En avant camarades ! Le renouveau de la Russie et ses cinq priorités Mars 2017 Un siècle après la Révolution russe, une page de l’Histoire a certes été tournée sur les tsars et l’URSS, mais la Russie reste présente et bien portante. La tentation isolationniste des États-Unis offre à la Russie l’opportunité de repenser ses relations avec Washington et l'UE, cette fois dans le cadre d’un dialogue d’égal à égal. Neil Dwane Stratégiste d’Allianz Global Investors Points clés Pour le président Poutine, la chute de l'URSS est l'un des pires désastres de l'histoire mondiale ; il exploite le sentiment de fierté nationale très présent dans le pays pour restaurer la grandeur, économique plutôt que militaire, de la Russie. Cette nouvelle Russie a fixé cinq priorités : relancer son économie, remodeler le secteur de l'énergie, renforcer sa sphère d'influence géopolitique, résoudre ses problèmes de démographie et asseoir son leadership. Dotés de mécanismes juridiques moins développés en matière de protection des investisseurs, de nombreux actifs russes resteront bon marché, mais la dette souveraine de la Russie et de nombreux pays d'Europe centrale et de l'Est offrent des rendements attrayants. Alors que la Russie commémore le centième anniversaire de la Révolution russe, un événement géopolitique majeur qui a façonné la plus grande partie du 20e siècle, il est aisé d'imaginer ses citoyens faire le bilan des aspects positifs et négatifs des événements survenus depuis le soulèvement de 1917. De notre point de vue, le siècle qui vient de s'écouler laisse au moins trois legs durables en héritage : L'échec du communisme. Après la chute des tsars, la Russie s'est engagée sur la voie du communisme, chemin enthousiasmant sur le plan idéologique mais intenable économiquement. Même la Chine, longtemps dirigée par le parti communiste, semble se montrer sensible aux charmes du capitalisme. De grandes victoires militaro-industrielles. La victoire de la Russie sur l'Allemagne nazie en Ukraine pendant la seconde Guerre Mondiale fut acquise au prix d'effroyables pertes encore largement En avant camarades ! Le renouveau de la Russie et ses 5 priorités | Mars 2017 sous-estimées par l'Occident. Après la guerre, les prouesses technologiques réalisées dans la course à l'espace et au nucléaire par l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques s'imposent toujours parmi les exploits scientifiques les plus marquants du 20e siècle. esses étant produites à Moscou et dans sa région. Le gouvernement central pourrait devoir faire face à des mécontentements régionaux s’il venait à opérer un arbitrage délicat entre des mesures d'austérité supplémentaires et une réduction des dépenses militaires. La mauvaise allocation systématique des ressources. Au plus fort de la guerre froide, la Russie consacrait ses immenses ressources énergétiques à la satisfaction de ses besoins de défense, au détriment des autres marchés et secteurs. Dans les années 1980, incapable de rivaliser avec les États-Unis et son budget digne de la Guerre des étoiles, l'URSS a fini par s'effondrer. remodeler le secteur de l’énergie Allianz Global Investors est optimiste à l'égard des prix de l'énergie depuis un certain temps déjà, compte tenu du contexte international d'offre limitée et de hausse de la demande. Une augmentation des cours stimulerait non seulement les recettes publiques mais développerait aussi l'investissement, à mesure que les avancées obtenues sur le gaz de schiste aux États-Unis sont appliquées aux immenses réserves d'énergie sibériennes. À lui seul, le gisement de gaz de Schiste de Bazhenov occupe une superficie de la taille des États-Unis ! Toutefois, M. Poutine s'efforcera d'épargner à la Russie le destin de l'ex. Union soviétique et devrait donc délaisser quelque peu le secteur de l'énergie pour revitaliser les centres industriels, spatiaux et technologiques autrefois assez puissants pour rivaliser avec les États-Unis. Ces évolutions peuvent être en grande partie favorisées par les investissements que certaines sociétés italiennes, françaises et allemandes entretenant des liens bien établis avec la Russie sont prêtes à réaliser. Le rebond de la Russie Si le siècle qui vient de