
Introduction
5
Introduction
L'Amérique Latine est un continent passionnant politiquement, qui vit à l'aube du XXIe siècle
de véritables transitions démocratiques, dans le sens où les pays tentent de passer de
régimes autoritaires, à des républiques stables et représentatives. En 2008, une vague
de gauche s'est installée sur le continent comme l'analysent de nombreux auteurs comme
Georges Couffignal, directeur de l'IHEAL. Elle représente un mouvement continental unique,
d'autant plus qu'elle est représentée par des présidents populistes, en rejet contre le modèle
néoliberal imposé par les Etats Unis au XXème siècle. Le Vénézuela, par exemple, est
représenté par un président très présent et critique sur la scène internationale, Hugo
Chavez. La Bolivie, plus récemment encore, choisit un indigène de la société civile comme
gouvernant, Evo Morales. Mais toutes ces gauches, malgré des points communs, ont des
différences considérables, et ne possèdent pas du tout les mêmes structures internes.
Le Chili est un cas bien particulier. La démocratie s'installe à gauche en 1990 avec la
coalition de la Concertation. En 2008, c'est un pays qui semble avoir installé sa démocratie
et achevé sa transition. Une femme est à la présidence, Michelle Bachelet. Le pays est un
des plus riches d'Amérique Latine. Au niveau international, il possède une bonne image.
Pourtant, cette image de gauche possède une face cachée. Il existe encore beaucoup
d'inégalités au Chili qui se ressentent tout au long du pays, le salaire minimum est faible mais
quelques personnes gagnent des millions. Le système néoliberal est toujours en vigueur.
De nombreuses questions restent encore à poser sur la société chilienne, sur la valeur
de sa démocratie. J'ai voulu m'intéresser dans cette étude à la valeur démocratique de la
transition chilienne, à savoir si vraiment, l'image qu'elle en donne reflète les faits. Pour cela,
j'ai décidé d'étudier cette transition à travers le système médiatique.
En effet, les médias sont un des piliers essentiels de la démocratie. Ils sont un
véritable indicateur de la démocratie. Quatrième pouvoir, acteur historique, acteur politique,
acteur social, le journalisme a toujours été considéré comme un droit de l'homme et
une liberté que chaque société convient d'acquérir pour atteindre l'optimum d'un Etat
pluraliste et démocratique. Ils doivent représenter le peuple, et sont là pour surveiller au bon
fonctionnement des institutions publiques, et offrir de multiples points de vue selon l’optique
Kantienne1 et le principe de publicité. Selon lui, l’espace public, par la liberté et la pluralité
de ses points de vue, perpétue l’équilibre démocratique et rationnel du pays.
Le système médiatique chilien est un élément très ancré dans le système politique du
pays, mais a été victime de nombreux bouleversements tout au long du XXe siècle. A l'heure
ou il devrait refléter ce retour de la démocratie, il est néanmoins possible de faire une série
de remarques qui laissent présager un problème de développement.
Le système médiatique au Chili est en effet loin d'être un système pluraliste,
représentant une démocratie avancée.
Les médias subissent une forte concentration économique, La concentration des
médias se situe de plus d’un seul côté du spectre politique, à droite, et impose une mainmise
1 « Reponse à la question : qu’est-ce que Les Lumières ? », E. Kant, 1784, dans Du journalisme en démocratie, Geraldine
Mulhman.