Montréal À la fin du régime français, les tribunaux siégeaient rue Notre-Dame, à quelques pas à l’ouest de la rue Saint-Laurent. La Commission des monuments historiques de Québec a marqué l’endroit par une plaque de fer bronzé, posée sur le mur de l’édifice Thémis, à côté de la porte cochère conduisant à la cour. L’inscription se lit : Sous le régime français, le tribunal civil et militaire siégeait ici. Sur le même emplacement fut érigée en 1814, la Christ Church incendiée en 1856. L’entrée du tribunal donnait sur la rue Notre-Dame et par la rue Saint-Jacques on accédait à l’arrière où se trouvait la prison. L’année 1760 marque la fin du régime français et le début du régime britannique. Le 10 février 1763, à la suite de la ratification du Traité de Paris qui faisait de la Nouvelle-France une possession britannique, l’Angleterre adopte les premières législations établissant des tribunaux. La première législation établit deux districts judiciaires : celui de Québec et celui de Montréal. Le Général Gage divise le district de Montréal en six arrondissements : Montréal, Pointe-Claire, Pointe-aux-Trembles, Longueuil, St-Antoine-sur-Richelieu et Lavaltrie. Dans chacun de ces arrondissements, il établit une chambre de justice composée de sept capitaines de milice. Ces derniers jugent toutes les causes, mais on pouvait en appeler de leurs décisions à trois conseils d’officiers qui siégeaient à Montréal, à Varennes et à Saint-Sulpice. Le Gouverneur siège en dernier ressort1. Les Chambres de justice établies par le Gouvernement militaire après la capitulation de Montréal siégèrent aux mêmes endroits que sous le régime français. Quelques années plus tard, avec le développement de l’organisation judiciaire créée par les gouverneurs britanniques de 1764 à 1793, les tribunaux s’installèrent dans l’ancienne résidence des Jésuites sur la rue Notre-Dame. Mais le suremploi de la résidence des Jésuites crée une impression de désordre convenant peu à l’administration de la justice. Montréal 223 En 1793, le Parlement du Bas-Canada adopte l’Acte qui divise la province du Bas-Canada, qui amende la judicature d’icelle, et qui rappelle certaines lois y mentionnées2. Cette loi constitue la base de notre organisation judiciaire notamment par la création de trois districts judiciaires : Québec, Montréal et Trois-Rivières3. En 1799, le Parlement adopte une loi4 pour « ériger des salles d’audience avec des offices convenables » à Montréal, à Québec et à Trois-Rivières, les villes les plus populeuses du Bas-Canada. La loi prévoit des crédits de 5 000 livres pour la construction du palais de justice. À Montréal, les Commissaires chargés de la bonne exécution des travaux de construction de l’édifice choisissent une partie de l’ancienne propriété des Jésuites pour y bâtir le palais de justice ; le coût de construction est assumé par une taxe spéciale sur certaines procédures émises par les cours, placée dans un fonds spécial. pour les gros murs et une cave profonde de deux pieds pour le reste de l’édifice. L’étendue à creuser était de 140 pieds de front sur 54 pieds, mesures françaises, et pour les ailes, « quarante pieds sur dix-huit en venant vers l’intérieur du bâtiment »5. Proulx s’étant désisté, Daveluy reste le seul entrepreneur6. La construction est terminée en 1801 ; elle a requis un investissement de 25 000 $. Premier palais de justice, 1800-1844 Le 5 novembre 1799, par contrat sous seing privé, les Commissaires donnent les travaux d’excavation et de maçonnerie à Basile Proulx et François Xavier Daveluy dit Larose, maîtres entrepreneurs à Montréal. Ceux-ci s’engagent à faire la maçonne et les voûtes de la bâtisse en bonnes pierres grises, suivant les directions du surintendant nommé pour veiller à la bonne exécution et à la régularité de l’ouvrage. Les travaux devaient être complétés à l’automne 1800, ou au plus tard le 1er juillet 1801. Le contrat prévoyait des fondations de six pieds de profondeur sur six pieds de largeur 224 Les palais de justice du Québec Le palais de justice 1803, démoli à la suite de l’incendie de 1844. Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Albums de rues E.-Z. Massicotte. B-11-a. Ce premier palais de justice est un édifice en pierre de taille. Les détails de ce palais montrent les fenêtres en forme de niche, tandis que les pilastres et le fronton s’inscrivent dans la tradition du classicisme britannique. D’après une chronique contemporaine, ce premier palais de justice consistait en une construction assez imposante à deux étages et un rez-de-chaussée, avec soubassement ; il se composait d’un corps principal surmonté d’un fronton et flanqué de deux ailes. On dit que le but premier de la construction de cet édifice était d’honorer le Gouvernement de Sa Majesté Georges III. En 1808, le Gouvernement décide de construire une prison adjacente au palais de justice ; l’architecte montréalais Louis Charland (1772-1813) en dresse les plans7. Sa localisation actuelle correspond à la moitié ouest de la place Vauquelin ainsi qu’à la partie est du vieux palais. On y trouvait des cachots aux plafonds bas, sans fenêtres et sans aération. Elle accueillait les criminels de tous genres : ils étaient des centaines à s’entasser : hommes, femmes et enfants mêlés, petits et grands criminels réunis, nourris d’un seul repas par jour, et respirant un air malsain dans une cinquantaine de cachots insalubres. Dans le même cachot, on pouvait rencontrer une domestique ayant volé un carré de beurre et un meurtrier, les enfants d’une femme condamnée, ou des prostituées. Sous la place Vauquelin, on trouve encore aujourd’hui les cachots de cette première prison, alors appelée la pénitencerie. Pendant que les prisonniers croupissaient au cachot, des pendaisons avaient lieu sur la place du Champ-de-Mars ; c’était une grande place pouvant accueillir beaucoup de spectateurs. Cette prison étant devenue trop petite, elle est remplacée par la prison du Pied-du-Courant en 1836. En 1818, le Gouvernement fait exécuter des réparations au palais de justice par les entrepreneurs Joseph Clarke et Teavill Appleton8. Dans la nuit du 17 au 18 juillet 1844, un incendie détruit le palais de justice. Ce sinistre oblige les cours de justice à suspendre leurs travaux. Quelque temps plus tard, les tribunaux et les greffes s’installent dans l’ancienne prison alors utilisée comme caserne. Lors de sa démolition partielle en 1849, les cours trouvent des abris temporaires au Château Ramezay. Château Ramezay, Montréal John Henry Walker (1831-1899), 1850-1885, XIXe siècle Encre sur papier – Gravure sur bois 6,8 x 9,9 cm. Photo : Musée McCord. Deuxième palais de justice, 1856-1971 Le Gouvernement demande à l’architecte John Wells une estimation des travaux à exécuter pour réparer l’édifice incendié. Le 5 juillet 1845, ce dernier remet au Gouvernement une évaluation du coût des réparations9. Dans un rapport complémentaire, Wells conclut qu’il est préférable Montréal 225 de construire un nouveau palais de justice10. Après certains délais, le Parlement de l’Union adopte une loi pour « construire une maison de justice