L’extension de l’obésité à l’ensemble de la population se produit à une vitesse terrifiante. À
Mexico, l’obésité, qui touchait 16% de la population en 2000, en touchait 26% en 2012. En
2012, 35% des enfants de 5 à 11 ans habitant dans cette ville étaient obèses ou en surpoids.
Dans l’ensemble du pays, sept Mexicains sur dix sont en surpoids et un tiers d’entre eux sont
cliniquement obèses.
En Inde, la prévalence du surpoids est passée de 9,7% au début du siècle à près de 20% selon
les études publiées après 2010. Ces études montrent que le nombre de cas d’obésité et de
surpoids chez les enfants et les adolescents augmente rapidement, non seulement dans les
catégories aisées mais aussi parmi les pauvres en milieu rural, où la sous-nutrition et
l’insuffisance pondérale restent de graves problèmes de santé.
La situation est similaire dans d’autres pays qui se développent rapidement. L’obésité et la
sous-nutrition peuvent sévir en parallèle dans le même pays, la même communauté, voire le
même foyer.
En Chine, des décennies de pénurie alimentaire ont fait place à l’abondance, on est passé de la
famine à l’abondance en moins d’une génération et la prévalence de l’obésité et du surpoids a
plus que doublé au cours des dernières décennies du XXe siècle.
En 2012, le Ministre chinois de la Santé estimait que 300 millions des 1,2 milliard de Chinois
étaient obèses. S’agissant du nombre de citoyens en surpoids, la Chine, deuxième économie
du monde, rivalise maintenant avec les États-Unis d’Amérique.
Cette année, la revue The Lancet a publié une analyse groupée de l’évolution de l’indice de
masse corporelle dans 200 pays de 1975 à 2014. D’après cette étude, 105 millions d’adultes
étaient obèses en 1974. En 2014, on en comptait 640 millions, soit plus d’un demi-milliard, ce
qui représente 6 fois plus.
La conclusion générale de cette analyse est frappante: si les tendances observées après 2000
se poursuivent, la probabilité d’atteindre la cible mondiale fixée par les États Membres de
l’OMS est pratiquement nulle.
Pourtant la cible n’est pas très ambitieuse: d’ici à 2025, maintenir l’augmentation de la
prévalence de l’obésité à son niveau de 2010. Il s’agit donc, fondamentalement, d’éviter
qu’une situation déjà mauvaise n’empire.
Et la situation est mauvaise, c’est une bombe à retardement.
L’augmentation de la masse corporelle dans l’ensemble de la population est un signe d’alerte.
Il faut du temps mais les problèmes finissent par arriver, sous la forme de maladies
chroniques liées au mode de vie.
Les maladies cardiovasculaires sont désormais les principales causes de décès dans le monde.
Dans les pays en développement, les infarctus du myocarde provoquent des décès subits et ne
représentent pas une charge durable pour les systèmes de santé.
En ce qui concerne le cancer – le diagnostic le plus terrible dans la plupart des cultures – pour
70% des patients qui vivent dans des pays ayant peu de ressources, le diagnostic est posé si
tard que la seule possibilité est de soulager la douleur. Il n’y a ni radiothérapie, ni