Les principaux modes de transmission des maladies génétiques et

Tous Chercheurs Tél : 04 91 82 81 39
Inmed Fax : 04 91 82 81 01
Parc scientifique de Luminy mail : [email protected]s.fr
13 273 Marseille cedex 09
Les principaux modes de transmission des maladies génétiques
et comment les identifier.
Une maladie est-elle d'origine génétique ? Quel(s) gène(s) en est responsable ? Pour le
savoir, il faut étudier la façon dont se transmet la maladie. Cette recherche s'apparente à un
véritable travail d'enquête ! Les premières questions à se poser sont : les familles d'un
individu atteint comptent-elles toujours d'autres membres atteints ? Les symptômes et leur
âge d'apparition sont-ils variables au sein d'une même famille ? Hommes et femmes sont-ils
également atteints ? La maladie saute-t-elle une génération ?1 Nous allons décrire la plupart
des types de transmission possibles et étudier quelques exemples.
Vous trouverez une liste de définitions utiles pages suivantes.
Avant chaque enquête : établir l'arbre généalogique
Afin d'étudier la transmission d'une maladie au sein d'une famille, on construit un arbre
généalogique. Pour chacun des différents membres de la famille, on représente ses liens de
parenté avec les autres, et on précise leur sexe, leur statut vis-à-vis de la maladie (sain ou
atteint) et d'autres détails si nécessaire. Ainsi on pourra préciser s'il est décédé (on ne peut
donc plus lui faire de prélèvement biologique), si une union est consanguine, etc.
Quelques symboles utilisés dans les arbres généalogiques
1 Et aussi bien sûr pour exclure ou confirmer la piste d'une maladie due à l'environnement : les personnes
atteintes vivent-elles ou travaillent-elles dans des environnements où elles sont exposées à des agents chimiques,
infectieux, à des radiations, … ?
(consanguins)
2
Quelques définitions
Allèle : Une des versions d'un gène portée par l'un des deux chromosomes. Les différents allèles d'un
gène se différencient par leur séquence d'ADN. Par exemple, pour la couleur des yeux, il existe les
allèles "bleu", "vert", "marron".
Autosomique : se dit d'un chromosome non sexuel (1 à 22 chez l'homme). Les chromosomes sexuels
humains, c'est-à-dire ceux qui déterminent le sexe de l'enfant, sont le X et le Y. XX correspond à une
fille, et XY, à un garçon.
Gène modificateur : gène qui module l’activité d’un autre gène, en aggravant ou en allégeant son
effet. Prenons le cas d’un cancer héréditaire, la polypose adénomateuse, qui est causé par une mutation
du gène APC. Un autre gène, Pla2g2a, modifie (améliore) l’effet délétère de cette mutation. Suivant la
version (l’allèle) de Pla2g2a que possèdent des souris dont le gène APC est muté, elles développeront
moins de tumeurs, ou à un âge plus tardif. La recherche de gènes modificateurs semblables chez
l’homme serait donc très utile ! Malheureusement, elle est très difficile, et de plus les résultats obtenus
chez la souris ne s’extrapolent pas toujours à l’homme : les humains possèdent aussi un gène Pla2g2a
mais il ne modifie pas l’effet d’APC … On connaît très peu de gènes modificateurs des myopathies,
mais il en existe certainement : c’est une grande piste de recherche pour les années à venir.
Hétérozygote : un individu est hétérozygote pour un gène donné s’il possède deux allèles différents
de ce gène sur ses 2 chromosomes correspondants. Par exemple, quelqu’un qui a un gène DYT1
(codant pour la torsine) muté et un gène DYT1 non muté sur ses 2 chromosomes est hétérozygote pour
le gène DYT1. Contraire : hétérozygote.
Homozygote : un individu est homozygote pour un gène donné s’il possède le même allèle (la même
version) de ce gène sur ses 2 chromosomes correspondants. Contraire : homozygote.
Modificateur : voir gène modificateur
Pénétrance : pourcentage des personnes possédant un gène défectueux qui développeront une maladie
au cours de leur vie, ou avant un âge donné. Par exemple, si la pénétrance d’une maladie génétique est
de 70%, une personne ayant un gène muté développera cette maladie dans 70% des cas. Les maladies
génétiques présentant une pénétrance variable sont nombreuses et les raisons en sont souvent
inconnues ! La pénétrance peut être variable suivant le symptôme examiné. Par exemple, l'analyse
d'une famille atteinte d'un syndrome rénal dominant lié à l'X (syndrome d'Alport lié à une
léiomyomatose) a fait apparaître pour la néphropathie une pénétrance de 100% chez les hommes et de
80% chez les femmes, mais pour la léiomyomatose une pénétrance de 100% pour les hommes et les
femmes.
