Amazonie : "Des terres sans hommes pour des hommes sans

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Analyse
Appartient au dossier Géographies amazoniennes
:
Amazonie : "Des terres sans hommes
pour des hommes sans terre"
Ce slogan a été mis en avant par les militaires au pouvoir au Brésil
pour occuper des espaces infinis réputés vierges et offrir une
perspective aux paysans sans-terre du Nordeste et du Sud du Brésil
et aux habitants des favelas. C'était ignorer totalement les
"Amérindiens". Ce slogan mensonger s'est d'ailleurs modulé en :
"Beaucoup de terres pour peu d'Indiens !". C'était ignorer les
pratiques de cultures itinérantes sur brûlis qui ne peuvent
s'accommoder de fortes densités et le prélèvement mesuré sur de
grandes étendues de la faune et de la flore effectués par les
populations autochtones qui préservent traditionnellement le couvert
forestier dans un autre rapport à la nature.
Un pays immense comme le Brésil, grand comme quinze fois la
France, compte des exploitations agricoles qui peuvent dépasser les
100 000 hectares, faisant l'objet pour certaines de faux titres de
propriété et laissées parfois en jachère. A côté d'elles, vivent des
milliers de paysans "sans-terre" ou des petits propriétaires expropriés
de force par les hommes de main des latifùndistes, des chômeurs qui
attendent une redistribution des terres en friche par l'Etat,
redistribution qui ne vient pas. Cette réforme agraire qui ne se fait
pas est à l'origine des migrations vers les favelas (bidonvilles) des
grandes villes ou vers les terres amazoniennes.
Diversité
Actuellement plus de vingt
millions de personnes vivent
en Amazonie.
Leur diversité est remarquable
:
•
•
Les peuples indigènes -ils
rejettent l'appellation
d'"indiens"- ont une
population estimée à 226 000
habitants en sachant
qu'environ 50 tribus ne sont
pas rentrées en contact avec
les autres cultures.
Les afro-descendants,
descendants d'esclaves
marrons qui se sont réfugiés
dans la forêt constituent des
communautés appelées
Quilombolas qui sont au
nombre de 3 000 dans tout le
Brésil mais seules 190 d'entre
• elles sont officiellement reconnues.
Les Caboclos, métis issus d'indiens et de blancs et les paysans
sans-terre, migrants de l'intérieur et de l'extérieur viennent
compléter la population amazonienne.
Mobilité
70% de cette population réside en milieu urbain. A la fin du 19e
siècle et au début du 20e siècle, les seringueiros ou cueilleurs de
caoutchouc ont pénétré tous les lieux de la forêt y compris les plus
reculés : colons originaires du Nordeste brésilien, de la Sierra andine,
d'Europe et amérindiens employés comme main-d'oeuvre ont
participé au développement de la filière du caoutchouc, aux
nombreux métissages à l'origine de cette société
appelée cabocla caractéristique de l'Amazonie et à la construction de
grandes villes à l'intersection des fleuves comme Manaus, Belem,
Poto Velho, Macapà au Brésil, Iquitos, Pucallpa et Tarapoto au
Publié
le
26/04
/2013
ETHNOLOGIE - GÉOGRAPHIE
population
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Amérique du Sud
Brésil
pollution et déchets
démographie
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l'auteur
Voir aussi
Brève
Nourritures
indiennes et
brésiliennes
Publié le 10/05/2013
ECONOMIE - GÉOGRAPHIE
Les civilisations amérindiennes
nous ont transmis un nombre
considérable de plantes comme la
pomme de terre, le maïs, le tabac,
le manioc, la tomate, la quinine, le
caoutchouc, la coca, le haricot,
l'...
Pérou, Leticia en Colombie ainsi que des villes moyennes Marabà,
Santarem, Altamira au Brésil, et des petites villes le long du réseau
fluvial. L'urbanisation s'effectue surtout le long des fleuves, le long
des routes. Les autochtones se déplacent beaucoup entre ville et
campagnes, ils veulent accéder à de meilleures conditions de vie.
