou fortement diminués. (Droite) Sur un graphique
du maximum des CPSE en fonction Vm pour une réponse rectifiée, la linéarité s'observe
seulement pour les courant sortants (Vm < OmV), alors que les courants entrants sont
bloqués (ils tendent vers 0 pA).
36
Chapitre 5
Résultats
Les axones myélines des neurones du PRV voyagent dans la partie médiale de la
voie lemniscale avant de faire connexion avec les neurones du VPM. Ces connexions,
appelées synapses lemniscales, sont préservées dans une coupe sagittale de 300 microns et
il est facile de repérer le faisceau de fibres avec un objectif 4X (figure 4.1 A). Nous avons
fait l'enregistrement des neurones (« patch-clamp » en configuration cellule entière) du
VPM ayant un soma de grande taille ( 1 0 - 2 0 microns; figure 4.1B) dans le VPM et une
électrode bipolaire concentrique a été placée dans la voie lemniscale pour stimuler les
fibres (100 u.s de stimulation, intensité variable). La picrotoxine (100 fxM; un antagoniste
GABAA)
est ajoutée systématiquement à la solution extracellulaire pour bloquer les
transmissions
GABAA
inhibitrices et ainsi éviter toute contamination d'enregistrement par
celles-ci. Tel qu'illustré à la figure 4.1C, les stimulations supérieures au seuil d'activation
des fibres lemniscales produisent dans le neurone du VPM un courant monosynaptique
glutamatergique (excitateur) et la pharmacologie de cette réponse démontre que ce courant
est médié par des AMPAR et NMDAR. À -70mV, le courant synaptique de cinétique
rapide est généré majoritairement par les AMPAR puisqu'il est bloqué par NBQX. À
+40mV, la grande réponse post-synaptique (de cinétique lente) est majoritairement NMDA
et la petite réponse de cinétique rapide observée en présence d'APV correspond à la
réponse des AMPAR à ce voltage. Étant donné la différence de cinétique et d'amplitude de
ces deux réponses, on considère le pic (après 2.5 mS) comme étant la réponse des
NMDAR.
5.1 Élimination d'entrées synaptiques fonctionnelles durant le développement
Nous avons examiné la relation entrée/sortie (réponse synaptique en fonction de
l'intensité de stimulation) aux synapses lemniscales de 7 JPN à 24 JPN. Les
enregistrements sont de type « patch-clamp » en configuration cellule entière avec un
voltage imposé. Tout d'abord, un potentiel de -70mV est imposé et les CPSE sont
enregistrés à différentes intensités de stimulation. Par la suite, la même procédure est
répétée à un voltage membranaire imposé de +40mV afin d'examiner la composante
NMDA des CPSE. Un exemple des résultats obtenus est illustré à la figure 2. Chez une
souris âgée de 20-24 JPN, la majorité des neurones démontre une réponse tout ou rien aux
différentes intensités de stimulation (fig. 5.1D). Ces résultats sont similaires à ceux obtenus
dans le VPM de rat adulte
37
, suggérant que chaque neurone mature du VPM reçoit
généralement une seule entrée synaptique. Au contraire, les neurones âgés de 7-9 JPN
démontrent une RPSE qui augmente de plus en plus lorsqu'on augmente la stimulation (fig.
5.1A). Chez la souris de 11-13 JPN, la stimulation progressive démontre plusieurs plateaux
de RPSE, et le nombre de plateaux correspond à un état intermédiaire entre la pente
continuelle des RPSE des souris âgées de 7-9 JPN et de la réponse tout ou rien de ceux de
20-24 JPN (fig. 5.1B). À 16-17 JPN, la majorité des neurones enregistrés présentent une
réponse tout ou rien, similaire à celle observée chez les souris de 20-24 JPN (fig. 5.1C).
Ces résultats suggèrent qu'à une semaine post-natale, chaque neurone du VPM reçoit des
entrées synaptiques de plusieurs axones lemniscales et que chacun de ceux-ci contribue à
une fraction de la réponse synaptique totale. Le nombre d'entrées synaptiques diminue
ensuite rapidement pour atteindre sa maturité vers 16-17 JPN.
Le nombre de fibres lemniscales innervant chaque neurone du VPM est déterminé
en comptant le nombre de paliers présents sur le graphique du pic de la réponse synaptique
en fonction de l'intensité de stimulation. Pour les neurones présentant trop de paliers pour
être comptés (10 neurones de 7-9 JPN et 4 de 11-13 JPN), nous avons estimé le nombre de
fibres tel qu'expliqué dans la partie « matériel et méthode ». Pour un groupe de 22
échantillons (groupes 7-9 JPN), les deux méthodes d'estimation donnent des résultats très
semblables, soit 8.3 ± 1.1 entrées synaptiques pour la méthode de la première réponse et 7.6
± 0.9 pour la méthode pour la seconde méthode (division par 3 de la troisième réponse
synaptique). Puisque les deux méthodes ne sont pas statistiquement différentes (p > 0.5, KS test), seulement les résultats de la première méthode ont été inclus dans les statistiques.
