des fossiles ; leur morphologie est donc importante à double titre, pour déterminer les
espèces paléontologiques et pour reconstituer des phylogénies.
Ces deux buts sont atteints par des méthodes statistiques qui déterminent et
apprécient les domaines de variabilité : soit ils se recouvrent et les populations
appartiennent à la même espèce ; soit ils se chevauchent partiellement et les
populations constituent des espèces ou des sous-espèces distinctes. Ce concept si
facile à appréhender suscite quelques remarques.
La détermination des espèces fossiles et celle de leur phylogénie est sujette à
caution par manque de critères objectifs ; elle dépend beaucoup des caractères
utilisés, du choix et de la puissance de l'outil statistique employé, et enfin de
l'appréciation du chevauchement tolérable avant de déclarer des populations
conspécifiques, c’est-à-dire monospécifiques.
D'un emploi très pratique, le concept morphologique correspond à la notion
intuitive de l'espèce. Mais il doit être renforcé, si possible, par d'autres critères (voir ci-
dessous), car il manque parfois de fiabilité. Des groupes dissemblables appartiennent
parfois à une même espèce, c'est le cas des Perches arc-en-ciel américaines
(Sunfish), dont le polymorphisme est très accentué. À l'inverse, des groupes
morphologiquement semblables ne sont pas nécessairement de la même espèce ;
c'est le cas des espèces jumelles.
Par exemple, les Drosophiles d'Amérique Centrale et du Sud étaient regroupées dans
l'espèce Drosophila pseudoobscura. Mais des croisements entre souches d'origine
différente donne une première génération (F1) dont les mâles sont presque tous
stériles et les femelles très souvent fertiles. Les croisements entre des femelles F1 et
des mâles de type parental donnent des résultats divers : mortalité larvaire importante,
longévité et vigueur sexuelle des imagos très diminuées. Finalement, les naturalistes
ont réparti ces Drosophiles en deux groupes distincts, appelés « A » et « B », car ils
étaient incapables de les différencier morphologiquement. Dans les localités où les
deux espèces cohabitent, on ne rencontre aucun animal qui puisse être interprété
comme hybride.
Une étude minutieuse de ces deux types de Drosophiles révèle des différences
morphologiques, caryotypiques, biochimiques et éco-étho-physiologiques :
- la nature des systèmes enzymatiques,
- leur caryotype et leur génotype,
- des décalages chronologiques dans leur développement,