M. Aubel – DST 2nd 1 h.
Correction DS – Explication d'un document
d'histoire : comparaison Athènes-Thèbes au 5e s. av.
J.-C. [CA v1.2]
Note : il est évident que l'obtention d'une note maximale ne nécessitait, de la part d'un élève, qu'une
part modeste des informations et analyses qui suivent. Entre crochets, quelques (rares) compléments
d'information non signalés en classe.
1. Ce texte, traduit du grec antique, est composé d'extraits d’un dialogue entre Thésée, héros
athénien mythique [il a tué le minotaure crétois] et un héraut thébain, messager de la cité
grecque de Thèbes. Une cité (polis) est un micro-État souverain qui comprend une ville et ses
campagnes (Ex. : Athènes, Thèbes, Sparte...). Cette forme d'oganisation socio-politique est la
plus courante (il existe aussi quelques royaumes. Ex. : la Macédoine) dans le Monde grec antique
qui s'étend, depuis la colonisation grecque des 8e-6e s. av. J.-C., sur l'ensemble du bassin
méditerranéen (Ex. : Marseille fondation de Phocée). Ces cités nombreuses et petites (~ 100 km²
en moyenne mais 2 650 km² pour Athènes) sont donc proches géographiquement et, souvent, en
concurrence voire en conflit (on estime qu'une cité grecque est en guerre deux années sur trois !)
[la compétition – agôn, influence du modèle homérique - est saine et naturelle pour les Grecs, ce
dont nous avons hérité]. C'est le cas ici : Thèbes est voisine et rivale d'Athènes depuis des
siècles. Ce dialogue est extrait des Suppliantes, une tragédie d’Euripide (- 484-406 av. J.-C.),
célèbre auteur athénien de nombreuses pièces de théâtre. C'est à Athènes qu'est né le théâtre à
cette époque [voir Q6]. Le sujet de ce dialogue est politique, les deux intervenants comparent les
institutions de leur cité d’origine. Il fut écrit vers - 423/2 av. J.-C., un temps d’apogée pour la cité
d'Athènes (« siècle de Périclès ») et un temps de guerre entre cités grecques (guerre du
Péloponnèse depuis – 431 av. J.-C. entre Athènes, Sparte et leurs alliés respectifs).
2. Régimes politiques : le 5e s. av. J.-C. voit se consolider à Athènes un type assez nouveau de
régime politique, la démocratie directe. Athènes n'est ni la première, ni même la seule
démocratie grecque mais c'est la plus importante et la mieux connue par les sources. C'est un
régime politique dans lequel le peuple, c'est-à-dire l'ensemble des citoyens (sans distinction de
naissance, de fortune ou de capacité), détient le pouvoir souverain et exprime sa volonté par le
vote. On peut dire que la démocratie est le régime politique le plus libre, puisqu'il vise le salut de
tout le peuple, et non l'utilité de ceux qui dirigent. La démocratie est directe quand les citoyens
participent directement à l'élaboration et au vote des lois (par opposition au système de
démocratie représentative telle l'actuelle Vème République française). La tyrannie est un type de
régime politique caractérisé par le pouvoir absolu et arbitraire d'un individu (le tyran). En général,
il est arrivé au pouvoir par la force et s'y maintient par le même moyen (ex. : le tyran athénien
Pisistrate au 6e s. avait des gardes munis de gourdins). Attention cependant, un tyran peut être
populaire et bon gouvernant (c'est le cas de Pisistrate). Ce type de régime tyrannique est courant
dans le Monde grec depuis les 7e-6e s. av. J.-C.
3. Les principes : Athènes est une démocratie directe ; elle est donc fondée sur la souveraineté du
peuple (demos) : « son peuple la gouverne » réuni en assemblée. Il règne dans la cité l'égalité
civique (et non sociale) : « le pauvre et le riche y ont des droits égaux ». Le citoyen dispose en
effet de l'égalité politique (droit de vote) et de l'égalité devant la loi [isonomie]. Enfin les
Athéniens sont libres, chacun peut notamment exprimer son opinion sur la politique de la cité
(liberté d'expression). Chacun peut même proposer une loi à ses concitoyens ou mettre en
accusation un responsable politique.
4. Les institutions athéniennes : la démocratie athénienne repose essentiellement sur l'existence
d'une assemblée de tous les citoyens (ecclesia). Cette assemblée a des pouvoirs importants : elle
discute et vote les lois, elle décide de la guerre et de la paix, elle peut voter l'ostracisme
(bannissement pour dix ans des supects d'aspiration à la tyrannie). A cette assemblée s'ajoute un
conseil de 500 citoyens qui prépare les lois (Boulè), un tribunal populaire de 6 000 jurés
(l'Héliée). Leurs membres sont tirés au sort pour un an. Il faut aussi chaque année ~ 700
magistrats, en général tirés au sort. Ces pratiques peuvent faire effectivement dire que « tour à
tour les citoyens reçoivent le pouvoir pour un an ».
5. Les défauts des institutions : le Thébain évoque à partir de l'exemple du « paysan » le problème
de la participation effective dans une démocratie directe. En effet, il apparaît difficile de concilier
travail et vie politique. Nombre de citoyens sont pauvres et travaillent dur (paysans, pêcheurs,
pottiers...) ; en grande majorité, ils sont trop éloignés des lieux de réunion (presque 40 km pour
le village de Marathon) alors qu'il n'y a pas de route et que le cheval est un luxe (voir les
cavaliers de la frise du Parthénon). On peut s'interroger sur le nombre de citoyens qui assistaient
aux séances. On estime à 9 000 personnes la capacité des gradins sur la colline de la Pnyx où
siège l'ecclesia, le quorum (nombre minimal) pour un ostracisme (bannissement pour dix ans) est