2.3 - L'anatomie comparée
Le principe de l'ascendance commune implique que tous les organismes ont
pour origine des ancêtres communs (voir la section 4.2 : « Le darwinisme ») ;
comparer les structures entre les différents groupes fossiles permet de saisir les voies
suivies par l'évolution. L’anatomie comparée s’est dotée de plusieurs principes pour
dégager les caractéristiques d’un animal afin de le situer par rapport à un milieu, à
d’autres espèces ou à un niveau taxinomique.
Le principe de la « corrélation des organes », encore appelé « loi de corrélation » ou
bien « loi de coexistence des organes », est l’un des plus importants. Établi en 1795
dans un mémoire d’Étienne GEOFFROY SAINT-HILAIRE et de Georges CUVIER, il affirme
qu’un organe ne peut changer sans en affecter d’autres. Par conséquent, chaque
organe, étudié séparément, peut donner des informations sur d’autres. G. CUVIER
utilisera avec succès ce principe dans la reconstruction du Paleotherium des gypses
de Montmartre.
Le principe des connexions de É. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, qui stipule que les connexions
entre les organes sont des invariants, autorise la reconnaissance des homologies (voir
la section 2.2.3 : « La méthode cladistique, la reconnaissance des homologies »).
Un troisième principe, fréquemment utilisé, lie les structures organiques des animaux à
leur milieu et à leur mode de vie. On parlerait aujourd’hui de la « structure-fonction »
des organes. LAMARCK et É. GEOFFROY SAINT-HILAIRE en ont été les premiers utilisateurs.
Les Hominoïdes offrent l'exemple d'une lignée reconstituée à partir de l'analyse
et de la comparaison de pièces squelettiques fossiles. Leur étude, qui repose sur des
mesures précises, a permis de retracer leur morphologie générale et de reconstituer
parfois certains de leurs comportements, par exemple la taille des outils. Une datation
précise des fossiles s'avère indispensable, car la lignée humaine a évolué rapidement.
Malheureusement, les sédiments quaternaires, souvent remaniés dans quelques
régions, sont difficiles à dater et les filiations sont régulièrement révisées ; les
datations de fossiles africains, demeurés enfouis, sont parfois très fiables, car les
sédiments du Rift africain, épais de 1 200 m, sont peu remaniés et les accidents
volcaniques offrent de bons repères chronologiques. Les préhistoriens s'accordent
néanmoins sur les grands traits de la lignée proposée.