L’approche par les corridors écologiques a aussi montré ces limites pour la mise en
place de TVB parce que d’autres espaces hors corridors définis peuvent jouer un
rôle important pour le déplacement des espèces et pour la survie de leurs
populations. Ainsi la notion de perméabilité des espaces est apparue. Amsallem et
al. (2010) mentionne que la perméabilité peut être vue comme une caractéristique
globale de la fonctionnalité écologique de la matrice éco-paysagère agricole qui
serait ainsi garante d’une mobilité satisfaisante des espèces. Par contre, cette
perméabilité reste encore à définir pour des cas concret comme les paysages
agricoles. Même si la matrice éco-paysagère (p.ex. parcellaire, haie, bosquet,
fossés) est relativement stable, des changements fréquents spatiaux et temporels
sont caractéristiques de l’activité agricole. Les paysages agricoles présentent une
très grande hétérogénéité et donc des conditions très fluctuantes pour la faune. Les
espèces qui fréquentent ces milieux utilisent souvent plusieurs types d'habitats pour
accomplir toutes les étapes de leur cycle de vie. Par conséquent, ce n'est pas la
quantité et l'organisation spatiale d'un type d’habitat spécifique qu'il faut considérer
mais celles de l'ensemble des éléments qui forment le milieu de vie de l'espèce. Ainsi
l'hétérogénéité de l'ensemble doit être étudiée en analysant la composition et la
configuration spatiales des différentes formes d'occupation des sols : semi-naturels
et cultivés (Fahrig et al. 2011).
Pour la mise en place de la TVB en Rhône-Alpes, le Schéma Régional de
Cohérence Ecologique (SRCE) a été approuvé en 2014 pour 6 ans. Le SRCE
détermine les composantes de la trame verte et bleue régionale et définit un plan
d’actions pour la préserver et la restaurer (SRCE de la région Rhône-Alpes, 2014).
Lors de l’élaboration du SRCE, les espaces agricoles ont fait l’objet d’une étude qui a
révélé la présence de 4 à 8% d’espaces occupés par des éléments semi-naturels
arborés (Sarrazin et al., 2012). La notion nouvelle d’espace agricole perméable a été
actée suite en partie à cette étude. L’enjeu majeur sur les espaces agricoles est
désormais à la fois d’améliorer les connaissances dans une perspective de gestion
et d’assurer dans la durée le maintien voire l’amplification de leurs fonctionnalités
écologiques en se basant sur cette notion de perméabilité.
L’ISARA-Lyon, est chef de file du projet portant sur l’amélioration des connaissances
sur la perméabilité écologique des espaces agricoles en Rhône-Alpes dans lequel
s’insère la thèse proposée. Le projet sera conduit dans un partenariat large incluant
des organisations agricoles (chambres départementales et régionale d’agriculture) et
environnementales (conservatoires botaniques et des espaces naturels, ligue de
protection des oiseaux, fédération Rhône-Alpes de protection de la nature). Il
travaillera également en étroite relation avec les collectivités territoriales des
territoires où se déroulera plus particulièrement le projet : Bièvre-Valloire, Grand
Rôvaltain, Loire-Forez.
2. Objectifs
L’objectif de la thèse sera d’améliorer les connaissances sur les fonctionnalités
écologiques des espaces agricoles de Rhône-Alpes.
La première étape est descriptive par une approche éco-paysagère permettant
d’analyser la composition et l’organisation spatiale des différents paysages agricoles.
en s’appuyant sur différents descripteurs : maillage du paysage par des éléments
semi-naturels comme les haies, bosquets, prairies permanentes, taille des parcelles,
assolements, …