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LeParisien.fr
31 mai 2015
Mélanome: associer des immunothérapies est efficace, mais effets secondaires accrus
L'efficacité de l'immunothérapie dans le traitement du mélanome est démultipliée lorsque deux
molécules aux cibles différentes sont combinées, mais cela augmente aussi les effets secondaires. C'est
ce qu'il ressort des résultats d'un essai clinique international étendu (phase III) mené avec 945
personnes souffrant de ce cancer agressif de la peau contre lequel les cancérologues étaient désarmés,
et qui n'avaient jamais été traitées.
Les conclusions de cette étude ont été dévoilées dimanche à la conférence de l'American Society of
Clinical Oncology (Asco), plus grand colloque de cancérologie au monde qui se tient ce week-end à
Chicago (Illinois, nord). Mais plus de 30% des patients ayant reçu cette association de traitements ont
souffert d'effets secondaires sévères. Cet essai, le premier du genre, a comparé l'action du nivolumab
(Opdivo) à celle de l'ipilimumab (Yervoy), ainsi qu'à celle d'une combinaison de ces deux molécules
produites par le laboratoire américain Bristol-Meyers Squibb, qui a financé cette étude. L'Opdivo agit sur
la protéine PD-1 empêchant le système immunitaire de voir et de détruire les cellules cancéreuses. Le
Yervoy, première immunothérapie mise au point contre le mélanome, déverrouille la protéine CTL-4 des
cellules immunitaires, leur permettant ainsi d'attaquer le cancer. Après neuf mois de suivi, le nivolumab
seul a plus que doublé la période moyenne sans progression du mélanome par rapport à l'ipilimumab,
soit 6,9 mois contre 2,9 mois. Mais avec l'association des deux, le gain a atteint 11,5 mois. La réponse
des patients au traitement a aussi été nettement plus élevée avec cette double immunothérapie avec
57,6% (43,7% pour le nivolumab et 19% pour l'ipilimumab, en solo). "Nous sommes très encouragés par
l'efficacité observée de cette combinaison", a dit le Dr Jedd Wolchok, chef du service sur le mélanome
au Memorial Sloan Kettering Cancer Center à New York, qui a mené cette étude. De plus, "des malades
porteurs de marqueurs génétiques spécifiques de la tumeur (protéine PD-L1) paraissent bénéficier le
plus de ce cocktail, tandis que d'autres ont des effets tout aussi puissants avec le nivolumab seul", a-t-il
précisé. "Les médecins pourront ainsi savoir quelle option de traitement est la plus efficace selon les
patients", a ajouté ce cancérologue.
La réduction moyenne de la tumeur a été de 52% avec le traitement double et de 34% avec le
nivolumab seul. Mais la taille de la tumeur a augmenté de 5% avec le seul ipilimumab. Comme attendu,
le taux d'effets secondaires sévères a été plus élevé avec le traitement double et certains malades ont
même dû l'arrêter. - 125.000 dollars pour le cocktail - Selon le Dr Wolchok, de précédentes études