Le travail n`est pas fini

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Le travail n’est
pas fini
Les propositions des ACLI
Le travail n'est pas fini
Les propositions des ACLI
Le travail n'est pas fini. Et fini n'est pas non plus l'avenir comme horizon d'un
monde meilleur, moins rassasié et moins gaspilleur que celui que dans notre partie
minoritaire de la planète nous sommes en train de laisser derrière nous et qui, tel
un roi Midas moderne, a voulu essayer de transformer tout en or en rendant notre
existence collective plus stérile.
Mais sans doute la situation est plus dramatique; sans doute il faut des stratégies et
des approches moins magiques, mais davantage profondes que les recettes habituelles
qui finalement évoquent la croissance comme la solution de tous les maux.
Même les nations “locomotives” du développement économique où la croissance est
présente, semblent ralentir. Dans plusieurs cas, ce qui représente un souci c'est
qu'elles ne sont pas durables d'un point de vue social, civil et environnemental. Les
éléments problématiques font clairement surface et ils aussi sont confrontés à la
difficulté de réussir, comme le démontrait il y a vingt ans Dahrendorf, à générer
ensemble dans nos sociétés, bien-être économique, cohésion sociale ainsi que
liberté politique. Et, étant donné que dans moins d'un demi siècle, si on continue
avec le même rythme, il n'y aurait plus d'eau aux pieds de nos montagnes, la
durabilité environnementale se rajoutera elle-aussi à cette liste.
Aujourd'hui, pour contrecarrer l'augmentation du chômage et sortir de la crise,
l'Europe doit mettre en place deux sortes importantes d'initiatives qui sont
complémentaires entre elles. En partant de leur propre campagne - "La force du
travail" - les ACLIs relancent certaines propositions pour l'Europe et pour
contribuer à un pacte social européen pour le développement entre
syndicats, organisations non gouvernementales, entreprises et gouvernements.
Investir la où on peut créer de l'emploi: une economie
intelligente
Tout d'abord il faut un plan d'investissements supérieur à celui qui a été promis
par Junker, et sortir de la logique de l'austérité et du fameux Fiscal Compact.
Mais, il faut aussi des investissements qui soient orientés vers les secteurs ainsi que
des innovations qui puissent relancer le développement en nous aidant à mieux utiliser
les ressources ainsi qu'à mettre en valeur les vocations et les talents de tout pays.
Il faut une économie qui soit davantage orientée à la sauvegarde, soin et mise
en valeur de ce dont elle dispose, en allant au delà des messages du consumérisme
et, avec lui, le gaspillage. La spéculation et le "rapt" du savoir-faire, qui a souvent
appauvri les spécificités des cultures du travail, les vocations et les productions typiques
de nos terroirs au bénéfice et sous la houlette de la grande économie de masse.
Aujourdh'ui tant les consommateurs que les institutions ont moins d'argent à dépenser
et celui dont ils disposent, ils cherchent à l'utiliser au mieux. Voici une orientation qui
va potentiellement dans la direction d'une économie nouvelle. Ce n'est pas un
hasard si les secteurs où les innovations qui créent ou peuvent encore créer de l'emploi
vont dans cette direction-là: une nouvelle politique industrielle, une économie verte et
une mobilité durable; nouvelles technologies et Agenda digitale; services à la personne,
entreprises sociales et nouveau “welfare”; culture et agriculture locale de qualité.
Pour ce choix il faut cependant “la bonne personne au bon endroit” et non pas la
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politique du “n'importe quel travail”. Stratégiquement il faut un pacte de
développement entre les forces sociales et les institutions qui se fonde sur
la qualité du travail, à savoir qualité de la formation permanente qui commence
avec un système d'éducation et formation professionnelle, mais aussi de qualité des
conditions de travail, dignité du travail tout d'abord. Dès lors, il faut se demander si
nous voulons continuer à parier sur tout ce qui a amené à la précarité, aux bas
salaires, à la flexibilité, en générant cependant de l'emploi non décent et de nonqualité, ou si, par contre, nous voulons affronter ensemble, avec le système
institutionnel, les problèmes, en évitant de mettre sur le dos des couches les plus
populaires, notamment les jeunes et les femmes, les coûts de la crise économique.
Le défi doit être relevé dans le chef de la recherche et de l'innovation, la
justice, l'éducation et la formation tout au long de la vie, non pas uniquement
comme proposition pour ceux qui perdent leur propre emploi.
Voici les voies à parcourir à l'avenir:
1. Un nouveau Pacte pour l'Europe: l'initiative européenne des citoyens lancée
par plusieurs organisations et concernant un plan d'investissements
extraordinaires pour créer de l'emploi durable, soutenu par un impôt sur les
transactions financières et une taxe carbone.
2. Elargissement des plans Erasmus pour étudiants et chômeurs.
3. Un grand plan pour le Service Civil universel européen, qui permettrait à tous
les jeunes de rencontrer et faire l'Europe.
4. La remise en question du “fiscal compact” et de l'équilibre budgétaire.
5. L'analyse de la faisabilité et réalisation d'une Assurance Européenne contre le
chômage et la pauvreté. Une nouvelle protection européenne, pour tous les
citoyens et les résidents, soutenue par un versement en pourcentage minimal
sur tout travail et forme de revenu.
