Maladie de Lyme :
ne pas passer à côté
La maladie de Lyme est une affection liée à la bactérie « Borrelia burgdorfe-
ri » : on parle également de borréliose. Transmis par l'intermédiaire de tiques,
cet agent infectieux engendre une maladie polymorphe chez le cheval, mais
également chez l'homme. L’expression clinique de l'infection étant très
variable d'un individu à un autre, la borréliose est souvent identifiée de façon
tardive. Pourtant, la prise en charge précoce facilite la guérison et limite le
risque de complications.
L
a borréliose de Ly-
me est une zoono-
se d'importance
mondiale, qui se
manifeste par des signes
articulaires, neurologiques
ou dermatologiques. Chez
l'homme, la maladie peut
évoluer de manre chroni-
que et devenir particulière-
ment invalidante. Souvent
subclinique chez le cheval,
elle peut néanmoins altérer
l'état général de l'animai et
entraîner des symptômes
articulaires, nerveux et oph-
talmiques.
Transmise par les tiques
La bactérie à l'origine de la
maladie de Lyme est inocu-
lée dans l'organisme du
cheval suite à une morsure
par des tiques (genre Ixo-
des). Le repas sanguin doit
durer au minimum 24 heu-
res pour transmettre l'agent
infectieux. Les humains
peuvent égaiement être in-
fectés.
La présence de la maladie
sur le territoire français se
superpose à celle du vec-
teur : ces tiques sont parti-
culièrement pandues dans
certaines zones géographi-
ques, notamment en Alsa-
ce, Limousin, Lorraine, Cen-
tre et Île-de-France ainsi
que le Sud-ouest. Seules les
zones situées à une altitude
supérieure à 1 500 mètres
et une bande côtière près
de la Méditerranée sem-
blent pour l'instant épar-
gnées. La maladie affecte
toutes les races de chevaux.
Les races rustiques, plus
exposées aux tiques, en rai-
son de leur mode de vie,
sont plus fréquemment at-
teintes.
En effet, l'habitat naturel
des tiques étant essentielle-
ment représenté par les zo-
nes de forêt, sous-bois et
broussailles, les chevaux
vivant au contact de ces
lieux et pratiquant des acti-
vités en extérieur sont plus
exposés au risque de conta-
mination. Les chevaux vi-
vant en pâture et les che-
vaux de randonnée sont,
par conséquent, des caté-
gories à risque.
Des organes
« sensibles »
Une fois dans l'organisme,
la bactérie
Borrelia burgdor-
feri
est transportée dans le
sang et les tissus lymphati-
ques. Elle aurait une prédi-
lection pour certains orga-
nes, tels que les articula-
tions, le système nerveux,
les yeux et le ur. L'infec-
tion engendre une réponse
immunitaire marquée. Les
chevaux infectés peuvent
présenter des signes de fiè-
vre et de fatigue, souffrir de
douleurs articulaires, de
fourbure, de boiterie ou de
myosite. Une perte de
poids, des signes oculaires
et neurologiques peuvent
également être observés.
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Maladie de Lyme : ne pas passer à côté
Il faut néanmoins garder à
l'esprit que chez le cheval,
les manifestations articulai-
res sont les plus fréquentes.
Elles entraînent une boiterie
chronique intermittente
pouvant affecter un ou plu-
sieurs membres, de façon
concomitante ou successi-
ve. La palpation des articu-
lations révèle une douleur,
une chaleur et un gonfle-
ment souvent associé à un
œdème du membre. En
l'absence de traitement, ces
arthrites peuvent durer plu-
sieurs mois entrecoupés de
périodes de rémission. Le
pronostic sportif est alors
défavorable du fait de l'alté-
ration irréversible de la lo-
comotion.
Un diagnostic délicat
Le diagnostic de la maladie
de Lyme est difficile à éta-
blir pour deux raisons : il
n'existe pas de signe clini-
que spécifique et les outils
de diagnostic sont limités. Il
convient de procéder à l'éli-
mination d'autres affections
incluses dans le diagnostic
différentiel : arthrite, ostéo-
chondrose, myopathie, etc.
La présence de tiques dans
la gion vit le cheval
permet également de ren-
forcer la suspicion.
Une sérologie1 positive en
présence de signes clini-
ques, avec, si possible, une
cinétique d'anticorps permet
de préciser le diagnostic. De
même, une réponse positive
au traitement est une bon-
ne indication de suspicion,
mais sans toutefois permet-
tre de confirmer le diagnos-
tic avec certitude.
L'identification de
B. burg-
dorferi
par culture classique
ou par amplification géni-
que à partir de sang ou
d'urine permet d'établir le
diagnostic de certitude. Il
existe cependant des ris-
ques de faux négatifs : en
effet, la recherche dans le
sang n'est valable que lors
de phase aiguë ou de
symptômes systémiques. En
pratique, la culture de la
bactérie est difficile, car elle
est présente en très faible
quantité dans le sang et
dans les tissus et la techni-
que par PCR (Polymérase
Chain Reaction) n'est pas
toujours disponible. De
plus, la culture est très lon-
gue (deux mois).