Identité
A cette grande mobilité des populations s'ajoute une variabilité des
identités : des populations reconnues comme "Caboclos" ou métis se
revendiquent comme amérindiennes aujourd'hui.
En effet, la constitution de 1988 au Brésil a octroyé aux Indiens des
droits originels sur les terres qu'ils habitaient avant la formation de
l'Etat et les métis ainsi que les Quilombos ne veulent pas être en
reste. Ces démarcations de territoire sont en cours de discussions et
font l'objet d'actions judiciaires souvent longues. Les terres indigènes
occupent 20% de la superficie de l'Amazonie, elles sont couvertes de
forêts avec un taux de déforestation bas.
L'arrivée des Européens au Brésil avait entraîné la disparition de
nombreuses ethnies en raison du travail forcé, de l'introduction de
maladies et de l'alcoolisme. De 1 000 environ elles seraient passées
à 170 en Amazonie. Dans la première partie de 20e siècle la
population serait passée d'un million à 200 000 personnes. Or,
depuis les années 1980, les courbes de croissance des populations
amérindiennes se sont inversées !
Combat
Les "Indiens" se sont mobilisés pour s'approprier leurs terres en
s'emparant des cartes par satellite et de la notion de" frontière" qui
leur était étrangère et qu'ils traduisent désormais dans leurs langues
par "terre coupée". Ils engagent des actions fortes contre des projets
de barrages qui inondent leurs terres comme le barrage de Belo
Monte, ils poursuivent en justice les compagnies pétrolières qui
polluent leurs territoires, ils se sont opposés aux envahisseurs
comme par exemple les chercheurs de caoutchouc et expulsent les
chercheurs d'or... Mais les feux des fronts pionniers empiètent sur
leurs territoires amenant souvent la violence. En outre, la
sédentarisation ne leur permet plus d'occuper la totalité des
territoires.
Sélection de références
Gens sans terre : la trajectoire du
MST et la lutte pour la terre au Brésil
Stedile, Joao Pedro ; Fernandes, Bernardo Mançano
Temps des cerises, 2003, FRANCE
L'auteur, géographe brésilien a interrogé l'un
des fondateurs du MST, J. P. Stedile, pour
retracer l'histoire des vingt années de lutte
pour la terre et pour la réforme agraire dans
vingt-et-un Etats de la Fédération brésilienne
de 1979 à 1999. C'est la continuation de cinq
siècles de luttes contre le latifùndio et de
répressions sans pitié. Leur combat se résume
ainsi : "Occuper, résister, produire".
La grande revanche : les
A
la Bpi, niveau 2,
335.41
STE
Amérindiens
à la
reconquête
de leur
destin
Pacorel, Julie ; Mouttet, Jean-Baptiste
Autrement, 2013, FRANCE
Enquête de deux journalistes français sur les
tribus indiennes d'Amérique du Sud.
A la Bpi, niveau 3, 914(8) MOU
L'enjeu migratoire en Guyane
française : une géographie politique
Piantoni, Frédéric
Ibis rouge, 2009, FRANCE
L'auteur nous montre comment les migrations
planifiées à l'époque coloniale ont été
instrumentalisées par la France afin de
s'approprier le territoire de la Guyane. Il
s'intéresse ensuite au bassin du Maroni, où les
Bushinengués ont créé un espace échappant
au pouvoir national et qui serait l'unique
territoire guyanais intégré dans un espace
régional. Enfin il mesure l'importance des
migrations
aujourd'hui
pour le développement
Les
sans-terre
du Brésil
: géographie
de la Guyane.
Régionsocio-territorial
ultra-périphérique de
d'un
mouvement
l'Europe, enclave du Nord dans un contexte du
Martin,
Sud, laJean-Yves
Guyane peine à s'intégrer dans un
l'Harmattan,
2001,
FRANCE
espace plus
global
qu'il soit latino-américain
ou
français.