convenable dans la cité de Montréal sur le terrain (…) situé entre le Champs-de-Mars et la rue Notre-Dame ; la maison de justice devant être assez spacieuse pour y tenir les termes de toutes les cours (…) et pour contenir le bureau d’enregistrement (…) »11. Cet emplacement se trouve à l’époque, au centre du secteur administratif et commercial de Montréal. veau contrat avec les mêmes entrepreneurs et les travaux se poursuivent. Ils sont terminés en 1856 et les tribunaux peuvent siéger dans ce nouveau palais le 1er mai 1856. La construction et les réparations effectuées jusqu’en 1867 ont coûté 338 675 $16. Le 10 août 1850, le Parlement du Canada-Uni adopte une loi « pour employer les deniers provenant des droits sur les licences d’auberge dans le comté et la cité de Montréal à défrayer le coût de la nouvelle cour de justice qui doit être érigée dans la cité de Montréal »12. À cause des difficultés survenues avec les plans de l’architecte William Footner, lors de la construction du palais de justice de Sherbrooke, le Département des Travaux publics ouvre un concours pour les plans du nouveau palais13. Les architectes John Ostell et Maurice Perrault remportent le premier prix14. Le 28 novembre 1850, le contrat d’excavation, de pierre de taille, de maçonnerie et de briquetage est accordé aux entrepreneurs Augustin Laberge, Pierre Labelle et Michel Bro15. De 1851 à 1856, les juges de la Cour supérieure de Montréal siègent au Château Ramezay. La construction du palais débute en 1851. Toutefois, un comité spécial apporte des changements au plan initial et les travaux sont suspendus. Le 14 août 1852, le Gouvernement signe un nou226 Les palais de justice du Québec Le palais de justice vers 1860. Photo : Musée McCord, M930.50.7.267. Le bâtiment d’inspiration palladienne en pierre grise se compose d’un corps central rectangulaire dont l’entrée principale forme un portique monumental surmonté d’un fronton reposant sur des colonnes ioniques et flanqué de deux ailes latérales bien dégagées. Haut de quatre étages comprenant un rez-de-chaussée et un sous-sol, il est coiffé d’un toit en terrasse bordé d’une balustrade. Le style palladien, apparu en Amérique du Nord vers 1815, propose un retour à la Renaissance italienne et une certaine austérité. Il conserve l’apparence classique des autres palais de justice et bâtiments publics, ainsi que le souligne l’architecte Marsan : « il s’inscrit dans la tradition du classicisme britannique des Province Houses (1811-1819) d’Halifax et d’Osgoode Hall (1829) de Toronto »17. Les autorités inaugurent le nouveau palais le 1er février 185718. Le Rapport des Travaux publics en donne la description suivante : C’est un édifice en pierre de taille de l’ordre ionique, situé entre la rue Notre-Dame et le Champs-deMars, près du carré Jacques-Cartier. L’édifice est long de 295 pieds sur 106 de largeur, a un étage sur rez-de-chaussée et soubassement, et sa toiture est couverte en fer-blanc. Sa principale entrée, sur la rue Notre-Dame, est sous un portique long de 74½ pieds et large de 22½, élevé sur des arches en pierre de taille et surmonté d’un fronton reposant en avant sur six colonnes en pierre de taille cannelées et en arrière sur autant de pilastres. Quelques années après sa construction, les avocats et les juges se plaignent des pièces sombres et humides et de la mauvaise aération qui y règne19. De plus, à la suite de l’essor démographique et économique de Montréal, qui devient la métropole du Canada, le manque d’espace se fait bientôt sentir et, en 1887, le Gouvernement du Québec décide de l’agrandir. Agrandissement et rénovation de 1894 Ce bâtiment s’inscrit dans la tradition néo-classique très sobre de la première moitié du XIXe siècle ; il est un modèle de l’architecture victorienne jusqu’à ce qu’on le transforme en 1890. Il a coûté 400 000 $. En dépit de ses dimensions imposantes, le bâtiment ne satisfait pas longtemps les besoins du district de Montréal. Le Gouvernement projette d’abord d’ériger une annexe de sept étages, mais il se ravise et décide plutôt d’ajouter un étage au bâtiment existant par souci d’économie. Le Gouvernement mandate les architectes Perrault et Mesnard de dresser les plans pour la construction d’un étage additionnel avec coupole. En novembre 1889, le Gouvernement accepte les plans20. Le Département des Travaux publics du Québec reçoit 10 soumissions et retient celle de Charles Berger et Cie, entrepreneur de Montréal. Le 1er septembre 1890, les parties signent le contrat de construction21. Le journal « La Minerve » fait part de la nouvelle à ses lecteurs, le 1er septembre 1890, en écrivant : Le sous-sol et le rez-de-chaussée, divisés en plusieurs pièces, logent les bureaux du greffe, le bureau d’enregistrement, les archives et les autres services judiciaires. L’étage supérieur comprend les salles d’audience, les bureaux des juges et certaines pièces réservées aux avocats. Le palais de justice aura un étage additionnel avec une coupole monumentale au centre comme couronnement. Ces travaux d’agrandissement dont on estime les coûts à 200 000 $ seront terminés en 1891. On va se mettre immédiatement à la besogne. Montréal 227 Les travaux de construction débutent le 3 décembre 1890. Durant les travaux, les juges doivent, une fois de plus, emménager au Château Ramezay. Le 19 janvier 1891, le Barreau demande l’arrêt des travaux et propose de nouveau la construction d’un autre palais de justice. Les travaux sont suspendus. Le Gouvernement ignore la demande du Barreau et les travaux reprennent en mai 1891. Mais l’entrepreneur constate que la charpente des étages inférieurs ne peut supporter la charge de l’étage et du dôme à construire. Ces imprévus nécessitent des travaux inattendus et considérables, qui se prolongent durant l’automne, de telle sorte qu’à la fin de novembre 1891 les murs extérieurs de l’étage additionnel sont à peine terminés. Le 16 décembre 1891, le Premier ministre Honoré Mercier cède le pouvoir. En février 1892, la nouvelle administration ordonne la suspension des travaux22. En mai 1892, le Commissaire des Travaux publics mandate les architectes Alphonse Raza et A.C. Hutchison de faire une vérification des travaux exécutés. Raza devient l’architecte responsable de la suite des travaux23. Raza prépare de nouveaux plans, et les travaux reprennent sous sa direction en septembre 1892. L’entrepreneur Berger termine la construction à l’automne 1894. Les travaux de rénovation et d’agrandissement ont coûté près d’un million de dollars. Le bâtiment ayant été reconstruit de fond en comble, il ne conserve de sa structure première que les murs extérieurs. Ces transformations n’ont pas affecté l’entrée principale, qui garde toujours son caractère originel. On y accède par deux escaliers à palier, en pierre, conduisant à un portique surmonté d’un fronton reposant sur six colonnes ioniques. 