s’écouler a vu l'Union soviétique grandir et finalement s'écrouler, la Russie est aujourd'hui vivante et bien portante. Le président Poutine, pour qui la chute de l'URSS est l'un des pires désastres de l'histoire mondiale, exploite le sentiment de fierté nationale et la conscience historique du peuple très présents dans le pays pour restaurer la grandeur, non pas militaire mais économique, de la Russie. La Russie conserve une grande part de son influence sur les pays limitrophes d'Asie centrale ainsi que sur leurs voisins et peut encore exercer son pouvoir en dépit des sanctions qui l'affaiblissent. La tentation isolationniste des États-Unis sous la présidence de Donald Trump et l'influence grandissante de la Chine en Orient donnent à la Russie l’occasion de repenser ses relations tant avec Washington qu'avec l'UE, se plaçant désormais sur un pied d'égalité avec ces partenaires. Les 5 priorités de la nouvelle Russie Comment la Russie dirigée par Poutine va-t-elle célébrer son centenaire et définir ses nouveaux objectifs ? Cinq thématiques méritent d'être analysées : 1 Relancer son économie De nombreux pays européens, et notamment l'Italie, la France et l'Allemagne, sont désireux de normaliser leurs relations commerciales avec la Russie. Un certain rapprochement serait particulièrement favorable aux nations d'Europe centrale et de l'Est, préoccupées par les problématiques migratoires et les mesures d'austérité imposées par l'UE. Si l'économie de la Russie est largement dépendante des matières premières, la hausse des cours du pétrole et du gaz pourrait être un facteur de croissance déterminant en 2017. Si l'augmentation des recettes publiques parvient à mettre un terme aux deux années consécutives de récession traversées par la Russie, la confiance des ménages et les investissements pourraient remonter, les taux d'intérêt baisser et le rouble se renforcer. Mais, sans le soutien des cours pétroliers, l'économie russe risque de rester relativement atone tandis qu'une baisse des prix entraînerait sans doute des difficultés dans les régions côtières et intérieures. L'économie de la Russie est en effet extrêmement régionalisée, plus d'un cinquième de ses rich- 2 3 Renforcer sa sphere d’influence géopolitique Les pays occidentaux peinent encore à admettre le désir ardent de la Russie d'occuper un rôle de premier plan sur la scène internationale. De leur côté, les États-Unis et la Russie sont en train de devenir les « meilleurs ennemis » du monde. V. Poutine a félicité D. Trump pour sa victoire, et D. Trump a exprimé son admiration pour le dirigeant russe. Parallèlement, les contacts pris entre les deux gouvernements avant le scrutin et les soupçons de piratage russe des élections américaines font l'objet d'enquêtes approfondies et les agences de renseignement russes étaient toujours menacées de sanctions à la veille du départ de Barack Obama. Compte tenu de sa taille, la Russie peut être impliquée dans de nombreux théâtres d'opération internationaux, mais la Crimée et l'Ukraine restent sa préoccupation prioritaire. Si D. Trump décidait d'alléger les sanctions liées à ce conflit, un rapprochement serait envisageable. La Syrie en revanche représente un intérêt stratégique limité pour la Russie. Elle lui a simplement permis de montrer sa force dans un conflit où les États-Unis ne cessaient de tergiverser. Au Moyen-Orient, alors que l'issue du conflit reste incertaine, surtout depuis l'implication de l’EI, les enjeux sont différents. La bataille de Mossoul fait rage en Irak et le conflit régional entre les chiites et les sunnites pourrait durer encore 25 ans et entraîner des répercussions à long terme sur l’Asie centrale. L'onde de choc de ce conflit se fait en effet sentir dans toutes les régions musulmanes de l'Afrique centrale à la Chine. M. Poutine pourrait également chercher à nouer des relations plus étroites avec la Chine, au détriment des États-Unis. La En avant camarades ! Le renouveau de la Russie et ses 5 priorités | Mars 2017 Russie comme la Chine sont confrontées à l'islamisme radical, et Moscou devrait aisément pouvoir soutenir le projet de « nouvelle route de la soie » (l'initiative One Belt - One Road), en phase avec les propres besoins de son économie. Ailleurs dans la région, V. Poutine s'efforce de régler les conflits hérités du passé en Asie, en particulier son litige avec le Japon concernant les îles du Pacifique. 