L'auteur, géographe engagé, nous montre
comment le MST, Mouvement des Travailleurs
A
la Bpi,Sans-Terre,
niveau 3, 914(863)
PIA le territoire en
Ruraux
transforme
occupant les terres improductives et en luttant
pour transformer les latifùndios en
assentamentos. Les sans-terre se
resocialisent en brisant les cercles de
l'exclusion, ils imposent une réforme agraire,
avec son lot de violences et de combats
judiciaires et s'opposent au néolibéralisme. Le
livre est riche de témoignages, de documents
et de statistiques.
A la Bpi, niveau 3, 914(82) MAR
Migrants en Guyane
Piantoni, Frédéric
Actes Sud ; Musée des cultures guyanaises, 2011,
FRANCE
Dans ce catalogue d'exposition réalisé dans le
cadre de l'année des outre-mer en France,
Frédéric Piantoni,
géographe
et photographe
Pionniers
brésiliens
au Paraguay
nous propose une série de portraits d'immigrés
Souchaud,
Sylvain2006 et 2010, en Guyane
réalisés entre
Karthala,
2002,
FRANCE
française
et sur
ses marges (rives
surinamienne et brésilienne). A chaque
Les pionniers brésiliens, sur leur lancée, ont
photographie sont attachés une biographie
traversé dans les années 1960-1970 le rio
inachevée et le bref récit d'un parcours
Paranà et se sont installés dans la forêt
migratoire. Un texte sur la réalité migratoire en
tropicale du Paraguay oriental. Actuellement
Guyane contextualise les images.
les "brésilguayens" sont probablement un demi
million, dans un pays où ils représentent près
A la Bpi, niveau 3, 914(863) PIA
du dixième de la population. L'Etat paraguayen
voit avec complaisance la percée pionnière de
Brésiliens. Les colons ont apporté une
modernisation de l'agriculture et introduit la
culture
du sojanuit
: aujourd'hui,
le
Sortir intensive
de la longue
: Indiens
Paraguay en est
l'un des sept principaux
d'Amérique
latine
producteurs à l'échelle mondiale. Mais cette
Bard,
Patrick
; Ferrer, est
Marie-Berthe
marge
frontalière
le lieu de fortes
Albin
Michel,
2012,
FRANCE
ségrégations inter-communautaires dans un
pays
où photographique
la question foncière
est sousde
tension,
Voyage
et littéraire,
la
la
production
dépend
de
marchés
Californie jusqu'au Chili.
internationaux versatiles, de nombreux colons
sont
illégaux
et le3,couvert
forestier est dégradé
A la Bpi,
niveau
914(8) BAR
à près de 80 %. Cet espace frontalier aux
contours flous reflète bien la complexité de la
construction régionale dans le Mercosur.
A la Bpi, niveau 3, 914(87) SOU
Vie et luttes des sans terre au sud du
Le
géographe
Pébayle,
spécialiste
Brésil
: une Raymond
occupation
au Parana
reconnu du Brésil, a analysé ce phénomène
original
dans un article de la Revue
Bleil, Susana
Karthala,
2012, de
FRANCE
européenne
migrations internationales de
1994 (Vol. 10 N°2. pp 73-86) accessible dans
L'auteure,
sociologue
retrace
Persée et intitulé
: Lesbrésilienne,
Brésilguayens,
migrants
l'occupation
d'une
terre
par
seize
familles
sansbrésiliens au Paraguay .
terre. Elle en brosse le contexte intellectuel :
les influences spirituelles de tout un courant de
l'Eglise catholique du Brésil (avec les grandes
figures qui l'ont porté, les évêques Pedro
Casaldàliga et Helder Càmara, le théologien
franciscain Leonardo Boff, le dominicain Frei
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