228 Les palais de justice du Québec La coupole qui domine encore l’immeuble abrita la bibliothèque du Barreau de Montréal jusqu’en 1971. Le montant du contrat initial pour la construction d’un étage additionnel et d’une coupole était de 194 999 $ ; les travaux ont duré du 17 décembre 1891 au 26 mai 1897 et ont coûté 721 064,70 $24. Le palais de justice en 1895, peu après les travaux d’agrandissement. Photo : Archives de la Ville de Montréal, VM6-R3067. En 1895, le Gouvernement du Québec vend à la Ville de Montréal le Château Ramezay. La Cour de circuit, qui siégeait dans cet édifice, siège dorénavant dans le vrai palais de justice. Vieux palais de justice de Montréal, 155 rue Notre-Dame est, Façade principale, Photo, ©Denis Tremblay, 2010 Le dôme, posé sur deux étages également ajoutés à la fin du XIXe siècle. Photographie Gina Garcia, 2006. L’édifice de forme rectangulaire comprend une partie centrale et, à chaque extrémité, une aile perpendiculaire au corps de bâtiment principal. Bénéficiant d’une importante marge de reculement qui souligne sa monumentalité, le bâtiment en pierre grise de quatre étages – incluant le rezde-chaussée mais excluant la partie supérieure centrale – est visible de loin grâce à son emplacement. La façade principale présente une composition symétrique comprenant trois avant-corps, le portique central et les ailes des extrémités formant des avancées dans cette élévation. Le rez-de-chaussée traité comme un soubassement ainsi que les cordons et la corniche qui séparent les étages supérieurs Montréal 229 créent des divisions horizontales tout aussi fortes. L’ensemble et les détails de cette composition sont classiques et largement palladiens. L’emplacement du bâtiment, sa monumentalité et sa composition suggèrent un édifice institutionnel, voire un palais de justice. Les étages de la colonnade logent les activités principales – cours, bibliothèques et autres services –, tandis qu’au rez-de-chaussée, traité de façon plus ordinaire et doté d’une entrée sous le portique monumental, se trouvent la police, les cellules et les archives. Des ornements symboliques liés à la Justice sont prévus au moment de la construction et de l’agrandissement. Ainsi, on trouve au dernier étage des deux ailes latérales face à la rue Notre-Dame, les armoiries en bas relief des quatre premières communautés de la ville – française, anglaise, écossaise et irlandaise. Un panneau avec une tête de lion en médaillon orne également chaque façade latérale. Par l’entrée secondaire sous le portique, aujourd’hui l’entrée principale, on accède à l’entrée centrale du rez-de-chaussée. De là, des escaliers latéraux très ornés mènent à l’entrée de l’étage principal, d’où l’on aperçoit l’étage supérieur. Seules ces entrées sont ouvertes au public ; elles permettent d’apprécier une partie du décor architectural et de voir les couloirs menant aux ailes latérales. Ancien palais de justice de Montréal. Entrée centrale vue depuis l’étage principal. Photographie Gina Garcia, 2006. 230 Les palais de justice du Québec L’intérieur du palais fut modifié et les décors refaits au cours des années 1890 : plâtres décoratifs, bois avec faux fini en chêne, planchers de mosaïque en céramique et escaliers en fer, marbre et fonte. Malgré d’autres travaux ultérieurs, le décor des années 1890 reste dominant. Les décors de plâtre et de bois, traités de façon plus élaborée aux deux étages principaux et certainement plus chargés que ceux des années 1850, sont néanmoins classiques – colonnes et pilastres, frontons et frontons brisés, plafonds voûtés ou à caissons, modillons. Autre exemple de règle classique, l’ordre corinthien est correctement superposé à l’ordre ionique. Les escaliers avec leurs urnes décoratives et leurs garde-corps en fonte ornés de rosaces et de motifs enroulés font écho aux ajouts extérieurs de la fin du XIXe siècle. Les armoiries britanniques ornent d’ailleurs les garde-corps de la partie supérieure des grands escaliers, établissant un lien avec les décors extérieurs de la même époque. Armoiries britanniques ornant un garde-corps. Photographie Gina Garcia, 2006. Montréal 231 En 1974, le Gouvernement du Québec vend l’immeuble à la Ville de Montréal ; cette dernière y abrite son Service des finances et environ 500 employés y travaillent. Le dernier étage et le dôme sont inutilisés. Selon le rôle d’évaluation municipal, au 1er juillet 2011, la valeur marchande de l’immeuble est de 14 156 000 $ (T : 9 226 000 $ + B : 4 930 000 $). Au cours des dernières années, la Ville a procédé à un audit de l’immeuble et on a estimé à 50 millions $ le coût des travaux requis pour rénover et mettre l’édifice aux normes. Annexe, 1905 On manque encore d’espace. En 1903, Elzéar Charest, architecte et directeur au ministère des Travaux publics du Québec dresse les plans pour l’ajout d’une seconde annexe. À cet effet, en 1903, le Gouvernement fait démolir la vieille église presbytérienne Saint-Gabriel de 1792 alors abandonnée comme lieu de culte et projette de construire cette annexe sur le côté nord-ouest du palais de justice de 185625. Par la suite, les plans de Charest sont modifiés par l’architecte N.A. Cantin. Le gouvernement du Québec fait alors construire cet édifice en 1905, à la fois comme annexe du palais de justice et comme immeuble gouvernemental. Le contrat de construction de l’annexe est accordé aux entrepreneurs Martineau et Prénouveau26. Les travaux de construction sont terminés à l’automne 1905 au coût de 200 000 $. À l’occasion de cette construction, le premier ministre Lomer Gouin déclare : Toutes les parties de l’édifice destinées aux voûtes se construisent à l’épreuve du feu ; cela comprend les voûtes requises pour les bureaux d’enregistrement, pour la Cour de circuit (…). L’aile sera construite avec tout le soin possible et à l’épreuve du feu en autant que le permet le progrès réalisé en architecture (…) une attention toute spéciale a été accordée à la partie de l’édifice où seront gardés les documents de façon à ce qu’ils soient protégés du feu. Les documents qui y sont entassés depuis des années sont trop importants pour qu’on ne cherche pas (…) à les préserver des incendies.27 L’édifice en 1909. Annexe au palais de justice. 232 Les palais de justice du Québec Cette annexe du vieux palais de justice est un édifice de plan rectangulaire en pierre grise de Montréal (calcaire), coiffé d’un toit plat. Il est situé entre l’ancien palais de justice et le palais moderne. Contigu au côté ouest du vieux palais, en retrait, il apparaît comme une composante secondaire de ce dernier. Un avant-corps central légèrement en saillie domine la composition de la façade principale parfaitement symétrique. Aux trois parties verticales ainsi créées répondent les divisions horizontales que sont le rez-de-chaussée traité comme un soubassement, les deux étages principaux reliés entre eux et un étage attique de bonne hauteur au-dessus de la corniche qui prolonge celle du vieux palais voisin. Un vocabulaire architectural d’esprit baroque, sans colonnes, dynamise et complexifie cette composition classique. Les baies à ébrasements (latéraux) et voussures (partie supérieure) concaves de même que les bossages continus en table des niveaux supérieurs rappellent les édifices publics et les hôtels particuliers français du début du XVIIIe siècle. La