Le nombre moyen d'axones innervant chaque neurone du VPM est de 8.3 ± 1.1 à 7-9 JPN
(N=22), 4.2 ± 0.8 à 11-13 JPN (N=17), 1.4 ± 0.2 à 16-17 JPN (N=13) et 1.4 ± 0.2 à 20-24
JPN (N=23). La distribution pour le groupe 7-9 JPN est significativement différente des
groupes 16-17 JPN et 20-24 JPN (p < 0.001, K-S test).
38
5.2 Présence développementale de fibres glutamatergiques silencieuses
De précédentes études suggèrent la présence de synapses silencieuses dans le réseau
glutamatergique immature
'
'
. Par exemple, il a été démontré que le nombre de
synapses silencieuses diminue au niveau des fibres thalamo-corticales du cortex somatosensoriel du rat avec la maturation (50% sont silencieuses à 3-5 JPN contre 10% à 9-10
JPN)
l33
. Afin de vérifier si un phénomène semble s'observe au niveau des fibres
lemniscales, nous avons estimé le nombre de fibres silencieuses pour chacun des groupes
d'âge en comptant le nombre de sauts graphiques présents uniquement à +40mV (et non à 70mV). Des fibres silencieuses ont été dénombrées seulement dans les deux plus jeunes
groupes.
À 7-9 JPN, neuf cellules avaient un trop grand nombre de fibres pour permettre
l'identification de ces sauts graphiques. Parmi les 4 neurones analysables restants, nous
avons trouvé des fibres silencieuses dans 2 de ceux-ci. La première cellule comptait trois
fibres silencieuses sur un total de cinq fibres alors que la seconde comptait seulement une
fibre silencieuse pour un total de 4 fibres. Ainsi, 50% (2 sur 4) des neurones analysables
présentaient des fibres silencieuses et, pour ces 4 neurones, 30,8% (4 sur 13 au total) des
fibres étaient silencieuses. Les 9 cellules qui présentaient un trop grand nombre
d'innervations pour permettre l'identification de celles silencieuses, laissent présumer que
les résultats obtenus sont en dessous de la réalité.
À 11-13 JPN, 3 neurones présentaient des fibres silencieuses (8 fibres au total) pour
un total de 14 cellules analysables. Parmi ces neurones, la première cellule comptait 4
fibres silencieuses, la seconde 3 et une seule pour la dernière. En somme, 21.4% (3 cellules
sur 14) des neurones de ce groupe présentent au moins une fibre silencieuse et, en
moyenne, 5.1% des fibres analysées sont silencieuses (3/59 fibres ; le nombre de fibres
totale est estimé à partir de la moyenne des fibres innervant chaque neurone).
39
Il est à noter que le nombre de cellules analysées pour le comptage des fibres
silencieuses est inférieur au nombre total de neurones étudiés pour le comptage des entrées
synaptiques. Ceci est dû au fait que l'identification des fibres silencieuses requiert la
présence de saut à -70mV et à +40mV alors que le comptage des fibres innervant le
neurone enregistré nécessite seulement le saut à +40mV.
5.3 Changements développementaux dans le ratio AMP A/NMD A
Nous avons examiné les composantes AMPA et NMDA des courants synaptiques
entre 7 et 24 JPN. Comme illustré à la figure 4.1C, le pic du courant enregistré à -70mV
peut être entièrement attribué à l'activation des AMPAR. À +40mV, deux composantes
sont observées, soit une composante AMPA, et une composante NMDA. La réponse
NMDA se distingue de la réponse AMPA principalement par une cinétique beaucoup plus
lente (fig. 4.1C). Étant donnée la cinétique rapide des composantes AMPA (<6 ms), la
RPSE enregistrée au-delà de 6ms provient très majoritairement des composantes NMDA.
En conséquence, nous avons estimé le ratio des réponses des composantes AMPA et
NMDA en mesurant, dans un même neurone, l'amplitude maximal du CPSE à -70mV
(AMPA) et +40mV (NMDA; après 6ms) pour une même intensité de stimulation (figure
5.2A et 5.2B). Les composantes AMPA sont estimées en mesurant le pic de l'amplitude de
la RPSE à -70mV alors que les composantes NMDA sont estimées en mesurant le pic de
l'amplitude à +40mV (après 7ms). Le sommaire des résultats est présenté à la figure 5.2C.
Le ratio AMPA/NMDA est de 0.79 ± 0.08 à 7-9 JPN (N=22) et augmente ensuite
rapidement (quelques jours) à 2.44 ± 0.27 chez les neurones de 16-17 JPN (N=12) pour être
relativement stable par la suite.
