de nos contemporains à croire
qu’il est devenu possible de
tout savoir, de tout comprendre,
de tout éviter, même le pire.
Les maladies génétiques
sont dues à une altération du
génome humain. Cette altéra-
tion peut avoir des consé-
quences variables, tant à titre
individuel que familial, en rai-
son des différents mécanismes
impliqués. Considérées comme
des maladies rares puisque
leur fréquence est habituelle-
ment inférieure à 1 sur 2 000,
elles représentent quatre sur
cinq d’entre elles.
Cinq catégories
de maladies génétiques
Classiquement, les mala-
dies génétiques sont classées
en quatre catégories. En réa-
lité, on peut en retenir cinq.
Selon les cas, l’évaluation du
risque génétique repose sur
des bases différentes ; l’utilisa-
tion des tests génétiques dis-
ponibles n’a pas les mêmes
conséquences.
Les maladies par aberration
chromosomique
Elles sont dues à une ano-
malie du nombre ou de la
structure des chromosomes.
Elles peuvent affecter une
seule des 23 paires de chro-
mosomes, parfois deux paires
concomitamment, voire plus.
Habituellement accidentelles
en raison d’une malségrégation
lors de la méiose, elles peu-
vent être familiales si l’un des
parents est porteur d’une ano-
malie de structure équilibrée.
Des anomalies chromoso-
miques inframicroscopiques,
non visibles sur le caryotype
classique, peuvent être déce-
lées avec les nouveaux outils
de cytogénétique moléculaire.
Elles sont la cause d’un certain
nombre de syndromes bien
identifiés cliniquement, mais
dont l’étiologie était aupara-
vant mal connue.
Les maladies monogéniques
Elles sont liées à l’altération
de l’ADN nucléaire, c’est-à-dire
situé dans les chromosomes du
noyau (représentant 95 % de
l’ADN). La mutation d’un seul
gène, à l’état hétérozygote
(une seule copie est altérée)
ou à l’état homozygote (les
deux copies sont altérées), en
est la cause, d’où leur dénomi-
nation de maladies monogé-
niques, mais aussi de maladies
mendéliennes si l’on considère
qu’elles se transmettent selon
les lois de Mendel.
Ces maladies peuvent être
dominantes ou récessives,
autosomiques ou liées au chro-
mosome X.
La pénétrance du gène
altéré peut être plus ou moins
complète (toutes les personnes
ayant la mutation n’expriment
pas la maladie) et l’expressivité
de la maladie très variable
d’une personne atteinte à l’autre.
Cette variabilité du phénotype
peut être due à des gènes modi-
ficateurs et/ou à des facteurs
de milieu.
De nombreuses maladies
mendéliennes peuvent relever
de l’altération, non pas d’un
seul gène, mais de plusieurs
gènes différents (hétérogénéité
génétique).
Les maladies génétiques
complexes
Certaines maladies commu-
nes, pas nécessairement rares,
sont sous la dépendance à la
fois de facteurs génétiques et
de facteurs de milieu. En rai-
son de l’intervention concomi-
tante de plusieurs gènes, la
composante génétique est dite
polygénique : chaque gène a
théoriquement un petit effet
dans l’apparition de la maladie.
En réalité, la situation est plus
complexe.
Certaines maladies consi-
dérées comme multifactorielles
peuvent en fait être monogé-
niques dans quelques cas (5 à
10 %), comme le cancer du
sein, la maladie d’Alzheimer.
La composante polygé-
nique (c’est-à-dire le poids des
facteurs génétiques) peut être
plus ou moins importante,
selon les maladies. Elle semble
faible dans la grande majorité
des formes multifactorielles du
cancer du sein et beaucoup
plus élevée dans le diabète
insulinodépendant. Cette com-
posante peut être en fait oligo-
génique : un gène a alors un
effet majeur, comme dans la
spondylarthrite ankylosante où
le marqueur HLA-B27 joue un
rôle important. Dans d’autres
cas, le nombre de gènes impli-
qués est grand (maladies psy-
chiatriques, hypertension arté-
rielle), mais chaque gène a un
effet mineur.
En définitive, on peut sub-
diviser cette troisième catégo-
rie en deux groupes.
Les maladies relevant d’un
gène ayant une forte prédis-
position génétique, tout du
moins dans certaines familles :
cancer du sein, cancer du
côlon, maladie d’Alzheimer,
sclérose latérale amyotro-
phique... On parle dans ce cas
de gènes de prédisposition
génétique.
Les maladies multifacto-
rielles, sous la dépendance
concomitante de facteurs
génétiques (hérédité polygé-
nique) et de facteurs environ-
nementaux, chaque gène
altéré ayant un effet plus ou
moins grand dans l’apparition
de la maladie. On parle alors
plus volontiers de gènes de
susceptibilité génétique.
Maladies dues à l’altération
de l’ADN mitochondrial
Certaines maladies peuvent
être dues à l’altération, non
plus de l’ADN nucléaire, mais
de l’ADN situé dans les mito-
chondries qui représente 5 %
de l’ADN total. Une maladie
mitochondriale ne peut être
transmise que par la mère,
puisque les mitochondries sont
situées dans le cytoplasme
présent essentiellement dans
l’ovule et très peu dans les
spermatozoïdes.
Reconnaître
une maladie génétique
Rien n’est plus insuppor-
table que le doute. Chez la
personne atteinte ou sa famille
proche, ce doute peut accroître
un sentiment de culpabilité,
nullement justifié, notamment
9
RÉALITÉS FAMILIALES - 2001