monumentalité de l’édifice annonce sa vocation institutionnelle. De 1867 à 1906, le palais de justice de Montréal a coûté 1 236 135 $ en construction et 171 483 $ en réparations, plus 11 692 $ provenant du Fonds des bâtisses et des jurés payé par le shérif28. Le 15 avril 1910, le ministre de la justice déclarait à l’Assemblée législative que l’annexe servait pour les bureaux d’enregistrement d’Hochelaga et de Jacques-Cartier et leurs voûtes, pour les bureaux du Percepteur du revenu, pour le greffe de la Cour de circuit et ses voûtes, pour le greffe du Conseil exécutif, pour les bureaux des ministres et leurs employés, pour le Bureau de l’agent des terres de la Couronne et son assistant, pour trois salles d’audience, pour la Cour de circuit et pour trois bureaux de juge. Au début, cette seconde annexe sert surtout aux besoins du Gouvernement. Par la suite, la Cour supérieure et la Cour de circuit occupent presque tous les étages. Au moment de la construction, il existe encore plusieurs bâtiments entre la nouvelle annexe et la rue Notre-Dame. Les bâtiments situés devant l’annexe de 1903-1905 ne disparaissent finalement qu’au cours des années 1960, en même temps que ceux du grand quadrilatère voisin destiné au palais moderne. La vieille annexe fait face, depuis 1960, à un espace public ouvert, ce qui la rend visible depuis la rue Notre-Dame et la rue Saint-Gabriel. L’édifice conserve sa vocation judiciaire jusqu’à l’inauguration du nouveau palais de justice en 1971. En 1974, la Ville de Montréal en devient propriétaire en même temps que l’édifice du vieux palais ; les bureaux de l’organisation des Jeux olympiques de 1976 s’y installent. Le bâtiment est reconnu comme monument historique sitôt après les Jeux, et la Ville y aménage des bureaux pour son usage. Les intérieurs sont modernisés en plusieurs étapes durant les années 1970. En 2013, l’Administration municipale occupe toujours l’immeuble qui héberge également un centre de la petite enfance. Une sculpture représentant Marguerite Bourgeois (1620-1700), fondatrice de l’enseignement français, et des Montréal 233 enfants sautillant, est ajoutée en 1985 devant l’annexe et le centre de la petite enfance. ÉDIFICE CORMIER 1926 (COUR D’APPEL) La construction d’un étage additionnel au vieux palais, de même que la construction d’une annexe et l’achat d’immeubles convertis en bureaux dans les environs ne règlent que temporairement le problème du manque d’espace. Au cours des années 1910, le besoin de construire un nouveau palais de justice ou une nouvelle annexe devient urgent29. Le 11 mars 1915, une défectuosité du système électrique au dernier étage de l’aile ouest provoque un incendie au palais de justice et cause plus de 100 000 $ de dommages30 ; ce sinistre force les autorités à hâter les démarches pour la construction d’un nouvel édifice. Le 14 février 1920, le Parlement québécois adopte une loi31 autorisant la construction d’une nouvelle annexe au coût de 2 millions $, y compris le coût de l’acquisition du terrain dont la description est précisée dans la loi. Elle spécifie aussi que le coût de construction n’est pas imputable au Fonds consolidé du revenu, mais aux fonds spéciaux créés par la loi 12 Victoria c. 11232. Le Barreau de Montréal s’oppose à une construction qui séparerait les cours de justice dans des bâtiments différents. Il propose plutôt de démolir l’ancien palais de justice et d’y construire un édifice à 10 étages entre la rue St-Gabriel et l’hôtel de ville33. Le Gouvernement ignore les représentations du Barreau. L’annexe doit être érigée dans le quadrilatère compris entre les rues Notre-Dame, Saint-Gabriel, Ste-Thérèse et 234 Les palais de justice du Québec St-Vincent, en face du palais de justice de 1856. Pour y parvenir, le Gouvernement fait démolir les maisons situées à cet endroit. Selon l’historien E.Z. Massicotte, plusieurs de ces maisons dataient de la fin du XVIIIe et début du XIXe siècle34. Le Gouvernement mandate une commission d’architectes composée de L.A. Amos, Charles Saxe et Ernest Cormier pour dresser les plans du nouveau bâtiment35. Le bâtiment sera surtout l’œuvre de l’architecte Ernest Cormier. Le 20 mars 1923, le contrat principal de construction est accordé à Alphonse Gratton et à la Compagnie Atlas Construction36. L’Honorable Antonin Galipeau, ministre des Travaux publics, signe le contrat préparé par le notaire Émile Massicotte. Une clause décrète que la construction ne devra pas s’étendre sur plus de 18 mois et qu’elle devra être entreprise sans délai. Le contrat exige que les constructeurs n’emploient que des ouvriers canadiens. Le Gouvernement veut que cette réalisation contribue à la relance économique37. Le ministre exige d’autre part que les entrepreneurs assurent la vie de leurs employés et déposent une somme de 100 000 $ pour garantir l’exécution du contrat. Le 15 mars 1924, le Législateur adopte une loi fixant à 3 millions $ le coût de construction de cette nouvelle annexe au palais. Des sous-contrats sont aussi accordés à James Ballantyne, Foundation Co. Ltd., et Canadian Comstock. Le 25 janvier 1925, le coût des travaux a atteint 2 764 201 $38. La construction est terminée en 1926. Le 1er février 1927, le ministre déclare que les coûts de l’immeuble s’élèvent à 4 769 374 $, dont 659 397 $ pour l’acquisition du terrain39. les mots latins gravés dans la pierre de la corniche signalent au premier coup d’œil qu’il s’agit d’un bâtiment institutionnel. L’architecture de l’édifice s’inscrit dans le renouveau classique nord-américain lancé au tout début du XXe siècle. Il rappelle ainsi le néoclassicisme du vieux palais construit au milieu du XIXe, lui-même un des derniers grands monuments néoclassiques montréalais. Cette conception puise dans les méthodes et les ressources documentaires de l’École des beaux-arts de Paris, où Cormier a étudié, mais un classicisme à l’antique aussi littéral est proprement nordaméricain. Au cours des années 1920, l’éventail des styles en vogue s’élargit de sorte que l’approche retenue apparaît comme un choix d’autant plus délibéré. L’édifice peu après sa construction, dans les années 1920. 