Redistribuer de facon equitable les fruits du travail pour
une societe moins fragementee et peurese
Même dans ces années de crise le travail n'a pas cessé de générer de la richesse et
satisfaire aux besoins. De surcroît, il a su innover ses propres processus de
production et les a rendus moins bésogneux de main d'oeuvre.
Le problème en amont et en aval par rapport à la crise est tout d'abord lié à la
redistribution de la richesse et du travail, surtout là où, dans les vingt ans qui
précédent la crise, les inégalités ont grimpé de manière vertigineuse. Et aujourd'hui
4000 mains contrôlent 4% de la richesse du monde.
Une société est solide quand ses composantes ne se perçoivent pas comme étant en
opposition les unes contre les autres mais unies enmselbe dans un seul destin,
même dans la crise.
A défaut de cette promesse tangible et partagée que nous devons nous renouveler
les uns les autres, la société se fragmente et cette fragmentation entraîne
également la fertilité de nos vocations productives, la possibilité de faire des
investissments et la demande reste bloquée. Au sein de la crise nous voyons que la
richesse “souffre" surtout d'accumulation, de la manière où elle a été conçue, gérée
et (mal) distribuée. Ainsi, les familles sont de plus en plus vulnérables, les inégalités
de plus en plus importantes et le futur devient une menace.
Quelle distribution alors? La réponse à cette question passe certainement par une
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nouvelle fiscalité commune, qui soit effectivement progressive et par un
système de “welfare” moderne et davantage réactif, les deux éléments devant
être de plus en plus globaux. Redistribuer reviendra également à répartir le travail
existant. Il ne suffira pas d'en inventer du nouveau: déjà aujourd'hui en Italie, si on
travaillait en moyenne autant qu'on travaille en Allemagne, on aurait quelque millions
de travailleurs en plus. Par ailleurs, il ne faut pas du tout oublier que la crise à
laquelle
nous
sommes
actuellement
confrontés
émane
de
la
déréglementation financière qui a acquis dans les années passées un pouvoir sans
précédent, en passant d'instrument et service à l'économie réelle à lieu d'exploitation
et domination de l'économie réelle.
Dans le monde, une masse de produits financiers dérivés se meut sans règles ni
transparence. Très peu de banques, trop grandes (avec des chiffres d'affaires
supérieures au PIB de nations entières), en contrôlent la majorité, en les transférant
des capitaux en quelques millésimes de seconde et en utilisant des algorithmes que
quelques rares personnes connaissent uniquement et savent manoeuvrer. Nous
jetons en moyenne un demi kilo de nourriture par jour, alors qu'un milliard de
personnes est dans une situation de pauvreté extrême. Un nombre limité de
multinationales décident et influencent les traités intercontinentaux de libre échange
que les Parlements ne peuvent pas connaître avant qu'ils ne soient finalisés.
Voici quelques éléments d'un scénario encore plus vaste et diffus qui de par lui-même
alimente de plus en plus l'idée que nous ne sommes pas vraiment tous égaux mais qui,
face aux grandes décisions, encore une fois, comme dans la “Ferme des Animaux” de
G. Orwell, quelqu'un soit plus égal que d'autres. La souveraineté populaire est
objectivement en train de se dégrader, un peu comme si la démocratie, pour
faire face à la complexité de la mondialisation, avait choisi de négocier avec
l'économie contemporaine au lieu de procéder à son propre développement.
Dès lors, on ressent le besoin d'une Europe unie et plus forte, plus
démocratique et sociale. Pour cela, nous considérons que l'agenda future doit
inclure ce qui suit:
1. Un “Social compact”: un plan avec des objectifs contraignants en termes de
dépenses et de résultats liés à des politiques de travail et de “welfare” communs;
protections sociales communes; mesures de lutte contre la pauvreté; mesures
pour l'accueil et l'intégration et pour consentir la citoyenneté à qui réside en Europe
de manière stable depuis une longue période.
2. Relancer les négociations entre 11 Pays, parmi lesquels l'Italie, sur l'application
d'un Impôt sur les Transactions Financières, qui, avec un prélèvement minimal
rendrait dys-économiques les opérations à haute fréquence (échanges en millésimes
de seconde), à savoir les opérations très spéculatives. Cet impôt européen
assurerait 35 milliards de recettes annuelles, ce qui correspondrait à un dixième des
ressources employées dans le plan Junker.
3. La séparation des Banques commerciales des banques d'affaires et une
agenda pour la réforme de la finance comprenant aussi: la réglémentation des
dérivés; la lutte aux paradis fiscaux et à l'évasion ainsi qu'à l'élusion; le parcours vers
l'Union fiscale; la définition de limites maximales dans les salaires des managers.
4. La transparence et la remise en question des TTIP et des rapports
commerciaux avec l'Afrique et avec les autres continents en les orientant vers
une logique de co-développement, de coopération effective, pour un progrès civil,
spirituel et matériel commun.
5. Une certification sociale des produits pour lutter contre la vente sur nos
marchés de la part de ceux qui ne respectent pas le travail digne.
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