Médecine d'Afrique Noire : 1990, 37 (6)
et une partie de la pyramide nasale. Les ganglions
médiastinaux ne sont pas envahis ; les lobes pulmonaires
restants (supérieur et moyen) sont sains. Une lobectomie
inférieure droite est pratiquée. L'examen anatomo
pathologique de la pièce opératoire conclut à un carcinome
brochiolo-alvéolaire. Il s'agit en effet de cellules tumorales
cylindriques se développant sur les parois alvéolaires ; la
prolifération prend volontiers des aspects papillaires et est
mucosécrétante. Le parenchyme avoisinant la tumeur est
congestif et renferme des cellules alvéolaires macropha-
giques.
Les suites opératoires sont simples. Le malade est revu en
consultation de pneumologie au 2ème et au 8ème mois
après l'intervention. Il est en bon état général et ne se plaint
plus de sa douleur dorsale gauche.
COMMENTAIRES
Aspects épidémiologiques
Le cancer bronchiolo-alvéolaire est une tumeur primitive
pulmonaire très rare ; en 23 ans GALY et MARCY à Lyon
n'en ont diagnostiqué que 29 (3).
Les deux sexes sont indifféremment touchés. Notre patient
a 49 ans, et se situe donc dans la tranche d'âge de
prédilection qui est de 40 à 50 ans. L'adolescent peut être
également atteint (4). Aucun facteur favorisant n'a pu être
mis en évidence chez notre patient. Le carcinome
bronchiolo-alvéolaire est favorisé par des fibroses diffuses
et des processus inflammatoires cicatriciels, dont les
séquelles tuberculeuses. L'inhalation des huiles minérales
est également incriminée. Le rôle du tabac n'est pas
prouvé, l'affection s'observant avec une égale fréquence
chez les fumeurs et les non-fumeurs. Il en est de même que
l'Asbeste.
Aspects cliniques, radiologiques, endoscopiques et fonc-
tionnels
Notre patient n'a présenté qu'une vague douleur se
localisant au niveau de la pointe de l'omoplate gauche alors
que l'image radiologique se situait à droite.
Classiquement les manifestations cliniques de cancer
bronchiolo-alvéolaire, dans les formes localisées, sont
réduites ; souvent elles sont totalement absentes et la
maladie n'est découverte que lors d'une radiographie
d'examen systématique. Ailleurs les signes révélateurs sont
communs aux affections respiratoires : toux, dyspnée
d'accentuation progressive, vagues algies thoraciques
localisées, filets de sang intermittents dans l'expectoration.
Dans les formes diffuses les signes généraux ou locaux
peuvent être importants : amaigrissement, fébricule,
hémoptysie franche, épanchement pleural, voire un
pneumothorax. L'expectoration est particulière par son
abondance et son caractère muqueux, mais elle est
rarement révélatrice. On insiste sur l'importance de la
fraction sérum-albumine libre et des glyco-protéines
plastiques riches en acide sialique dans cette expectoration.
L'hippocratisme digital est très inconstant.
Trois aspects radiologiques sont souvent retrouvés (1, 4) :
- opacité vaguement arrondie, plus ou moins dense mal
limitée en périphérie, d'un diamètre compris entre 3 et
5 cm,
- dissémination miliaire ou nodulaire
- infiltrats systématisés, plus ou moins denses et homo-
gènes, segmentaires ou lobaires.
Ces trois aspects peuvent être associés entre eux et être uni
ou bilatéraux.
Dans notre cas il s'agissait de la première éventualité. Il
faut noter cependant un fait important : au stade précoce
une atteinte authentifiée par l'anatomie-pathologie peut être
muette radiologiquement. Un seul lit de cellules tumorales
dans les alvéoles est insuffisant pour donner une image
radiologique ; les alvéoles doivent être remplies de cellules
et de sécrétions pour être radio-opaques.
La radiographie peut mettre en évidence un épanchement
pleural, parfois un pneumothorax. Les adénopathies
médiastinales sont exceptionnelles.
La bronchoscopie en raison du siège périphérique de la
tumeur et de la rareté de l'atteinte bronchique, ne montre
pas souvent de lésions caractéristiques. Tel est également
notre cas.
Cependant des lésions à type de rétrécissement, d'élonga-
tion et de rigidité bronchique ont été décrites au cours de
tumeurs diffuses.
La cytologie permet le diagnostic dans certains cas, mais
son taux de positivité est faible (10 à 25 %), pour une
tumeur aussi diffuse parfois (4) ; cette positivité n'affirme
d'ailleurs que le caractère malin des cellules observées dans
les sécrétions.
Les explorations fonctionnelles respiratoires montrent un
syndrôme restrictif proportionnel à l'extension de la tumeur ;
parfois il existe un effet shunt. Dans notre cas, il n'y a pas
de trouble de la fonction respiratoire. L'artériographie
J. M'BOUSSA, J. KOKOLO, MIEHAKANDA, NG. THAU, D. BODZONGO,
J.P.A. MOUKALA, A. N'GOLET
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