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La faune de nos rivières
1999
La faune de nos rivières
par Anne Claude VAUDIN
Pas trop refroidis par les quelques semaines passées dans l'eau je vous avais abandonnés
lors du dernier Râle d'Eau ? Voici la suite et fin de ce dossier : la faune des rivières et de ses
abords !
Sous les pierres des ruisseaux, près des bords de nos rivières, tout un monde d'insectes, de
crevettes et autres invertébrés... habite les eaux. Les larves et les vers se cachent dans le
fond. De menus coquillages ne quittent guère les herbes qu'ils broutent paisiblement.
Intéressons nous d’abord à ce qui se voit en surface.
Des insectes de surface
Formant une troupe agile, tantôt sautant verticalement, tantôt glissant, et cela grâce à ces
quatre longues pattes écartées en X sur les eaux tranquilles ou parfois sur les courants
ombragés, je vous présente le Gerris des
marais. Cette faculté à marcher sur l'eau est
rendue possible par ses quatre longs tarses :
ils forment des patins sûrs et légers, élargis
de poils très fins, que l'eau ne mouille pas
(un peu comme des skis) à condition qu'ils
soient bien étalés et exempts de toute
souillure. Une petite expérience à réaliser
pour attirer une cohorte de Gerris pour les
observer plus facilement et de plus près :
secouez une branche de saule au dessus de l'eau … et à vos binocles !
Autre insecte ingénieux, le Tourniquet
(ou Gyrin). Dés les premiers beaux jours
de février, apparaissent ces petites bêtes
ovales et trapues, d'un profil de carrosserie
moderne. Plus dense que l'eau, le Gyrin
flotte malgré tout. Toute la surface de son
corps est faite de corne lisse, paraissant
huilée, s'opposant ainsi à l'eau qui a
tendance à la couvrir. Cette résistance
semble une force bien faible et pourtant
elle suffit à faire flotter une aiguille d'acier
un peu grasse et posée doucement sur
l'eau. Utilisant cette force pour flotter, le
Tourniquet doit la vaincre d'un brusque
effort quand il plonge au premier geste qui
l'inquiète ; au bout de son abdomen poilu
qui dépasse les ailes, il emporte une bulle
d'air argentée signalant le nageur jusqu'au
fond.
Des insectes immergés
Un gerris adulte
Le Tourniquet ou Gyrin
Moins connue que les bestioles glissant sur la surface, et parmi toutes celles qui restent
immergées, intéressons nous à la Nèpe (ou Scorpion d'eau). Celle-ci chasse à l'affût dans les
eaux plutôt calmes, à l'abri dans les végétaux aquatiques et même parfois dans les limons. Elle
possède des pattes ravisseuses (les deux plus proches de sa tête) ; chacune ressemble à un
couteau. Le manche formé par la cuisse montre une rainure
dans laquelle vient se loger la jambe, prolongée par un tarse
courbé. Cette cuisse renflée abrite les muscles qui font ouvrir
l'outil et d'autres, plus puissants encore, pour le fermer et
maintenir la proie que la trompe buccale transpercera (miam,
miam !). Il est à noter que les autres pattes sont pourvues de
poils qui jouent le rôle de rame et permet ainsi à notre
scorpion de se déplacer. Le siphon situé en bout d'abdomen
vient émerger gèrement lors de la position de l'affût. Il est
formé de deux gouttières appliquées l'une contre l'autre, ce
qui constitue un canal perfectionné. Tout un système de poils,
dirigés vers l'extérieur, occupe la cavité et empêche ainsi
toute effraction. Amené par ce canal, l'air gagne les trachées
de l'abdomen ; il peut alors remplir un espace ménagé sous
les ailes inutiles, ce qui forme une réserve pour les longues
plongées de l'insecte.
Un crustacé prolifique et appétissant pour
la faune aquatique
Dans le monde flottant en pleine eau, surtout à la belle saison, on trouve un crustacé, la
Daphnie (ou puce d'eau - 3 mm). Plongez un bocal (en verre ou autre) dans une zone calme de
la surface et la plus ensoleillée possible. On pourra y voir cette
petite "crevette" qui toujours est vie et mouvement : pour assurer
le courant nécessaire à la respiration, les pattes ne cessent de
fouetter l'eau ; vers le dos, le petit cœur transparent bat en
pulsations précipitées ; l'œil noir tourne en tous sens ; même
enfermées dans leur œuf, les futures daphnies ne cessent de
s'agiter.
