Correction du brevet blanc (mai 2011)

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Correction du brevet blanc (mai 2011)
I) LA DECOUVERTE DU BIDONVILLE / 5pts.
1-« Les constructions de parpaings bruts [...] d'un chien gisait sur le bas-côté »
Quel est le temps dominant dans ce passage? Justifiez son emploi. (1point)
Le temps dominant dans le passage des lignes 11 à 26 est l’imparfait : « s’étalaient » ; « séchaient » ;
« ruisselaient » ; « jonchaient » ; « s’accrochaient »…etc.
L’imparfait possède ici sa valeur descriptive : il s’agit pour le narrateur de « planter le décor » du bidonville,
afin de permettre au lecteur de se représenter le lieu.
2- a) Relevez dans les lignes 4 à 26 les différents synonymes du mot «maisons », ainsi que les termes
désignant les matériaux utilisés pour la construction des maisons. (1 point)
Plusieurs synonymes du mot « maisons » sont employés dans le texte : « cabanes de bric et de broc » ; « les
constructions » ; « habitations » ; « les masures ».
En ce qui concerne les matériaux de construction, on peut relever : « de parpaings bruts et de palettes de
déchargement d'occasion » ; « les terrasses étayées par des murettes de pneus lisses empilés » ; « construites
avec des cartons d'emballage et du papier goudronné en guise de toiture »
b) Quelle évolution constatez-vous dans cette description du bidonville? (1 point)
On observe que la description du bidonville est de plus en plus péjorative ; il est possible d’évoquer une
gradation dans la description de la misère. Par ailleurs, le narrateur fait porter l’insistance sur le caractère
hétérogène ou hétéroclite des constructions décrites, ainsi que sur leur fragilité. Les objets sont détournés de
leur utilisation habituelle pour servir de matériaux de construction.
3- Décomposez le mot « bidonville » et expliquez-le. (1 point)
Le mot « bidonville » est composé des noms communs « bidon » (récipient généralement cylindrique destiné à
contenir un liquide) et « ville » (groupement important d’habitations humaines). Un bidonville est un
« ensemble hétéroclite d'habitations de fortune construites à la périphérie de certaines grandes villes dans des
zones réputées impropres à l'urbanisation et où vit une population sans ressources, difficile à intégrer dans la
vie sociale normale. »
4- En conclusion, montrez en quelques lignes que la découverte du bidonville par le journaliste se fait de
manière progressive. (1 point)
La découverte du bidonville par le journaliste se fait de manière progressive, puisque le point de vue de ce
dernier est adopté tout au long du texte. Il se déplace en voiture (« Toni conduisait lentement ») et le regard du
lecteur est entrainé à sa suite : il est possible de montrer ce phénomène à travers un relevé des connecteurs
spatio-temporels : « Après avoir dépassé » ; « Bientôt, il n'y avait plus eu que des maisons basses » ; « Le
bitume, d'abord truffé de nids-de-poule, avait bientôt disparu pour faire face à une piste défoncée » ; « Il s'était
bientôt retrouvé entouré » ; « Vers les hauteurs ».
On notera enfin que le caractère dégradé des lieux apparait de plus en plus nettement.
A retenir : lorsqu’une description adopte le point de vue d’un personnage en mouvement, on peut parler de
description ambulatoire.
II) L'HOMME ET LA NATURE / 4 pts.
5- Relevez les termes appartenant au champ lexical de la nature à partir de la ligne 11. (0,5 point)
Le champ lexical de la nature comporte les termes suivants : « sur la colline en un paysage de désolation » ;
« buissons de mesquite rabougris comme des pendus » ; « le ciel et le soleil » ; « la boue d'une flaque d'eau
savonneuse » ; « ces territoires immenses, vierges encore » ; « en plein air ».
6- Dites en quelques lignes quelle place occupe la nature dans le bidonville. (1,5 point)
La nature n’occupe que peu de place dans le bidonville. Elle semble elle-même salie et dégradée par le
bidonville, puisque les buissons sont « rabougris », l’eau « savonneuse ». Les éléments mélioratifs (« ces
territoires immenses, vierges encore ») ne font que renforcer cette impression de dévastation, car ils évoquent
un passé lointain et disparu : la réalité que découvre le journaliste est toute différente.
7- « ... le bidonville avait grignoté l'espace ».
Quelle figure de style est utilisée dans ce passage ? Quel est son effet ? (1 point)
La figure de style est la personnification ; le bidonville semble doté de vie, il est assimilé à un monstre dévoreur
de la nature. L’effet produit est donc celui d’un envahissement progressif, d’une destruction de la nature par le
bidonville.
8- « Le journaliste avait essayé d'imaginer [...] depuis ».
a- Reliez ces deux phrases simples par une conjonction de coordination appropriée.
Le journaliste avait essayé d'imaginer ces territoires immenses, vierges encore, peuplés uniquement d’Apaches
et de Tarahumaras, mais une éternité s’était écoulée, depuis.
La conjonction de coordination (mais, ou, et, donc, or, ni, car) ne peut exprimer que l’opposition, entre le passé
rêvé et le présent du bidonville.