100 rue Notre-Dame est. Photo : Musée McCord, V6480. L’édifice art-déco, en pierre de taille, a cinq étages y compris le rez-de-chaussée ; il épouse la forme d’un trapèze se rapprochant d’un carré. La pierre est extraite d’une carrière du Cap-Saint-Martin, Ville Laval. La façade principale (rue Notre-Dame) mesure 225 pieds. L’immense portique à quatorze colonnes doriques rappelle plus particulièrement la Rome antique. L’ordre colossal qui lie deux niveaux, confère d’abord et avant tout une évidente monumentalité à l’édifice. Les longues colonnes, les immenses portes de cuivre et Un tel classicisme faisant par surcroît usage du sévère ordre dorique, paraît toujours approprié pour la Justice. La colonnade sans fronton évoque même un péristyle de basilique civile romaine où l’on traitait notamment les affaires judiciaires. De plus, l’hémicycle du porche, muni de hautes torchères et de portes de bronze, ne peut qu’impressionner le visiteur, ce qui est sans doute voulu. Dans les façades latérales, des portails au niveau du premier étage de soubassement soulignent la complexité fonctionnelle d’un tel palais de justice. À l’arrière, au deuxième étage de soubassement, on trouve des entrées de services, dont celle des fourgons fermée par de lourdes portes. Partout, les fenêtres éclairent les salles d’audience, les bureaux et les autres locaux, même derrière la colonnade. Montréal 235 Sur toute la largeur de l’édifice, au fronton, on peut lire la maxime latine : FRUSTRA LEGIS AUXILIUM QUAERIT QUI IN LEGEM COMMITTIT (« Celui qui viole la loi recherche en vain son secours »). L’entrée principale s’impose avec deux portes monumentales de bronze, pesant chacune neuf tonnes, contenant six bas-reliefs allégoriques à l’antique, illustrant la Vérité, la Justice, le Jugement, le Code criminel, le Pardon et le Châtiment. Les six scènes ont été dessinées par Cormier et réalisées par le maître en ornementation de bronze, Edgar Brandt. Le bas-relief portant sur le Code criminel contient la maxime latine DURA LEX, SED LEX (« La loi est dure, mais c’est la loi »). Enfin, sur la façade principale et sur les façades latérales, des méandres en U, peut-être le plus simple des motifs décoratifs d’origine grecque, rappellent les fondements de la culture gréco-romaine tout en confirmant à l’évidence une volonté de simplicité extrême. Édifice Cormier, siège de la Cour d’appel du Québec depuis 2004, entrée principale, 100 rue Notre-Dame est. Photo : Denis Tremblay. 236 Les palais de justice du Québec L’intérieur répond aux préceptes enseignés à l’École des beaux-arts de Paris. Par exemple, la composition est symétrique de part et d’autre d’un axe central, qui offre un parcours monumental allant du trottoir à la salle des pas perdus, en passant par l’hémicycle. Grâce à deux escaliers monumentaux, cet axe se prolonge jusqu’à la « Cour du Banc du Roi », la cour d’appel de l’époque. La salle des pas perdus, parallèle à la rue Notre-Dame, présente un axe secondaire majeur, perpendiculaire au premier, qui mène à des axes tertiaires et à de grands escaliers circulaires reliés aux portails des façades latérales. Partout, la lumière du jour rejoint les espaces couramment utilisés, conformément à un autre précepte des beaux-arts. Le parti pris stylistique de l’extérieur se retrouve dans la salle des pas perdus avec ses arcades romaines et ses pilastres doriques engagés. Les murs et les parquets en travertin, ponctués de marbre gris (marbre du Missisquoi), contribuent à l’effet général de sévérité, mais le plafond polychrome plus orné et plus sombre, davantage inspiré de la Renaissance que de l’Antiquité, fait contraste. Ce plafond est percé de trois coupoles vitrées qui diffusent la lumière du jour sous des lanterneaux. Les lampes torchères et autres luminaires d’Edgar Brandt (1880-1960) (de Paris) participent au jeu des contrastes en ajoutant une touche art déco intégrant des motifs égyptiens. Enfin, des balances et des glaives qui symbolisent la Justice ainsi que les armoiries du Québec et du Canada font partie intégrante du décor architectural. La salle des pas perdus. Photographie Gina Garcia, 2006. Montréal 237 L’ancien palais et le nouveau palais sont reliés par un tunnel sous la rue Notre-Dame. À son inauguration, le 22 novembre 1926, l’édifice compte des cours de justice avec salles d’audience, des dortoirs pour les jurés et des locaux pour la police et les prisonniers. Des bureaux pour les juges et les avocats de la Couronne ainsi que des bureaux d’enregistrement y sont aussi aménagés. De plus, au cours des années 1930, 1940 et 1950, les premiers ministres du Québec y eurent leur bureau. Ce sont principalement les affaires criminelles qui y sont entendues. Salle d’audience principale. Photographie Gina Garcia, 2006. 238 Les palais de justice du Québec En 1972, après la mise en fonction d’un nouveau palais de justice, l’édifice se libère. Les Archives nationales du Québec s’y installent de 1974 à 1987, puis suivent les Conservatoires de musique et d’art dramatique de 1975 à 2001. À la suite d’importants travaux de restauration effectués sous la maîtrise d’œuvre de la Société immobilière du Québec, dont l’architecte Pierre Poulin, directeur du projet, entre 2002 et 2005, l’édifice a retrouvé sa vocation initiale en accueillant, à l’été 2004, la Cour d’appel du Québec. Cette rénovation, cette restauration et mise aux normes ont nécessité un investissement public de 54 millions $. Le 12 avril 2002, l’édifice prend alors le nom d’Édifice Ernest Cormier (Commission de toponymie). La Société immobilière du Québec, propriétaire et maître d’œuvre de l’immeuble, a reçu le prix BOMA Québec et le prix BOMA Canada pour cette rénovation et pour la qualité de la gestion et de l’exploitation de l’immeuble. Elle a aussi reçu le Prix Orange de l’organisme Sauvons Montréal, pour la qualité remarquable des travaux de restauration de ce joyau du patrimoine immobilier québécois. Selon le rôle d’évaluation, au 1er juillet 2011, la valeur réelle de cet immeuble est de 49 468 900 $ (T : 6 782 000 $ + B : 42 686 000 $). Le nouveau palais de justice, 1971 Au cours des années, le vieux palais, son annexe et le « nouveau » palais ouvert en 1926 ne fournissent plus à la tâche et sont jugés désuets. Dès 1944, Me Maréchal Nantel dénonce cette situation inacceptable40. Au début des années 1960, la population du district judiciaire de Montréal atteint deux millions de personnes. Le palais de justice de 1856 et ses annexes ne répondent plus aux besoins. Pour pallier cette lacune, le Gouvernement décide de construire un nouveau palais de justice au coin des rues Notre-Dame, Saint-Laurent et Craig (devenue St-Antoine). Le palais de justice de Montréal est construit par le Gouvernement du Québec à la demande du Barreau pour regrouper dans un seul immeuble toute l’administration de la justice du district de Montréal. Le site choisi en 1961 couvre un vaste quadrilatère qui comprend de nombreux bâtiments anciens. Les démolitions autorisées à la fin 1961 s’achèvent au début de l’année 1964, alors même que l’on crée l’arrondissement historique du Vieux-Montréal. Cet arrondissement se terminant à la rue Notre-Dame, le nouveau projet n’est pas assujetti aux règles qui le concernent. Des tronçons des rues Saint-Gabriel et Saint-Jacques et de la ruelle des Fortifications disparaissent également, de même que les vestiges des anciennes fortifications dégagées en cours d’excavation. Entre-temps, le bureau d’architectes David, Barott et Boulva est retenue en 1962 pour concevoir et diriger le projet. Il est d’abord question, en 1963, d’un gratte-ciel de 40 étages. La Commission Viger, nouvellement mise sur pied pour protéger le Vieux-Montréal, et les « Amis du Vieux-Montréal » s’y opposent. Des étudiants en architecture manifestent. Un nouveau projet est annoncé fin 1963, qui doit comprendre une tour de 30 étages au centre du site. La première pelletée de terre a lieu en juin 1965 et les excavations ont lieu en 1965-1966. Toutefois, le projet demeure contesté. À la faveur d’un changement de gouvernement, tout