Courants pédagogiques
L’ANTIQUITE ET L’EDUCATION:
Philosopher pour transmettre:
Bien avant la naissance de la pédagogie, c’est une interrogation sur le sens de l'éducation qui
apparaît au moment ou, dans le monde grec, au 5ème siècle avant JC,se développe la
réflexion critique. Qui doit enseigner? L’Etat, la famille ou des individus spécialisés? A qui
doit on enseigner? A tous les enfants ou a une elite? Que faut il enseigner et comment? Les
réponses a ces questions relèvent toujours de ce que nous appelons aujourd’hui la philosophie;
elles fondent leurs propositions pédagogiques sur: une théorie de l’homme, être individuel et
être social qui est la fin de toute éducation; une théorie de la nature enfantine sans laquelle
l’acte éducatif perd son point de départ; un examen des contenus a enseigner, qui sont la
matière des apprentissages
Les sophistes:
Educateurs professionnels, hommes de pouvoir car ils maîtrisent le langage, ils sont
“professeurs de sagesse” et apprennent aux jeunes gens, par la maîtrise de la parole, soit
comme Protagoras a se conformer aux règles sociales en accédant a la vertu de tempérance,
soit au contraire, comme Platon le fait dire a Calliclès, à développer l’affirmation de soi,
conformément a la force de la nature .Leur méthode d’enseignement comprend trois procedes
:le mythe, le discours suivi, le commentaire des poètes. Avant Socrate, ils ont “fait descendre
la philosophie du ciel sur la terre” et centre leur réflexion sur l’homme, un être qui, par son
rapport a la nature et a autrui, requiert fondamentalement d'être éduqué.
Platon et Aristote:
Fondateur de l’Academie (il enseignait ds le jardin du heros Académos), Platon(427-347)
assume la révolution apportée par son maitre Socrate: la sagesse n’est plus une donnée,le
“philosophe” est a sa recherche. Dans l’entretien philosophique, maître et disciple recherchent
en commun la vérité. Pour lui, comme pour Aristote (384-322), son élève, fondateur du
Lycée, tte éducation vise a obtenir l’harmonie du corps et de l’âme de l’individu, un équilibre
auquel on parvient sou l'autorité de la raison. L’enfance est dominée par l’âme végétative,
siège du désir, et l’âme raisonnable ne peut s'éveiller chez l’adolescent tant que la raison reste
endormie, faute d’avoir rencontré les connaissances.
Il n’est pas question de laisser faire la nature et tte l'éducation, attentive et sévère, est le
passage obligé qui va permettre a l’enfant de passer de la violence individuelle, socialement
inadaptée, a la maîtrise de soi sans laquelle il ne saurait y avoir de vie sociale possible.
L’education est pour eux une affaire d'état, strictement définie et codifiée dans l’organisation
générale de la cité.
LA PEDAGOGIE EN METAPHORES:
Un mythe a la gloire de l'éducation:
L’essentiel pour les sophistes, comme le fait comprendre le mythe d’Epiméthée, c’est l’idée
de l’abandon originel de l’homme :pour connaître et pour agir, l’homme ne peut s’appuyer
que sur lui même:
C'était le tps ou les dieux existaient deja, mais ou les races mortelles pas encore. Quand vient
le moment marqué par le destin pour leur naissance, les dieux ordonnèrent a Prométhée et a
Epiméthée de distribuer convenablement entre elles ttes les qualités dont elles avaient a être
pourvues. Epiméthée demanda a Prométhée de lui laisser le soin de faire cela. Or Epiméthée
dont la sagesse était imparfaite, avait déjà dépensé, sans y prendre garde, ttes les facultés en
faveur des animaux, et il lui restait encore a pourvoir l'espèce humaine, pour laquelle faute
d’équipement, il ne savait que faire. Il faudra alors tte l’habileté de son frère Prométhée pour
que les hommes, en lieu et place des instincts dont ils n’avaient pu être pourvus, entrent en
possession de tous les arts nécessaires a la vie et inventent la civilisation.
