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Conséquences chroniques des violences sexuelles
dans une consultation d'endocrinologie et de gynécologie médicale
V. Guérin
Introduction
Les violences sexuelles sont un immense fléau dont la fréquence est mal étudiée
en raison de la difficulté à conduire des études épidémiologiques
méthodologiquement irréprochables, du mutisme de nombre de victimes, de
l'absence de dépistage actif du corps médical et du tabou qui entoure la
sexualité.
L'évaluation des dégâts secondaires aux agressions sexuelles est également mal
faite. Si les troubles psychologiques et psychiatriques sont souvent mis en avant,
les répercussions somatiques sont grandement méconnues, c'est pourquoi après
avoir publié sur le sujet en 2011 (1) et noté la fréquence croissante de
publications dans la littérature médicale internationale sur le sujet, il est apparu
important de détailler les observations réalisées dans le cadre d'une consultation
d'endocrinologie et de gynécologie de ville.
Patients et méthodes
Patients
L'étude porte sur 100 patients ayant consulté pendant l'année 2013 au titre de
l'endocrinologie ou de la gynécologie médicale ou pour entrer dans un protocole
de réparation de violences sexuelles.
Tous ont rapporté en 2013 ou lors de consultations antérieures avoir subi des
agressions sexuelles dans leur vie.
Une trentaine de paramètres ont été étudiés :
- 10 concernent les caractéristiques du patient et la nature des violences
vécues : le sexe, l'âge du patient au moment de l'étude, l'âge du premier
traumatisme de violence sexuelle identifié spontanément par le patient, l'âge
du premier traumatisme réel, l'âge de la conscientisation de la violence
sexuelle, l'existence de traumatismes multiples, le lieu de l'agression (intra-
et/ou extra-familiale), l’identité du ou des agresseurs, la nature de l'agression
la plus grave vécue, la localisation de l'agression.
- 19, un en moins pour les hommes, concernent l'histoire médicale du patient :
existence d'une thyroïdite de Hashimoto (hypothyroïdie auto-immune), d'une
maladie de Basedow (hyperthyroïdie auto-immune), d'autres pathologies
endocriniennes, d'une endométriose identifiée anatomo-pathologiquement
chez les femmes (localisation aberrante d'endomètre), d'autres pathologies
auto-immunes, d'un cancer du sein ou d'autres cancers, d'une tentative de
suicide, d'une dépression avérée, d'une hypertension artérielle, d'une obésité
morbide (IMC > 40 kg/m
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), de troubles du comportement alimentaire,
d'allergies spécifiques, et les antécédents médicaux significatifs à l'exception
des adénoïdectomies, amygdalectomies, entorses et fractures qui n'ont pas
été évaluées.