des scientifiques non membres du parti, sous la présidence d’un Vieux
bolchevique. Il se développa rapidement et, au milieu de 1924, il avait un
effectif de 527 fonctionnaires. Il n’était pas le seul organe de planification. Juste
un mois après sa création, un autre décret du Conseil des commissaires du
peuple instituait des commissions de planification au sein de certains des
commissariats du peuple (les ministères de l’époque). Par exemple, ce décret
établit deux commissions de planification au sein du Commissariat à
l’agriculture, une pour établir un plan général pour l’agriculture et la
sylviculture et pour coordonner le travail de ce commissariat avec les autres
commissariats, et une seconde pour établir un plan pour les matières premières.
De même, il créa trois commissions de planification au Conseil suprême de
l’économie nationale, une au sein du Commissariat aux approvisionnements,
etc. (Zvezdin, 1979, pp. 35-36). En 1923-1925, des gosplans républicains furent
aussi créés. L’URSS étant un pays très étendu, les relations entre la planification
régionale et industrielle restèrent difficiles durant toute l'histoire de la
planification socialiste.
Pendant la NEP, le Gosplan fut pour l’essentiel concerné par la formulation
de conseils pour la politique économique, et la lutte contre aussi bien les forces
du marché que les autres organisations bureaucratiques. En particulier, il se
battit pour que ses propres chiffres de contrôle, qui devinrent par la suite la base
des plans annuels, soient acceptés comme le fondement de la politique
économique courante à la place du budget annuel établi par le Commissariat aux
finances. De même, il se battit pour que son plan de cinq ans soit accepté
comme la base de la politique économique de moyen terme, à la place du plan
de cinq ans établi par le Conseil suprême de l’économie nationale. Il entreprit
également divers calculs économiques.
Les calculs et les modèles économiques sur lesquels reposaient les données
concrètes du Gosplan et des autres institutions soviétiques dans les années vingt
jouèrent un rôle pionnier dans la pensée économique internationale. Par
exemple, les balances économiques calculées et publiées en URSS dans les
années vingt jouèrent un rôle important dans l’histoire de la méthode des
tableaux entrées-sorties. Cette méthode fut développée par W. Leontieff, un
économiste russe travaillant aux États-Unis et qui était très au courant des
recherches russes initiales. Ces dernières furent entreprises et publiées par
l’Administration statistique centrale. Un livre soviétique récent a soutenu que le
Gosplan avait élaboré la méthode de construction de ces balances (soit le
prototype du tableau entrées-sorties) et que l’Administration statistique centrale
s’était contentée de faire les calculs détaillés en suivant cette méthode (Zvezdin,
1979, p. 128). Il s’agit, pour le moins, d’une présentation unilatérale d’un
processus complexe, dans lequel les opinions du Gosplan et de l’Administration
statistique centrale furent souvent en conflit et dans lequel cette dernière joua un
rôle prépondérant dans le travail sur les balances (Wheatcroft et Davies, 1985).