
Réanimation et pathologie neuromusculaire
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une défaillance viscérale, patients ayant un SDMV, patients dont la durée
d’hospitalisation en soins intensifs ou la durée de ventilation sont prolongées...
D'autre part les critères de CIP sont soit seulement cliniques soit
électrophysiologiques, utilisant des EMG systématiques pratiquées au lit du patient.
Enfin la nécessité d'exclure les patients présentant des atteintes neurologiques
initiales, ceux n'ayant pu bénéficier d'un EMG ou ceux chez lesquels l'EMG est
ininterprétable aboutit à exclure un très grand nombre des patients éligibles :
respectivement 64 % et 51% des patients sont exclus dans les deux travaux
prospectifs parus en 1996 [14, 15].
Au total, les anomalies neuromusculaires paraissent avoir une incidence
particulièrement élevée dans les suites d'états infectieux graves ou de syndromes
inflammatoires sévères et chez les patients présentant des défaillances
multiviscérales. La survenue d’une CIP serait corrélée étroitement à la gravité du
patient et à l'importance de dysfonctions viscérales [15, 16].
Aucune étiologie précise n’est pour l’instant individualisée. Une origine
multifactorielle semble probable pour beaucoup d'auteurs. Plusieurs hypothèses
physiopathologiques sont avancées mais aucune n’a pu être confirmée : déficits
vitaminiques, toxicité médicamenteuse, malnutrition [13]. Dans une mise au point
récente, Bolton [16] présente la polyneuropathie de réanimation comme l'une des
complications du SIRS, l’atteinte neurologique périphérique étant probablement
secondaire au processus physiopathologique affectant les autres organes. Les
médiateurs de l’inflammation (cytokines, Tumor Necrosis Factor, leucotriènes,
prostaglandines, histamine, sérotonine) sont produits en quantité excessive au cours
du sepsis. Ces substances pourraient avoir une toxicité neuronale directe ou
indirecte.
2. LES MYOPATHIES DE REANIMATION
2.1. INCIDENCES ET MANIFESTATIONS
Bien que quelques observations aient été décrites dès le milieu des années
70 [1], les myopathies de réanimation paraissent avoir été «oubliées» au cours des
années 80 au profit des CIP. Elles font à nouveau l'objet de
travaux [8, 12, 17, 19, 20, 21, 22].
Les manifestations cliniques de ces atteintes musculaires sont très proches de
celles observées dans les polyneuropathies : déficit moteur et difficultés de sevrage
de la ventilation artificielle. Comme pour les atteintes neurologiques les conditions
d'examen sont souvent difficiles.
Les caractéristiques électrophysiologiques sont théoriquement nettement
différentes de celles de la CIP : amplitude des potentiels d'action diminuée mais lors
de l'effort il existe un recrutement complet. En fait la distinction dans les conditions
d'examen d'un patient de réanimation est souvent difficile et les tracés ne permettent