Équation de Pell-Fermat
Références : Caldero, Germoni, Histoires hédonistes de groupes et de géométrie - Tome 2, p 388
L’objectif est de résoudre l’équation de Pell-Fermat, i.e chercher les couples d’entiers px, yqvérifiant x2´dy2
1avec dun entier supérieur ou égal à 2 sans facteur carré.
Soit dun entier naturel sans facteur carré et soit Hl’hyperbole d’équation X2´dY 21dans le
plan R2. Soit EM0“ p1,0q.On admet l’existence de M1“ pX1, Y1q, un point de HX1
et Y1sont des entiers naturels avec X2
1`Y2
1aussi petit que possible. Alors l’ensemble des points
entiers de la branche de Hqui contient M0est le groupe engendré par M1. L’ensemble des points
entiers de Hforme un sous-groupe isomorphe à Z{2ZˆZ.
Théorème.
Démonstration. On calcule, en coordonnées, l’application ϕ:MPHÞÑ M1MPH. On pourrait le faire
directement mais c’est compliqué. On va faire un changement de repère. On passe au repère OXY M0a
pour coordonnées p1,1q, en posant
#xX`?dY
yX´?dY
Notons px1, y1qles coordonnées de M1dans ce repère. Si un point Ma pour coordonnées pX, Y qdans le premier
repère et px, yqdans le deuxième, alors M1Ma pour coordonnées px1x, y1yqdans le deuxième repère et
pX1, Y 1q“pX1X`dY1Y, Y1X`XY1q
dans le premier.
En effet, la droite parallèle à pM1Mqpassant par Ea pour équation
˜y´1y´y1
x´x1p˜x´1q.
ϕpMqest donc l’intersection de cette droite avec l’hyperbole ˜y1
˜x. On trouve facilement le résultat attendu
après quelques calculs.
L’hyperbole Hest la réunion de deux branches. On appelle H0celle qui contient E.
On remarque que px, yq P H0si et seulement si px, yq P Het xą0. Comme x1ą0, il s’ensuit que H0est stable
par ϕet forme même un sous-groupe de Hpour ˚.
On remarque que p:px, yq P H0ÞÑ xPRest bijective. On peut donc mettre l’ordre de Rsur H0.
De plus, xa1´dY 2`?dY (car X2´dY 21). Cette fonction de Yest strictement croissante donc l’ordre
se lit indifféremment sur la coordonnée xou sur la coordonnée Y.
Pour cet ordre, la fonction ϕest strictement croissante sur H0car x1ą1(car X1ě1et Y1ě0).
Pour tout nentier, posons MnMn
1“ pXn, Ynq. Il est immédiat que M´1“ pX1,´Y1qd’où on tire par
récurrence que Y´n“ ´Ynpour tout nentier. Comme ϕest strictement croissante et que Mn`1ϕpMnq, la
Adrien LAURENT 1 ENS Rennes - Université de Rennes 1
suite pMnqest strictement croissante. De plus, comme X1ě1,Y1ą0et Xně1pour tout n,Yn`1ąYnpour
tout nPZ. Comme les Ynsont entiers, pYnqdiverge vers `8.
Soit M“ pX, Y qun point entier de H0. D’après ce qui précède, il existe un entier ntel que YnďYăYn`1,
donc MnďMăMn`1. Notons M1“ pX1, Y 1q “ M´nM. Grâce à la croissance stricte de ϕ, donc de ϕ´n, on
aM0ďM1ăM1. Mais, par hypothèse, M1est la solution entière minimale de l’équation de Pell-Fermat, donc
M1M0puis MMn.
On remarque pour terminer que la réflexion σ:pX, Y q ÞÑ p´X, Y qéchange les deux branches de Het
préserve Z2, et on peut affirmer que les points entiers de Hsont les Xn, Ynqpour nPZ.
Comme les Ynsont symétriques, on peut même dire que les points entiers sont les ˘Mnpour nPZ.
On pose l’application
ΓÑZ{2ZˆZ
εMnÞÑ pε, nq
et on vérifie qu’elle forme bien un morphisme de groupes.
L’ensemble des points entiers de Hforme donc bien un sous-groupe isomorphe à Z{2ZˆZ.
Soit dun entier naturel supérieur ou égal à 2 et sans facteur carré, alors il existe une solution
fondamentale x1X1`?dY1solution de l’équation de Pell-Fermat X2´dY 21telle que
l’ensemble des solutions soit xn
1, n PZu.
Corollaire.
Démonstration. Les solutions de l’équation de Pell-Fermat sont exactement les points entiers de l’hyperbole
précédente.
Soit dun entier naturel supérieur ou égal à 2 et sans facteur carré et tel que 1qne soit pas un
carré modulo d, soit AZr?ds, alors Aˆ»ZˆZ{2Z.
Corollaire.
Démonstration. Les inversibles de Asont les éléments de norme ˘1, en prenant la norme de Qp?dq1.
Les inversibles sont donc les points entiers des hyperboles X2´dY 2“ ˘1. On connaît les points entiers de
X2´dY 21. L’idée est donc de montrer qu’il n’y a pas de points entiers non triviaux sur X2´dY 2“ ´1.
Si c’était le cas, on aurait X2” ´1rds, ce qui est absurde car 1qn’est pas un carré modulo d.
Remarques : Le problème des bœufs d’Hélios se résout à l’aide d’une équation de Pell-Fermat. L’entier d
correspondant est de l’ordre de 1014...
La solution fondamentale de X2´15Y21est p4,1q. On peut ainsi trouver toutes les solutions. Pour cela,
on écrit xnxn
1et soit on développe, soit on trouve une relation de récurrence suivie par Xnet Yn.
Ici on a
xn`1“ p4`?15qxn“ p4`?15qpXn`?15Ynq“p4Xn`15Ynq ` ?15pXn`4Ynq,
d’où Xn`14Xn`15Yn
Yn`1Xn`4Yn
.
La solution fondamentale de X2´19Y21est p170,39q. C’est plus difficile à trouver. Il y a donc encore du
travail à faire.
Pour prouver l’existence de la solution fondamentale, on utilise des développements en fraction continue. Cela
donne explicitement pX1, Y1q, mais c’est compliqué...
Si dest premier et d3r4s, on sait que 1qn’est pas un carré modulo d. On a donc les exemples
d3,7,11,19, ....
Si d15, on a ˆ´1
15 ˙“ ´1donc 1qn’est pas un carré modulo 15. On peut donc aussi appliquer le corollaire
dans ce cas là.
1. An’est pas toujours l’anneau des entiers de Qp?dq, mais ça ne change rien à la caractérisation de ses inversibles. On a toujours
AˆĂOpQp?dqqˆ. L’inverse reste le conjugué.
Adrien LAURENT 2 ENS Rennes - Université de Rennes 1
En fait, le corollaire reste vrai même quand 1qest un carré modulo d, c’est le théorème des unités de
Dirichlet, mais c’est plus difficile à prouver.
Adapté du travail de Paul Alphonse.
Adrien LAURENT 3 ENS Rennes - Université de Rennes 1
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