Des larves dans leur fourreau
Au fond des eaux on trouvera des étuis de différentes formes
4 insectes aquatiques voisins de la nèpe :
1:la Ranâtre 2:la Corise 3:le Pléa 4:le Naucore
4
3
1
2
La Nèpe
Une
Daphnie
constituées de différents débris ; ce sont les
maisons des larves de Phryganes (ou
Trichoptères). Il y en a de différents modèles
et de différentes formes comme l’indiquent les
schémas ci-contre (extraits de La vie dans
les ruisseaux par Georges CHAUVIN éd.
Ouest-France)
L'adulte passe bien souvent inaperçu ; il se
plaît à se dissimuler dans le pli des feuilles de
Carex qu'il ne quitte qu'à l'approche du soir.
Je ne m'étendrai pas sur ces petits insectes qui
pimentent nos nuits avec leur “bzzz à
répétition ; j'ai nommé Monsieur Sticmou,
autrement dit le Moustique.
Crevettes en tous genres
Présentons maintenant les crevettes de nos rivières. Le Gammare est la plus commune et
reconnaissable avec sa silhouette assez particulière : son corps est très comprimé sur les
flancs. Cette espèce craint l'eau tiédie et privée d'oxygène ; sa zone de prédilection sera
cachée sous des pierres dans l'eau courante (on leur donne ainsi le nom de "Garde
Fontaine"). Le gammare ne vivant que dans les eaux bien fraîches, exemptes de toute
fermentation et de toute putréfaction, sa présence peut être regardée comme un signe
favorable, mais non comme une garantie suffisante, permettant de considérer cette eau
comme potable et saine.
Une autre crevette, beaucoup moins
remarquée que la précédente, marche sans
hâte sur le fond dans des eaux de
préférence dormante, car elle est un trop
médiocre nageur pour lutter contre le
courant du ruisseau. Elle est plate mais
horizontalement. Son allure calme, ses
deux longues antennes balancées en
marchant comme les oreilles d'un baudet
ont fait donner à la bestiole, il y a deux siècles, le nom charmant d'Aselle ou petit âne. De
plus souvent notre aselle se promène en famille, le mâle entraînant sa femelle plus petite ;
elle-même abrite ses œufs sous sa poitrine jusqu'à leur éclosion.
Passons maintenant au monde rampant des mollusques.
Une Phrygane adulte
Planorbe, Limnée, Physe et autres mollusques sont herbivores.
La Limnée possède un outil formidable : une langue garnie d'une véritable râpe d'un centimètre
de long et armée de dents de corne. Des mâchoires, également cornées, occupent le plafond de la
bouche ; elles contribuent au broyage des végétaux, dont la pulpe forme la seule nourriture de
notre petit brouteur. Les petites algues n'ont qu bien se tenir ! Petit détail
concernant sa coquille : elle est dextre ; la spirale d'enroulement tourne dans le
sens des aiguilles d'une montre ; au contraire de la Physe (voir encadré ci-
dessous) dont la coquille est senestre et qui au premier abord semble une
réduction de la limnée.
Quant à la Planorbe sa grosse coquille brune et foncée est en spirale plate,
comme un mètre à ruban ; les deux faces ne sont pourtant pas identiques : la
moins creuse située à gauche a un sens d'enroulement
senestre.
Citons aussi l'Ancyle (Ancylastrum) d’une taille d’environ 1 cm, pour
sa particularité ; sa coquille n'est pas du tout enroulée ; il s'agit d'un cône
surbaissé avec une pointe inclinée vers l'arrière. Il avance avec une grande
lenteur et broute paisiblement. Très timide, il ne laisse guère apercevoir
que deux courts tentacules, le pied solidement appliqué sur son support et
le va-et-vient régulier de sa langue vers l'avant du corps.
On peut aussi rencontrer d'autres mollusques, notamment des bivalves :
- la Dreissena ou moule zébrée fixée par un byssus,
- Sphaerium, Pisidium : deux mollusques enfouis
N’oublions pas les libellules
Un peu de prose maintenant pour présenter cette habituée des cours d'eau ! Elégance et légèreté,
palette à cent couleurs, mécanique de précision, souple et rigide, insecte de haute énergie, voici
la libellule adulte. Mais avant d'atteindre cette perfection de forme et de couleur, la libellule est
d'abord une larve "laide", cachée sous l'eau dans la vase, et doit parfois attendre quelques années
cet instant précis et magnifique de la naissance.
La larve est une redoutable chasseresse : elle avance
"sournoisement" une patte après l'autre, comme le chat
abordant un affût ou comme le caméléon sur sa branche.
Cette future libellule possède un outil d'attaque formidable
que l'on appelle le masque (parce qu'il y fait bien entendu
la Planorbe
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