4 résoudre ses problems démographiques La Russie devra faire face au siècle prochain à une crise démographique grave. Les conséquences du vieillissement rapide de sa population, de son faible taux de fertilité et de son espérance de vie en berne sont déjà visibles. Il faudra bien plus qu'une loi pour inverser la tendance, pourtant ce changement est indispensable à la santé, la prospérité et la crédibilité futures de la nation. Les pressions s'accentuent sur le gouvernement russe pour qu'il affronte ces difficultés sociales qui risquent de redoubler si les cours du pétrole chutent de nouveau. 5 Assoir son leadership Les dirigeants forts ont toujours été bénéfiques pour la Russie, mais la voie sur laquelle le Kremlin souhaite s'engager n'est pas encore totalement définie. Fin 2017 ou début 2018, la Russie tiendra ses premières élections présidentielles depuis 5 ans. V. Poutine a consacré une grande partie de son mandat à renforcer ses pouvoirs, en multipliant les tours de passe-passe avec l'aide de ses alliés, mais il semble désormais préoccupé par sa propre sécurité politique ; il s'est certes débar- rassé de toute opposition potentielle pour s'entourer de personnes pas simplement loyales, mais aussi dépourvues de toute autorité ou identité politique. Ces « purges politiques » qu'il s'est autorisées sous prétexte de lutter contre la corruption, ressemblent à celles que le Président Xi Jinping a mené en Chine avant le renouvellement de son mandat fin 2017. V. Poutine va-t-il rester au pouvoir ou les russes souhaitent-ils un rajeunissement de la présidence ? Cette question va rester critique au cours des prochains mois. Réflexions sur la révolution 100 ans après la révolution de février, la Russie reste telle que W. Churchill l'a décrite autrefois : « un rébus enveloppé de mystère au sein d'une énigme ». À court terme, la stratégie de Poutine suscite des interrogations. Voit-il sincèrement D. Trump comme un partenaire international fiable et solide, ou souhaitet-il simplement profiter du désordre américain et de la déstabilisation européenne qui lui laissent toute latitude pour mener à bien son propre programme ? Quoiqu'il en soit, la Russie est confrontée à de sérieuses difficultés sur le plan intérieur : les inégalités financières, l'immigration massive et le chômage de masse évoquant le contexte qui engendre la montée des populismes en Occident. Aussi, si aucune autre révolution ne vient perturber le siècle écoulé depuis le dernier soulèvement, une nouvelle révolte pourrait bien se profiler à l'horizon, à moins que la Russie ne s'emploie à redéfinir son avenir et ses objectifs dans l'ère de l'après Poutine. Principales considerations pour les investisseurs De nombreux actifs russes sont bon marché et devraient le rester, car aucun mécanisme de protection juridique réel n'est proposé aux investisseurs internationaux. Néanmoins, un apaisement des tensions politiques et commerciales offrirait aux sociétés européennes de nouvelles opportunités de marché intéressantes. Les emprunts d’État émis par la Russie et de nombreux pays d'Europe centrale et de l'Est offrent des rendements intéressants en dollar et en devise locale, et leurs économies disposent du potentiel nécessaire pour égaler le niveau de vie de leurs partenaires au sein de l'UE . Avec le dégel de l'Europe de l'Est, les investisseurs européens ont accès à un nouveau marché émergent intéressant qui présente un potentiel de croissance à une époque où la démondialisation et les conflits commerciaux entretiennent la morosité partout ailleurs. Tout investissement comporte des risques. La valeur et le revenu d’un investissement peuvent diminuer aussi bien qu'augmenter et l’investisseur n’est dès lors pas assuré de récupérer le capital investi. Les avis et opinions exprimés dans la présente communication reflètent le jugement de la société de gestion à la date de publication et sont susceptibles d’être modifiés à tout moment et sans préavis. 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