PH@RE – F.ROCHER – Asthme Généralités - V1 Janvier 2006 1/4
« Vous avez un asthme »
Qu’est-ce que l’asthme ?
C’est une affection chronique qui se caractérise par
- Une inflammation aiguë et chronique des muqueuses des voies broncho-respiratoires
- Une grande variabilité d’expression clinique, de sévérité et d’évolution
- Une origine multifactorielle.
Ce n’est pas une maladie rare : sa prévalence mondiale est en nette augmentation depuis plusieurs années, avec
une prédominance dans les pays industrialisés où elle atteint 5% de la population adulte et 7 à 8 % des enfants.
Comment contracte-t-on cette maladie ; est-elle contagieuse ?
Ce n’est pas une maladie contagieuse.
Elle résulte d’une hyper-réactivité de l’organisme, plus exactement du système respiratoire, à différentes
molécules endogènes dont l’histamine, les leucotriènes, les prostaglandines.
Cette hyper-réactivité, à l’origine de l’hyperactivité bronchique, peut être due à différentes causes :
- Pollution : ce qui expliquerait une incidence plus importante de l’asthme dans les pays industrialisés
- Facteurs génétiques : dans 30% des cas, 1 des 2 parents présente déjà un asthme
- Allergies : c’est l’une des causes identifiées les plus importantes puisqu’elle concerne 75% des cas
d’asthme chez l’enfant et 50% des cas d’asthme chez l’adulte. Si elle n’est pas à l’origine de l’asthme,
elle peut en être un facteur aggravant par hyper-stimulation de l’inflammation au niveau des bronches.
Quels sont les troubles liés à l’asthme ?
L’asthme se traduit par un syndrome, c’est à dire un ensemble de symptômes, affectant le système broncho-
respiratoire. Classiquement, des manifestations aiguës d’asthme, appelées crises d’asthme, se développent,
parfois associées à des troubles cliniques quotidiens de la capacité respiratoire pouvant être invalidants.
La fréquence des crises et la survenue de troubles cliniques quotidiens sont corrélées avec le degré de sévérité
de la forme d’asthme.
La crise d’asthme peut être décomposée en 4 étapes schématiques : dans un premier temps, les bronches « se
referment » suite au contact avec des stimuli (par exemple un allergène) ; c’est le bronchospasme. Puis succède
une étape où les bronches se comportent « en ressorts » (c’est l’hyper-réactivité bronchique), suivi d’un
« gonflement des bronches » (c’est l’œdème et l’inflammation bronchique) et enfin l’émission d’un mucus
épais (c’est le bouchon muqueux).
Les troubles présentés au cours d’une crise d’asthme sont une difficulté respiratoire (appelée dyspnée),
accompagnés de sibilances (ou sifflements au cours de la respiration), de toux, d’essoufflement anormal,
associés à une inflammation bronchique intense.
ASTHME :
GENERALITES ET
EPIDEMIOLOGIE
Fanny Rocher
PH@RE – F.ROCHER – Asthme Généralités - V1 Janvier 2006 2/4
Hormis les troubles cliniques, les crises sont caractérisées par :
- Leur réversibilité spontanée ou sous traitement broncho-dilatateur (ce sont les β2 mimétiques)
- Leur variabilité dans le temps, avec une plus grande fréquence nocturne
- Leurs récidives
Quelle est son évolution ?
La crise d’asthme non maîtrisée peut s’aggraver en un asthme aigu grave, avec une difficulté à parler et à
tousser, des sueurs, une agitation, une cyanose, des troubles de la conscience, des fréquences respiratoire et
cardiaque accélérées…et l’inefficacité des broncho-dilatateurs : c’est une situation d’urgence.
75% des asthmatiques ont une première crise avant l’âge de 15/20 ans, le deuxième pic se situant autour de 50
ans.
Au quotidien, l’asthme peut rester stable et léger pendant des années, sans développement de déficit respiratoire
surtout s’il est bien pris en charge. Mais s’il n’est pas contrôlé, certaines formes d’asthme peuvent
progressivement s’aggraver par une exacerbation, c’est à dire une dégradation progressive et irréversible des
troubles cliniques et de la capacité respiratoire vers l’insuffisance respiratoire, ce qui explique l’importance de
le diagnostiquer précocement et de procéder à un traitement adapté suivant sa sévérité.
