
ORTHO-RHUMATO | VOL 14 | N°3 | 2016 13
essentiellement les grandes articulations, telles que la
hanche et le genou, et affecte l’ensemble de la membrane
synoviale. La forme nodulaire n’affecte quant à elle qu’une
petite zone de la membrane synoviale et forme une syno-
vite lobulaire locale (3). Une extension extra-articulaire
aux gaines tendineuses d’articulations plus petites, comme
celles des pieds et des mains, est un phénomène connu
sous le nom de «tumeur à cellules géantes des gaines ten-
dineuses». Les symptômes de la SVNP se manifestent gé-
néralement entre 30 et 50 ans. L’incidence est estimée à
1,8 cas sur 1 million d’habitants (1).
PRÉSENTATION CLINIQUE
En cas de SVNP minime, le patient est souvent asymptoma-
tique. Les patients symptomatiques se plaignent de douleurs
et d’une tuméfaction au niveau de l’articulation touchée (1).
Des blocages et une réduction de l’amplitude de mouvement
sont des caractéristiques mécaniques que l’on retrouve gé-
néralement dans la forme locale de la SVNP. Des
hémar-
throses atraumatiques récidivantes constituent souvent un
signe annonciateur. Dans environ 50% des cas, un trauma-
tisme est à l’origine de l’apparition des symptômes (1).
La
plupart du temps, l’examen clinique révèle la présence d’un
hydrops manifeste ou d’une masse palpable.
IMAGERIE
La radiographie conventionnelle ne révèle généralement
aucune anomalie. Dans de rares cas, on peut constater une
érosion kystique avec une
réaction osseuse scléro-
tique de l’articulation (1).
Une TDM peut aussi per-
mettre de déceler cette
affection, mais l’exa-
men de prédilection est
l’IRM (3, 4), puisqu’elle
permet également de
distinguer la forme dif-
fuse de la forme locale.
Le signe le plus distinc-
tif de la forme locale à
l’IRM est la présence
d’une masse nodulaire
intra-articulaire hypo-intense
sur les séquences pondérées en
T1 et en T2 (Figure 4). Cette
hypo-intensité est due à la pré-
sence d’hémosidérine. Dans la
forme diffuse de la SVNP, on
constate une tuméfaction glo-
bale de la membrane synoviale,
éventuellement accompagnée
d’érosions périarticulaires.
HISTOLOGIE
Au nal, le diagnostic est conrmé par l’examen microsco-
pique du tissu. Celui-ci montre généralement un tissu sy-
novial papillaire et hypervascularisé, avec prolifération de
broblastes. Des inltrats d’histocytes, de cellules mono-
nucléées, de macrophages et de cellules géantes sont éga-
lement présents (5). La biopsie contient aussi des traces
d’hémosidérine.
TRAITEMENT
Pour les patients asymptomatiques, on peut opter pour une
approche conservatrice avec un suivi régulier. Chez les pa-
tients symptomatiques, une intervention chirurgicale est
indiquée. Une résection totale de la membrane synoviale at-
teinte s’impose (1, 3, 5-7). En cas de forme locale de SVNP,
cette intervention peut généralement être effectuée par
voie arthroscopique (6). En cas de forme diffuse, une résec-
tion marginale, à ciel ouvert, de la synovite est nécessaire.
Malgré cette ablation chirurgicale, les récidives constituent
le principal problème post-opératoire, probablement en rai-
son de la résection incomplète du tissu touché. Le risque de
récidive est plus élevé en cas de forme diffuse de SVNP, où
il peut atteindre 46% (7). Ces chiffres diminuent lorsqu’une
synovectomie est combinée à une radiothérapie (8). Tant
la radiothérapie externe qu’intra-articulaire est appliquée
comme traitement adjuvant à la suite d’une intervention
chirurgicale. En présence d’une SVNP dans une articulation
dégénérative ou en cas de récidives multiples, la pose d’une
prothèse totale peut être indiquée.
CONCLUSION
La SVNP est une forme rare de synovite monoarticulaire
qui touche essentiellement le genou. L’IRM est l’examen
de prédilection, mais c’est l’analyse microscopique qui per-
met de poser un diagnostic dénitif. Un traitement chirur-
gical s’avère nécessaire dans la plupart des cas.
Références sur www.ortho-rhumato.be
A B C
Figure 3: Identification d’une SVNP locale pendant l’arthroscopie du genou. Notez la couleur brune
de la synovite, due à la présence d’hémosidérine (a). La synovite est réséquée au moyen d’un rasoir
pour arthroscopie (b et c).
Figure 4: Coupe IRM sagittale
du genou pondérée en T2,
avec SVNP localisée dans
le compartiment antérieur
(flèche blanche) (4).