Chapitre 2.4.15. — Coryza gangreneux
Manuel terrestre de l’OIE 2008 851
L’ADN viral a été détecté dans des échantillons prélevés sur des animaux atteints de coryza
gangreneux causé soit par AlHV-1 ou OvHV-2 au moyen d’une réaction d’amplification en chaîne
par polymérase (PCR) qui devient la méthode de choix pour le diagnostic de la maladie due à
OvHV-2.
Épreuves sérologiques : les gnous infectés, hôtes naturels de l’AlHV-1, développent de façon
constante des anticorps qui peuvent être mis en évidence au moyen d’une grande variété
d’épreuves dont la séroneutralisation virale, l’immuno-empreinte (immunoblotting), les tests
immuno-enzymatiques (ELISA) et l’immunofluorescence. Cependant la réponse sérologique des
animaux malades est limitée, aucun anticorps neutralisant ne se développant, la détection des
anticorps ne peut donc utiliser que l’immunofluorescence, un test ELISA ou l’immuno-empreinte.
Les anticorps contre OvHV-2 n’ont été détectés qu’en utilisant AlHV-1 comme antigène. Les
moutons domestiques ont de manière constante des anticorps qui peuvent être détectés par
immunofluorescence, test ELISA ou immuno-empreinte. Alors que les anticorps peuvent souvent
être détectés par immunofluorescence et un test ELISA chez des bovins atteints de coryza
gangreneux, ces anticorps ne sont pas toujours présents chez des espèces présentant une forme
plus aiguë de la maladie comme les cervidés. Un test ELISA de compétition (c-ELISA) semble avoir
une sensibilité et une spécificité qui sont égales ou supérieures à celles des autres épreuves. Un
test ELISA a également été récemment décrit qui donnait des résultats similaires au c-ELISA.
Spécifications applicables aux vaccins et aux produits biologiques à usage diagnostique :
Aucun vaccin n’a été développé pour cette maladie.
A. INTRODUCTION
Le coryza gangreneux est une maladie généralement mortelle des bovins et de nombreuses autres espèces
d’Artiodactyles qui se produit après l’infection par l’alcélaphine herpèsvirus 1 (AlHV-1) ou l’herpèsvirus ovin 2
(OvHV-2). Le gnou (Connochaetes spp. de la sous-famille des Alcélaphinés) est l’hôte naturel de AlHV-1 et ne
montre aucun signe clinique après l’infection. De la même manière, l’infection naturelle du mouton domestique,
hôte naturel de OvHV-2, n’est pas associée à quelque signe clinique que ce soit, bien que de grandes doses de
virus inoculées à des moutons sensibles puissent entraîner des signes cliniques de coryza gangreneux (11). La
maladie causée par AlHV-1 ne se rencontre que dans les régions d’Afrique où les gnous sont présents, et, par
ailleurs, dans des parcs zoologiques. Cette maladie a été précédemment identifiée comme coryza gangreneux
« associé au gnou ». La forme de la maladie due à OvHV-2 se produit dans le monde où des élevages de
moutons sont conduits. Elle a été précédemment décrite comme coryza gangreneux « associé au mouton ». Les
deux formes de la maladie peuvent présenter une grande variabilité d’aspects cliniques bien que les modifications
histopathologiques caractéristiques soient très semblables dans tous les cas. Ces deux virus appartiennent à un
sous-groupe de rhadinovirus des ruminants étroitement apparentés qui touchent trois sous-familles de Bovidés
(Alcelaphinae, Hippotraginae et Caprinae) ; il est probable que tous peuvent potentiellement provoquer un coryza
gangreneux typique. À de rares occasions, des membres de ce groupe de virus, autres que l’AlHV-1 et l’OvHV-2,
ont été identifiés comme responsables de cas de coryza gangreneux.
• Changements cliniques et pathologiques
Les signes cliniques du coryza gangreneux sont très variables, ils vont d’une forme suraiguë à une forme
chronique avec en général des manifestations plus nettes dans les cas qui durent plus longtemps. Dans la forme
suraiguë, soit aucun signe clinique n’est détecté soit on observe une dépression accompagnée de diarrhée et de
dysenterie 12 à 24 h avant la mort. En général, le début des signes est associé avec l’arrivée d’une forte fièvre,
d’un larmoiement séreux accru et d’un exsudat nasal qui évolue vers un jetage mucopurulent abondant. Les
animaux peuvent présenter une anorexie et une chute de la lactation. Une opacité cornéenne bilatérale assez
caractéristique se développe progressivement en commençant par la périphérie. Dans certains cas, des lésions
cutanées apparaissent (caractérisées par des ulcérations et des exsudations), qui peuvent former des croûtes
associées à une nécrose de l’épiderme. Elles sont souvent localisées au périnée, au pis et aux trayons. Une
salivation associée avec une hyperémie peut être un signe précoce qui évolue vers des érosions de la langue, du
palais, des gencives et d'une manière caractéristique de l’extrémité des papilles buccales. Les nœuds
lymphatiques superficiels peuvent être hypertrophiés et les articulations peuvent être enflées.
Des signes nerveux comprenant hyperesthésie, incoordination, nystagmus et poussées de la tête peuvent être
présents en l’absence d’autres signes cliniques ou comme une partie d’un syndrome plus large et plus
caractéristique.