Comment s’effectue le diagnostic ?
Il repose sur 3 éléments principaux :
- L’interrogatoire sur les crises : notion de fréquence de survenue (saisonnière, annuelle, continue), de la
clinique, de présence de difficulté respiratoire, de sibilances, de crises nocturnes…
Chez l’enfant jeune, la recherche de plusieurs épisodes de bronchites sifflantes (au moins 3 dans
l’année) doit faire évoquer une forme d’asthme
- L’examen clinique, cependant très aléatoire suivant la forme d’asthme puisque des troubles peuvent être
présents en permanence ou non
- Enfin et surtout l’exploration fonctionnelle respiratoire (appelée EFR) qui est l’élément déterminant du
diagnostic. Plusieurs paramètres sont évalués : le volume expiratoire maximal par seconde (ou VEMS),
la variation entre le matin et le soir du débit respiratoire de pointe maximal au cours des premières
millisecondes d’expiration (ou variation du DEP)…Ces explorations ont pour but d’évaluer le degré du
trouble respiratoire obstructif (surtout au niveau des grosses bronches) et sa réversibilité, au moins
partielle, sous médicaments broncho-dilatateurs
En fonction des éléments du diagnostic, plusieurs formes d’asthme sont identifiées et un traitement adéquat
peut être alors proposé.
Quelles sont les différentes formes d’asthme ?
On distingue :
- L’asthme intermittent : c’est la forme la moins sévère. Les crises nocturnes sont courtes et surviennent
moins de deux fois par mois. Les symptômes intermittents se manifestent moins d’une fois par semaine,
le VEMS est d’au moins 80% et la variation du DEP est normale (inférieure à 15%)
- L’asthme persistant léger : c’est une forme légère à modérée. Les crises nocturnes surviennent plus de 2
fois par mois, les symptômes intermittents se manifestent au moins une fois par semaine, le VEMS est
supérieur à 80% et la variation du DEP est de 20 à 30%
- L’asthme persistant modéré, qui se définit par plus d’une crise nocturne par semaine ayant une
conséquence sur l’activité et le sommeil, des symptômes quotidiens nécessitant une utilisation régulière
de médicaments broncho-dilatateurs, un VEMS entre 60 et 80% et un DEP supérieur à 30%.
- L’asthme persistent sévère, caractérisé par des crises nocturnes fréquentes avec symptômes fréquents,
un retentissement sur le sommeil et l’activité physique, un VEMS inférieur à 60% et une variation du
DEP supérieure à 30%
PH@RE – F.ROCHER – Asthme Généralités - V1 Janvier 2006 3/4
Les manifestations de l’asthme chez l’enfant sont identiques à celles de l’adulte. Chez le nourrisson, un asthme
doit être suspecté devant au moins 3 épisodes de difficulté respiratoire avec sibilants avant l’âge de 2 ans.
Existe-t-il un traitement ?
Il n’existe pas de traitement qui soigne définitivement de l’asthme, mais des traitements qui « calment les
crises » et qui limitent leur fréquence de survenue et leur intensité.
On distingue ainsi les traitements de la crise d’asthme qui traitent chaque crise et les traitements de fond qui
sont des traitements préventifs des crises et des symptômes intermittents et qui contrôlent l’évolution de
l’asthme vers une forme plus sévère :
Traitement de la crise d’asthme :
Le but est de réduire rapidement et durablement le trouble respiratoire aigu de la crise.
Le traitement majeur est l’utilisation de β2 mimétiques ou broncho-dilatateurs (tels que le salbutamol, le
formoterol…) par inhalation qui a un effet immédiat.
Si ce traitement s’avère insuffisant (ou si la crise récidive trop vite), il faut associer un corticoïde par voie orale,
car il possède de puissantes propriétés anti-inflammatoires et permettent également de rétablir une sensibilité
aux β2 mimétiques. Ce dernier traitement ayant une action qui n’est pas immédiate, il devra être pris sur
quelques jours.
Traitement de l’asthme persistant : il varie en fonction du type d’asthme identifié au cours du diagnostic.