Polymorphisme de l'ADN : mutation qui est répandue au sein d'une population. Ainsi, lorsqu'on
trouve une mutation chez un individu, il peut s'agir soit d'un polymorphisme naturel sans conséquence
(fréquent dans la population), soit d'une mutation (en général rare) faisant courir un risque de maladie.
Par exemple, le groupe sanguin A, B ou O correspond à un polymorphisme du gène correspondant.
3
La transmission des chromosomes (et donc des gènes)
des parents aux enfants.
Nous possédons tous 23 paires de chromosomes dans chacune de nos cellules (sauf les
cellules sexuelles qui n'ont que 23 chromosomes). Pour simplifier, nous étudierons comment
un seul chromosome, le chromosome 3, est transmis des parents aux enfants. On dit "le"
chromosome 3 ou "le" chromosome 18, mais bien sûr dans la population, il existe des milliers
de versions, toutes légèrement différentes, de chaque chromosome, sinon nous serions tous
identiques. Les deux chromosomes d’une même paire sont dits homologues.
Dans le dessin ci-dessous, nous avons représenté les deux chromosomes du père et les deux
chromosomes de la mère. Lors de la fécondation, le père et la mère transmettent chacun
seulement un de leurs deux chromosomes 3, au hasard. L'enfant possèdera donc forcément
un chromosome 3 de son père et un chromosome 3 de sa mère, mais il est impossible de
prévoir laquelle des 4 combinaisons ! Bien entendu, avec 23 chromosomes, il y a des millions
de combinaisons différentes : c'est la loterie de l'hérédité.
La loterie de l'hérédité :
transmission d'un chromosome (le 3) des parents à l'enfant
Notes :
- L'enfant partage la moitié de ses chromosomes avec son père et sa mère.
- Deux frères et sœurs partagent en moyenne le quart de leurs chromosomes entre eux.
NB : en pratique c'est un peu plus compliqué que cela car les chromosomes de chaque parent
s'échangent des petits bouts (on appelle ça la "recombinaison") mais nous n'en parlerons pas
plus en détail.
4
Maladies génétiques héréditaires
Pour simplifier, on se limitera aux maladies monogéniques, càd causées par un défaut dans un
seul gène. On distingue plusieurs cas suivant que le défaut génétique est situé :
- sur un chromosome non sexuel ("autosomique" : chromosome 1 à 22)
- sur un chromosome sexuel (X ou Y)
- sur un chromosome mitochondrial
Nous nous intéresserons seulement aux deux premier cas, pour lequel il existe deux grands
modes de transmission :
Maladie dominante
Maladie causée par un défaut génétique tel qu'il suffit de recevoir un chromosome porteur de
l'anomalie pour être malade.
Maladie récessive
Maladie qui ne peut pas apparaître si l’individu a un chromosome porteur de l'anomalie
génétique et un chromosome homologue sain.
Au niveau moléculaire, pourquoi une anomalie génétique
cause-t-elle une maladie récessive ou dominante ?
En général, une mutation qui rend une protéine inactive ou provoque sa perte causera une
maladie récessive, car si l'autre chromosome est normal, une protéine active continuera à être
fabriquée à partir de ce chromosome.
Par contre, une mutation qui cause la fabrication d'une protéine toxique causera en général
une maladie dominante
(voir schéma page suivante).
Par contre, attention ! La réciproque n'est pas vraie : une maladie dominante n'est pas
toujours causée par une mutation "toxique", ni une maladie récessive par une mutation
"inactivante".2
2 Si vous voulez comprendre pourquoi (facultatif), prenons l'exemple d'une protéine pour laquelle une perte
d'activité de seulement 20% est fatale à la cellule. Une mutation "inactivante" présente sur un seul des deux
chromosomes réduira l'activité de cette protéine dans la cellule de moitié (50%) et tuera donc la cellule.
Autrement dit, si une personne a cette mutation même sur un seul chromosome, elle sera malade : il s'agit d'une
maladie dominante, causée par une mutation "inactivante".
5
C
A
B
Exemple de mutations causant
une mutation récessive ou dominante
A. Un gène produit une protéine normale.
B. Une mutation de ce gène produit une protéine toxique.
C. Une mutation de ce gène produit une protéine inactive.
C1) la mutation est présente sur un seul chromosome
C2) la mutation est présente sur les 2 chromosomes.
1
)
2
)
1 / 11 100%