s’arrête en 1966. Les nouveaux plans présentés en 1967 par David et Boulva – Peter T.M. Barott étant décédé en 1964 – donnent au projet l’allure que nous connaissons, dont plusieurs Montréal 239 aspects résultent des pressions à l’encontre du projet initial. De 40 étages, l’édifice est réduit à 20 étages. La construction proprement dite commence en 1968 et se termine en 1971. L’immeuble est inauguré le 8 septembre 1971. Au lendemain de son inauguration, l’édifice loge toutes les cours de première instance et la Cour d’appel, qu’elles soient criminelles ou civiles, ainsi que les bureaux de juge. On y regroupe aussi différents bureaux gouvernementaux reliés à l’administration de la justice et une salle de célébration des mariages. La façade du 10 Saint-Antoine. © Denis Tremblay, 2010. L’édifice vu de la rue Notre-Dame. © Denis Tremblay, 2010. Situé au 1 Notre-Dame est. 240 Les palais de justice du Québec Ce bâtiment n’a rien d’un palais de justice traditionnel ; il a plutôt les caractéristiques d’une tour à bureaux. Il comprend un volume horizontal implanté légèrement en retrait sur la rue Notre-Dame et une tour sur la rue Saint-Antoine. La partie horizontale comprend une section de quatre étages, incluant le rez-de-chaussée et un étage-attique, ainsi qu’une section sans attique de trois étages qui permet une percée visuelle vers le dôme du vieux palais à partir de la rue Saint-Jacques. La structure de l’édifice est en béton armé, enveloppée de murs-rideaux en métal brun et en verre. Des murs latéraux aveugles en béton recouverts de granit gris légèrement rosé contribuent au contreventement structural. Les façades sont largement tributaires des volumes. Sur la rue Notre-Dame Est, on fait face à un immeuble horizontal que dominent deux étages très fenestrés en forte saillie. L’étroite et longue tour placée en retrait possède sa propre façade principale, rue Saint-Antoine Est, revêtue d’un murrideau. Les façades latérales asymétriques mettent surtout en valeur les puissants murs aveugles en pierre. Les tensions entre volumes horizontaux et verticaux, entre massifs de pierre et murs-rideaux légers, sont résolument modernes, tout comme le traitement dépouillé, exempt d’ornementation. Des efforts relatifs d’intégration à la vieille trame urbaine issus de la contestation, qui révèlent une certaine réaction au modernisme, sont mis en œuvre. Selon les spécialistes, les épais murs aveugles en pierre évoquent les murailles des anciennes fortifications. L’édifice fait partie du mouvement moderne international, à son apogée dans les années 1960, auquel s’incorporent des efforts d’intégration et d’évocation du passé. La monumentalité de l’édifice suggère d’emblée son caractère institutionnel dans un secteur associé à la Justice, la fonction de « Palais de justice » étant d’ailleurs inscrite en lettres de métal près de chaque entrée. De grandes entrées rendent d’ailleurs l’immeuble très accessible de tous côtés, tandis que les portes de garage qui flanquent l’entrée de la rue Saint-Antoine mènent aux services policiers et aux cellules de détention. La tour apparaît comme un imposant immeuble de bureaux, sans trahir la présence de ses salles d’audience. À l’intérieur, un axe central offre un parcours qui mène de la rue Notre-Dame Est à la salle des pas perdus et à son comptoir d’information. Cette salle éclairée le jour par des lanterneaux constitue un atrium entouré de deux niveaux de galeries. Salle des pas perdus, Palais de justice de Montréal, 1 Notre-Dame est. Photo : Denis Tremblay. Montréal 241 Au centre de la salle, un axe perpendiculaire placé dans l’alignement de la rue Saint-Jacques mène aux entrées latérales du boulevard Saint-Laurent et de l’Allée des huissiers (du côté du vieux palais). L’axe central se prolonge au-delà de la salle des pas perdus jusque dans la tour desservie par des ascenseurs et des escaliers mis en évidence. À ce niveau, comme aux autres étages, les corridors de la tour, parallèles à la rue Saint-Antoine Est, donnent accès aux salles d’audience. Ce plan répond aux préceptes traditionnels des beaux-arts, mais dans un esprit fonctionnaliste plutôt qu’académique. L’intérieur du palais de justice rappelle la facture moderne de son extérieur. Du granit recouvre les piliers et les principaux murs, notamment ceux des vestibules. Le verre dépoli et le métal brun foncé confèrent un caractère de neutralité qui oscille entre transparence et opacité tout autour de la salle des pas perdus. Les pièces de bois verni ajoutent de la chaleur aux éléments tactiles que sont les hautes poignées, les garde-corps, le comptoir et les sièges. Les grands lampadaires de facture moderne contribuent à donner à l’atrium de la salle des pas perdus une allure de place publique. Les corridors d’accès aux salles d’audience ont été rénovés tout en conservant une facture dépouillée. Le palais de justice de Montréal est le premier palais de justice en importance au Québec, tant pour le nombre de juges qui y siègent que pour le nombre de salles d’audience qu’il renferme. Le district judiciaire de Montréal s’étend sur toute l’île de Montréal. Sa population est de plus de 1 950 000 habitants. 242 Les palais de justice du Québec Selon le rôle d’évaluation, au 1er juillet 2011, la valeur marchande de l’immeuble est de 199 574 600 $ (T : 30 732 500 $ + B : 168 842 100 $). PALAIS DE LA CHAMBRE DE LA JEUNESSE La Chambre de la jeunesse de la Cour du Québec entend toutes les causes impliquant un mineur. Ainsi, elle entend toute demande relative à la sécurité ou au développement des jeunes de moins de 18 ans, en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse. Elle entend également les causes d’adoption. En matière criminelle, la Chambre de la jeunesse applique la législation sur le système de justice pénale pour les adolescents. Elle entend, en première instance, les causes des jeunes de 12 à 18 ans accusés d’infractions au Code criminel (y compris de meurtre) et à certaines lois fédérales. En matière pénale, cette chambre est chargée de l’application du Code de procédure pénale en ce qui concerne les infractions aux lois ou aux règlements du Québec ou aux règlements municipaux, commises par un jeune âgé de 14 à 18 ans. La première cour pour enfants au Québec est instituée en 1910 ; devenue Cour juvénile en 1932 et Cour du bien-être social en 1950, elle est remplacée par le Tribunal de la jeunesse en 1977 et devient la Chambre de la jeunesse lors de la création de la Cour du Québec en 1988. Par une loi du 24 mars 192641 la Ville de Montréal est autorisée à emprunter une somme n’excédant pas 200 000 $ pour l’acquisition et l’amélioration d’un immeuble pour la Cour des jeunes délinquants. La Cour juvénile loge durant plusieurs années dans un bâtiment de trois étages situé au 5030 rue Saint-Denis, construit en 1928-1929, dont la conception architecturale est de l’architecte Jean-Omer Marchand (1872-1936). Lorsque la Cour déménage dans les années 1960, l’École nationale de théâtre s’y installe. Ancien édifice de la Cour de bien-être social situé au 5030 Saint-Denis. Photo : Archives