L'augmentation développementale dans le ratio peut-être causée par une
augmentation des composantes AMPA ou une diminution des composantes NMDA (ou les
deux). Pour investiguer ces possibilités, nous avons examiné séparément les changements
dans les composantes AMPA et NMDA. Comme démontré à la figure 5.3, l'amplitude
maximale des CPSE à -70mV (AMPA) double entre 7 et 13 JPN et demeure relativement
stable après (fig. 5.3A). D'un autre point de vue, le maximum des réponses NMDA
40
(+40mV) diminue de 50% entre 7 et 16 JPN (fig. 5.3B). Ainsi, le changement
developpemental du ratio AMPA/NMDA implique une augmentation de la réponse AMPA
et une diminution de celle NMDA.
Nous avons également examiné le changement developpemental des réponses
minimales (première réponse enregistrée) à -70mV (AMPA) et à +40mV (NMDA). Le
sommaire des résultats est donné à la figure 5.3C et 5.3D. Le pic de l'amplitude de la
première réponse AMPA augmente de trois fois entre 7 et 13 JPN (fig. 5.3C). L'amplitude
maximale des réponses NMDA augmente également avec l'âge, mais elle n'est pas
significativement différente (fig. 4D).
5.4 Changements développementaux dans les propriétés des composantes NMDA
Nous avons examiné la vitesse de descente des courants synaptiques engendrés par
les composantes NMDA (+40mV) aux synapses lemniscales. Tel qu'illustré dans la figure
5.4C, la vitesse de descente est significativement plus lente (constante de temps plus
grande) chez les jeunes souris (7-9 JPN). La constante de temps est de 99.1 ± 12.6 ms à 7-9
JPN (N=19), de 44.5 ± 3.6 ms à 11-13 JPN (N=16), 36.6 ± 2.4 ms à 16-17 JPN (N=l 1) et
de 37.1 ± 1.9 ms à 20-24 JPN (N=23). Ainsi, la grande réduction de la constante de temps
survient durant la seconde SPN.
La réduction développementale dans la constante de temps des réponses des
composantes NMDA a été observée dans plusieurs structures du SNC et, dans plusieurs de
ces cas, elle est associée à une diminution de la sous-unité NR2B et à une augmentation de
l'incorporation de la sous-unité NR2A dans les récepteurs membranaires NMDA
134 136
~ .
Pour vérifier si la réduction de la constante de temps des réponses lemniscales est
également engendrée par une diminution des composantes NR2B, nous avons utilisé un
antagoniste qui, selon le dosage, est sélectif aux récepteurs NMDA composés que de sousunité NR2B/NR1. Comme illustré à la figure
5.5, l'ifenprodil
(3|iM) réduit
significativement le courant synaptique médié par les NMDAR (+40mV) à 7-9 JPN (62.3 ±
6.4 % du contrôle, N=7) alors que son effet est beaucoup moins prononcé chez les neurones
plus âgés, soit de 20-24 JPN (87 % ± 3.5 %, N=7; p < 0.01 vs les résultats obtenus à 7-9
41
JPN, t-Test non paire). De plus, l'ifenprodil a réduit significativement la constante de temps
de trois des sept neurones enregistrés à 7-9 JPN (52.7% ± 3.6 % du contrôle, N=3), alors
que son effet est moindre pour les quatre autres cellules (90.6 ± 4.5 % du contrôle, N=4).
Nos résultats suggèrent donc une baisse développementale de la sous-unité NR2B dans la
composition des récepteurs NMDA.
5.5 Changement développemental dans la relation CPSE-voltage membranaire (Vm) des
composantes AMPA
Des études antérieures ont démontré un changement dans la composition des
AMPAR au cours du développement. Par exemple, les AMPAR des neurones pyramidaux
du cortex n'ont pas de sous-unité GluR2 dans la composition de leurs récepteurs AMPA à
la naissance, ce qui résulte en des courants rectifiés (courants entrants bloqués) et à une
haute perméabilité au calcium 94. Une augmentation de l'expression et de l'incorporation
des sous-unités au cours du développement de ces neurones conduit à une relation
graphique linéaire des « CPSE-Vm » et à une faible perméabilité au calcium. Pour
examiner si les synapses lemniscales subissent des changements similaires, nous avons
étudié la relation « CPSE-voltage membranaire » des composantes AMPA à 11-13 JPN et
20-24 JPN. Le groupe 7-9 JPN n'a pas été enregistré dans cette situation car les courants
synaptiques AMPA obtenus à cet âge sont petits et qu'ils risquent d'être faussés par
l'artefact de stimulation ou le bruit de fond. Le potentiel de jonction, évalué à +5mV par le
logiciel pClamp (Axon Instruments, Union City, CA), a été soustrait pour tous les voltages
membranaires enregistrés. Pour éviter toute contamination d'enregistrements par les
récepteurs NMDA, nous avons fait un ajout systématique de 50 à 100 JAM d'APV. À 12
JPN, le tracé graphique démontre une forte rectification de la pente des courants entrants
(fig. 5.6A), et le même type de rectification est observé chez un neurone de 24 JPN (fig.