La maïeutique:
Socrate (470-399 av JC) n’a rien écrit. On connaît son enseignement grâce aux dialogues ds
lesquels Platon, son disciple, le met en scène. Accusé de pervertir la jeunesse par son
enseignement, Socrate fut condamné a boire la ciguë. La méthode pédagogique de Socrate est
la maïeutique (ou art de l’accoucheuse), car pour lui, le vrai est en chacun de nous et le
questionnement du maître va le faire venir a la conscience.
La ou Socrate (Platon) voyait un moyen de révéler a l'élève l'être véritable qui est en lui,
accouchement d’une vérité existant originellement chacun de nous, l’utilisation moderne et
abâtardie du terme fait de la maïeutique une technique d’enseignement suscitant la
mobilisation de savoirs préalablement déjà enseignés ou la réflexion de l'élève. Par des
interrogations habiles le maître fait naître dans l’esprit de l'élève les réponses qu’il a déjà
formulées pour lui même. Le fondement métaphysique est oublié.
LA RENAISSANCE ET LES UTOPIES EDUCATIVES:
Au Moyen-age, la foi commande la pensée
Dans la perspective chrétienne, c’est par rapport a l'au-delà que toute la réalité humaine
trouve son sens: apprendre n’est rien d’autre que retrouver Dieu en nous. Pour éveiller
l’enfant a la raison, il faut s’adresser a sa raison, en utilisant le seul outil qui, tout en étant
sensible, contient deja l’abstraction conceptuelle: le langage. En fait, l’education au Moyen-
age est une pratique sans théories. Mais cela va entraîner le développement jusqu'à la
caricature d’un enseignement verbal et magistral. L’autorité dogmatique, symbolisée par la
férule, l’emporte sur l’exercice critique de la raison, et les conditions matérielles de l'époque
font que savoir, c’est avant tout retenir après avoir appris par coeur.
“Inventer” l’homme:
Au 16ème siècle, la représentation de l’univers et la place que l’homme y occupent se voient
bouleversées. Au lieu d’un monde clos et définitivement créé se constitue l’idée d’un univers
infini. Désormais, pour éduquer, il faut commencer par définir un modèle humain possible.
Ainsi naissent les utopies qui offrent un avenir ordonné ou l'homme retrouve une place définie
vers laquelle peut mener l'éducation. Le savoir transmis est repris en grande partie aux
sources de l’Antiquité et, même s’il reste imprégné de religion, il fonde sa vérité dans
l'expérience, la preuve ou la démonstration, et non plus sur l’argument d’autorité.
Les utopies:
Thomas More publie en 1516 son Utopie: dans cette île ou règne la justice sous la conduite de
la raison universelle, l'éducation est toute de douceur, de persuasion, ouverte aux arts,
sciences, loisirs. Chez Rabelais (Gargantua,1534), la boulimie de connaissances, a la mesure
de son infatigable appétit, marque encore l'éducation de Gargantua qui connaîtra tous les
savoirs et savoir faire disponibles de son temps. Mais les méthodes actives, l’alternance
d'activité intellectuelle et d'activité physique, les conversations, les voyages seront mis a profit
tout autant que la lecture critique et intelligente des auteurs anciens dans le texte original.
L’apprentissage de la raison moderne passe par l'étude du goût, du style et de la science
antiques .Et l’idéal éducatif trouve son aboutissement dans l’abbaye de Theleme (gargantua),
idéal de vie tout autant que de méthode éducative. A la fin de la Renaissance, Campanella,
dans La cite du soleil composée en 1602, insiste sur la facilite d’apprendre qui se trouve en
chacun d’entre nous et que l'éducation ne doit pas entraver. Il y expose comment les solariens
prévoient d’inscrire sur les murs de la cité tout le savoir humain, de l’alphabet aux sciences
naturelles en passant par la lecture et l'arithmétique, par ordre de difficulté croissante. Ainsi,
presque sans s’en apercevoir, tous les habitants de la cité apprendront en se promenant.
Du Moyen Age a lEpoque classique
MONTAIGNE MICHEL DE (1533-1592)
CONTEXTE
HISTORIQUE
Elève et éduquer par un gouverneur engagé par son père, qui ne lui
parle qu’en latin. Pourtant écrit tous ses ouvrages en français.