de la Ville de Montréal, VM6-R-3115. Vers la même époque, la Cour de bien-être social s’installe au sud de la rue Bellechasse dans l’ancien bâtiment occupé jusqu’en 1957 par l’hôpital Sainte-Justine, année où l’hôpital déménage sur la Côte Sainte-Catherine. Hôpital Sainte-Justine situé au 1879 de la rue Saint-Denis, siège de la Cour de bien-être social de 1960 à 1997 photographe non identifié, vers 1914. Fonds Famille Justine Lacoste Beaubien (P. 655, S2, SS3, D2). On constate que le bâtiment est vieux et ne répond pas aux besoins de la Cour. Les premières ébauches du nouveau palais de justice pour la jeunesse datent de 1986. Il s’agit de revoir tout le concept de la Chambre de la jeunesse de Montréal parce que les locaux de l’époque étaient « tout à fait inadéquats pour les justiciables » (Juge en chef adjoint de la Chambre de la jeunesse Michel Jasmin). En fait, on planifiera une construction presque entièrement nouvelle située sur l’emplacement de l’ancien hôpital Sainte-Justine. Montréal 243 En 1990, le Gouvernement suspend le projet ; mais après une visite de représentants du Conseil du Trésor, il change d’avis et charge la firme d’architectes Ruccolo, Faubert, Petrone de concevoir les plans d’exécution. La construction est autorisée en mars 1994 et l’on alloue un budget de 3 913 830 $42. Les travaux de rénovation et de construction de l’immeuble existant, datant des années 50, débutent en 1995 et doivent être terminés en mai 1997. Ce n’est qu’un an plus tard, en 1998, que les nouvelles salles d’audience seront utilisées pour la première fois. Ce souci s’est reflété dans le choix des matériaux et la conception des aménagements. À l’intérieur de l’édifice, la qualité de la lumière, résultat de l’abondant fenestrage, retient d’abord l’attention. « Toutes les personnes qui circulent dans l’édifice ont une vue sur l’extérieur. » L’agencement des couleurs de terre et des couleurs claires des surfaces ainsi que la présence de courbes et de formes arrondies contribuent aussi à créer une atmosphère apaisante. L’œuvre de Pierre Granche, qui a pour thèmes le milieu urbain et les animaux, complète la personnalité de l’édifice public. « Au départ, il avait été question d’installer une œuvre artistique à l’extérieur. Mais par la suite, on s’est dit que si on répartissait l’œuvre à l’intérieur du palais, tout le monde pourrait en bénéficier », déclare le juge Jasmin. Côté pratique, il semble qu’on ait vraiment pensé à tout. La hauteur des fontaines et des téléphones publics, par exemple, sied aussi bien aux adultes qu’aux jeunes enfants. Accueil et services Palais de justice de la Jeunesse situé au 410 de Bellechasse. Photo 2012 : Guy Lacoursière. « Dès le départ, on a décidé de créer un palais de justice entièrement dédié aux jeunes », explique le juge Jasmin. « Et dans le développement du projet, notre préoccupation première a toujours été le justiciable ». 244 Les palais de justice du Québec L’immeuble compte cinq étages dont trois accessibles au public. Les bureaux des juges sont situés au quatrième étage, ceux des avocats des contentieux des centres jeunesse au troisième. Les salles d’audience ont été aménagées aux premier (protection de la jeunesse) et deuxième (jeunes délinquants) étages. Le rez-de-chaussée est consacré à l’accueil et aux divers services offerts aux justiciables. Un coin pour changer les couches a été prévu. Une façon concrète d’humaniser la justice. Tenue par des bénévoles, la halte-garderie est un autre service apprécié des parents qui peuvent y laisser leurs enfants durant qu’ils rencontrent les avocats ou qu’ils se rendent à la cour. La Chambre de la jeunesse a son propre bâtiment. Le palais de justice de la Chambre de la jeunesse est le troisième palais en importance au Québec. Il est le seul en Amérique du Nord à regrouper des juges et des avocats travaillant exclusivement dans les matières relatives à la jeunesse. Des salles d’attente et d’entrevue pour l’Aide juridique ainsi qu’un service de référence en protection et en délinquance offert par le Barreau du Québec sont situés au rez-de-chaussée. On y trouve, de plus, des services pour les avocats (salles d’écoute, vestiaires, etc.), le bureau de liaison du SPVM, le centre de transition L’Escale-Oasis, ainsi qu’une salle de presse. Selon le rôle d’évaluation, la valeur réelle du palais de la Chambre de la jeunesse au 1er juillet 2011 est 39 205 100 $ (T : 4 728 100 + B : 34 477 000 $). Salles d’audience et aires d’attente Rien n’a été laissé au hasard dans l’aménagement des 20 salles d’audience qui se révèlent à la fine pointe de la technologie. « En protection de la jeunesse, ce n’est jamais tout à fait carré. Il y a toujours des choses à discuter, des nuances à apporter. On veut éviter les confrontations. C’est pourquoi, par exemple, les places destinées aux enfants, aux parents et aux avocats ont été disposées en demi-cercle, face à la tribune du juge », souligne le juge Jasmin. L’aménagement des aires d’attente a aussi été pensé en fonction des gens et de leurs besoins. Par ailleurs, dans les salles des pas perdus, on a prévu des coins où il est possible de se retirer, de regarder dehors ou simplement d’admirer une partie de l’œuvre magnifique de Pierre Granche43. CENTRE JUDICIAIRE GOUIN À la suite de l’opération policière « printemps 2001 » qui a conduit à l’arrestation d’une centaine de motards qui seront accusés de diverses activités d’ordre criminel, la Société immobilière du Québec reçoit le mandat de construire un centre judiciaire adjacent à la Prison de Bordeaux au 450 boulevard Gouin ouest. Il s’agit d’un projet d’envergure. Les travaux sont effectués sur une période de cinq mois et nécessitent un investissement de 16,5 millions $. Le bâtiment d’une superficie totale de 4 950 m², incluant un tunnel long de 110 m, relie le bloc carcéral du centre judiciaire à l’aile B de la prison. Le Centre judiciaire s’étend sur deux niveaux : au rez-de-chaussée, deux secteurs distincts sont aménagés pour la magistrature, les jurés, le Greffe, les procureurs de l’État, les enquêteurs, les avocats de la défense et les constables spéciaux. Au sous-sol, deux salles d’audiences identiques mesurant 525 m² chacune, ainsi qu’un bloc carcéral à haute sécurité y ont été aménagés. Montréal 245 Centre judiciaire Gouin, 450 Boul. Gouin ouest. Photo : Société immobilière du Québec. Dans chaque salle, le box des accusés permet d’accueillir 45 prévenus qui prennent place derrière des vitres pareballes et assistent aux audiences en toute sécurité. 