SNU. De nombreux tests de barrages ont été proposés. Le principe est toujours le
même : le sujet doit détecter des items cibles (lignes, lettres, dessins) répartis sur une
feuille de papier et les barrer (7,9). Ce type de test est d’autant plus sensible que les
items cibles sont mêlés à des distracteurs. Parmi les autres épreuves classiques, citons
les tests de dessins (copie ou dessin de mémoire) (10), les bissections de lignes, mettant
en évidence une déviation du milieu subjectif vers la droite, ou encore les tests d’écri-
ture. Les autres aspects de la négligence sont moins souvent évalués de façon systéma-
tique, en particulier la négligence motrice ou la négligence de l’espace lointain
(extrapersonnel). Certains auteurs ont cependant proposé des épreuves spécifiques
pour la négligence représentationnelle (11) ou pour la négligence personnelle (12).
Une batterie standardisée, la batterie d’évaluation de la négligence (BEN,
Orthoéditions), regroupant plusieurs épreuves visuo-perceptives et visuo-graphiques,
ainsi qu’une évaluation de la négligence personnelle, de l’anosognosie et de l’extinc-
tion sensorielle, a récemment été validée et publiée par un groupe de travail multi-
centrique francophone (13,15). Cette batterie a été validée chez environ 500 sujets
sains, plus de 200 patients avec lésions vasculaire droite et plus de 80 patients avec
lésion vasculaire de l’hémisphère gauche. L’épreuve la plus sensible de cette batterie est
une épreuve de barrage, le test des cloches (8). Nous avons également constaté que la
réalisation de plusieurs tests de la batterie était plus sensible que chacun des tests pris
isolément. Cela souligne l’importance de ne pas se contenter d’une seule épreuve dans
l’évaluation d’un patient suspect de négligence spatiale.
L’évaluation écologique de la négligence spatiale
Plusieurs auteurs ont proposé des tests plus écologiques. Towle et Lincoln (16) ont
proposé un questionnaire administré au patient lui-même et à ses proches leur
demandant s’ils éprouvent des difficultés dans certaines situations de la vie quoti-
dienne. Les auteurs ont montré une différence entre le score obtenu par interrogatoire
des patients (qui ne rapportent pas plus de problèmes que des patients non héminé-
gligents) et par l’entourage familial. Cette approche permet donc de mettre en
évidence l’anosognosie. Le Rivermead Behavioural Inattention Test (RBIT) (9, 17, 18)
comprend des tests dits comportementaux : décrire une photographie, lire un numéro
de téléphone, un menu, un article de journal, lire l’heure sur un cadran de montre et
mettre une pendule à l’heure, classer des cartes, classer des pièces de monnaie, copier
une adresse et une phrase, suivre une route sur une carte. Cette batterie a montré une
bonne corrélation avec une check-list d’ergothérapie. Toutefois, les auteurs n’ont pas
démontré une sensibilité supérieure à celle des épreuves papier-crayon. Une équipe
italienne a proposé une échelle semi-structurée, basée sur des simulations de situations
de la vie quotidienne. Cette échelle comprend des items correspondant à la négligence
extrapersonnelle (servir du thé, distribuer des cartes, décrire des images et décrire une
pièce) et une partie relative à la négligence personnelle (utilisation d’objets courants :
rasoir ou poudrier, peigne, lunettes) (19, 20). La fidélité inter-juge est bonne (20).
Seuls les subtests extrapersonnels étaient significativement corrélés avec les tests
« papier-crayon ». Une version modifiée de l’échelle personnelle a été proposée, le test
Évaluation de la négligence spatiale en vie quotidienne 19