5.6B). Nous avons estimé un indice de rectification en calculant le ratio du pic de la
réponse à +35 mV sur celui à -35 mV (1 signifiant aucune rectification et 0, une
rectification complète des courants entrants). L'indice estimé à 11-13 JPN est de 0.34 ±
0.04 (N=7; fig. 5.6C) et il n'est pas significativement différent de celui estimé à 20-24 JPN
(0.36 ± 0.05, N=5; p > 0.5, t-Test non paire).
42
Des études précédentes ont démontré une réduction dans la constante de temps du
retour des CPSE des AMPAR
137 138
'
. Nous avons analysé, toujours en présence d'APV, le
temps de descente des réponses AMPA à -70mV. Celui-ci est de 2.1 ± 0.2 ms (N=l 1) à 1113 JPN et de 1.8 ± 0.2 ms (N=7) à 20-24 JPN. Ces résultats ne sont pas significativement
différents l'un de l'autre (p > 0.3, t-Test non paire).
5.6 Changements développementaux dans la plasticité à court terme
Nous avons étudié la plasticité à court terme grâce à un protocole de double
stimulation à 50ms d'intervalle à -70 mV et +40 mV chez les souris âgées de 7 à 24 JPN.
Comme illustré à la figure 5.7A et 5.7B, la double stimulation cause une dépression de la
deuxième réponse synaptique comparativement à la première pour toute la période
développementale étudiée. Nous avons estimé le ratio du pic de la deuxième RPSE sur le
pic de la première RPSE à +40 mV (composante NMD A) et -70 mV (composante AMPA)
et le sommaire est présenté à la figure 5.7C. Le ratio des réponses des composantes NMDA
démontre un petit changement développemental durant la période étudiée, mais il n'est pas
statistiquement différent. Il est de 0.56 ± 0.04 à 7-9 JPN (N = 14), de 0.60.± 0.02 à 11-13
JPN (N = 13), de 0.67 ± 0.04 à 16-17 JPN (N = 10), et de 0.57 ± 0.03 à 20-24 JPN (N =
12). Le ratio des APMPAR demeure également relativement stable pour cette période
développementale, et il est de 0.63 ± 0.02 à 7-9 JPN, 0.58 ± 0.03 à 11-13 JPN, 0.58 ± 0.02
à 16-17 JPN, et de 0.56 ± 0.03 à 20-24 JPN.
5.7 L'effet d'une privation d'expériences sensorielles
Le système somato-sensoriel des vibrisses est fonctionnel à la fin de la première
semaine post-natale. Le « whisking », une caractéristique clé dans le comportement
d'exploration chez la souris, débute généralement vers le 9eme JPN et cette activité
d'exploration est impliquée dans la maturation des champs réceptifs du VMP139. Les
synapses lemniscales sont hautement actives durant cette période d'exploration. Pour
examiner si l'expérience sensorielle joue un rôle dans l'élimination et le raffinement des
synapses lemniscales, nous avons privé des souris d'expériences sensorielles entre 5 et 20
JPN en retirant, à l'aide de forceps (pince chirurgicale), toutes les vibrisses de chaque côté
43
du museau. Nous avons débuté le retrait des vibrisses à 5 JPN, soit avant que l'animal ne
commence à explorer son environnement et après la ségrégation spécifique des fibres
lemniscales dans le VPM
140
. Les réponses synaptiques ont été enregistrées entre 20 et 23
JPN. Nos résultats montrent que la privation sensorielle n'a aucun effet sur l'élimination
des synapses : la majorité des neurones du VPM reçoit une entrée synaptique, et la
distribution est très similaire à celle observée chez les souris normales du même âge (fig.
5.8A). De plus, les propriétés synaptiques ne diffèrent pas de celles des souris normales.
Les propriétés analysées sont la plasticité à court terme (fig. 5.8B), l'amplitude des CPSE
(fig. 5.8C), le ratio AMPA/NMDA et le temps de descente des réponses des NMDAR. Le
ratio P2/P1 est de 0.65 ± 0.04 (N=16) à -70mV et de 0.63 ± 0.02 à +40mV. Ces rapports ne
diffèrent pas de ceux obtenus chez la souris normale (p > 0.01, t-Test non paire).
L'amplitude maximale de CPSE est de 891 ± 123 pA (N=16) à -70 mV et de 667 ± 110 pA
à +40 mV, et elle n'est également pas différente de celle des souris normales (p > 0.5, tTest non paire). Le ratio AMPA/NMDA est de 2.37 ± 0.24 (N=16) et ne diffère pas des
contrôles (2.41 ± 0.31, N=18; p > 0.5, t-Test non paire). Finalement, la constante de temps
des RPSE des NMDAR est de 35.6 ± 1.7 ms (N=22), et elle ne diffère pas des souris avec
des expériences sensorielles (37.1 ±1.9 ms, n = 23; p > 0.5, t-Test non paire).
44
1500CL
03 1000-
6-
^O^OOQOO
<
^
cp
500-
—o— +40 mV
—A
70 mV
Ji
Q.