246 Les palais de justice du Québec Photo : Société immobilière du Québec. Les salles d’audience sont à la fine pointe de la technologie. Le Centre judiciaire Gouin représente une innovation dans le domaine de la gestion des audiences et des données reliées aux débats judiciaires. L’éventail des technologies comprend : l’enregistrement numérique des audiences, qui permet de procéder à la réécoute audio et vidéo sur place, et ce, dans un très court délai, ou la retransmission en temps réel ; l’acoustique des salles est comparable à celle des studios d’enregistrement professionnels ; des mini-casques d’écoute sans fil diffusent, lorsque cela est nécessaire, l’interprétation simultanée des débats ; un système de vidéoconférence permet également le témoignage de personnes à l’extérieur du pays et la vidéo-comparution des détenus ; on compte aussi dans chaque salle 50 écrans à cristaux liquides reliés à une régie. Nulle part ailleurs une telle technologie n’avait encore été utilisée en 2001 dans un environnement judiciaire. Il constituerait un exemple de ce que seront les palais de justice de demain. PALAIS DE LA COUR MUNICIPALE DE MONTRÉAL Cet édifice est construit par la Ville de Montréal en 19121913. Au début des années 1910, on prévoyait construire un nouvel édifice municipal et même un nouvel hôtel de ville. Des architectes y voient l’occasion de proposer un centre administratif conçu dans l’esprit du mouvement américain City Beautiful, ce qui transformerait l’ensemble des voies publiques et des bâtiments du secteur en leur donnant ordre et cohérence. La construction de cet édifice s’inscrit dans cette vision, dont il sera toutefois pour longtemps la seule concrétisation. Les autorités municipales confient à la firme d’architectes Marchand (1873-1936) et Haskell (1871-1913) la conception de l’édifice devant accueillir les quartiers de la police et la Cour du recorder, aujourd’hui la Cour municipale, ainsi qu’une partie des services municipaux logés à l’hôtel de ville. Une ancienne église congrégationaliste, transformée en théâtre, puis en manufacture, et des maisons construites vers le milieu du XIXe siècle sur les rues du Champ-de-Mars et Saint-Louis sont entre autres démolies pour réaliser le projet. Les travaux s’échelonnent de 1912 à 1913 et l’édifice, de style beaux-arts, est inauguré en janvier 1914. 775, rue Gosford. L’édifice dans les années 1930, quelque 25 ans après sa construction. La décennie est suggérée par les voitures qui semblent dater des années 1920 et 1930. Archives de la Ville de Montréal, Z-202 L’édifice est construit sur un site en pente face au Champde-Mars dans le secteur traditionnel de l’administration municipale et judiciaire. « Voilà un édifice digne de servir de modèle », déclare un commissaire lors de l’adoption des plans, soulignant sans doute ainsi la réussite du projet en regard de l’esprit City Beautiful dans lequel il s’inscrit. Il se démarque par son puissant volume rectangulaire de sept étages, incluant le rez-de-chaussée, mais sans compter l’étage de sous-sol et son parement en grès chamois. Le Champ-de-Mars reste néanmoins dominé par les façades secondaires des édifices en pierre grise qui le bordent. Montréal 247 Une colonnade posée sur un socle, dans lequel une triple arcade est aménagée, domine la façade principale. Le socle réunit deux niveaux d’élévation, tandis que la colonnade, bien séparée du socle par une forte division horizontale, relie trois niveaux et divise cinq travées de fenêtres. Les façades latérales rappellent cette composition, des pilastres colossaux faisant office de colonnes. Dans l’ensemble, les divisions horizontales et verticales s’équilibrent, tandis qu’une évidente monumentalité ressort de l’ensemble. À tous égards, il s’agit d’un édifice de facture classique inspiré de l’Antiquité, l’ordre dorique romain étant reconnaissable aux détails des bases, fûts et chapiteaux des colonnes. La composition rappelle aussi la Renaissance italienne et le néoclassicisme en vogue cent ans plus tôt. Les architectes mettent ainsi à profit des règles apprises à l’École des beaux-arts de Paris, mais ce discours architectural d’une grande retenue dans les ornements témoigne finalement d’un renouveau classique spécifiquement nord-américain. Un « vrai monument », conclut simplement La Presse en mai 1912. Une telle composition paraît alors toujours appropriée pour la Justice. La colonnade sans fronton évoque même une basilique civile romaine où l’on traitait notamment les affaires judiciaires. Les tables de la loi symboliques qui couronnent la façade confirment le message. Au rez-de-chaussée des façades latérales, des portes secondaires et deux portes pour les voitures témoignent plus prosaïquement de l’ancienne présence policière dans la partie arrière du bâtiment. Enfin, les fenêtres indiquent de nombreux bureaux logés dès l’origine dans l’annexe de l’hôtel de ville. 248 Les palais de justice du Québec De 1922 à 1926, le bâtiment héberge l’Hôtel de ville après qu’un grave incendie eut détruit l’intérieur de l’édifice du XIXe siècle. Dès la fin des années 1930, les locaux de l’annexe de l’Hôtel de ville ne suffisent plus. Un projet d’agrandissement voit le jour, mais il est abandonné durant la guerre (1941). L’idée ne se concrétise qu’entre 1957 et 1960, alors qu’on érige un nouveau bâtiment sur l’autre partie de l’îlot. Toutes les activités de l’annexe y sont transférées à la fin de l’année 1960, afin de permettre la rénovation intérieure complète du bâtiment ancien. On démolit tout à l’exception de la structure d’acier et de l’enveloppe du bâtiment. Les travaux se déroulent de 1961 à 1963. La Cour municipale est ensuite répartie dans l’ensemble. Le bâtiment a fait l’objet de rénovations importantes de 1996 à 2000. Selon le rôle d’évaluation, la valeur réelle de l’immeuble au 1er juillet 2011 est de 24 510 000 $ (T : 5 752 000 $ + B : 18 758 000 $). De nos jours, il existe toujours un corridor souterrain qui part de l’édifice de la Cour municipale, passe sous la rue Gosford pour se diriger sous l’édifice de l’Hôtel de ville, et de là chemine sous la place Vauquelin, ensuite fait route vers le vieux palais de justice et de là s’achemine sous l’annexe pour aboutir à l’Allée des huissiers ; le corridor souterrain ne communique pas avec le nouveau palais de justice. En 1926, on a également construit un corridor souterrain qui passe sous la rue Notre-Dame et qui relie le Vieux-Palais à l’édifice Cormier, siège de l’actuelle Cour d’appel. Par ailleurs, dans le sous-sol du Vieux-Palais, on voit à deux endroits les cachots d’autrefois : le premier à l’angle sud-est ; cet endroit est en fait ce qui reste de la prison de 1808 ; on y retrouve un cachot avec un anneau auquel étaient attachés les prisonniers ; le second lieu se trouve au fond à l’ouest du Vieux-Palais et date de sa construction en 1856 ; il s’agit de cachots temporaires pour les accusés en attente de procès44. Certains prétendent que ces corridors souterrains pourraient éventuellement être réhabilités pour des visites historiques. Palais de justice de la Cour municipale de Montréal 775 Gosford. Photo : Pascale Llobat, 2008. Montréal 249 Bibliographie BEAUPRÉ ET MICHAUD, architectes. Étude historique du vieuxpalais, 155 rue Notre-Dame Est. s.l., Gouvernement du Québec, MAC/Ville de Montréal, SHDU, août 1990. 2 vol., 37 p. + annexes ; ill., photos noir et blanc et coul., nombreux plans. LA RIVIÈRE, Monica, Ancien palais de justice de Montréal et son annexe. 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Voir notamment Visite dans les viscères maudits de la Ville, Caroline Montpetit, Le Devoir, 18 août 2009. Montréal 251