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En avant camarades ! Le renouveau de la Russie et ses 5 priorités | Mars 2017
sous-estimées par l'Occident. Après la guerre, les
prouesses technologiques réalisées dans la course à l'e-
space et au nucléaire par l'Union des Républiques Social-
istes Soviétiques s'imposent toujours parmi les exploits
scientifiques les plus marquants du 20e siècle.
La mauvaise allocation systématique des ressources. Au
plus fort de la guerre froide, la Russie consacrait ses im-
menses ressources énergétiques à la satisfaction de ses
besoins de défense, au détriment des autres marchés et
secteurs. Dans les années 1980, incapable de rivaliser avec
les États-Unis et son budget digne de la Guerre des étoiles,
l'URSS a fini par s'effondrer.
Le rebond de la Russie
Si le siècle qui vient de s’écouler a vu l'Union soviétique grandir
et finalement s'écrouler, la Russie est aujourd'hui vivante et
bien portante. Le président Poutine, pour qui la chute de
l'URSS est l'un des pires désastres de l'histoire mond-
iale, exploite le sentiment de fierté nationale et la conscience
historique du peuple très présents dans le pays pour restaurer
la grandeur, non pas militaire mais économique, de la Russie.
La Russie conserve une grande part de son influence sur les
pays limitrophes d'Asie centrale ainsi que sur leurs voisins et
peut encore exercer son pouvoir en dépit des sanctions qui
l'affaiblissent. La tentation isolationniste des États-Unis sous la
présidence de Donald Trump et l'influence grandissante de la
Chine en Orient donnent à la Russie l’occasion de repenser ses
relations tant avec Washington qu'avec l'UE, se plaçant désor-
mais sur un pied d'égalité avec ces partenaires.
Les 5 priorités de la nouvelle Russie
Comment la Russie dirigée par Poutine va-t-elle célébrer son
centenaire et définir ses nouveaux objectifs ? Cinq thématiques
méritent d'être analysées :
1
Relancer son économie
De nombreux pays européens, et notamment l'Italie, la
France et l'Allemagne, sont désireux de normaliser leurs
relations commerciales avec la Russie. Un certain rapproche-
ment serait particulièrement favorable aux nations d'Europe
centrale et de l'Est, préoccupées par les problématiques mi-
gratoires et les mesures d'austérité imposées par l'UE.
Si l'économie de la Russie est largement dépendante des
matières premières, la hausse des cours du pétrole et du gaz
pourrait être un facteur de croissance déterminant en 2017. Si
l'augmentation des recettes publiques parvient à mettre un
terme aux deux années consécutives de récession traversées
par la Russie, la confiance des ménages et les investissements
pourraient remonter, les taux d'intérêt baisser et le rouble se
renforcer. Mais, sans le soutien des cours pétroliers, l'économie
russe risque de rester relativement atone tandis qu'une baisse
des prix entraînerait sans doute des difficultés dans les régions
côtières et intérieures. L'économie de la Russie est en effet
extrêmement régionalisée, plus d'un cinquième de ses rich-
esses étant produites à Moscou et dans sa région. Le gouverne-
ment central pourrait devoir faire face à des mécontentements
régionaux s’il venait à opérer un arbitrage délicat entre des
mesures d'austérité supplémentaires et une réduction des
dépenses militaires.
2
remodeler le secteur de l’énergie
Allianz Global Investors est optimiste à l'égard des prix
de l'énergie depuis un certain temps déjà, compte tenu
du contexte international d'offre limitée et de hausse de la
demande. Une augmentation des cours stimulerait non
seulement les recettes publiques mais développerait aussi
l'investissement, à mesure que les avancées obtenues sur le
gaz de schiste aux États-Unis sont appliquées aux immenses
réserves d'énergie sibériennes. À lui seul, le gisement de gaz de
Schiste de Bazhenov occupe une superficie de la taille des
États-Unis ! Toutefois, M. Poutine s'efforcera d'épargner à la
Russie le destin de l'ex. Union soviétique et devrait donc dé-
laisser quelque peu le secteur de l'énergie pour revitaliser les
centres industriels, spatiaux et technologiques autrefois assez
puissants pour rivaliser avec les États-Unis. Ces évolutions peu-
vent être en grande partie favorisées par les investissements
que certaines sociétés italiennes, françaises et allemandes en-
tretenant des liens bien établis avec la Russie sont prêtes à
réaliser.
3
Renforcer sa sphere d’influence géopolitique
Les pays occidentaux peinent encore à admettre le désir
ardent de la Russie d'occuper un rôle de premier plan
sur la scène internationale. De leur côté, les États-Unis et la
Russie sont en train de devenir les « meilleurs ennemis » du
monde. V. Poutine a félicité D. Trump pour sa victoire, et D.
Trump a exprimé son admiration pour le dirigeant russe. Paral-
lèlement, les contacts pris entre les deux gouvernements avant
le scrutin et les soupçons de piratage russe des élections amé-
ricaines font l'objet d'enquêtes approfondies et les agences de
renseignement russes étaient toujours menacées de sanctions
à la veille du départ de Barack Obama. Compte tenu de sa taille,
la Russie peut être impliquée dans de nombreux théâtres
d'opération internationaux, mais la Crimée et l'Ukraine restent
sa préoccupation prioritaire. Si D. Trump décidait d'alléger les
sanctions liées à ce conflit, un rapprochement serait envisagea-
ble.
La Syrie en revanche représente un intérêt stratégique limité
pour la Russie. Elle lui a simplement permis de montrer sa force
dans un conflit où les États-Unis ne cessaient de tergiverser. Au
Moyen-Orient, alors que l'issue du conflit reste incertaine, sur-
tout depuis l'implication de l’EI, les enjeux sont différents. La
bataille de Mossoul fait rage en Irak et le conflit régional entre
les chiites et les sunnites pourrait durer encore 25 ans et en-
traîner des répercussions à long terme sur l’Asie centrale. L'onde
de choc de ce conflit se fait en effet sentir dans toutes les ré-
gions musulmanes de l'Afrique centrale à la Chine.
M. Poutine pourrait également chercher à nouer des relations
plus étroites avec la Chine, au détriment des États-Unis. La