P7-9
5-
0)
0
+40 mV
bPS
<
-70 mV
E 2-
AA
•ouu-
:
-1000-
I
0
10 ms
, ,
P12
2
40
80 120 160 200
Stimulus Intensity (LIA)
800-,
4
Q
<D
P11-13
400O
1
Plltl
•
0-
•s
E -400O -800rt\
n_ -1200-
1-
UJ
0
0
2
20 40 60 80 100 120 140
Stimulus Intensity
P17
de
•g.
+40 mV
-70 mV
4 6 8 10 12 14 16
Number of Inputs
4 6 8 10 12 14 16
Number of Inputs
10-,
400-I
P16-17
=
O
0-
-400/
300 pA
/
o
-800-
CL
LU
-1200-
42-
40
80
120
160
0
200
0
Stimulus Intensity
H
P21
1000500-
16= 14-
2
4 6 8 10 12 14 16
Number of Inputs
•:
P20-24
8 ^20 10-
+40 mV
-70 mV
1
1 ^
E -500O -1000-
z
8
12
16
20
Stimulus Intensity (\aA)
420
2
4 6 8 10 12 14 16
Number of Inputs
Figure 5.1: Élimination de synapses fonctionnelles au cours du développement post-natal.
A à D: Représentation des différentes intensités de CPSE enregistrées chez des neurones du
VPM âgés de 7, 12, 17 et 21 JPN (gauche). Représentation graphique entre le maximum du
CPSE en fonction de l'intensité de stimulation (droite). On peut noter la présence d'un plus
grand nombre de sauts à 7 JPN qu'à 12 JPN. À 17 et 21 JPN, les cellules présentent une
réponse tout ou rien. E à H : Distribution des neurones en fonction du nombre d'entrées
45
synaptiques enregistrées pour chacun des différents groupes. La distribution du groupe 7-9
JPN est significativement différente des groupes 16-17 JPN et 20-24 JPN (p < 0.001, K-S
test), mais elle n'est pas différente du groupe 11-13 JPN (p > 0.03). Les distributions des
groupes 16-17 JPN et 20-24 JPN ne sont pas significativement différentes (p > 0.5)
46
P21
3,5
3,0-
g3
2,5a:
1
I
2,01,51,00,50,0
p<0.0 5
~r
W
m,
P7-9
P11-13
P16-17
i
P20-24
Figure 5.2 : Développement du ratio AMPA/NMDA. A : CPSE enregistré d'un neurone
âgé de 7 JPN à +40 et -70 mV. B : CPSE enregistré à d'un neurone âgé +40 and -70 mV de
21 JPN. C : Histogramme du cumulatif des ratios AMPA/NMDA pour les différents
groupes d'âge. Le ratio moyen est de 0.79 ± 0.08 (N = 22) à 7-9 JPN, 1.79 ± 0.09 (N = 18)
à 11-13 JPN, 2.44 ± 0.27 (N = 12) à 16-17 JPN, et 2.41 ± 0.31 à 20-24 JPN. Le groupe 7-9
JPN est significativement différent des autres groupes (p < 0.05, one-way ANOVA).
47
Maximal EPSC at -70 mV (AMPA)
First EPSC at -70 mV (AMPA)
<; 1200Q.
qj 10003
800Q.
/ / / , • •
E
p < 0.05
*
600-
O
400-
ai 2ooP7-9
B
1400-
P11-13
P16-17
P20-24
I '7-0
Maximal EPSC at +40 mV (NMDA)
P11-13
P16-17
P20-24
First EPSC at +40 mV (NMDA)
* p<0.05
^1200^
•=
Q.
800-
e
600-
O
T.
1000
400-
ûl
W
200
P7-9
P11-13
P16-17
P20-24
P7-9
P11-13
P16-17
P20-24
Figure 5.3 : Changements dans l'amplitude des réponses AMPA et NMDA. A :
L'histogramme des réponses maximales enregistrées à -70 mV (RPSE AMPA) pour les 4
groupes d'âge. L'amplitude moyenne est de 408 ± 89 pA (N = 19) à 7-9 JPN, 1002 ± 137
pA(N= 16) à 11-13 JPN, 1113 ± 139pA(N= 11) à 16-17 JPN, et 944 ± 105 pA (N = 17)
à 20-24 JPN. Le groupe 7-9 JPN est significativement différent des 3 autres (p < 0.05, oneway ANOVA). B: L'histogramme des réponses maximales enregistrées à +40 mV (RPSE
NMDA) pour les 4 groupes d'âge. Le groupe 7-9 JPN est significativement différent du
groupe 16-17 JPN et 20-24 JPN (p < 0.05, one-way ANOVA). C: L'histogramme des
premières RPSE à -70 mV (la réponse minimale AMPA) pour les 4 groupes d'âge. Le
groupe 7-9 JPN est significativement différent des autres (p < 0.05, one-way ANOVA). D:
L'histogramme des premières RPSE à +40 mV (la réponse minimale NMDA) pour les 4
groupes d'âge. Les 4 groupes ne sont pas significativement différents (p > 0.1, one-way
ANOVA).