Climat de douceur et de bienveillante liberté dans l’enfance de
Montaigne, créé son père.
Climat de guerre de religion.
FONDEMENTS
PHILOSOPHIQUES.
Dénonce la scolastique comme la fait Rabelais, mais à l’opposer
consternant la nature de l’enseignement. ( Pour Rabelais culture
encyclopédique, pour Montaigne à l’opposé)
FINALITES DE
LEDUCATION.
L’éducation est destinée à aider chacun à s'accomplir selon sa nature.
Produire une société adaptée ( et non pas idéale car Montaigne est un
réaliste)
PROPOSITIONS
EDUCATIVES.
Contre le savoir encyclopédique. Valorise la formation du jugement.
« science sans conscience n'est que ruine de l'âme »
Se méfie du savoir des sciences qui « ramolli le cerveau »
Les langues, mais d'abord la langue maternelle par une méthode
directe et active. Celle de l'immersion dans l'expérience, l'observation
directe des choses par l'enfant guidé par sa curiosité
Dénonce les châtiments corporels.
MONTAIGNE MICHEL DE (1533-1592)
POLITIQUE
EDUCATIVE
L’éducation referme la responsabilité totale de la formation de la
personne.
Très grande importance de l’habitude dans l’éducation. Ce qu’on
appelle la vérité, c’est l’habitude et les usages de la communauté.
Philosophie de scepticisme radical. L’affirmation « je ne sais pas » est
abandonné pour la question « que sais-je ? »
Ne défend pas la religion sauf pour son aspect communautaire.
ROLE DU MAITRE
Il conseille de choisir comme précepteur quelqu'un « qui possède
plutôt la tête bien faite que bien pleine».
UNE OEUVRE EMBLEMATIQUE/EMILE DE J-J ROUSSEAU:
“Le meilleur de mes écrits ainsi que le plus important”:
Rousseau voyait dans son traite d'éducation la clé de voûte de sa pensée. Dans ce “traite de la
bonté originelle”, il affirme que l’homme nait bon et libre et que l’ordre social l’engage dans
un processus de dégénérescence inéluctable. Mais il serait vain de prétendre retourner au
paradis perdu et stérile, d’en rester a l’antagonisme entre nature et société. Ecrit en même
temps que Le contrat social, Emile réconcilie la politique et la morale par l'éducation: c’est en
respectant la nature, constante référence du maître, que va s'opérer le mouvement de
“dénaturation” qui va permettre l'épanouissement de la liberté et la marche vers l’autonomie
.La socialisation ne sera plus alors aliénation, mais le moyen de réaliser pleinement son
humanité. L'éducation d’Emile n’a qu’un but: former un homme libre, garant de la possibilité
d’une société meilleure.
“Je l’ai assujetti a l'état d’homme”
Loin d’esquiver les contradictions, le précepteur d'Emile - Rousseau lui même - assume les
paradoxes de l'entreprise. Comment gouverner Emile sans contrarier la nature et annuler sa
liberté? Comment respecter la nécessaire maturation de son être et le conduire a progresser;
proscrire l'obéissance de l'élève et la domination du maître tout en inculquant des valeurs;
mener de pair le plaisir et l’effort; reconnaître les différences individuelles ou sociales et
garantir l’egalite? C’est la qu’intervient la méthode, c'est a dire la prévision et l’organisation
des situations éducatives en fonction du but qu’on se propose.
“Comme il faut aimer, très intelligemment”:
L’Emile veut inspirer l’amour et le respect des enfants. Il faut donc commencer par connaître
les facultés inhérentes aux différentes étapes de leur développement. Chaque stade, ayant ses
propres lois d'équilibre, requiert une pédagogie adaptée, et qu’on sache perdre du temps, c’est
a dire ne jamais forcer la nature. Faire de l’apprenant le centre de la pédagogie, recourir a
l'expérience concrète, développer la curiosité d’apprendre et le désir de penser par soi même,
prendre en compte la sensibilité, donner une large place a l’exercice physique et au travail
manuel: autant de principes qui ont féconde la pédagogie moderne.
