non parce qu’ils constitueraient les seules formes de catégorisation et de hiérarchisation
sociales, mais parce que, au moins potentiellement, il n’est guère de domaine de la vie
sociale qu’ils ne traversent2. De surcroît, à travers cette triade c’est bien à un cadre
paradigmatique pouvant intégrer d’autres principes de classement et de hiérarchisation
que nous souhaitons réfléchir.
• 3 Nous laissons volontairement de côté, pour le moment, la littérature sur la
relation entre (...)
2Hormis à un niveau d’abstraction — et donc de généralité — assez élevé, cette
question n’a guère été traitée de manière systématique en France. Les chercheurs qui se
réfèrent à la sociologie des rapports interethniques — et nous nous incluons parmi eux
— affirment régulièrement que ceux-ci se combinent avec les autres rapports sociaux
(de sexe, de classe, de générations) pour déterminer les hiérarchies sociales qui
encadrent, habilitent et contraignent les acteurs sociaux. Ils rappellent rituellement que
cette combinaison n’est pas une simple addition, mais force est de constater qu’ils
peinent à en tirer toutes les conséquences et à rendre opératoire ce cadre théorique. Au
mieux trouve-t-on, dans la production française, des travaux qui traitent conjointement
de deux de ces dimensions et bien souvent de manière partielle et au prix d’une
réduction des rapports interethniques au seul champ de la migration. Ainsi, tout un
corpus, sociologique, ethnologique et historique, a-t-il été constitué depuis la fin des
années 1950, concernant les rapports entre classe et ethnicité. Il est en grande partie
composé d’ouvrages centrés sur la place de l’immigration dans la classe ouvrière et,
dans la dernière période, de travaux relatifs au racisme dans le travail et l’emploi. Plus
récemment — malgré quelques rares travaux pionniers à partir de la fin des années
quatre-vingt — et en beaucoup moins grand nombre, des recherches ont abordé la
relation entre genre et ethnicité, pour l’essentiel au travers de deux thématiques : celle
des femmes en migration qui semble faire l’objet d’un fort développement ces derniers
temps, et celle de la place dans l’espace public des descendantes d’immigré(e)s, mises à
l’avant-scène par les violentes polémiques qui se sont développées autour de la question
de la laïcité3.
• 4 Nous ne discuterons pas ici du paradigme des relations de « race », nous
contentant de constater (...)
3Comparativement à la production scientifique française sur le sujet, la littérature nord-
américaine est foisonnante. Depuis une bonne vingtaine d’années, un riche débat
académique et militant s’est développé, qui porte sur les aspects théoriques de
l’articulation de la « race4 », du genre et de la classe mais aussi sur ses implications
politiques et juridiques, particulièrement dans le domaine de l’égalisation des chances et
de la lutte contre les discriminations. Bien que les tenants et les aboutissants de cette