donnée, elle se construit a partir d’erreurs, elle requiert des ruptures permanentes avec le
savoir déjà acquis, mais aussi avec des manières de penser, elle exige même une reforme
de son esprit. La vocation scientifique exige un renoncement complet à tout ce qui est de
l’ordre de subjectivité humaine.
La vérité scientifique est une vérité absolue, qui est vrai absolument, c'est-à-dire
entièrement, parfaitement, et à tous les points de vue. C’est donc exactement le contraire
d’une vérité relative. L’idée d’une vérité absolue est donc l’idée d’une vérité certaine et
universelle, valable en tout temps, en tout lieux et pour tous les hommes, parce qu’elle dit les
choses telles qu’elles sont, objectivement, et non telles qu’elles apparaissent à chacun dans
des perspectives toujours partielles.
L’idée de vérité absolue est inséparable des idées de démonstration, de vérification,
d’expérimentation. Pour s’assurer de la vérité de ce que l’on pense, il importe de pouvoir
justifier que ce que l’on dit est vrai. Au sens large la notion de démonstration se rapporte à
tout type de preuves qu’une personne peut fournir pour appuyer ce qu’elle avance. Elle peut
donc voir le sens de justification. Mais cette notion connait aussi un usage plus restreint : il
s’agit d’une démonstration telle qu’elle est pratiquée dans les mathématiques. La
démonstration est une forme de raisonnement caractérisée par le fait qu’elle se présente
comme un système dont toutes les propositions sont démontrés et cohérentes entre elles.
En revanche au sein des mathématiques, il y a un certain nombre de propositions qui sont
avancées sans être démontrées : la démonstration ne peut pas remonter a l’infini, il faut
qu’elle est un point de départ (qui lui-même n’a pas été démontré). Ce point de départ est
appelé axiome. Un axiome désigne une vérité indémontrable qui doit être admise comme
vraie. Les axiomes constituent donc la limite de la démonstration : ils ne peuvent pas être
démontrés. Descartes souligne ainsi que ces propositions premières, indémontrables, sont
immédiatement connues par l’esprit : leur vérité se voit d’elle-même. Ce sont des évidences,
des « intuitions ». Il dit : « Les premiers principes ne peuvent être connus que par intuition ;
et au contraire, les conséquences éloignées ne peuvent l’être que par déduction ».
Descartes souligne donc que les premiers principes, c'est-à-dire ceux sur lesquels va être
bâtie une théorie, ne peuvent être démontrés ; ils font l’objet d’une saisie immédiate.
Nous pouvons en conclure que sans preuve scientifique, c'est-à-dire sans confrontation avec
l’expérimentation, une vérité n’a pas de légitimité et n’a pas de fondement physique.
II- La preuve scientifique ne convient qu’aux vérités de faits.
Si on ne peut établir de vérités sur les phénomènes naturels sans prouver les
hypothèses proposées grâce à des expérimentations scientifiques ; peut-on, de la même
façon, avoir des preuves expérimentales pour établir des vérités sur les phénomènes
humains ? La vérité, lorsqu’elle porte sur l’existence humaine, a-t-elle le même sens que la
vérité scientifique ? La vérité scientifique a besoin de preuves scientifiques. Soit. Mais la
vérité que l’on peut découvrir sur soi-même ne semble pas nécessairement obéir à la logique
de la preuve. En effet, c’est plutôt à travers un cheminement personnel que l’on peut
découvrir une vérité sur soi, qui n’aura rien à voir avec un fonctionnement ou une loi