“Préparez de loin le règne de sa liberté
L’Emile vibre d’une foi communicative en l'éducation, et le fil rouge de la liberté, son but
ultime, lui donne force et cohérence. De la, sa séduction et son influence, profonde et durable.
Livre “exemplaire”, et non dogmatique, destiné a “faire naître de bonnes idées a d’autres”, en
adaptant aux circonstances particulières les principes et les expériences proposées.
LA MODERNITE D’UNE METHODE:
1712: naissance de Rousseau a Genève
1762: Du contrat social et Emile
Condamnation des 2 ouvrages en France et a Genève
-Connaissance de l'élève
-appel a l'expérience
-motivation
-pédagogie de l’erreur
-autonomie
DES LUMIERES AU PROGRES:
La posterite de Rousseau:
2 pedagogues mirent a l’epreuve de l’action pedagogique la “ grande idée de
l’Emile”.
- J-H Pestalozzi (1746-1827) fonda successivement en Suisse 4 ecoles. La
derniere, l’Institut d’Yverdon, fut entre 1805 et 1825 le laboratoire pedagogique
de l’Europe. Sa methode répond a un triple objectif: eduquer la tete, le coeur, la
main. L’apprentissage passe par les sens se s’ancre dans le vecu de l’enfant, y
compris dans l’elaboration de la methode. Institution, pratique pedagogique,
materiel scolaire, tout doit concourir a son autonomie. Enfin, une tres serieuse
formation des maitres est indispensable.
- F.Fröbel (1782-1852) ,disciple de Pestalozzi, fonda plusieurs ecoles en
Allemagne et en Suisse. Il elabora une theorie pedagogique en rapport avec sa
philosophie de la sphère dans laquelle il voyait la convergence et la découverte
mutuelle du monde et du moi, de la science et de la formation .Le jeu, qui permet
la structuration cognitive de l’enfant, est au centre de sa pedagogie. A la fin de
sa vie, il crée les 1ers jardins d’enfants et imagine un materiel pedagogique
destine a instruire l’enfant sur le monde et sur ses propres capacites.
Les utopies socialistes:
Fourier, Saint-Simon, Proudhon, Considerant, font une place preponderante a
l'éducation dans leur systemes, mais ne se preocupent pas d’experimenter leurs
idees, qui se font l’echo de l’Emile: une education “globale”, qui comprend celle du
corps, des classes-ateliers dont “l’action productrice” est a la fois formatrice et
utile economiquement, une confiance profonde dans les capacites de l’enfant.
Pour Fourier, eduquer, c’est suivre et gerer les passions, ces formes qui nous
poussent vers le bonheur et sont conformes aux lois de la nature. Pradoxalement,
ce romantisme aboutit chez lui a une pedagogie sans souplesse et une
organisation tatillonne.
Un humanisme rationaliste:
Dans un contexte philosophique ou la raison a pris valeur d’absolu et ou le progres
semble une evolution necessaire (positivisme), la pedagogie participe a l’essor de
la pensée scientifique: psychologie de l’enfant et sociologie se constituant, on y
voit le soubassement qui donnera la pedagogie un statut scientifique. En meme
temps, on pose la necessité du developpement de la personne et de sa liberté:
enseigner a tous le minimum indispensable, c’est rendre chacun capable de
penser par lui meme. En France, a la fin du siecle, c’est le discours humaniste de
Buisson, et ce qui sous tend les lois scolaires de J.Ferry.
REVOLUTIONS PEDAGOGIQUES:
Une organisation profondément transformée:
D’oeuvre de charité, la plupart du temps confessionnelle, l’instruction devient peu a peu un
service public offert et réglementé par l’Etat, au fil des lois scolaires qui jalonnent le siecle. Si
l’ecole primaire tient une place majeure dans les preoccupations politiques du temps (il fallait
alphabetiser tous les petits francais), on voit ailleurs des changements importants:
l’enseignement superieur se developpe et acquiert un grand rayonnement; la scolarisation des
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