Antibiothérapie
nécessaire
Chez le cheval, le traite-
ment repose sur l'adminis-
tration d'un antibiotique
(généralement tétracycline
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Maladie de Lyme : ne pas passer à côté
Identifier la maladie
Actuellement, il reste encore difficile de diagnostiquer avec
certitude une borréliose. Les tests à la disposition du vété-
rinaire présentent en effet de nombreuses limites :
Tests sérologiques : ils recherchent la présence d'anti-
corps contre la bactérie dans le sang du cheval. Un test
positif indique seulement que le cheval a été en contact
avec
Borrelia burgdorferi
.
Les sérologies se réalisent grâce à une prise de sang sur
tube sec et le délai de réponse est de 48 à 72 heures.
Les tests de mise en évidence directe de la bactérie : on
recherche directement la bactérie après une mise en cultu-
re. Ces tests sont difficiles à mettre en œuvre et le délai
pour les résultats est particulièrement long ...
En pratique
ou doxycycline) permettant
d'éliminer la bactérie de
l'organisme du cheval. Un
t r a i t e m e n t a n t i -
inflammatoire est souvent
associé à l'antibiothérapie
afin d'améliorer le confort
du cheval (douleurs articu-
laires notamment). Le trai-
tement doit permettre une
amélioration de l'état géné-
ral et des symptômes au
bout de quelques jours. Il
est néanmoins nécessaire
de poursuivre l'antibiothéra-
pie durant plusieurs semai-
nes, afin de permettre la
guérison du cheval tout en
limitant les complications
(arthrites chroniques). Les
rechutes sont fréquentes si
la durée du traitement est
insuffisante.
Lutter contre les tiques
Actuellement, aucun vaccin
n'est disponible chez le che-
val.
La prophylaxie sanitaire est
difficile à mettre en œuvre.
Elle repose sur une destruc-
tion des vecteurs (tiques),
soit fixés sur le cheval, soit
dans l'environnement
(débroussaillage, ramassa-
ge des feuilles, etc.). L'ac-
cès aux écuries par d'autres
animaux domestiques, no-
tamment les chiens et les
chats, susceptibles d'héber-
ger des tiques, doit être li-
mité voire interdit, à moins
qu'ils ne soient protégés.
La protection des chevaux
contre les tiques est diffici-
le. L'utilisation de substan-
ces destinées à détruire ou
repousser les tiques sur le
cheval est possible mais
leur durée d'action est sou-
vent courte. Des applica-
tions répétées sont néces-
saires, notamment à cause
de la sudation chez les che-
vaux au travail et après de
fortes pluies pour les che-
vaux au pâturage.
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Maladie de Lyme : ne pas passer à côté
Les manifestations d'arthrites
(inflammation des articulations)
sont fréquentes lors de borréliose
chez le cheval.
Un tableau clinique varié
La majorité des chevaux contaminés par des tiques porteu-
ses de
B. Burgdorferi
ne présenteront pas de signe clinique :
on parle de maladie asymptomatique. Seuls 10 à 15% des
chevaux vont présenter une symptomatologie détectable.
La maladie peut alors se manifester par :
fièvre modérée ;
fatigue, léthargie ;
hyperesthésie (exacerbation de la perception des sensa-
tions tactiles ou douloureuses) ; t douleurs articulaires, boi-
terie, raideur ;
œdème des membres et des parties déclives (ventre, four-
reau) ;
perte de poids ;
modification du comportement.
Plus rarement :
troubles neurologiques ;
panuite (inflammation oculaire).
La recherche et l'élimination
des tiques dans le pelage
restent le meilleur moyen
de prévenir la maladie. Il
faut en effet que la tique
soit attachée depuis 24 à 72
heures pour que
B. burg-
dorferi
soit transmis à l'hô-
te. Ainsi, plus tôt la tique
sera retirée, moins de chan-
ces elle aura de transmettre
la bactérie, d'où l'intérêt
d'un pansage fréquent et
minutieux. La tique accro-
chée doit être saisie, aussi
près de la peau que possi-
ble à l'aide d'une pince spé-
cialement prévue à cet usa-
ge. Après l'extraction, il faut
laver à l'eau savonneuse
l'endroit de la morsure et
tuer la tique par immersion
dans l'alcool.
DR NICOLAS SERRAUD
(1) La sérologie consiste à éva-
luer l'immunité à une maladie en
mesurant la quantité d'anticorps
spécifiques de celle-ci.
Sources : Claire Moussu, C. Haï,
Pierre-Hugues Pitel, La Maladie
de Lyme : il faut y penser, Respe.
Portier K. et al. (2002). Suspicion
de maladie de Lyme chez un
poney. Pratique Vétérinaire
Équine. 34 (134), 59-65.
Cécile Lamouraux, La borréliose
de Lyme chez le cheval. thèse
vétérinaire soutenue en 2005.
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