On appelle parfois la conjonction de coordination « mais » conjonction adversative, c'est-à-dire d’opposition.
b- Pourquoi l'auteur n’a-t-il pas choisi cette solution? (1 point)
En juxtaposant les deux phrases sans connecteur ou mot-lien, l’auteur rend plus violent encore le contraste entre
ce qu’il avait imaginé et la réalité qu’il découvre. L’opposition apparait plus forte encore.
Retenez que ce procédé, qui consiste à ne pas lier deux éléments pour en souligner l’opposition, porte le nom
d’asyndète.
III) UNE DÉNONCIATION DE LA MISÈRE / 6 pts.
9- a) Citez l'unique phrase du texte où est mentionnée une présence humaine dans le bidonville. Pourquoi
est-elle particulièrement évocatrice ? (1 point)
L’unique présence humaine mentionnée dans le texte est celle des enfants : « Des gamins sales et nus jouaient,
assis dans la boue d'une flaque d'eau savonneuse. »
Cette phrase est particulièrement évocatrice de la misère du bidonville car les enfants, c'est-à-dire les êtres les
plus vulnérables, ne sont pas préservés : ils sont « sales et nus ».
La tonalité de ce passage est pathétique, la phrase cherche à susciter la pitié du lecteur.
b) « Le cadavre gonflé d'un chien gisait sur le bas-côté ».
Quel effet cette évocation produit-elle sur le lecteur? Justifiez votre réponse. (1 point)
Avec le cadavre du chien, la description du bidonville atteint l’horreur. La mort semble rôder en ces lieux, et
une mort sale ; l’évocation est violente pour le lecteur, qui assiste pratiquement à la décomposition du cadavre,
laissé à l’abandon.
c) Trouvez dans le texte deux comparaisons qui évoquent aussi la mort violente. (0,5 point)
Deux comparaisons complètent l’ambiance morbide et l’impression de mort violente qui règnent dans le
bidonville : « il avait emprunté l'avenida 16 de Septiembre qui s'enfonçait comme un coup de fusil vers les
faubourgs » et « buissons de mesquite rabougris comme des pendus »
10- « La fumée des feux de camp montait vers le ciel et le soleil descendait déjà sur El Paso et le Texas »
Remplacez « et » par une conjonction de subordination dont vous préciserez la valeur. (1 point)
« La fumée des feux de camp montait vers le ciel alors que (tandis que, pendant que, en même temps que)
le soleil descendait déjà sur El Paso et le Texas »
Ces conjonctions de subordination expriment toutes la simultanéité des deux actions (elles se déroulent en
même temps).
11- « À dix kilomètres au nord-ouest s'allumaient les premières lumières des Etats-Unis » .
Comment le sujet du verbe est-il mis en valeur ? Dans quelle intention ? (0,5 p)
Le sujet (« les premières lumières des Etats-Unis ») est mis en valeur car il est rejeté en fin de phrase ; il y a
donc inversion du sujet et du verbe. Les Etats-Unis, terre de richesse et des « lumières », est évoqué comme un
pays de l’abondance qui reste inaccessible pour les habitants du bidonville. Le titre indiqué par le paratexte le
rappelle d’ailleurs : « La frontière » est à la fois proche et infranchissable.
12- Quelle est la particularité grammaticale de la phrase finale ? Quel effet produit-elle ? (1 point)
La phrase finale, « Une odeur de misère » est une phrase nominale (ou non-verbale). Elle ne comporte pas de
verbe conjugué. Cette absence de verbe crée un effet brutal et pathétique. L’impression de désespoir et de
misère s’en trouve renforcée.
13- En conclusion, montrez en quoi l’on peut dire que la dénonciation de la misère est à la fois objective
et subjective dans ce texte. (1 point)
La dénonciation de la misère est objective dans ce texte, puisque l’auteur se contente d’une description sans
jugement de ce qu’il voit et constate. Le lecteur est donc conduit à constater avec lui la misère des lieux.
Cependant, de nombreux procédés de style, des choix d’écriture manifestent la subjectivité de cette
dénonciation. (La subjectivité désigne en effet l’implication du narrateur dans son énoncé, son opinion
personnelle qu’il cherche à partager, que ce soit explicitement ou, comme ici, implicitement)
On mentionnera en particulier l’utilisation de la tonalité pathétique, qui veut émouvoir le lecteur, les procédés
d’opposition (l’imagination du journaliste par rapport à ce qu’il découvre,) et d’accumulation (les éléments
péjoratifs de la description).
Réécriture : 4 points.
« Il avait longé des taquerias [...] en direction d'un belvédère pouilleux »,
(Lignes 6 à 9). Remplacez le plus-que-parfait et l'imparfait par le passé composé et le présent.
Il a longé des taquerias- où l'on vend du menudo, a cherché en vain à se rappeler à quoi ce plat peut bien
ressembler, et, pour finir, il a tourné dans la calle Chiapas qui s'élève en direction d'un belvédère pouilleux.
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