- l’asthme intermittent nécessite la prise de β2 mimétiques de durée d’action courte au cours de la gêne
respiratoire ou de l’effort ou encore au moment de l’exposition aux allergènes (seulement si cela concerne un
asthme avec composante allergique dans ce cas)
- l’asthme persistant nécessite un traitement au quotidien.
S’il est léger, la prise d’anti-inflammatoires (cortocoïdes inhalés à faibles doses ou cromoglycate de
sodium ou nedocromil) suffit. Les β2 mimétiques ne sont pas indispensables (hormis pour le traitement
d’une crise).
S’il est modéré ou sévère, la posologie des corticoïdes inhalés est augmentée par rapport à un asthme
léger. On ajoute au traitement des β2 mimétiques par voie orale ayant une durée d’action prolongée (ou
éventuellement une molécule de la famille des théophyllines). Le traitement peut nécessiter la prise de
corticoïdes par voie orale dans un premier temps afin de stabiliser l’asthme.
Dans les asthmes non contrôlés et après échec de la corticothérapie par voie inhalée, la prise de β2 mimétiques
de longue durée d’action (12 heures) peut aussi être proposée associée à d’autres antiasthmatiques afin de
reculer au plus tard possible le recours aux corticoïdes par voie orale au long cours.
Il est essentiel qu’un sujet asthmatique soit compliant à son traitement (c’est à dire qu’il le prenne
régulièrement, conformément à la prescription), à court terme pour éviter les crises et à plus long terme pour
limiter la morbidité associée à l’asthme.
Je suis enceinte et j’ai un asthme traité. Quels sont les risques pour mon enfant ?
Le risque de la crise d’asthme chez l’enfant est une hypoxie c’est à dire un manque d’oxygénation, c’est
pourquoi il est primordial de suivre un traitement adéquat. La prise de β2 mimétiques ne pose aucun problème.
La prise de corticoïdes peut entraîner une légère baisse du poids du bébé, mais ce risque est bien moins
important qu’un risque d’hypoxie sur le fœtus.
Il est important que j’informe mon médecin de mon état.
PH@RE – F.ROCHER – Asthme Généralités - V1 Janvier 2006 4/4
J’ai de l’asthme. Quelles sont les précautions que je dois prendre pour moi-même ?
Ces précautions sont les suivantes :
- Le diagnostic doit être posé le plus rapidement possible : plus l’asthme est pris en charge tôt et moins il est
susceptible d’évoluer rapidement vers une forme sévère
- Obtenir une évaluation correcte de la forme d’asthme afin d’initier le traitement optimal
- Connaître les différents symptômes d’une crise d’asthme afin d’en limiter l’intensité et la durée par la prise
dès que possible d’un β2 mimétique par voie inhalée
- Pour toutes les formes et plus particulièrement pour les formes modérées à sévères, suivre très
scrupuleusement le traitement de fond
- Bien connaître les techniques d’administration
- Limiter les efforts physiques ; un effort trop violent pouvant être un facteur déclenchant une crise d’asthme.
Cependant, il est fortement recommandé d’avoir une activité sportive adaptée, à déterminer avec son médecin.
- Ne pas fumer
- Si c’est une forme d’asthme ayant une composante allergique, un bilan allergologique doit être effectué afin
d’identifier le ou les allergènes responsables. Ils peuvent être très variés (les plus fréquemment incriminés sont
les acariens, les moisissures, les animaux domestiques, les pollens…). Une éviction des allergènes identifiés
doit être effectuée autant que possible (suppression des moquettes, tapis, utilisation de housses imperméables
pour la literie contre les acariens, réduire l’humidité dans les maisons pour les moisissures, passer fréquemment
l’aspirateur…). Une désensibilisation peut être proposée dans certains cas.
- Rechercher des facteurs pouvant déclencher ou aggraver une crise d’asthme : survenue d’une infection
broncho-pulmonaire (virale surtout), présence d’une rhinite, prise de certains médicaments : aspirine, anti-
inflammatoires non stéroïdiens comme l’ibuprofene par exemple), inhibiteurs de l’enzyme de conversion (ou
IEC tels que le captopril)
- Etre suivi régulièrement et avoir une exploration fonctionnelle respiratoire régulière.
- Fixer avec son médecin un plan d’action écrit personnalisé. Y associer son pharmacien traitant.
1 / 4 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !