Bibliothèque des expérimentations pédagogiques NICE 14/04/2017 Option d’enseignement conjoint des langues anciennes ou « bilinguisme latin-grec » dès la classe de 5° (Expérimentation art.34) (Expérimentation terminée) Collège Henri Wallon 150 AVENUE GERARD PHILIPE , 83500 LA SEYNE SUR MER Site : http://www.ac-nice.fr/wallon/ Auteur : Nina Nicolaieff Mél : [email protected] Renforcement disciplinaire, interdisciplinarité et ouverture à la culture par les langues anciennes permettant de répondre aux difficultés individuelles des élèves et de favoriser leurs parcours scolaires tout en développant leur autonomie Plus-value de l'action L’enseignement conjoint des langues anciennes favorise le décloisonnement entre les disciplines et peut agir en levier pour construire des compétences transversales, notamment en matière de citoyenneté. Nombre d'élèves et niveau(x) concernés 2011-2012 : 5e 23 élèves ; 4e 19 élèves ; 3e 18 élèves 2012-2013 : 5e 10 élèves ; 4e 23 élèves ; 3e 19 élèves 2013-2014 : 5e 12 élèves ; 4e 12 élèves ; 3e 18 élèves 2014-2015 : 5e 6 élèves ; 4e 6 élèves ; 3e 9 élèves A l'origine Des constats croisés sont à l’origine de l’action : tout d’abord la situation des langues anciennes était difficile dans le bassin, le grec avait disparu alors qu’il existait dans l’établissement longtemps avant. Le latin quant à lui était en perdition dans le collège, ce qui laissait présager une disparition de ces disciplines si aucune mesure n’était prise. D’autre part il a été constaté que le changement d’alphabet induit par l’enseignement du grec se révélait très motivant pour les élèves. Dans un collège successivement classé ZEP, ambition-réussite, ECLAIR puis Rep+, qui accueille un public d'élèves socio-culturellement défavorisés, pour lequel l'école représente très souvent le seul accès à la culture, le projet s’est donné pour objectif de faire accéder le plus grand nombre à l’héritage culturel antique. L’action d’abord recensée comme projet innovant est devenue une expérimentation à la rentrée 2011. Objectifs poursuivis -Faire accéder un large public d'élèves à l'enseignement des langues anciennes et poursuivre la dynamique d'augmentation des effectifs. -Permettre aux élèves de mieux percevoir l'unité de l'héritage culturel antique et ses liens avec les notions abordées dans les différentes disciplines. -Développer l'apport culturel des langues anciennes pour l'option Histoire des arts du DNB. -Renforcer la maîtrise de la langue française par le biais de l'étude des racines grecques et latines et par les liens grammaticaux. -Favoriser la poursuite de l’option latin ou grec en lycée Description Le projet s’articule autour de l’idée que le bilinguisme permet de décloisonner les disciplines et ce faisant de mettre en valeur la cohérence et la continuité des enseignements. Chacune des langues anciennes induisant une interdisciplinarité forte, l’hypothèse a été faite qu’un enseignement conjoint latin-grec permettrait de démultiplier cette interdisciplinarité et d’établir des liens signifiants avec toutes les autres disciplines pour faciliter l’appropriation des notions. Cette transdisciplinarité se concrétise dans certaines activités spécifiques (œuvre étudiée en option présentée à l’épreuve d’HIDA en 3e; travail sur des tâches complexes, tâches complexes explorées par ailleurs dans le cadre de la liaison école-collège). D’autre part la confrontation des civilisations permet d’interroger le réel et d’éclairer l’actualité. Cet enseignement bilingue favorise de fait le développement des compétences des élèves dans une optique tout à la fois d’excellence et de remédiation. Il autorise ainsi l’individualisation et l’autonomie, ainsi que la mise en œuvre de pratiques pédagogiques variées. Modalité de mise en oeuvre -Après une heure de sensibilisation proposée aux élèves de 6°; les élèves débutent de manière conjointe la découverte de la culture latine et de la culture grecque. Dans une même séquence d’enseignement et en lien avec les programmes du collège les élèves abordent une notion sous les angles séparés ou conjoints des deux cultures et/ou langues. Si en début d'année de 5e l'accent est mis sur le grec afin que les élèves s'habituent au nouvel alphabet (lecture et écriture), l'enseignement de chacune des langues mais aussi de certains points communs aux deux s’équilibre dans la mesure du possible sur les classes suivantes. Un accent particulier sur l'une ou l'autre langue est mis en fin d'année de troisième suivant les choix d'options des élèves au lycée. -Les thématiques abordées conjointement : en 5e le panthéon gréco-romain ; être écolier dans l'antiquité ; les fondations légendaires (Rome Athènes, Marseille) ; les monstres antiques ; les fables de l'antiquité à nos jours/ en 4e les jeux, d'Olympie à Londres ; être une femme dans l'antiquité ; panem et circem ; vivre à Rome ou à Athènes ; les grandes conquêtes/ en 3e Pompéi, récit d'une catastrophe ; les grandes figures antiques ; de Sophocle à Anouilh, de Plaute à Molière ; les nostoï ; la poésie amoureuse. -Pratiques pédagogiques : travail en ateliers (par exemple plusieurs ateliers sur une même compétence, sur une heure de cours les élèves changent régulièrement d’atelier) ; coopérations entre élèves et élèves-professeur( par exemple désignation d’un expert sur des notions grammaticales notamment, qui prend le relais du professeur et propose son aide à ses camarades) ; grammaire par code ; travail sur les tâches complexes ; différenciation des activités en fonction des besoins ; à partir de la rentrée 2014, évaluation par compétences (avec bascule chiffrée sur le bulletin). Trois ressources ou points d'appui -Une demande forte de la part des familles et une efficacité reconnue par les élèves en matière de remédiation aux difficultés linguistiques en français. -L’évaluation par compétences permet de concrétiser l’interdisciplinarité inhérente à l’option et de pallier la difficulté de son évaluation chiffrée: les contrôles en latin-grec engagent souvent la réalisation de tâches complexes ajustées à la richesse du travail, tâches complexes difficiles pour les élèves ; l’alternative ayant consisté pour l’heure en la multiplication d’évaluations différentes par leur longueur leur portée et leur nature a montré ses limites. -Même si peu d’élèves du collège accèdent au lycée général une liaison solide avec le lycée semble nécessaire non seulement pour la continuité des langues anciennes mais aussi pour les apports de celles-ci dans les autres disciplines. Difficultés rencontrées Certaines représentations des langues anciennes : pour être validées les candidatures des élèves doivent obtenir un avis favorable au conseil de classe, or quand les langues anciennes sont envisagées non pas comme source d’excellence raisonnée mais comme porteuses d’un élitisme, des avis négatifs sont émis sur les candidatures des élèves aux résultats fragiles. L’évaluation de cette option pose aussi problème, pour rester attractive et cohérente elle doit mettre en valeur l’engagement des élèves. Or la crédibilité de l’option est parfois estimée au regard de la proximité avec d’autres disciplines dans l’évaluation et des évaluations jugées trop positives n’obtiennent pas l’assentiment des équipes pédagogiques. Les effectifs ont brutalement baissé pour les 5e à partir de la rentrée 2012 sous l’effet conjoint de la compétition d’autres projets attractifs et d’horaires dissuasifs en raison du jeu des options (seul le créneau du déjeuner peut parfois être commun pour des élèves venant de classes différentes), de la mobilité importante des élèves du collège ; de la difficulté à tenir un discours commun pour recruter les élèves du fait des écarts dans les représentations expliquées plus haut . Le lien avec les lycées de secteur n’est pas encore consolidé, les horaires des langues anciennes au lycée peuvent par ailleurs être dissuasifs (plus d’EE au lycée de secteur ; latin/grec 3h, souvent placées sur des créneaux peu attractifs). Des rencontres avec les professeurs de lycée et des visites au collège à destination des collégiens seraient bénéfiques afin que la dynamique engagée se poursuive et prenne toute sa signification. Moyens mobilisés / Partenariat et contenu du partenariat Partenaire interne : un travail étroit s'est établi avec la documentaliste de l'établissement. Liens éventuels avec la Recherche Bibliographie/ Sitographie : -Fichier sur le bilinguisme latin-grec de Marie-France Kalantzis, CRDP Franche-Comté http://www2.cndp.fr/archivage/valid/74517/74517-21720-27941/files/74517-21720-27941.pdf -Site Helios, Académies de Grenoble et Toulouse, Université de Louvain http://helios.fltr.ucl.ac.be/ Evaluation Evaluation / indicateurs -le nombre de demandes d’inscription à l’option bilingue et son évolution dans le temps ; le nombre d’élèves poursuivant l’option sur les 3 années de collège ; l’investissement des élèves en option bilingue -les effets observés dans les autres disciplines (motivation, intérêt, résultats) -le réinvestissement de notions ou de supports étudiés en option à l’épreuve d’histoire des arts en 3e -le nombre d’élèves poursuivant l’enseignement du latin ou du grec au lycée Documents Aucun Modalités du suivi et de l'évaluation de l'action Auto-évaluation, évaluation interne et externe. Effets constatés Sur les acquis des élèves : -Les élèves comprennent et maitrisent mieux des notions de syntaxe abordées en français. Le lien avec l’enseignement de l’italien (LV2 ou bi-langue) est effectif. -Les élèves suivant l’enseignement conjoint sont pour partie des élèves investis dans leur projet personnel et qui suivent aussi des dispositifs bi-langue, classe sportive et DP3. Le groupe de 5e de l’année 2014-15 était composé majoritairement d’élèves dyslexiques. Des effets notables ont été constatés : *amélioration de la graphie par le détour du travail sur l’alphabet grec *mémorisation plus aisée et appropriation d’une démarche méthodique du fait des techniques et pratiques mises en œuvre pour l’apprentissage des points grammaticaux, du fait du caractère systématique de l’apprentissage de la langue en latin/grec *motivation stimulée et portée par les projets interdisciplinaires menés. Sur les pratiques des enseignants : Renouvellement des pratiques dans le cadre d’une option tout à la fois pour soutenir la motivation des élèves et optimiser les effets de l’apprentissage des langues anciennes. Sur le leadership et les relations professionnelles : / Sur l'école / l'établissement : L’action peut servir tout à la fois la remédiation et le développement de l’ambition scolaire dans une optique d’excellence. On constate qu’un nombre croissant d’élèves choisit de poursuivre l’option en lycée. Plus généralement, sur l'environnement : /