48
P8
B
P8
30 ms
120-,
*
(p<0.01)
.§,100ra 80-
ô
6
§• 40û
20-
P7-9
P11-13 P16-17 P20-24
Figure 5.4 : Diminution développementale dans le temps de descente des réponses NMDA.
A et B: CPSE à +40 mV de neurones âgés de 8 et 20 JPN. C : Normalisation des CPSE
présentés en A et B. Le CPSE à 20 JPN est beaucoup plus rapide qu'à 8 JPN. D :
L'histogramme de la constante de temps à +40 raV pour les 4 groupes d'âge. Le groupe 7-9
JPN est significativement différent des autres groupes (p < 0.05, one-way ANOVA).
20 ms
P20
Control
g
!
prodil (
100 pA
c bUo 40-
* P
T
«0.01
HP
B
ilfiP
il 200P7-9
P20-23
Figure 5.5: Diminution développementale de la sensibilité à l'ifenprodil. A et B : L'effet
de l'ifenprodil (3 uJVI) sur les CPSE à +40 mV dans des neurones de 7 JPN (A) et 20 JPN
(B). NBQX (5 |iM) est présent dans tous les enregistrements. C: Histogramme de l'effet de
l'ifenprodil pour deux groupes d'âge. L'inhibition par l'ifenprodil est plus grande à 7-9
JPN qu'à 20-23 JPN (p < 0.05, t-Test non paire).
P12
I(PA)
/
/
100-
/ o
' ' ' J/--100 20
1,0-,
O
-20 o'
-40
80
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r |~" "i
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40
-200
/
g
: -300
- -400
/
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ro
o
•500
B
0,8-
60
V(mV)
E
0,4-
&
0,2-
I(PA)
P24
4002 0 r
80
I
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•
I
-40
•
i
0,0
/
P11-13
P20-24
o°
;
-20
•
i
• £0
20
-200
40
60
V(mV)
-400
•600
'_
800
Figure 5.6 : Rectification des courants entrants AMPA durant le développement. A :
(Gauche) Enregistrement d'un même CPSE à différents voltages membranaires chez un
neurone de 12 JPN. L'ajout continuel de D - APV (50 (xM) bloque les récepteurs NMDA.
(Droite) Représentation graphique de la relation "CPSE - Vm" avec traçage linéaire réalisé
à partir des Vm de 0 à -70 mV. Les points pour des potentiels membranaires positifs sont
sous le traçage linéaire, indiquant une rectification des courants entrants. Le potentiel de
jonction (+5 mV) est corrigé. B : Mêmes résultats, mais pour un neurone de 24 JPN. C :
Comparaison entre les deux groupes d'âge, soit 11-13 JPN et 20-24 JPN. L'indice de
rectification est estimé par le ratio du CPSE à +35 mV sur celui à -35 mV dans la même
cellule pour une même stimulation (1 signifie aucune rectification, 0 signifie une
rectification complète des courants entrants). Il n'y a pas de différence significative entre
les deux groupes (p > 0.5, t-Test non paire).
51
+40 mV
-70 mV
20 ms
B
P21
200 pA
P7-9
P11-13
P16-17
P20-24
Figure 5.7 : La plasticité à court terme des CPSE est stable entre 7 et 24 JPN. A et B:
Enregistrements des CPSE lors d'un protocole de double stimulation à +40 mV et à -70 mV
de neurones âgés de 7 (A) et 21 JPN (B). C: Histogramme du sommaire des ratio du
maximum de la 2ème RPSE sur la 1ère RPSE à +40 mV (colonnes grises) et à -70 mV
(colonnes rayées) pour les 4 différents groupes d'âge. Les moyennes ne sont pas
significativement différentes (p > 0.1, one-way ANOVA).
B
1,0-,
18-,
16i2 14
0 12"5 10-
I
0,8-
i Normal
I Deprived
ce
Normal
1 8-
|o,4
H
CD
l 0,2 A
20
0,0
1
2
3
4
5
-70 mV
Number of Inputs
18
1
1200-,
16"53
O
+40 mV
I
1000-
14-
Whisker-deprived
': Normal
I Deprived
-g 800 A
^3
10-
"a. 600O 400-|
V)
42 -
£j 200-
0
0
1
2
3
4
Number of Inputs
5
-70 mV
+40 mV
Figure 5.8 : Une privation d'expérience sensorielle n'a pas d'effet sur le remodelage
synaptique. La privation d'expérience sensorielle consiste à retirer quotidiennement les
vibrisses de chaque côté du museau du rongeur entre 5 et 19 JPN. A : La distribution du
nombre d'entrées synaptiques fonctionnelles chez les souris normales et sans expérience
sensorielle. Les deux groupes sont examinés entre 20 et 24 JPN. Les résultats
correspondant aux souris normales sont les mêmes que ceux présentés à la figure 5.1H. La
distribution des deux groupes n'est pas significativement différente (p > 0.5, K-S test). B :
L'histogramme de la plasticité à court terme à +40 mV et à -70 mV chez les souris
normales (colonnes rayées) et privées (colonnes grises). Les résultats pour les souris
privées d'expériences ne diffèrent pas de ceux des souris normales (p > 0.01, t-Test non
paire). C : L'histogramme des premiers CPSE à +40 mV et à -70 mV obtenu chez des
souris normales (colonnes rayées) et privées d'expériences (colonnes grises). La moyenne
des deux groupes n'est pas significativement différente (p > 0.1, t-Test non paire).
