Certains membres de son propre parti sont inquiets d'ouvertures de frontières qui pourraient
provoquer, à leurs yeux, des licenciements importants parmi les salariés américains les plus modestes.
Et puis voici que 1998 voit l'annonce de la création pour 2005 de la plus grande zone de libre
échange du monde, de l'Alaska à la Terre de Feu !
Ce projet américain heurte toutefois certains pays sud-américains, à commencer par le Brésil, qui se
sent plus à l'aise dans le MER.CO.SUR que dans un ensemble dominé vraisemblablement par les
Etats-Unis.
Ces tentatives, ces péripéties, montrent bien l’importance que prend la « régionalisation » de
l’économie internationale, mouvement d’économie multipolaire qu’il ne faut pas confondre avec les
« clusters » ou grappes, appelés comme telles par certains économistes désignant quelques grands
centres urbains, pôles d’excellence spécialisée (Shenzhen en Chine, Boston aux U.S.A, Tokyo au
Japon, Milan, New York, Los Angeles, Détroit, Paris, etc.…)
III - Les perspectives d'avenir
Certains évènements montrent également qu'une zone de libre échange ne peut se construire sans
que des conditions essentielles, et d'abord politiques, soient réunies.
Un exemple en a été donné par l'échec du nouveau marché transatlantique et de l'accord multilatéral
sur l'investissement envisagés entre les Etats-Unis et l'Union Européenne.
Cet échec trouve sa source dans le différend qui les oppose à travers les lois extraterritoriales
américaines, HELMS-BURTON et D'AMATO instaurant des sanctions à l'encontre des entreprises
qui investissent à Cuba, en Lybie et en Iran.
L'Organisation mondiale du commerce, quant à elle, estime que les projets d'intégration régionale et
multilatérale se complètent plus qu'ils ne s'opposent.
Pour elle, il n'y a pas d'accord d'intégration régionale tendant à l'érection de "forteresse", accusation
que portent parfois les Américains vis-à-vis de l'Union Européenne.
Plus précisément encore, elle a délivré à l'Union Européenne, dans son dernier rapport d'examen, un
"certificat de bonne conduite" en matière de libéralisation, même avec quelques réserves relatives aux
aides publiques.
Mais les entreprises de l'Union Européenne, quelle que soit leur taille, doivent encore, pour la
plupart d'entre elles, prendre véritablement conscience du mouvement irréversible de la
"régionalisation" de l'économie mondiale.
Elles doivent y être attentives et, d'ores et déjà, s'y adapter ou du moins s'y préparer.
Les réalités ou les tendances à la "mondialisation" du commerce international ne doivent pas
occulter cette autre réalité, certes moins perceptible et très peu médiatisée, du développement
économique multipolaire.
Bien qu'il soit encore aujourd'hui difficile d'en saisir la portée et les phénomènes d'incidences, la
création d'une zone de libre échange plus ou moins évoluée entre des pays disposant d'une proximité
géographique, d'une complémentarité de matières premières, d'une communauté de langue, d'éléments
culturels ou historiques communs, d'un niveau de vie comparable, de charges salariales proches, peut
réserver un jour bien des surprises.