53
Chapitre 6
Discussion et conclusion
Au cours du développement nerveux, une élimination massive de connexions
précède la phase de synaptogénèse, généralement surnuméraire et imprécise. Cette dernière
permet de remanier et raffiner les circuits neuronaux nouvellement formés. Ainsi, les
synapses plus faibles sont retirées alors que les autres sont consolidées (renforcées).
Cependant, les mécanismes fondamentaux de ce phénomène d'élimination sont encore mal
connus. Nos résultats ont démontré qu'il y a élimination de synapses au niveau des fibres
lemniscales dans le VPM pendant la deuxième semaine post-natale et que l'expérience
sensorielle pendant le jeune âge a peu d'effet sur l'élimination des synapses.
6.1 Élimination des synapses dans le VPM au cours du développement
L'information tactile des larges vibrisses de chaque côté du museau des rongeurs est
relayée au néocortex par deux voies distinctives. La première voie, nommée lemniscale,
implique le PRV dans le tronc cérébral et le VPM dans le thalamus 20 ' 32 . La deuxième fait
intervenir le SPV et le PO, et elle se nomme paralemniscale
31
. La voie lemniscale est
organisée topographiquement 27-62"71' U3 .
Le patron spécifique des vibrisses survient tôt durant le développement et la
ségrégation dans le VPM est établie vers 4 JPN chez le rat 27 et la souris
140
. Nos résultats
démontrent qu'à 7-9 JPN, après la ségrégation des axones, chaque neurone du VPM est
innervé en moyenne par 8 fibres lemniscales alors qu'à 16-17 JPN, la majorité des neurones
reçoivent 1 ou 2 entrées synaptiques. Ces résultats suggèrent que les connexions initiales du
PRV au VPM manquent de précision, sont surnuméraire et, que le haut niveau de
spécificité est atteint par une élimination de synapse au cours de la deuxième SPN,
impliquant vraisemblablement un remodelage des branches axoniques. Ces changements
coïncident avec la formation des complexes glomerulaires synaptiques (matures à 13 JPN)
des barillets thalamiques chez la souris 65.
Le raffinement développemental des innervations dans le VPM est similaire à celui
observé dans le noyau latéral géniculé chez la souris. Avant l'ouverture des yeux
(expérience sensorielle), mais après la ségrégation spécifique de chaque œil dans le noyau
latéral géniculé, chaque neurone reçoit un grand nombre d'afférence de la rétine et, à
l'exception de 1 à 3 fibres, elles seront éliminées au cours des trois semaines suivant
l'ouverture des yeux 74. Cependant, la période développementale diffère significativement
entre ces deux structures. Dans le VPM, le patron adulte est atteint à 16-17 JPN, alors que
dans le noyau latéral géniculé, le remaniement persiste jusqu'à 28 JPN. Ces résultats
suggèrent que l'élimination synaptique est un phénomène général au niveau des synapses
de relais thalamique, mais que la période du raffinement est spécifique à chaque synapse.
6.2 Élimination des synapses lemniscales silencieuses lors de la maturation
Les résultats obtenus démontrent la présence de fibres silencieuses seulement
lorsque le réseau est immature. Ces résultats concordent avec les résultats obtenus dans
d'autres études '
, suggérant ainsi qu'il s'agit d'un phénomène général.
De plus, la distribution développementale de la proportion des fibres lemniscales
« silencieuses/ fonctionnelles », qui est de 30.8% à 7-9 JPN, 5.1% à 11-13 JPN, 0% à 16-17
JPN, semble similaire à celle obtenue au niveau des fibres thalamo-corticales des barils
chez le rat (50% à 3-5 JPN, 10% à 9-10 JPN)
133
. Cette similarité suggère un mécanisme
commun dans l'activation du devenir (élimination et/ou activation) des fibres silencieuses
dans ces deux structures. Parmi les mécanismes suspectés, il y a l'activité spontanée, qui est
connue pour jouer un rôle dans la ségrégation des axones au thalamus
, et l'expérience
sensorielle, que l'on suppose très importante au cours de la deuxième semaine PN (lors des
premières activités d'exploration par « whisking ») 141.
Le rôle physiologique de ces fibres silencieuses est mal connue. Elles pourraient jouer un
rôle dans la consolidation et le renforcement synaptique des connexions correctement
ciblées au cours du développement.
55
6.3 Changements développementaux dans les propriétés synaptiques des connexions au
VPM
Finalement, nos résultats démontrent que le remaniement des connexions dans le
VPM est associé à un changement dramatique dans les propriétés synaptiques. Certains de
ces changements sont similaires à des changements observés dans d'autres synapses
glutamatergiques du SNC au cours du développement, alors que d'autres changements
diffèrent.
L'augmentation développementale des courants AMPA et le ratio des courants
AMPA/NMDA à la fibre lemniscale sont similaires aux résultats obtenus aux synapses
rétino-géniculées (autre groupe de synapses thalamiques) du furet et de la souris 74> l42, aux
synapses thalamo-corticales chez le rat et la souris 91> 98, et aux synapses de relais auditif du
tronc cérébral chez le rat et la souris
l37 l38 l43
'
'
. Également, la diminution développementale
de l'amplitude et de la durée des courants synaptiques NMDA aux synapses de relais au
VPM est comparable avec celle observée dans le noyau latéral géniculé
noyaux auditifs du tronc cérébral
supérieur
l37 l38 l43
'
'
74 142
'
, dans les
, dans le tectum optique 88, dans le colliculus
136
, et dans le néocortex 91"134'l44. De plus, la diminution développementale de la
sensibilité à l'ifenprodil (3[xM), un antagoniste sélectif des récepteurs NMDA composés de
deux dimères NR1/NR2B, a été rapportée aux synapses du noyau latéral géniculé et dans le
néocortex
134
145
. Ainsi, la maturation des fibres lemniscales s'accompagne d'une
acquisition de récepteurs AMPA et un changement dans la composition des NMDAR.
La rectification des courants synaptiques AMPA a été décrite dans les interneurones
GABAergiques dans l'ensemble du cerveau et elle est attribuée au blocage des récepteurs
AMPA ne possédant pas la sous-unité GluR2 par les polyamines intracellulaires
l47
123 124 146
'
'
'
. Dans les neurones pyramidaux du néocortex, la rectification des courants entrants est
présente seulement avant 16 JPN, et le changement développemental est associé à
l'augmentation d'expression de la sous-unité GluR2 dans ces neurones
94
. Nos résultats
démontrent que la rectification des courants entrants AMPA ne change pas entre 11 JPN et
24 JPN. Ces résultats concordent avec les résultats d'autres études qui ont démontré un
faible niveau de GluR2 dans le VPM chez le jeune et le rat adulte 40 ' 148 ' 149 . La présence de
AMPAR manquant de GluR2 aux synapses lemniscales pourrait avoir une implication dans
la transmission de l'information à travers le thalamus.
Nos résultats ont démontré une plasticité à court terme dépressive aux synapses
lemniscales pour la période de 7 à 24 JPN. Ces résultats sont comparables avec ceux
obtenus aux synapses rétino-géniculées chez la souris
, mais ils diffèrent des résultats
obtenus aux synapses cortico-thalamiques, qui présentent une facilitation à court terme chez
le jeune et l'adulte
150 152
' . Nos résultats sont aussi différents des ceux observés dans le
striatum, le cervelet et le néocortex, où un changement de plasticité développemental de
dépressif à facilitaire s'observe
89 l53 155
'
* . La stabilité entre 7 et 24 JPN de la plasticité à
court terme suggère que la probabilité de relâchement est mature avant P7 à la synapse
lemniscale.
6.4 Rôle de l'expérience sensorielle dans le raffinement des connexions lemniscales aux
VPM
Des études précédentes ont démontré un rôle critique de l'activité dans le
raffinement et la maturation des synapses dans plusieurs parties du système nerveux
77 156
'
.
Nos résultats démontrent que les synapses lemniscales chez la souris sont fortement
remaniées durant la seconde SPN, soit lorsque l'animal commence à explorer son
environnement. Il est surprenant d'observer que la privation d'expérience sensorielle n'a
qu'un petit effet sur le développement des synapses, le patron d'innervation et les
propriétés synaptiques ne changent pas lors du retrait des vibrisses. De récentes études ont
démontré que le retrait des vibrisses réduit la vitesse d'élimination d'épines dendritiques
dans le cortex somato-sensoriel de jeunes souris
l57
. Dans cette situation cependant, la
privation sensorielle se réalise entre 4 et 6 SPN, et il n'est pas clair si la privation
sensorielle affecte la période d'élimination synaptique dans le néocortex. Nos résultats sont
similaires à ceux obtenus au « calyx of Held » chez des souris congénitalement sourdes, où
le développement des propriétés synaptiques semble normal en absence d'activité du nerf
auditif 143.
57
Nos résultats n'excluent pas la possibilité que l'activité spontanée puisse jouer un
rôle important dans le remaniement des connexions lemniscales. Les neurones du ganglion
trigéminal ou du PRV pourraient être actifs spontanément chez la jeune souris et induire
une activité requise dans la maturation des connexions lemniscales. Similairement,
l'activité spontanée dans le néocortex pourrait promouvoir, par les fibres corticothalamiques, le remaniement des synapses lemniscales à travers des mécanismes
hétérosynaptiques.
Référence
1.
2.
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